Saturday, September 30, 2006

GAYDAMAK REGLE SES COMPTES CONTRE LE JUGE COURROYE

Angolagate : Gaydamakrègle ses comptes NOUVELOBS.COM 27.09.06 12:14

Dans une interview à nouvelobs.com, le milliardaire Arcadi Gaydamak, "réfugié" depuis six ans en Israël et en Russie, principal protagoniste de l’affaire dite de l’Angolagate, décrit celle-ci comme une "farce judiciaire" et affirme qu'elle a montré "des dysfonctionnements aussi grotesques que ceux de l’affaire Outreau". OBJET d’un mandat d’arrêt international depuis l’an 2000, lancé depuis la France, pour son rôle dans l’affaire des ventes d’armes russes vers l’Angola, Arcadi Gaydamak partage désormais son temps entre Israël, la Russie et l’Angola. Ce milliardaire hors normes, tout à la fois dénigré par la DGSE et porté aux nues par la DST, vient d’être élu "homme de l’année" en Israël, en deuxième position derrière une figure imposée collective : les réservistes de Tsahal. A son crédit: pendant la guerre de cet été, il a pris en charge le transfert des populations nécessiteuses qui subissaient les tirs des missiles du Hezbollah et les a installé dans des villages de tentes, dépensant ses deniers personnels jusqu’à 1,5 millions de dollars par jour.
OAS_AD('Middle');
Habitué à être vilipendé en France, il voit fleurir des reportages élogieux, dans les télévisions et les journaux du monde entier. Le Monde; a été jusqu’à le qualifier de ' nouveau roi d’Israël " ! Il a acheté un club de basket, puis le Betar, un club de foot marqué à droite et, pour faire équilibre, un club arabe qu’il tente de faire monter en première division. Il ne cesse de reprendre des entreprises en difficultés et fait la Une des journaux israéliens dans les pages économiques, sportives et même politiques. Gaydamak joue en effet en Israël un rôle politique croissant. Alors que Benjamin Netanyaou est son voisin dans la ville résidentielle de Cesaree, au nord de Tel Aviv, celui-ci a tenu à déjeuner avec lui, à l’hôtel King David, pour être sûr d’être vu en sa compagnie. Objectif : capter les votes des Russes, qui seront décisifs lors des prochaines élections. En Russie, Gaydamak possède un groupe de presse, autour des "Nouvelles de Moscou" – avec lequel il a tenté, en vain de racheter France-Soir – affirme détenir 2.000 hectares dans la capitale, être le premier producteur mondial de poulets et d’œufs.Il possède, entre autre, 1% de Gazprom dont la valeur en Bourse atteint 300 milliards de dollars. Démon en France, ange en Israël et en Russie ? Gaydamak ne supporte pas d’être persona non grata dans son pays d’adoption, qu’il a rejoint à 20 ans et dans lequel il a fait fortune. S’estimant victime d’un climat de lynchage judiciaire et médiatique et d’une vindicte personnelle du juge Philippe Courroye, il a toujours contesté l’existence du moindre délit, en ce qui le concerne, dans l’affaire de l’Angolate qui lui vaut d’être mis en examen pour commerce illicite d’armes, abus de biens sociaux et trafic d’influence. Avec une rare violence de ton, il défend son dossier en attaquant l’institution judiciaire française en général et le juge Philippe Courroye en particulier. Débarrassés de leur gangue d’outrance et de provocation – comme sa comparaison avec l’affaire Outreau – certains de ses arguments méritent d’être entendus.Car, après l’emballement des premiers mois d’instruction, pendant lesquels diverses personnalités ont été mises en examen et certaines envoyées en prison, comme Jean-Christophe Mitterrand, on assiste à un certain flottement de l’institution judiciaire sur cette affaire de l’Angolagate. Alors que le juge a clos son instruction en juin 2005, le parquet n’a toujours pas rendu ses réquisitions, attendues, au mieux à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine pour un procès qui ne pourrait avoir lieu, dans le meilleur des cas, qu’un an plus tard. Voici l’intégralité de l’interview, qu’il a accordée, revue et amendée et amendée par lui-même. Vous êtes, avec Pierre Falcone, l’un des