Israël a détruit au Soudan un convoi d'armes destiné, selon lui, au Hamas
LE MONDE | 27.03.09 | 15h35 • Mis à jour le 27.03.09 | 15h35 Réagissez (21) Classez Imprimez Envoyez Partagez
Partagez :
JÉRUSALEM CORRESPONDANT
Les autorités soudanaises ont confirmé, jeudi 26 mars, les informations de la chaîne de télévision américaine CBS - reprenant un article du Sudan Tribune de mercredi - selon lesquelles un convoi de dix-sept camions transportant des armes aurait été détruit par l'aviation israélienne. Les faits se seraient produits le 16 janvier - deux jours avant la fin de la guerre dans la bande de Gaza -, au nord de Port Soudan sur la côte de la mer Rouge.
NOUVEAU ! Un sujet vous passionne ? Publiez votre chronique sur Le Monde.fr
Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 30 jours offerts
Sur le même sujet
Portfolio
Malgré un mandat d'arrêt, Omar Al-Bachir se rend au Caire
Vidéo "La photo d'Al-Bachir à Khartoum a un côté terrifiant"
Portfolio Au Darfour, le travail des humanitaires est de plus en plus difficile
Edition abonnés Fiche pays : Soudan
D'après la chaîne 10, une télévision privée israélienne, il y aurait eu également une seconde attaque, début février, au large de cette ville, contre un bateau qui aurait été coulé. Le bombardement du convoi aurait fait 39 morts, des Soudanais, des Ethiopiens et des Erythréens. Les véhicules transportaient des armes légères, des missiles antichars, des explosifs et, selon la presse israélienne, des missiles Fajr iraniens d'une portée de 70 kilomètres. En provenance d'Iran, cet armement était destiné selon les sources israéliennes au Hamas. Il devait être convoyé par des contrebandiers à travers le désert du Sinaï puis introduit dans la bande de Gaza grâce aux centaines de tunnels creusés sous la frontière égyptienne.
Le ministre des transports soudanais, Mabrouk Moubarak Salim, a confirmé certaines de ces informations, mais s'est refusé à donner plus de détails. Interrogée par la presse, l'administration américaine a également confirmé la réalité de ce raid, mais a démenti la participation d'appareils américains avancée par certaines sources. Celles-ci faisant valoir que cette opération s'est déroulée le jour même où Tzipi Livni, la ministre israélienne des affaires étrangères, signait, à Washington avec Condoleezza Rice (alors secrétaire d'Etat de l'administration Bush) un protocole d'accord prévoyant "une série de mesures pour tarir le flot d'armes et d'explosifs en direction de la bande de Gaza". Le texte de deux pages mentionne l'Iran comme pourvoyeur d'armes du mouvement de la résistance islamique (Hamas).
Comme à chaque fois qu'une opération militaire est menée en dehors des frontières d'Israël, les autorités de l'Etat juif ont refusé de confirmer ou d'infirmer les faits. Cependant, Ehoud Olmert, premier ministre démissionnaire, s'est publiquement félicité jeudi de la capacité d'action des forces armées israéliennes. "Nous opérons partout où nous pouvons frapper l'infrastructure terroriste, dans des endroits proches et lointains. Nous la frappons de manière à accroître notre capacité de dissuasion. Il est inutile d'entrer dans les détails, mais chacun peut utiliser son imagination", a-t-il souligné avant d'ajouter : "Il n'y a pas d'endroit où l'Etat d'Israël ne peut pas opérer. Cela n'existe pas." Port Soudan est situé à environ 1 400 kilomètres d'Israël.
Certains témoignages ont fait état d'un raid mobilisant deux avions de combat. Une telle opération suppose de voler au-dessus de la mer Rouge entre les côtes égyptiennes et saoudiennes et de prévoir un ravitaillement en vol.
Une attaque similaire avait déjà été menée au coeur du territoire syrien le 6 septembre 2007 contre un site suspecté abriter un projet nucléaire (ce que Damas a toujours nié). Cette opération avait rappelé la destruction par l'aviation israélienne du réacteur nucléaire irakien Osirak, à la périphérie de Bagdad en juin 1981.
Le raid de janvier au Soudan rappelle également l'interception il y a sept ans, dans les eaux internationales de la mer Rouge, au large de ce pays, d'un navire, le Karine A, transportant des armes destinées selon Israël aux Palestiniens.
Les autorités israéliennes tentent par tous les moyens d'empêcher l'approvisionnement en armes de mouvements comme le Hamas ou le Hezbollah au Liban. Israël a été accusé de l'assassinat, en février 2008, d'Imad Moughniyeh, chef militaire du Hezbollah, à Damas, en Syrie.
Faire cesser la contrebande d'armes en provenance d'Egypte vers la bande de Gaza a été l'un des principaux objectifs de l'opération Plomb durci. Pour le moment, aucun accord n'a été signé avec l'Egypte pour prévenir ce trafic. Le rayon d'action des roquettes lancées par les groupes armés palestiniens pendant cette guerre de trois semaines a été porté à 40 kilomètres frappant des villes comme Ashdod ou Beersheva. Si ces groupes parvenaient à obtenir des missiles Fajr, la ville de Tel-Aviv pourrait être atteinte.
L'opération de Port Soudan constitue selon les commentateurs israéliens un avertissement à Téhéran et la démonstration que la capacité d'action des appareils israéliens n'a pas de limites et peut aussi bien atteindre les sites nucléaires de Natanz ou de Bouschir.
