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Au procès Sivan contre Finkielkraut, Théo Klein accable le philosophe
Théo Klein, ancien dirigeant communautaire juif, dont on connaît l’hostilité têtue et partisane à la politique israélienne, et l’appui quasi inconditionnel qu’il apporte à la partie palestinienne, vient de prendre une initiative, dont, pour notre part, nous ne connaissons aucun antécédent comparable. Il a adressé à la partie civile au procès Sivan contre Finkielkraut, une lettre dans laquelle il charge ignominieusement le penseur et philosophe juif français, qui est – rappelons-le - l’un des défenseurs les plus courageux et le plus cohérents du peuple et de l’Etat d’Israël. Le texte de cette lettre a été rendu public à l’audience. Nous en reproduisons ici le contenu, tel que lu par Alain Finkielkraut dans son émission, "Qui vive", sur RCJ, le 28 mai 2006. Nous réservons à un prochain article les réactions, extrêmement sévères, du philosophe à ce procès dans le procès, dont le coup bas qu’il constitue restera, à n’en pas douter, dans les annales de l’ignominie des guerres entre Juifs. (Menahem Macina)
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29/05/06
Voir la réplique fulgurante de "l'accusé" : "Voltaire contre Fréron. Quand le génie de l’insulté fait passer l’insulteur à la postérité". On notera également que Théo Klein affectionne le mode épistolaire pour tancer et mettre en jugement ceux qui osent porter sur Israël un regard différent du sien, voir, en particulier sa philippique de septembre 2001 à l'adresse d'Ariel Sharon.
Transcription : Menahem Macina.
On peut entendre l’intégralité de l’émission ici.
Alain Finkielkraut et son avocat, à l'audience du 23 mai 2006 (Cliché AFP)
« Cher confrères,
Vous m’avez confraternellement fait part du procès en diffamation dans lequel vous représentez les intérêts de M. Eyal Sivan, procès dirigé contre M. Alain Finkielkraut, à l’occasion de l’une de ses causeries sur RCJ. Vous m’avez plus précisément donné connaissance de certains passages de ses causeries et notamment de ceux qui font l’objet de vos poursuites. Je connais depuis longtemps Alain Finkielkraut et j’ai participé, avec plaisir et intérêt, aux émissions auxquelles il m’a jadis invité. Je suis aussi parfaitement informé de ce qu’il ne partage pas les mêmes opinions que moi sur la notion et l’emploi du mot antisémitisme, et sur la nature des sentiments prêtés à ceux qui critiquent, fondamentalement ou non, la politique de l’Etat d’Israël, ou même les fondements du sionisme.
Pourtant, de là à prononcer les phrases violentes que vous mettez en cause, il y a toute la méconnaissance d’une longue histoire du peuple juif et de la nature des relations entre ceux qui ne partagent pas les mêmes opinions, même lorsqu’il s’agit de points fondamentaux. Le principe "tout Israël répond l’un de l’autre" a nourri notre éthique au cours des siècles, et jamais l’idée ne serait venue aux Rabbins, même lorsqu’ils étaient les plus farouches adversaires, de se disqualifier dans des termes aussi vigoureux que ceux que j’ai lus.
Puis-je ajouter que jamais aucune autorité, aucune personne, à ma connaissance, n’a songé, en Israël, à traiter d’antisémites les trois personnes citées dans la causerie d’Alain Finkielkraut ? Ils sont citoyens israéliens, participent à la vie politique, sont heureusement très minoritaires, mais, pour autant, n’ont pas perdu leur qualité de citoyens, ni le respect attaché à cette qualité. Je lutte personnellement pour que les mots antisémitisme et antisémite ne soient pas étendus à tous les délinquants ou à tous les délits qui peuvent atteindre un Juif, comme ils peuvent atteindre toute autre personne, à raison de ses qualifications particulières.
