Saturday, March 24, 2007

Malgré une baisse des actes racistes, les préjugés xénophobes persistent

Malgré une baisse des actes racistes, les préjugés xénophobes persistent
LE MONDE | 21.03.07 | 15h19 • Mis à jour le 21.03.07 | 15h19







ort du jeune Ilan Halimi, kidnappé et torturé par le "gang des Barbares" ; violente descente des membres de la Tribu Ka dans la rue des Rosiers, à Paris ; mort d'un jeune supporteur du PSG à la suite d'une rixe contre ceux du club Hapoel-Tel-Aviv... Malgré ces événements très médiatisés, le rapport 2006 de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), remis au gouvernement, mercredi 21 mars, à l'occasion de la Journée mondiale contre le racisme, fait état d'une certaine stabilité, voire d'une diminution des actes racistes, antisémites et xénophobes.



L'année 2006 confirme en effet la tendance à la baisse, enregistrée en 2005, de l'ensemble des violences et menaces à caractère raciste et antisémite. Celles-ci enregistrent un nouveau recul de 10 % (885 violences ou menaces recensées contre 974 en 2005 et 1 574 en 2004), ce recul étant particulièrement significatif à l'école (-22 %).

Ces chiffres restent cependant plus élevés que ceux recensés dans les années 1995-1999, souligne la CNCDH. D'autant que l'analyse détaillée des chiffres révèle quelques constats inquiétants. La tendance générale à la décrue masque une progression de 6 % de l'antisémitisme (541 actes recensés en 2006 contre 508 en 2005). Et cet antisémitisme s'exprime de manière de plus en plus violente, relève le rapport, soulignant que, plus que les menaces, ce sont les actions violentes antisémites qui ont augmenté (134 en 2006, contre 99 en 2005, soit une augmentation de 35 %).

De façon général, la CNCDH s'alarme de voir se confirmer la tendance à un renforcement de la violence, déjà constatée l'an passé. La part des actions violentes, dans l'ensemble des actes et menaces racistes et antisémites recensés, passe de 19 % en 2005 à 22 % en 2006. Et les personnes physiques sont les premières victimes de cette aggravation de la violence.

En 2006, plus de la moitié des actes racistes violents (53 %) sont des agressions contre des personnes. Et 45 % des menaces racistes sont des menaces verbales, écrites ou téléphonées contre des individus. La CNCDH observe, dans un contexte toujours marqué par de fortes préoccupations économiques et sociales, une persistance des préjugés xénophobes.

Le sondage réalisé par CSA (sur un échantillon représentatif de 1 026 personnes interrogées en face à face du 6 au 9 novembre 2006) montre une légère décrispation dans le rapport à l'autre, après une année 2005 marquée par une forte affirmation de l'opinion raciste : en 2006, 30 % Français s'avouent racistes (contre 33 % en 2005), et ils sont moins nombreux à estimer qu'il y a trop d'immigrés en France (48 % contre 55 % en 2005). Toutefois, les immigrés et les étrangers restent fortement stigmatisés, soupçonnés de ne pas vouloir réellement s'intégrer à la société française.


"PROBLÈMES ENDÉMIQUES"


Une majorité de Français (54 %) a ainsi le sentiment que ce sont avant tout les personnes d'origine étrangère qui ne se donnent pas les moyens de s'intégrer. Et une large part d'entre eux considèrent également que les immigrés ont plus de facilités pour accéder aux prestations sociales (55 %) et aux soins médicaux (43 %). D'où le sentiment que les personnes étrangères et les immigrés "ne jouent pas le jeu" et que, dès lors, certaines attitudes d'intolérance peuvent se justifier : 58 % encore des Français considèrent que "certains comportements peuvent parfois justifier des réactions racistes".

La CNCDH juge inquiétant "ce climat de xénophobie latente" qui, s'il n'apparaît pas dans les statistiques concernant les faits, révèle, selon elle, "des problèmes endémiques d'inégalités et de discriminations, que les mesures mises en oeuvre par les autorités à la suite des violences urbaines de novembre 2005, ne sont pas encore parvenues à résorber".

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