Marianne a publié, dans son édition du 19 septembre 2009, une lettre de Richard Prasquier, qui réagissait à des articles de l’hebdomadaire publié durant la trêve estivale :
« Durement attaqué cet été par Marianne, dans des termes que je juge inacceptables, j’ai hésité à réagir. J’ai fini par m’y résoudre, tellement ces accusations entachent le travail de toute ma vie, professionnelle ou associative, où je me suis appliqué à privilégier dialogue et compréhension.
Le « sieur Prasquier », écrivez-vous à propos de la polémique soulevée par le procès des assassins d’Ilan Halimi, s’est distingué dans ses commentaires sur l’avocat général Philippe Bilger dont il a « insinué qu’il avait fait preuve de mansuétude envers les accusés parce que… fils d’un collabo condamné à la Libération ». Voici exactement ce qui est écrit dans l’entretien avec Médiapart auquel il est fait référence. Question du journaliste : « On sent qu’il y a un malaise autour de l’avocat général Philippe Bilger. Que voulez-vous dire exactement, est-ce le passé trouble de son père qui vous pose problème ? » Ma réponse : « Je ne m’exprimerai pas sur le passé collaborationniste de son père, que Philippe Bilger a lui-même évoqué dans un récent livre. On n’est pas responsable de ses parents, et ce serait parfaitement honteux d’utiliser cela comme argument. » Peut-on être plus clair ? Comment, dès lors, en venez-vous à m’accuser, moi à qui rien ne répugne davantage qu’un tel discours « génétique », de suggérer que l’antisémitisme est « véhiculé par les gènes », « transmis de père en fils » ? Ma réponse à Médiapart est d’ailleurs reproduite dans un article de Marianne, qui s’en empare de façon particulièrement perverse : « Rappeler ce passé ne peut que conduire à un raccourci diabolique : en fait, Philippe Bilger n’est que le fils de son père… » Encore une fois, c’est le contraire de ce que j’ai dit !
François Darras m’accuse par ailleurs de « mordre et griffer à tort et à travers », de « tirer sur tout ce qui bouge », et j’en passe, sans donner un seul exemple de mon insupportable violence verbale. Plus généralement, il me reproche de simplement m’exprimer. Ainsi, je ne devrais pas donner mon opinion sur le site Internet du CRIF puisque j’y suis « auteur, éditeur et distributeur de [ma] pensée », et que, forcément, je me retrouve « d’accord avec mes idées ». Mais que faites-vous donc d’autre dans votre journal ? Et comment faire autrement ? En l’occurrence, au nom de quoi, moi, citoyen libre dans un pays libre, n’aurais-je le droit de critiquer une décision de justice ? Le troisième pouvoir serait-il, en démocratie, au-dessus de la critique ?
Je serais, paraît-il, intervenu « rageusement » (une citation, SVP ?) au cours de ce procès. Mais nous n’avons fait que répercuter auprès des autorités de tutelle, dans le respect de la procédure et dans le cadre des responsabilités qui sont celles du CRIF, le sentiment de désarroi d’une partie importante de la communauté juive face à un procès à huis clos devenu celui du seul Fofana. Et c’est tout. Je n’ai ni « gonflé mes biceps », ni « claqué des doigts » (une expression que j’ai curieusement déjà entendue récemment chez l’ancien directeur du centre Zahra, l’inénarrable colistier de Dieudonné, et qui fleure bon les thèmes éculés du « pouvoir juif »…). M. Darras a parfaitement le droit de considérer que le CRIF était plus respectable à l’époque où mes prédécesseurs Ady Steg et Théo Klein en étaient les présidents. Encore serait-il intéressant qu’il demandât aux intéressés leur opinion, ce qui pourrait lui valoir des surprises.
Hostile au communautarisme et fermement accroché au socle des valeurs de notre République, le Crif fait coexister en son sein des hommes et des femmes d’opinions diverses. Sa légitimité est très largement reconnue dans la communauté juive et au-delà. Les Français juifs qui ne partagent pas le socle minimal de ses objectifs, ou qui sont rétifs à toute idée de représentation communautaire, ont parfaitement le droit de ne pas se sentir liés à lui. Mais c’est sa vocation de faire entendre une voix juive dans la cité au-delà d’une expression uniquement religieuse.