Il me semble que la loi et les tribunaux ont des textes suffisants pour condamner, sans qu’il soit besoin de catégories particulières, qui alors renvoient à une sorte de ségrégation, contre laquelle, justement, je désire lutter. Mon père a connu l’affaire Dreyfus. J’ai personnellement vécu le statut des Juifs et nous avions, l’un et l’autre, compris qu’il s’agissait avant tout d’un combat de la réaction contre la République. Alain Finkielkraut a déjà commis une terrible erreur en parlant, en 2001, de la "Nuit de Cristal", jetant ainsi une partie de la communauté juive en France vers le sentiment, totalement infondé, d’un retour aux années terribles, c’est-à-dire d’un début, dont la fin était tragiquement connue.
Traiter un Israélien juif d’antisémite est, je le répète, totalement contraire à l’éthique juive, comme au respect de la confrontation politique. C’est également une ânerie. Le tribunal dira sa qualification. »
Théo Klein
Rappel à propos du procès :
Alain Finkielkraut est poursuivi devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir déclaré que le réalisateur israélien Eyal Sivan était l'un des acteurs de "l'antisémitisme juif" actuel. Le philosophe avait tenu ces propos sur la radio de la communauté juive (RCJ) le 30 juin 2003 à la suite de la sortie du film controversé du réalisateur "Route 181, fragments d'un voyage en Palestine-Israël". Il s'agissait d'un "road-movie" et d'un recueil de témoignages le long de la ligne de partage entre Palestine et Israël tracée par les Nations unies en 1947. Alain Finkielkraut avait ainsi déclaré qu'Eyal Sivan était "l'un des acteurs de cette réalité particulièrement pénible, particulièrement effrayante, l'antisémitisme juif qui sévit aujourd'hui". Il reproche notamment au réalisateur d'avoir effectué dans son film un rapprochement entre le traitement infligé par Israël aux Palestiniens et la Shoah. Il a reçu le soutien du réalisateur du film "Shoah", Claude Lanzmann, qui a qualifié à la barre le film de 'négationniste'. "Je ne vois pas pourquoi cet homme s'indigne d'être traité d'antisémite, il l'est", a-t-il ajouté, évoquant "un film piège où la caméra se fait elle-même instrument du mensonge". Jugement le 27 juin.
© Qui vive - RCJ
Mis en ligne le 29 mai 2006, par M. Macina, sur le site upjf.org
Au procès Sivan contre Finkielkraut, Théo Klein accable le philosophe
Théo Klein, ancien dirigeant communautaire juif, dont on connaît l’hostilité têtue et partisane à la politique israélienne, et l’appui quasi inconditionnel qu’il apporte à la partie palestinienne, vient de prendre une initiative, dont, pour notre part, nous ne connaissons aucun antécédent comparable. Il a adressé à la partie civile au procès Sivan contre Finkielkraut, une lettre dans laquelle il charge ignominieusement le penseur et philosophe juif français, qui est – rappelons-le - l’un des défenseurs les plus courageux et le plus cohérents du peuple et de l’Etat d’Israël. Le texte de cette lettre a été rendu public à l’audience. Nous en reproduisons ici le contenu, tel que lu par Alain Finkielkraut dans son émission, "Qui vive", sur RCJ, le 28 mai 2006. Nous réservons à un prochain article les réactions, extrêmement sévères, du philosophe à ce procès dans le procès, dont le coup bas qu’il constitue restera, à n’en pas douter, dans les annales de l’ignominie des guerres entre Juifs. (Menahem Macina)
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29/05/06
Voir la réplique fulgurante de "l'accusé" : "Voltaire contre Fréron. Quand le génie de l’insulté fait passer l’insulteur à la postérité". On notera également que Théo Klein affectionne le mode épistolaire pour tancer et mettre en jugement ceux qui osent porter sur Israël un regard différent du sien, voir, en particulier sa philippique de septembre 2001 à l'adresse d'Ariel Sharon.
Transcription : Menahem Macina.
On peut entendre l’intégralité de l’émission ici.
