LES PHOTOJOURNALISTES REVIENNENT ULCERES DE LA GUERRE AU LIBAN
Les photojournalistes entre amertume et révolte à leur retour du Liban
Par Christine POUGET
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PERPIGNAN (AFP) - Ils ont couvert le conflit libanais cet été. Ils en reviennent parfois amers sur leur métier ou s'insurgeant contre les accusations de manipulation. A Perpignan, au 18ème Visa pour l'image, les photojournalistes revendiquent le droit d'avoir "une opinion, des émotions".Le Festival international du photojournalisme ne compte pas d'expositions sur le conflit au Liban car, explique la direction, les expositions sont bouclées dès juin, mais une soirée y sera consacrée samedi.
Une polémique est née récemment, avec Shmuel Trigano, président de l'Observatoire du monde juif, évoquant dans Libération, "le spectacle des destructions de Beyrouth surdimensionné", ou "un objet insolite: un nounours (...), une robe de mariée..." qu'on aurait placé pour intensifier l'impact d'une une photo de destruction.
M. Trigano fait également allusion à une image manipulée des colonnes de fumée s'élevant de Beyrouth, diffusée par Reuters qui, sitôt la supercherie découverte, a été enlevée par l'agence, avec toutes les archives du pigiste concerné.
Le belge Bruno Stevens (Cosmos), dont une photo est mise en cause par M. Trigano, interrogé par l'AFP, s'insurge: "les gens qui s'imaginent que, dans un bombardement, on amène des peluches toutes propres dans les décombres, c'est n'importe quoi, je les invite à venir sous les bombes".
"Quand on parle de photojournalisme sérieux, pas de pigistes, ce sont des gens honnêtes, responsables, qui n'ont ni le temps, ni la volonté, ni l'éthique, de faire des manipulations".
M. Stevens revendique d'ailleurs "un journalisme qui a une opinion, une émotion, des sentiments".
"Quand je vois une gamine écrasée dans un bâtiment civil, à 12H du cessez-le-feu, pour des motifs politiques, je suis très en colère, s'exclame-t-il. C'est du journalisme engagé, pas de la manipulation. Est-ce un crime de guerre? Oui. Ai-je envie de le dénoncer? Oui. Est-ce de la manipulation? Non".
Sur les images récurrentes d'enfants victimes dans le conflit, autre accusation, M. Stevens martèle: "C'est un conflit qui tue des enfants, car dans la région, 50% des gens sont des enfants".
L'Italien Paolo Pellegrin (Magnum) revendique également humanité et compassion à l'égard des victimes, avant d'ajouter: "je serais plus effrayé par quelqu'un qui ne prendrait pas part, qui serait juste un observateur".
Pourtant, Stanley Greene (agence Vu), grand nom du photojournalisme, se dit ulcéré par le comportement de certains photographes qui se ruaient sur les scènes macabres. Pour lui, la "tendance à la dérive" est devenue pire au Liban, car "le public est devenu assoiffé de sang, les medias réclament tellement de vitesse. Les gens souffrent et meurent. Ils doivent être un sujet de respect, mais ils ne le sont pas, à cause de la vitesse des médias, parce que tout est urgent, urgent, urgent".
M. Stevens met en cause "l'absence d'éducation historique, politique et d'histoire de la photographie de jeunes photographes, ou de photographes locaux".
M. Greene conçoit son métier "presque comme une religion". "Je veux que les gens le respectent, en respectent les règles, la tradition. C'est une tradition pure, qui va de Larry Burrows (mort au Laos) à Robert Capa. Elle doit être respectée à nouveau".
Il est revenu au Liban pour couvrir l'après-guerre, car, "attaché aux vivants, aux réfugiés, (il) photographie toujours la manière dont les gens ordinaires traversent des situations extraordinaires".
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PERPIGNAN (AFP) - Ils ont couvert le conflit libanais cet été. Ils en reviennent parfois amers sur leur métier ou s'insurgeant contre les accusations de manipulation. A Perpignan, au 18ème Visa pour l'image, les photojournalistes revendiquent le droit d'avoir "une opinion, des émotions".Le Festival international du photojournalisme ne compte pas d'expositions sur le conflit au Liban car, explique la direction, les expositions sont bouclées dès juin, mais une soirée y sera consacrée samedi.
Une polémique est née récemment, avec Shmuel Trigano, président de l'Observatoire du monde juif, évoquant dans Libération, "le spectacle des destructions de Beyrouth surdimensionné", ou "un objet insolite: un nounours (...), une robe de mariée..." qu'on aurait placé pour intensifier l'impact d'une une photo de destruction.
M. Trigano fait également allusion à une image manipulée des colonnes de fumée s'élevant de Beyrouth, diffusée par Reuters qui, sitôt la supercherie découverte, a été enlevée par l'agence, avec toutes les archives du pigiste concerné.
Le belge Bruno Stevens (Cosmos), dont une photo est mise en cause par M. Trigano, interrogé par l'AFP, s'insurge: "les gens qui s'imaginent que, dans un bombardement, on amène des peluches toutes propres dans les décombres, c'est n'importe quoi, je les invite à venir sous les bombes".
"Quand on parle de photojournalisme sérieux, pas de pigistes, ce sont des gens honnêtes, responsables, qui n'ont ni le temps, ni la volonté, ni l'éthique, de faire des manipulations".
M. Stevens revendique d'ailleurs "un journalisme qui a une opinion, une émotion, des sentiments".
"Quand je vois une gamine écrasée dans un bâtiment civil, à 12H du cessez-le-feu, pour des motifs politiques, je suis très en colère, s'exclame-t-il. C'est du journalisme engagé, pas de la manipulation. Est-ce un crime de guerre? Oui. Ai-je envie de le dénoncer? Oui. Est-ce de la manipulation? Non".
Sur les images récurrentes d'enfants victimes dans le conflit, autre accusation, M. Stevens martèle: "C'est un conflit qui tue des enfants, car dans la région, 50% des gens sont des enfants".
L'Italien Paolo Pellegrin (Magnum) revendique également humanité et compassion à l'égard des victimes, avant d'ajouter: "je serais plus effrayé par quelqu'un qui ne prendrait pas part, qui serait juste un observateur".
Pourtant, Stanley Greene (agence Vu), grand nom du photojournalisme, se dit ulcéré par le comportement de certains photographes qui se ruaient sur les scènes macabres. Pour lui, la "tendance à la dérive" est devenue pire au Liban, car "le public est devenu assoiffé de sang, les medias réclament tellement de vitesse. Les gens souffrent et meurent. Ils doivent être un sujet de respect, mais ils ne le sont pas, à cause de la vitesse des médias, parce que tout est urgent, urgent, urgent".
M. Stevens met en cause "l'absence d'éducation historique, politique et d'histoire de la photographie de jeunes photographes, ou de photographes locaux".
M. Greene conçoit son métier "presque comme une religion". "Je veux que les gens le respectent, en respectent les règles, la tradition. C'est une tradition pure, qui va de Larry Burrows (mort au Laos) à Robert Capa. Elle doit être respectée à nouveau".
Il est revenu au Liban pour couvrir l'après-guerre, car, "attaché aux vivants, aux réfugiés, (il) photographie toujours la manière dont les gens ordinaires traversent des situations extraordinaires".
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