principaux accusés de l’affaire dite de l’ "Angolagate". Mais vous avez quitté la France, au lieu de vous expliquer devant sa justice. Qu’est ce qui vous autorise, dès lors, à crier au chantage et à l’injustice et à mettre en cause le juge d’instruction Philippe Courroye ? - Début décembre 2000, je déjeune à Londres avec Pierre Falcone, devant une bouteille de Haut-Brion. Le prétendu scandale des ventes d’armes de la Russie à l’Angola prend de l’ampleur.Le juge Courroye, qui a été désigné, veut nous entendre l’un et l’autre. Falcone me dit : " j’y vais, je vais tout lui expliquer et, au pire, je resterai en garde à vue 48 heures, car le juge comprendra vite l’inanité des accusations portées contre nous". Je lui ai répondu : "méfiez-vous, cette affaire nous dépasse"». Falcone ne m’a pas écouté. Il s’est rendu le lendemain à la convocation du juge qui l’a jeté en prison, pendant un an, le maximum possible. J’ai décidé, pour ce qui me concerne, d’aller me réfugier en Israël. Sans doute par dépit, le juge a mis des scellés sur l’appartement dans lequel vivaient ma femme et mes deux filles qui se sont retrouvées à la rue. L’une d’entre elles, qui passait le bac, n’a même pas pu prendre ses affaires de classe. Mais impossible pour la presse de s’en émouvoir ou seulement de s’en étonner, puisque l’appartement était situé avenue Foch… La Chambre de l’Instruction mettra deux ans pour sanctionner cette action illégale du juge. Et c’est vrai que j’ai eu des mots très durs à son égard. Je n’en retire pas une virgule.La campagne de calomnie s’est calmée et je suis maintenant capable de resituer l’affaire qui me concerne dans un contexte politique – et j’oserais dire idéologique – propre à la France. Quel contexte ? - Il s’agit, selon moi, d’une des dernières affaires juridico-financière des années 90, marquée par une focalisation des juges d’instruction sur les scandales financiers réels ou imaginaires, avec des investigations avec des coûts phénoménaux et des résultats bien maigres, au détriment des affaires concernant des crimes de sang. Cette position était soutenue par un procureur aussi politique qu’interventionniste, Jean-Pierre Dinthilac. Comme certains juges, des journaux influents ont témoigné d’un intérêt idéologique et commercial hors de proportions, dès lors que des hommes politiques, ou des personnalités en vue étaient mis sous les feux de la rampe. Ce cocktail a abouti à des disfonctionnements aussi grotesques que ceux de l’affaire Outreau. Comment osez-vous dire cela ? – Il n’a a pas d’ambiguïté.Je n’ai évidemment pas l’indécence de me comparer aux victimes d’Outreau, ne serait-ce que parce que j’ai les moyens de me défendre et même de contre-attaquer, refusant d’être la victime des errements judiciaires d’un magistrat imbu de son pouvoir sans contrôle. Mais j’affirme que l’Angolagate révèle exactement, traduite dans le domaine politico-financier, les mêmes errements que cette affaire sordide : un suivisme docile de la presse au nom de la lutte contre la pédophilie dans le cas d’Outreau, contre les riches ici ; un respect aveugle du juge d’instruction considéré comme le parangon du sérieux, de l’équité et de l’intelligence ; un mépris du droit et des faits au détriment de purs fantasmes non soumis à vérification ; une absence totale de contrôle des actes du juge et du Parquet par la hiérarchie judiciaire, aussi bien par désinvolture que par corporatisme. Ce corporatisme de la haute hiérarchie ira jusqu’à couvrir un faux avéré commis par le juge Philippe Courroye sans que celui-ci n’ait été, ne serait-ce qu’une seconde, convoqué devant le magistrat désigné pour enquêter ! Vous niez l’existence du moindre délit ? - Oui.Tout simplement parce qu’il n’y a jamais eu de commerce illicite d’armes, comme l’affirment les juristes les moins bien disposés à notre égard, s’agissant d’un contrat concernant deux pays étrangers, sans que la moindre munition n’ait transité par le territoire français. Les services du premier ministre