MORT D'UN JUIF EGARE, SIMON MALEY
Mort de Simon Malley, militant tiers-mondiste et fondateur d'"Afrique Asie"
Par Jean-Michel CADIOT
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PARIS (AFP) - Simon Malley, l'intellectuel égyptien, mort jeudi à 83 ans à son domicile parisien, fut pendant plus d'un demi-siècle une figure de la décolonisation et du tiers monde révolutionnaire, et milita avec ardeur pour la cause palestinienne.Armé de sa plume et d'un des carnets d'adresses les plus fournis qui soit, journaliste passionné dès l'âge de 16 ans, au Progrès égyptien (journal francophone), il fut l'ami d'Ahmed Ben Bella et de Yasser Arafat. Mais il était aussi la "bête noire" du roi Hassan II du Maroc et du président gabonais Omar Bongo, qui obtinrent en octobre 1980 du président Valéry Giscard d'Estaing son expulsion de France.
Quelques mois plus tard, le nouveau président, François Mitterrand, un temps son ami, lui permettra de revenir.
Jusqu'à ces dernières années, comme journaliste à Jeune Afrique, correspondant à Pékin, puis comme directeur d'Africasia et Afrique Asie, orientés à gauche, Simon Malley, adepte de la diplomatie parallèle, éloquent, influençait les régimes arabes et africains de sa seule plume, ou de coups de téléphone bien distillés.
Cet homme de taille moyenne, à la rondeur bonhomme, mais toujours élégant, était un amoureux du français, qu'il parlait aussi bien que l'arabe ou l'anglais, changeant de passeports -américain, tunisien, algérien, français notamment- au gré des causes défendues.
Né le 25 mai 1923 au Caire dans une famille juive modeste, Simon Malley se range très vite dans le camp "tiers-mondiste", de la décolonisation, lorsque jeune journaliste, il couvre la naissance de l'Onu à San Francisco.
Il sera taxé de "prosoviétique" et son militantisme "anti-impérialiste" en fait un des hommes les plus écoutés du Mouvement des non-alignés.
Outre la décolonisation de l'Afrique, deux causes le mobiliseront surtout: l'Algérie et la Palestine. Simon Malley défend avec vigueur le FLN (Front de Libération nationale) pendant la guerre d'Algérie (1954-1962) et se met au service du premier président Ahmed Ben Bella. Jusqu'au dernier jour, il soutiendra l'Organisation de libération de la Palestine, aidant beaucoup, par ses relations, Yasser Arafat doint il fut l'indéfectible ami.
Il milita aussi contre la guerre du Vietnam.
L'écroulement du bloc soviétique à la fin des années 80 et les tranformations géopolitiques n'ébranlent pas ses convictions. Malley s'oppose à la guerre du Golfe, contre l'Irak, en 1991, et aux prétentions des Etats-Unis "d'imposer leur domination" dans le monde.
Un de ses trois enfants, Robert Malley a été conseiller du président Bill Clinton et dirige l'International crisis group.
"En donnant la parole aux sans-voix, il a servi d'exemple; en contestant l'ordre établi, il a balisé le chemin à d'autres", écrivent vendredi sa famille et son équipe, dans un communiqué adressé à l'AFP.
Par Jean-Michel CADIOT
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PARIS (AFP) - Simon Malley, l'intellectuel égyptien, mort jeudi à 83 ans à son domicile parisien, fut pendant plus d'un demi-siècle une figure de la décolonisation et du tiers monde révolutionnaire, et milita avec ardeur pour la cause palestinienne.Armé de sa plume et d'un des carnets d'adresses les plus fournis qui soit, journaliste passionné dès l'âge de 16 ans, au Progrès égyptien (journal francophone), il fut l'ami d'Ahmed Ben Bella et de Yasser Arafat. Mais il était aussi la "bête noire" du roi Hassan II du Maroc et du président gabonais Omar Bongo, qui obtinrent en octobre 1980 du président Valéry Giscard d'Estaing son expulsion de France.
Quelques mois plus tard, le nouveau président, François Mitterrand, un temps son ami, lui permettra de revenir.
Jusqu'à ces dernières années, comme journaliste à Jeune Afrique, correspondant à Pékin, puis comme directeur d'Africasia et Afrique Asie, orientés à gauche, Simon Malley, adepte de la diplomatie parallèle, éloquent, influençait les régimes arabes et africains de sa seule plume, ou de coups de téléphone bien distillés.
Cet homme de taille moyenne, à la rondeur bonhomme, mais toujours élégant, était un amoureux du français, qu'il parlait aussi bien que l'arabe ou l'anglais, changeant de passeports -américain, tunisien, algérien, français notamment- au gré des causes défendues.
Né le 25 mai 1923 au Caire dans une famille juive modeste, Simon Malley se range très vite dans le camp "tiers-mondiste", de la décolonisation, lorsque jeune journaliste, il couvre la naissance de l'Onu à San Francisco.
Il sera taxé de "prosoviétique" et son militantisme "anti-impérialiste" en fait un des hommes les plus écoutés du Mouvement des non-alignés.
Outre la décolonisation de l'Afrique, deux causes le mobiliseront surtout: l'Algérie et la Palestine. Simon Malley défend avec vigueur le FLN (Front de Libération nationale) pendant la guerre d'Algérie (1954-1962) et se met au service du premier président Ahmed Ben Bella. Jusqu'au dernier jour, il soutiendra l'Organisation de libération de la Palestine, aidant beaucoup, par ses relations, Yasser Arafat doint il fut l'indéfectible ami.
Il milita aussi contre la guerre du Vietnam.
L'écroulement du bloc soviétique à la fin des années 80 et les tranformations géopolitiques n'ébranlent pas ses convictions. Malley s'oppose à la guerre du Golfe, contre l'Irak, en 1991, et aux prétentions des Etats-Unis "d'imposer leur domination" dans le monde.
Un de ses trois enfants, Robert Malley a été conseiller du président Bill Clinton et dirige l'International crisis group.
"En donnant la parole aux sans-voix, il a servi d'exemple; en contestant l'ordre établi, il a balisé le chemin à d'autres", écrivent vendredi sa famille et son équipe, dans un communiqué adressé à l'AFP.
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