161 - Affaire Giniewski La France condamnée pour atteinte à la liberté d'expression
Affirmer que l'antijudaïsme du discours chrétien des origines a conduit à l'antisémitisme n'est pas diffamatoire : la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg a pris le contre-pied, mardi 31 janvier, d'un jugement prononcé par la cour d'appel d'Orléans contre l'essayiste Paul Giniewski, et a condamné la France pour violation du droit à la liberté d'expression.
OAS_AD('Middle');
M. Giniewski, ressortissant autrichien âgé de 80 ans, réside à Paris, où il est connu des milieux d'amitié judéo-chrétienne. Mais, le 4 janvier 1994, il avait publié, dans Le Quotidien de Paris, un article intitulé "L'obscurité de l'erreur", qui critiquait l'encyclique
Splendeur de la vérité de Jean Paul II, publiée en 1993.
Une association proche des milieux intégristes, l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne (Agrif), avait aussitôt porté plainte contre M. Giniewski et le directeur de la publication, alors Philippe Tesson, pour "diffamation raciale envers la communauté chrétienne".
La plainte visait la phrase suivante : "De nombreux chrétiens ont reconnu que l'antijudaïsme des Ecritures chrétiennes et la doctrine de l'"accomplissement" de l'Ancienne Alliance par la Nouvelle conduisent à l'antisémitisme et ont formé le terrain où ont germé l'idée et l'accomplissement d'Auschwitz." Cette vieille théorie chrétienne de la "substitution" des Ecritures juives de l'Ancien Testament (mot qui veut dire Alliance) par les Evangiles (Nouveau Testament) avait été mise en cause au concile Vatican II (1962-1965).
Devant la Cour de Strasbourg, M. Giniewski a dit qu'il avait voulu montrer que "la primauté conférée à la Nouvelle Alliance, parce qu'elle a pour corollaire la dévalorisation de l'Ancienne entre Dieu et le peuple juif, a jeté l'opprobre sur ce dernier et a été le ferment de l'antisémitisme sans lequel il n'aurait pu y avoir Auschwitz". Il n'a pas pour autant affirmé que la doctrine de l'Eglise est intrinsèquement antisémite. La cour d'appel d'Orléans — dont l'arrêt avait été confirmé par la Cour de cassation — ne saurait lui reprocher d'avoir imputé aux chrétiens la responsabilité des massacres.
La juridiction du Conseil de l'Europe lui a donné raison. Ses magistrats ont considéré que M. Giniewski "a voulu élaborer une thèse sur la portée d'un dogme et sur ses liens possibles avec les origines de l'Holocauste". Il a ainsi apporté une "contribution" à un "très vaste débat d'idées déjà engagé". Ils notent que "les deux derniers papes eux-mêmes, Jean Paul II et Benoît XVI, se sont exprimés sur la possibilité que la façon dont les juifs sont présentés par le Nouveau Testament ait contribué à créer une hostilité à leur égard".
Rafaële Rivais
OAS_AD('Middle');
M. Giniewski, ressortissant autrichien âgé de 80 ans, réside à Paris, où il est connu des milieux d'amitié judéo-chrétienne. Mais, le 4 janvier 1994, il avait publié, dans Le Quotidien de Paris, un article intitulé "L'obscurité de l'erreur", qui critiquait l'encyclique
Splendeur de la vérité de Jean Paul II, publiée en 1993.
Une association proche des milieux intégristes, l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne (Agrif), avait aussitôt porté plainte contre M. Giniewski et le directeur de la publication, alors Philippe Tesson, pour "diffamation raciale envers la communauté chrétienne".
La plainte visait la phrase suivante : "De nombreux chrétiens ont reconnu que l'antijudaïsme des Ecritures chrétiennes et la doctrine de l'"accomplissement" de l'Ancienne Alliance par la Nouvelle conduisent à l'antisémitisme et ont formé le terrain où ont germé l'idée et l'accomplissement d'Auschwitz." Cette vieille théorie chrétienne de la "substitution" des Ecritures juives de l'Ancien Testament (mot qui veut dire Alliance) par les Evangiles (Nouveau Testament) avait été mise en cause au concile Vatican II (1962-1965).
Devant la Cour de Strasbourg, M. Giniewski a dit qu'il avait voulu montrer que "la primauté conférée à la Nouvelle Alliance, parce qu'elle a pour corollaire la dévalorisation de l'Ancienne entre Dieu et le peuple juif, a jeté l'opprobre sur ce dernier et a été le ferment de l'antisémitisme sans lequel il n'aurait pu y avoir Auschwitz". Il n'a pas pour autant affirmé que la doctrine de l'Eglise est intrinsèquement antisémite. La cour d'appel d'Orléans — dont l'arrêt avait été confirmé par la Cour de cassation — ne saurait lui reprocher d'avoir imputé aux chrétiens la responsabilité des massacres.
La juridiction du Conseil de l'Europe lui a donné raison. Ses magistrats ont considéré que M. Giniewski "a voulu élaborer une thèse sur la portée d'un dogme et sur ses liens possibles avec les origines de l'Holocauste". Il a ainsi apporté une "contribution" à un "très vaste débat d'idées déjà engagé". Ils notent que "les deux derniers papes eux-mêmes, Jean Paul II et Benoît XVI, se sont exprimés sur la possibilité que la façon dont les juifs sont présentés par le Nouveau Testament ait contribué à créer une hostilité à leur égard".
Rafaële Rivais
0 Comments:
Post a Comment
<< Home