eux-mêmes, consultés par le juge d’instruction, ont reconnu en toutes lettres dans le dossier qu’il n’y avait pas délit ! Il y a tout de même eu une plainte d’Alain Richard, ministre de la Défense de Lionel Jospin. - Cette plainte a été déposée a posteriori, pour sauver l’instruction. Elle a été explicitement motivée par la pression médiatique. C’est un comble ! Vous avez été accusé, aussi, de vous être enrichi à l’occasion de la négociation de la réduction considérable de la dette de l’Angola vis-à-vis de la Russie. - La Suisse, qui m’avait reproché la manière dont j’avais contribué à faire racheter la dette de l’Angola envers la Russie, m’a finalement rendu justice : la cour d’appel helvétique a même affirmé que les conditions de ce rachat étaient plus favorables au pays débiteur que celles proposées par le Club de Paris… C’est vrai que dans les deux cas j’ai gagné de l’argent. Je n’en rougis pas. J’en suis fier : j’ai contribué à sauver le gouvernement légal d’Angola, qui n’était pas soumis à embargo, des griffes d’un mouvement terroriste sanguinaire. Il n’y a plus de victimes civiles. C’est grâce à notre action qu’aujourd’hui ce pays, l’un des plus respecté du continent africain, a été pacifié. Vous oubliez le trafic de décoration qui vous est reproché concernant l’Ordre National du Mérite que vous auriez obtenu contre argent de Charles Pasqua… - C’est le sommet de cette farce judiciaire. Pas un seul centime n’est passé de ma poche à celle de Charles Pasqua. Le juge Courroye s’est d’ailleurs considéré comme dispensé d’établir ce fait.Pour le reste, je songe à tous les notables qui sont décorés dans l’Ordre National du Mérite ou dans celui de la Légion d’Honneur, sans avoir jamais rien fait d’autre que d’avoir des copains bien placés. Alors que moi, j’ai contribué à la libération de français otages en Serbie et au Daghestan. J’ai utilisé tant mes relations, notamment à la tête des services secrets russes, que mon argent. J’ai sauvé des vies humaines. Ce qui, pour un civil, est évidemment de nature à valoir une décoration. Et voilà qu’on me reproche de l’avoir obtenu par faveur ! En France, il ne fait pas bon rendre des services à l’Etat, a fortiori si l’on est juif, russe et riche. Tous ceux qui s’y sont essayé s’en mordent aujourd’hui les doigts. Mais votre contribution à la libération des otages français a été contestée, en particulier par le général Gallois. - Celui-ci, qui avait été lui aussi missionné, a contesté par dépit les résultats de mon intervention. Mais, dans le cadre d’une procédure que j’ai diligentée contre lui, la justice française a reconnu la véracité de tout ce que j’affirmais. On peut, en tous cas, vous reprocher de ne pas vous être soumis à la loi commune.- Effectivement, et je m’en honore, je refuse de me soumettre. Je ne suis pas un fuyard qui se terre dans sa tanière. J’agis au grand jour. Pour le juge, je dois sans doute incarner tout ce qu’il déteste. Peu m’importe. Je refuse de lui rendre un point, au plan judiciaire comme au plan moral. Sans prétendre à la canonisation, je ne pense pas avoir commis dans ma vie une seule vilénie. Pourquoi avez-vous tenté de racheter France-Soir ? - Pour rendre service. Mais le tribunal de commerce de Lille, sur pression de Paris, a rejeté mon offre au prétexte de l’origine douteuse de mes fonds. Alors que je ne les avais pas déposés ! Je vous signale en passant que je suis propriétaire des Nouvelles de Moscou, ainsi que d’une radio et d’une agence de presse qui leurs sont liées. J’ai acheté l’ancien immeuble des syndicats, en plein centre de Moscou, pour réunir les activités d’un des plus grands groupes de presse de mon pays d’origine. Vous rendrez-vous au procès ? - Oui, je viendrai m’expliquer devant les juges, forcément plus impartiaux que le juge Courroye. Et vous verrez que ce jour là on rira de lui comme on a fustigé le juge Burgaud. Propos recueillis par Airy Routier,envoyé spécial du Nouvel Observateur en Israël

0 Comments:

Post a Comment

<< Home