Sunday, May 10, 2009

Le pape en Israël pour une visite à hauts risques
Par Soazig QUEMENER
Le Journal du Dimanche

Benoît XVI poursuit son marathon spirituel et politique en Terre sainte qui doit, après la Jordanie, le mener en Israël où il est attendu lundi et dans les Territoires palestiniens. Un programme très dense pour une visite sous haute tension. Dans cette région meurtrie par le conflit israélo-palestinien, où le souvenir de l'offensive meurtrière d'Israël dans la bande de Gaza en décembre-janvier est encore très vif, le pape s'était annoncé "en pèlerin de la paix".


Benoît XVI continue sa tournée en Terre sainte. Il sera lundi en Israël. (Reuters)
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www.lejourduseigneur.comSamedi, dans un langage très explicite, preuve que son entourage a sans doute fini par tirer les leçons des mutliples erreurs de communication passées, le pape s'est posé en rassembleur. Rassembleur des chrétiens et des juifs: des hauteurs du mont Nébo, là même où le prophète Moïse aurait, selon les Ecritures, contemplé la Terre promise, Benoît XVI a rappelé "le lien inséparable qui unit l'Eglise et le peuple juif". Rassembleur des chrétiens et des musulmans: lors d'une allocution devant une assemblée de dignitaires religieux réunis dans l'enceinte de la plus grande mosquée de Jordanie, le pape a déclaré: "Chrétiens et musulmans sont poussés ensemble à rechercher tout ce qui est juste et vrai."

Une tentative, trois ans plus tard, de tourner définitivement la page de Ratisbonne. Quand dans un discours théologique très aride livré dans une université bavaroise, Joseph Ratzinger avait semblé lier islam et violence. Encore marqués par ce souvenir, les islamistes radicaux jordaniens avaient d'ailleurs déclaré que le chef de l'Eglise n'était pas le bienvenu dans leur pays s'il ne présentait pas ses excuses. Le pape, qui avait exprimé dès son arrivée en Jordanie vendredi "son profond respect pour la communauté musulmane" leur a répondu le lendemain. "La religion est défigurée quand elle est mise au service de l'ignorance et du préjugé, du mépris de la violence et des abus", a-t-il lancé, s'élevant contre "la manipulation idéologique de la religion".

Deux Israéliens d'extrême droite vont porter plainte contre le pape

Enfin, s'adressant cette fois-ci aux chrétiens, le Saint-père a plaidé pour la reconnaissance des "droits fondamentaux à une coexistence pacifique" de "l'antique communauté chrétienne" d'Irak. Jusqu'ici, cette tournée au Moyen-Orient s'est déroulée sans accrocs. Reste que la partie la plus délicate du voyage pontifical s'annonce pour lundi avec le passage sur l'autre rive du Jourdain, en Israël. Un comité d'accueil officieux attend le pape de pied ferme. Tandis qu'en référence à l'affaire Williamson, le ministre israélien des Cultes, Yaakov Margi, a appelé Benoît XVI à "dénoncer sans ambiguïté les négationnistes et les antisémites" lors de la visite prévue à Yad Vashem, le mémorial de la Shoah à Jérusalem, la polémique enfle autour de Pie XII, souverain pontife de la Seconde Guerre mondiale surnommé par certains "le pape du silence", et dont son successeur a indiqué souhaiter la béatification.

En outre, deux Israéliens d'extrême droite ont annoncé qu'ils allaient porter plainte contre le Saint-Père à son arrivée en Israël pour les pillages de biens juifs auxquels se serait livré le Vatican à travers les siècles. Ils ont établi une liste de trésors volés selon eux au peuple juif et entreposés au Saint-Siège. Parmi ces biens une menora, chandelier en or dérobé dans le temple de Jérusalem par l'armée du général Titus, qui joua un rôle important dans la destruction du temple en 70 après J-C. Ils citent des documents religieux ainsi que des milliers d'ouvrages de philosophie et scientifiques, figurant dans la bibliothèque du Vatican. Enfin, pour fermer le ban, des Palestiniens ont également lancé, dans une lettre publiée jeudi, un appel au pape.

Ils lui demandent de "dénoncer les souffrances endurées par des musulmans comme des chrétiens de la part d'une occupation extrêmement brutale". "Une grande injustice a frappé cette terre depuis soixante ans et ses victimes en souffrent jusqu'à aujourd'hui", écrit la Coalition pour Jérusalem en référence à la création de l'Etat d'Israël en 1948 et à l'exode de centaines de milliers de Palestiniens, ainsi qu'à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza depuis 1967. Gaza où le successeur de Pierre ne se rendra pas. "Les Israéliens ne voulaient pas que le pape offre une légitimité au Hamas, cela aurait été trop pour eux", confie un haut responsable de l'Eglise catholique.

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