Rice et Kouchner en désaccord sur le Proche-orient
Rice et Kouchner en désaccord sur le Proche-orient
Par Elisabeth Studer le 24 juin 2007 | (0) Commentaires | Permalink
Si Condoleezza Rice avait pu dire récemment que l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence française ouvrait "une période excitante pour la France", la nomination de notre French Doctor bernard Kouchner, désormais ministre des Affaires Etrangères ne semble pas lui “faire le même effet”.
La secrétaire d'Etat américaine, et son nouvel homologue français n'ont pas masqué leurs divergences sur le Proche-Orient au cours de leur première conférence de presse commune dimanche soir à Paris. Tout en soulignant la convergence de vues de la France et des Etats-Unis sur la situation générale au Liban et dans les Territoires palestiniens, M. Kouchner a marqué sa différence sur l'aide à apporter aux Palestiniens, le comportement de la Syrie ou encore la légitimité populaire du Hamas.
Condoleezza Rice et Bernard Kouchner ont néanmoins condamné d'une seule voix dimanche soir l'"attentat" qui a coûté la vie à cinq soldats de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL).
I – Désaccord sur la Syrie
Rappelant "la détermination franco-américaine il y a trois ans qui a permis le retrait des troupes syriennes du territoire libanais", M. Kouchner a réaffirmé qu'il n'était "pas question que la France reprenne le dialogue avec la Syrie si ce pays ne donne pas des preuves concrètes de sa participation au mouvement de paix". Mais il a aussi rappelé que Damas avait dans le passé participé à des négociations de paix, mentionnant notamment l'accord de Taëf qui a mis fin à la guerre civile libanaise.
Pour sa part, Mme Rice n'a semble-t-il pas trouvé l'once d'un élément positif concernant le régime syrien, que Washington accuse de déstabiliser le Proche-Orient.
II – Divergence sur la question palestinienne
Questionnés sur les Palestiniens, les deux diplomates ont apporté un soutien marqué au président Mahmoud Abbas. Mais tandis que Mme Rice réaffirmait sa détermination à "ne pas soutenir le Hamas", en référence au blocus financier international imposé aux Palestiniens après la victoire électorale du mouvement radical palestinien l'an dernier, M. Kouchner a regretté de ne pas avoir pu aider davantage les Palestiniens.
“Nous avons été partisans de les aider directement mais nous n'avons pas été suivis", a-t-il noté, faisant allusion aux refus répétés de Washington d'alléger le blocus lors des discussions du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Russie, ONU), alors que les Européens et la Russie plaidaient en faveur d'une reprise de l'aide directe.
Alors que le chef de la diplomatie américaine rejetait à nouveau toute légitimité aux deux gouvernements palestiniens constitués depuis un an avec le Hamas, le ministre français a rappelé que le mouvement radical avait bel et bien gagné les élections législatives de 2006.
"Certains disent qu'il y a deux directions palestiniennes", a déclaré Mme Rice en référence à la nouvelle situation créée par la prise de la bande de Gaza par le Hamas. "Il n'y a qu'un président palestinien, c'est Mahmoud Abbas. Il n'y a qu'un gouvernement palestinien et c'est le gouvernement d'urgence que le président Abbas a mis en place", a-t-elle ajouté.
"Il y a un président palestinien, c'est Mahmoud Abbas", a renchéri M. Kouchner. "Il n'empêche que le Hamas avait gagné les élections et qu'il faudra s'interroger un tout petit peu sur ce qu'on peut faire maintenant".
III - Rice et Bernard Kouchner condamnent "l'attentat" contre la FINUL
Condoleezza Rice et Bernard Kouchner ont condamné dimanche soir l'"attentat" qui a coûté la vie à cinq soldats espagnols de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) et blessés trois autres au Liban sud. Leur véhicule a heurté une mine ou un engin piégé, a-t-on appris de source de sécurité libanaise.
Il s'agit du premier attentat à viser la Finul depuis qu'elle a été renforcée par la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui a mis fin à la guerre de l'été 2006 entre Israël et le mouvement chiite Hezbollah. Près de 13'000 Casques bleus sont actuellement déployés au Liban sud entre le fleuve Litani et la frontière libano-israélienne, en vertu de cette résolution.
