Saturday, March 21, 2009

21/03/2009 à 06h51
Des soldats israéliens racontent leurs crimes à Gaza

Polémique après les témoignages de militaires décrivant le meurtre de civils durant l’opération «Plomb durci».

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JÉRUSALEM, de notre correspondante DELPHINE MATTHIEUSSENT
Des soldats israéliens en bordure de la bande de Gaza (archive).

Des soldats israéliens en bordure de la bande de Gaza (archive). (REUTERS)

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La publication de témoignages de soldats israéliens faisant état d’exactions contre des civils palestiniens lors de la récente offensive à Gaza a provoqué un début de controverse en Israël, faisant écho aux nombreuses accusations internationales. Depuis la fin, il y a deux mois, de l’opération «Plomb durci» contre le Hamas, l’armée israélienne n’avait cessé d’affirmer, malgré les témoignages palestiniens et les critiques des organisations internationales, qu’elle avait tout fait pour éviter les victimes civiles palestiniennes.

Le procureur général de l’armée israélienne a ordonné l’ouverture d’une enquête, suite à la publication partielle, jeudi, de récits de soldats dans le quotidien de gauche Haaretz (lire ci-contre). Ces témoignages font part de tirs injustifiés ayant provoqué la mort de civils palestiniens, en raison du laxisme des règles d’engagement.

«Tirs injustifiés». Les soldats racontent notamment comment une mère palestinienne a été tuée avec ses deux enfants par un tireur d’élite parce qu’elle s’était trompée de chemin en sortant de chez elle. Dans un autre cas, une vieille femme palestinienne a été abattue alors qu’elle marchait à 100 mètres de sa maison. D’autres témoins font aussi état d’exactions, d’actes de vandalisme et de destructions dans des maisons.

Ces témoignages ont été publiés cette semaine dans la lettre d’information de l’académie prémilitaire Yitzhak Rabin de Tivon, dans le nord d’Israël, où avaient été formés des soldats. En février, le directeur de l’académie, Danny Zamir, avait invité d’anciens élèves ayant participé aux combats à Gaza à une discussion informelle sur leur expérience.

«Nous pensions que les soldats allaient nous parler de leurs expériences personnelles pendant la guerre et des leçons qu’ils en avaient tirées, nous ne nous attendions absolument pas à ce que nous avons entendu, a expliqué Zamir. Il s’agit de témoignages très durs sur des tirs injustifiés contre des civils, de destructions de biens qui dénotent une atmosphère dans laquelle on se croit permis d’utiliser la force sans restriction contre les Palestiniens», a-t-il ajouté.

Amertume. Après avoir entendu les soldats, Zamir, un officier supérieur de réserve connu pour ses positions modérées - il avait notamment refusé de servir dans les territoires palestiniens dans les années 90 - en a immédiatement rendu compte au chef d’état-major, Gabi Ashkenazi. Selon les commentateurs, il est probable que les réticences de l’armée à prendre ces témoignages au sérieux aient poussé Zamir à les faire publier dans la lettre d’information de l’académie, puis dans la presse.

Ils ont provoqué de vives réactions dans la classe politique et les médias israéliens, alors que les résultats de l’opération Plomb durci, initialement présentée comme un succès, sont de plus en plus contestés. L’échec récent des négociations indirectes avec le Hamas sur une libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit et la poursuite sporadique des tirs de roquettes entretiennent la déception et l’amertume de l’opinion publique israélienne.

Le ministre de la Défense, Ehud Barak, est monté au créneau jeudi, peu de temps après la publication des témoignages des soldats : «L’armée israélienne est la plus morale du monde, et je sais de quoi je parle car je sais ce qui s’est passé en ex-Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak. Bien sûr, il peut y avoir des exceptions, et tout ce qui a pu être dit va être vérifié.»

De leur côté, les députés arabes israéliens à la Knesset, Ahmed Tibi et Mohammed Barakeh, ont déclaré que les témoignages des soldats étaient la «preuve qu’Israël avait commis des crimes de guerre à Gaza.»

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