Michel Bôle-Richard
LE MONDE | 27.03.09 | 15h35 • Mis à jour le 27.03.09 | 15h35 Réagissez (21) Classez Imprimez Envoyez Partagez
Partagez :
JÉRUSALEM CORRESPONDANT
Les autorités soudanaises ont confirmé, jeudi 26 mars, les informations de la chaîne de télévision américaine CBS - reprenant un article du Sudan Tribune de mercredi - selon lesquelles un convoi de dix-sept camions transportant des armes aurait été détruit par l'aviation israélienne. Les faits se seraient produits le 16 janvier - deux jours avant la fin de la guerre dans la bande de Gaza -, au nord de Port Soudan sur la côte de la mer Rouge.
NOUVEAU ! Un sujet vous passionne ? Publiez votre chronique sur Le Monde.fr
Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 30 jours offerts
Sur le même sujet
Portfolio
Malgré un mandat d'arrêt, Omar Al-Bachir se rend au Caire
Vidéo "La photo d'Al-Bachir à Khartoum a un côté terrifiant"
Portfolio Au Darfour, le travail des humanitaires est de plus en plus difficile
Edition abonnés Fiche pays : Soudan
D'après la chaîne 10, une télévision privée israélienne, il y aurait eu également une seconde attaque, début février, au large de cette ville, contre un bateau qui aurait été coulé. Le bombardement du convoi aurait fait 39 morts, des Soudanais, des Ethiopiens et des Erythréens. Les véhicules transportaient des armes légères, des missiles antichars, des explosifs et, selon la presse israélienne, des missiles Fajr iraniens d'une portée de 70 kilomètres. En provenance d'Iran, cet armement était destiné selon les sources israéliennes au Hamas. Il devait être convoyé par des contrebandiers à travers le désert du Sinaï puis introduit dans la bande de Gaza grâce aux centaines de tunnels creusés sous la frontière égyptienne.
Le ministre des transports soudanais, Mabrouk Moubarak Salim, a confirmé certaines de ces informations, mais s'est refusé à donner plus de détails. Interrogée par la presse, l'administration américaine a également confirmé la réalité de ce raid, mais a démenti la participation d'appareils américains avancée par certaines sources. Celles-ci faisant valoir que cette opération s'est déroulée le jour même où Tzipi Livni, la ministre israélienne des affaires étrangères, signait, à Washington avec Condoleezza Rice (alors secrétaire d'Etat de l'administration Bush) un protocole d'accord prévoyant "une série de mesures pour tarir le flot d'armes et d'explosifs en direction de la bande de Gaza". Le texte de deux pages mentionne l'Iran comme pourvoyeur d'armes du mouvement de la résistance islamique (Hamas).
Comme à chaque fois qu'une opération militaire est menée en dehors des frontières d'Israël, les autorités de l'Etat juif ont refusé de confirmer ou d'infirmer les faits. Cependant, Ehoud Olmert, premier ministre démissionnaire, s'est publiquement félicité jeudi de la capacité d'action des forces armées israéliennes. "Nous opérons partout où nous pouvons frapper l'infrastructure terroriste, dans des endroits proches et lointains. Nous la frappons de manière à accroître notre capacité de dissuasion. Il est inutile d'entrer dans les détails, mais chacun peut utiliser son imagination", a-t-il souligné avant d'ajouter : "Il n'y a pas d'endroit où l'Etat d'Israël ne peut pas opérer. Cela n'existe pas." Port Soudan est situé à environ 1 400 kilomètres d'Israël.
Certains témoignages ont fait état d'un raid mobilisant deux avions de combat. Une telle opération suppose de voler au-dessus de la mer Rouge entre les côtes égyptiennes et saoudiennes et de prévoir un ravitaillement en vol.
Une attaque similaire avait déjà été menée au coeur du territoire syrien le 6 septembre 2007 contre un site suspecté abriter un projet nucléaire (ce que Damas a toujours nié). Cette opération avait rappelé la destruction par l'aviation israélienne du réacteur nucléaire irakien Osirak, à la périphérie de Bagdad en juin 1981.
Le raid de janvier au Soudan rappelle également l'interception il y a sept ans, dans les eaux internationales de la mer Rouge, au large de ce pays, d'un navire, le Karine A, transportant des armes destinées selon Israël aux Palestiniens.
Les autorités israéliennes tentent par tous les moyens d'empêcher l'approvisionnement en armes de mouvements comme le Hamas ou le Hezbollah au Liban. Israël a été accusé de l'assassinat, en février 2008, d'Imad Moughniyeh, chef militaire du Hezbollah, à Damas, en Syrie.
Faire cesser la contrebande d'armes en provenance d'Egypte vers la bande de Gaza a été l'un des principaux objectifs de l'opération Plomb durci. Pour le moment, aucun accord n'a été signé avec l'Egypte pour prévenir ce trafic. Le rayon d'action des roquettes lancées par les groupes armés palestiniens pendant cette guerre de trois semaines a été porté à 40 kilomètres frappant des villes comme Ashdod ou Beersheva. Si ces groupes parvenaient à obtenir des missiles Fajr, la ville de Tel-Aviv pourrait être atteinte.
L'opération de Port Soudan constitue selon les commentateurs israéliens un avertissement à Téhéran et la démonstration que la capacité d'action des appareils israéliens n'a pas de limites et peut aussi bien atteindre les sites nucléaires de Natanz ou de Bouschir.
Michel Bôle-Richard
0 Comments:
Post a Comment
<< Home