Thursday, June 28, 2007

e seigneur genevois

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LITTERATURE | 09h30 Il a choisi la Suisse pour une femme et Genève comme théâtre de ses amours. LAURE ADLER nous parle d'Albert Cohen, à travers la biographie de Franck Médioni.

Agrandir la taille du texte Réduire la taille du texte Imprimer l'article Envoyer par email Réagir sur l'article Recommander LAURE ADLER | 25 Juin 2007 | 09h30

Il a choisi la Suisse pour une femme et Genève comme théâtre de ses amours.

Deux mois après le début de la guerre entre la France et l'Allemagne, en Octobre 14, Albert Cohen s'inscrit à la faculté de droit de Genève.

En France aussi les universités sont-presque-aussi bonnes qu'en Suisse. Mais des souvenirs d'enfance lui remontent à la mémoire et notamment l'apostrophe que lui fit, dans les rues de Marseille où il habitait avec sa mère, le jour de ses dix ans, un camelot dans un marché: "tu n'es pas chez toi ici, c'est pas ton pays, débarrasse le plancher, va un peu voir à Jérusalem si j'y suis!"

Albert Cohen a-t-il fui la France pour la Suisse qui représentait un havre de paix ou parce qu'à Genève siègent les banques d'affaires mais aussi et surtout la Société des Nations, moyen pour ce jeune homme ambitieux, de tenter une rapide ascension sociale?

Les deux hypothèses paraissent possibles voire plausibles affirme Franck Médioni dans son formidable livre, publié dans cette nouvelle collection Folio de biographies inédites. Mais Médioni choisit les méandres, les versions enjolivées de la vie d'Albert Cohen par lui même pour raconter la vie de ce jeune juif qui sera contraint de quitter Corfou pour se réfugier en France avec sa mère adorée avant de choisir-définitivement- Genève comme lieu pour aimer donc, mais aussi pour vivre, écrire et y mourir en Octobre 1981.

Genève donc à la vie à la mort pour Sophie d'abord. Genève aussi pour Genève, la ville où, dit-il, le lendemain de son arrivée, les gendarmes et les facteurs sont si propres. Genève, patrie de Rousseau qu'il vénère.

Genève la ville miracle du monde fait-il dire à Salomon dans Mangeclous. Genève la douce où il aime se promener avec sa mère qui s'émerveille de tout et qui, se promenant le long du lac, disait "même leur eau est honnête". Genève la sensuelle où Ariane et Solal n'arrêtent pas de faire l'amour. Genève la juive, alors l'un des centres du sionisme. Genève l'intellectuelle où il découvre Charlie Chaplin mais aussi Tchekhov et Ibsen. Genève la cosmopolite où il rencontre Theodor Herzl et aussi des intellectuels russes en exil. Genève l'érotique où il rencontrera d'abord Sophie puis sa comtesse puis Elizabeth puis Yvonne puis Bella... "J'adore les femmes mais je ne leur pardonnerai jamais d'aimer les hommes, ces singes velus" dira-t il quelques semaines avant de mourir. Genève où il dira adieu au monde "car c'était l'heure", ce sont les derniers mots de Belle du seigneur. Genève où il est enterré dans le cimetière juif de Veyrier. Sa tombe se trouve exactement sur la frontière qui sépare la Suisse de la France.

Franck Médioni, "Albert Cohen", Biographie, inédit.

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