"Nous déplorons et au nom du président de la République, nous condamnons cet attentat contre les soldats espagnols de la FINUL", a déclaré le chef de la diplomatie française lors d'une conférence de presse. "Cet attentat aurait été non pas une très mauvaise surprise, non pas la rencontre d'une mine, mais, il faut contrôler cela, je ne peux pas l'affirmer, mais un attentat téléguidé, avec une commande à distance", a souligné Bernard Kouchner. "Ceci impose pour les Etats-Unis d'Amérique et la France (...) une attention commune plus développée encore".
Dans un communiqué diffusé par ses services, le ministre français estime que cette explosion, qui a tué deux soldats espagnols et trois colombiens, "porte atteinte au processus de stabilisation dans le sud du Liban". "Nous souhaitons, avec la communauté internationale et en liaison avec les autorités libanaises, que les responsables de cet acte odieux soient identifiés, retrouvés et punis", ajoute-t-il.
Au côté de M. Kouchner, Condoleezza Rice a estimé que "la FINUL a joué un rôle très important pour mettre un terme à la guerre au Liban de l'été dernier". "Avec vous, je condamne absolument cet attentat", a-t-elle poursuivi.
Le ministre français de la Défense Hervé Morin se dit pour sa part "consterné" par cette attaque dans un communiqué. Il "exprime sa condamnation la plus ferme de cet acte odieux" et rappelle que "les forces françaises sont déterminées à assurer la totalité de la mission que leur ont confiée les Nations unies dans le cadre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité".
L'Espagne maintiendra son contingent au sein de la force de l'ONU au Liban malgré l'attentat qui a tué dimanche cinq soldats de ce contingent, a annoncé le ministre de la Défense Jose Antonio Alonso.
Le Hezbollah a immédiatement condamné l'attentat quant à lui. "Il s'agit d'un acte suspect qui porte atteinte au Liban sud et à ses habitants", a affirmé le parti chiite dans un communiqué. "Cet acte d'agression vise à accroître l'instabilité au Liban, notamment dans le sud du pays", ajoute le texte.
Dans le nord du Liban, à Tripoli, les forces libanaises ont pour leur part abattu 7 activistes islamistes dans un appartement. Cette fusillade a provoqué la mort de 3 autres personnes, un policier, sa fille et un proche qui vivaient dans le même immeuble.
Au total, 157 personnes, 80 militaires et au moins 57 islamistes ont été tuées depuis le début des affrontements le 20 mai au Liban nord, les violences internes les plus meurtrières au pays du Cèdre depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).
Sources : AP, AFP
Par Elisabeth Studer le 24 juin 2007 | (0) Commentaires | Permalink
Si Condoleezza Rice avait pu dire récemment que l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence française ouvrait "une période excitante pour la France", la nomination de notre French Doctor bernard Kouchner, désormais ministre des Affaires Etrangères ne semble pas lui “faire le même effet”.
La secrétaire d'Etat américaine, et son nouvel homologue français n'ont pas masqué leurs divergences sur le Proche-Orient au cours de leur première conférence de presse commune dimanche soir à Paris. Tout en soulignant la convergence de vues de la France et des Etats-Unis sur la situation générale au Liban et dans les Territoires palestiniens, M. Kouchner a marqué sa différence sur l'aide à apporter aux Palestiniens, le comportement de la Syrie ou encore la légitimité populaire du Hamas.
Condoleezza Rice et Bernard Kouchner ont néanmoins condamné d'une seule voix dimanche soir l'"attentat" qui a coûté la vie à cinq soldats de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL).
I – Désaccord sur la Syrie
Rappelant "la détermination franco-américaine il y a trois ans qui a permis le retrait des troupes syriennes du territoire libanais", M. Kouchner a réaffirmé qu'il n'était "pas question que la France reprenne le dialogue avec la Syrie si ce pays ne donne pas des preuves concrètes de sa participation au mouvement de paix". Mais il a aussi rappelé que Damas avait dans le passé participé à des négociations de paix, mentionnant notamment l'accord de Taëf qui a mis fin à la guerre civile libanaise.
Pour sa part, Mme Rice n'a semble-t-il pas trouvé l'once d'un élément positif concernant le régime syrien, que Washington accuse de déstabiliser le Proche-Orient.
II – Divergence sur la question palestinienne
Questionnés sur les Palestiniens, les deux diplomates ont apporté un soutien marqué au président Mahmoud Abbas. Mais tandis que Mme Rice réaffirmait sa détermination à "ne pas soutenir le Hamas", en référence au blocus financier international imposé aux Palestiniens après la victoire électorale du mouvement radical palestinien l'an dernier, M. Kouchner a regretté de ne pas avoir pu aider davantage les Palestiniens.