Ceux qui nous critiquent de bonne foi sont invités à le faire. Mais, de grâce, qu’on ne nous intime pas de taire l’antisémitisme sous prétexte de ne pas le réveiller ! »
Richard Prasquier, président du CRIF
« Durement attaqué cet été par Marianne, dans des termes que je juge inacceptables, j’ai hésité à réagir. J’ai fini par m’y résoudre, tellement ces accusations entachent le travail de toute ma vie, professionnelle ou associative, où je me suis appliqué à privilégier dialogue et compréhension.
Le « sieur Prasquier », écrivez-vous à propos de la polémique soulevée par le procès des assassins d’Ilan Halimi, s’est distingué dans ses commentaires sur l’avocat général Philippe Bilger dont il a « insinué qu’il avait fait preuve de mansuétude envers les accusés parce que… fils d’un collabo condamné à la Libération ». Voici exactement ce qui est écrit dans l’entretien avec Médiapart auquel il est fait référence. Question du journaliste : « On sent qu’il y a un malaise autour de l’avocat général Philippe Bilger. Que voulez-vous dire exactement, est-ce le passé trouble de son père qui vous pose problème ? » Ma réponse : « Je ne m’exprimerai pas sur le passé collaborationniste de son père, que Philippe Bilger a lui-même évoqué dans un récent livre. On n’est pas responsable de ses parents, et ce serait parfaitement honteux d’utiliser cela comme argument. » Peut-on être plus clair ? Comment, dès lors, en venez-vous à m’accuser, moi à qui rien ne répugne davantage qu’un tel discours « génétique », de suggérer que l’antisémitisme est « véhiculé par les gènes », « transmis de père en fils » ? Ma réponse à Médiapart est d’ailleurs reproduite dans un article de Marianne, qui s’en empare de façon particulièrement perverse : « Rappeler ce passé ne peut que conduire à un raccourci diabolique : en fait, Philippe Bilger n’est que le fils de son père… » Encore une fois, c’est le contraire de ce que j’ai dit !
François Darras m’accuse par ailleurs de « mordre et griffer à tort et à travers », de « tirer sur tout ce qui bouge », et j’en passe, sans donner un seul exemple de mon insupportable violence verbale. Plus généralement, il me reproche de simplement m’exprimer. Ainsi, je ne devrais pas donner mon opinion sur le site Internet du CRIF puisque j’y suis « auteur, éditeur et distributeur de [ma] pensée », et que, forcément, je me retrouve « d’accord avec mes idées ». Mais que faites-vous donc d’autre dans votre journal ? Et comment faire autrement ? En l’occurrence, au nom de quoi, moi, citoyen libre dans un pays libre, n’aurais-je le droit de critiquer une décision de justice ? Le troisième pouvoir serait-il, en démocratie, au-dessus de la critique ?
Je serais, paraît-il, intervenu « rageusement » (une citation, SVP ?) au cours de ce procès. Mais nous n’avons fait que répercuter auprès des autorités de tutelle, dans le respect de la procédure et dans le cadre des responsabilités qui sont celles du CRIF, le sentiment de désarroi d’une partie importante de la communauté juive face à un procès à huis clos devenu celui du seul Fofana. Et c’est tout. Je n’ai ni « gonflé mes biceps », ni « claqué des doigts » (une expression que j’ai curieusement déjà entendue récemment chez l’ancien directeur du centre Zahra, l’inénarrable colistier de Dieudonné, et qui fleure bon les thèmes éculés du « pouvoir juif »…). M. Darras a parfaitement le droit de considérer que le CRIF était plus respectable à l’époque où mes prédécesseurs Ady Steg et Théo Klein en étaient les présidents. Encore serait-il intéressant qu’il demandât aux intéressés leur opinion, ce qui pourrait lui valoir des surprises.
Hostile au communautarisme et fermement accroché au socle des valeurs de notre République, le Crif fait coexister en son sein des hommes et des femmes d’opinions diverses. Sa légitimité est très largement reconnue dans la communauté juive et au-delà. Les Français juifs qui ne partagent pas le socle minimal de ses objectifs, ou qui sont rétifs à toute idée de représentation communautaire, ont parfaitement le droit de ne pas se sentir liés à lui. Mais c’est sa vocation de faire entendre une voix juive dans la cité au-delà d’une expression uniquement religieuse.
Ceux qui nous critiquent de bonne foi sont invités à le faire. Mais, de grâce, qu’on ne nous intime pas de taire l’antisémitisme sous prétexte de ne pas le réveiller ! »
Richard Prasquier, président du CRIF
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