Alain Finkielkraut et son avocat, à l'audience du 23 mai 2006 (Cliché AFP)
« Cher confrères,
Vous m’avez confraternellement fait part du procès en diffamation dans lequel vous représentez les intérêts de M. Eyal Sivan, procès dirigé contre M. Alain Finkielkraut, à l’occasion de l’une de ses causeries sur RCJ. Vous m’avez plus précisément donné connaissance de certains passages de ses causeries et notamment de ceux qui font l’objet de vos poursuites. Je connais depuis longtemps Alain Finkielkraut et j’ai participé, avec plaisir et intérêt, aux émissions auxquelles il m’a jadis invité. Je suis aussi parfaitement informé de ce qu’il ne partage pas les mêmes opinions que moi sur la notion et l’emploi du mot antisémitisme, et sur la nature des sentiments prêtés à ceux qui critiquent, fondamentalement ou non, la politique de l’Etat d’Israël, ou même les fondements du sionisme.
Pourtant, de là à prononcer les phrases violentes que vous mettez en cause, il y a toute la méconnaissance d’une longue histoire du peuple juif et de la nature des relations entre ceux qui ne partagent pas les mêmes opinions, même lorsqu’il s’agit de points fondamentaux. Le principe "tout Israël répond l’un de l’autre" a nourri notre éthique au cours des siècles, et jamais l’idée ne serait venue aux Rabbins, même lorsqu’ils étaient les plus farouches adversaires, de se disqualifier dans des termes aussi vigoureux que ceux que j’ai lus.
Puis-je ajouter que jamais aucune autorité, aucune personne, à ma connaissance, n’a songé, en Israël, à traiter d’antisémites les trois personnes citées dans la causerie d’Alain Finkielkraut ? Ils sont citoyens israéliens, participent à la vie politique, sont heureusement très minoritaires, mais, pour autant, n’ont pas perdu leur qualité de citoyens, ni le respect attaché à cette qualité. Je lutte personnellement pour que les mots antisémitisme et antisémite ne soient pas étendus à tous les délinquants ou à tous les délits qui peuvent atteindre un Juif, comme ils peuvent atteindre toute autre personne, à raison de ses qualifications particulières.
Il me semble que la loi et les tribunaux ont des textes suffisants pour condamner, sans qu’il soit besoin de catégories particulières, qui alors renvoient à une sorte de ségrégation, contre laquelle, justement, je désire lutter. Mon père a connu l’affaire Dreyfus. J’ai personnellement vécu le statut des Juifs et nous avions, l’un et l’autre, compris qu’il s’agissait avant tout d’un combat de la réaction contre la République. Alain Finkielkraut a déjà commis une terrible erreur en parlant, en 2001, de la "Nuit de Cristal", jetant ainsi une partie de la communauté juive en France vers le sentiment, totalement infondé, d’un retour aux années terribles, c’est-à-dire d’un début, dont la fin était tragiquement connue.
Traiter un Israélien juif d’antisémite est, je le répète, totalement contraire à l’éthique juive, comme au respect de la confrontation politique. C’est également une ânerie. Le tribunal dira sa qualification. »
Théo Klein
Rappel à propos du procès :
Alain Finkielkraut est poursuivi devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir déclaré que le réalisateur israélien Eyal Sivan était l'un des acteurs de "l'antisémitisme juif" actuel. Le philosophe avait tenu ces propos sur la radio de la communauté juive (RCJ) le 30 juin 2003 à la suite de la sortie du film controversé du réalisateur "Route 181, fragments d'un voyage en Palestine-Israël". Il s'agissait d'un "road-movie" et d'un recueil de témoignages le long de la ligne de partage entre Palestine et Israël tracée par les Nations unies en 1947. Alain Finkielkraut avait ainsi déclaré qu'Eyal Sivan était "l'un des acteurs de cette réalité particulièrement pénible, particulièrement effrayante, l'antisémitisme juif qui sévit aujourd'hui". Il reproche notamment au réalisateur d'avoir effectué dans son film un rapprochement entre le traitement infligé par Israël aux Palestiniens et la Shoah. Il a reçu le soutien du réalisateur du film "Shoah", Claude Lanzmann, qui a qualifié à la barre le film de 'négationniste'. "Je ne vois pas pourquoi cet homme s'indigne d'être traité d'antisémite, il l'est", a-t-il ajouté, évoquant "un film piège où la caméra se fait elle-même instrument du mensonge". Jugement le 27 juin.
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Mis en ligne le 29 mai 2006, par M. Macina, sur le site upjf.org
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