“Nous avons été partisans de les aider directement mais nous n'avons pas été suivis", a-t-il noté, faisant allusion aux refus répétés de Washington d'alléger le blocus lors des discussions du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Russie, ONU), alors que les Européens et la Russie plaidaient en faveur d'une reprise de l'aide directe.
Alors que le chef de la diplomatie américaine rejetait à nouveau toute légitimité aux deux gouvernements palestiniens constitués depuis un an avec le Hamas, le ministre français a rappelé que le mouvement radical avait bel et bien gagné les élections législatives de 2006.
"Certains disent qu'il y a deux directions palestiniennes", a déclaré Mme Rice en référence à la nouvelle situation créée par la prise de la bande de Gaza par le Hamas. "Il n'y a qu'un président palestinien, c'est Mahmoud Abbas. Il n'y a qu'un gouvernement palestinien et c'est le gouvernement d'urgence que le président Abbas a mis en place", a-t-elle ajouté.
"Il y a un président palestinien, c'est Mahmoud Abbas", a renchéri M. Kouchner. "Il n'empêche que le Hamas avait gagné les élections et qu'il faudra s'interroger un tout petit peu sur ce qu'on peut faire maintenant".
III - Rice et Bernard Kouchner condamnent "l'attentat" contre la FINUL
Condoleezza Rice et Bernard Kouchner ont condamné dimanche soir l'"attentat" qui a coûté la vie à cinq soldats espagnols de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) et blessés trois autres au Liban sud. Leur véhicule a heurté une mine ou un engin piégé, a-t-on appris de source de sécurité libanaise.
Il s'agit du premier attentat à viser la Finul depuis qu'elle a été renforcée par la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui a mis fin à la guerre de l'été 2006 entre Israël et le mouvement chiite Hezbollah. Près de 13'000 Casques bleus sont actuellement déployés au Liban sud entre le fleuve Litani et la frontière libano-israélienne, en vertu de cette résolution.
"Nous déplorons et au nom du président de la République, nous condamnons cet attentat contre les soldats espagnols de la FINUL", a déclaré le chef de la diplomatie française lors d'une conférence de presse. "Cet attentat aurait été non pas une très mauvaise surprise, non pas la rencontre d'une mine, mais, il faut contrôler cela, je ne peux pas l'affirmer, mais un attentat téléguidé, avec une commande à distance", a souligné Bernard Kouchner. "Ceci impose pour les Etats-Unis d'Amérique et la France (...) une attention commune plus développée encore".
Dans un communiqué diffusé par ses services, le ministre français estime que cette explosion, qui a tué deux soldats espagnols et trois colombiens, "porte atteinte au processus de stabilisation dans le sud du Liban". "Nous souhaitons, avec la communauté internationale et en liaison avec les autorités libanaises, que les responsables de cet acte odieux soient identifiés, retrouvés et punis", ajoute-t-il.
Au côté de M. Kouchner, Condoleezza Rice a estimé que "la FINUL a joué un rôle très important pour mettre un terme à la guerre au Liban de l'été dernier". "Avec vous, je condamne absolument cet attentat", a-t-elle poursuivi.
Le ministre français de la Défense Hervé Morin se dit pour sa part "consterné" par cette attaque dans un communiqué. Il "exprime sa condamnation la plus ferme de cet acte odieux" et rappelle que "les forces françaises sont déterminées à assurer la totalité de la mission que leur ont confiée les Nations unies dans le cadre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité".
L'Espagne maintiendra son contingent au sein de la force de l'ONU au Liban malgré l'attentat qui a tué dimanche cinq soldats de ce contingent, a annoncé le ministre de la Défense Jose Antonio Alonso.
Le Hezbollah a immédiatement condamné l'attentat quant à lui. "Il s'agit d'un acte suspect qui porte atteinte au Liban sud et à ses habitants", a affirmé le parti chiite dans un communiqué. "Cet acte d'agression vise à accroître l'instabilité au Liban, notamment dans le sud du pays", ajoute le texte.
Dans le nord du Liban, à Tripoli, les forces libanaises ont pour leur part abattu 7 activistes islamistes dans un appartement. Cette fusillade a provoqué la mort de 3 autres personnes, un policier, sa fille et un proche qui vivaient dans le même immeuble.
Au total, 157 personnes, 80 militaires et au moins 57 islamistes ont été tuées depuis le début des affrontements le 20 mai au Liban nord, les violences internes les plus meurtrières au pays du Cèdre depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).
Sources : AP, AFP
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