Monday, March 24, 2008

PAR ICI la sortie ! Pour avoir rédigé une tribune violemment anti-israélienne sur le site Internet Oumma.com, destinée à la communauté musulmane francophone, Bruno Guigue, le sous-préfet de Saintes (Charente-Maritime), a été limogé mercredi par Michèle Alliot-Marie. L'information a été rendue publique samedi. Une sanction expresse, assez rare, prise dès que la ministre de l'Intérieur a eu connaissance de l'article mis en ligne le 13 mars.


Dans ce texte, long d'une dizaine de pages, Bruno Guigue, normalement soumis à une obligation de neutralité, critique sans nuance les Etats-Unis et Israël, « seul Etat au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles ».

Le haut fonctionnaire, dont la tribune se veut une réponse au « lobby pro-israélien », compare « le Reich qui s'assied sur la SDN en 1933 (NDLR : la Société des nations, ancêtre de l'ONU) » et « l'Etat hébreu qui bafoue le droit international depuis 1967 ». Il évoque également « les geôles israéliennes, où grâce à la loi religieuse on s'interrompt de torturer pendant shabbat ». De quoi provoquer la colère de MAM, « stupéfaite », selon un proche, qu'un sous-préfet puisse sortir ainsi de son rôle.

« Ce qu'il faisait avant n'est pas vraiment notre problème »

Bruno Guigue collabore pourtant régulièrement avec Oumma.com, site qui a soutenu le prédicateur Tariq Ramadan et dont l'ancien forum de discussion a dû être hébergé à l'étranger après quelques dérapages verbaux de certains de ses membres. Ses chroniques précédentes, toujours en ligne hier, évoquaient déjà le rôle et la place d'Israël dans des termes assez proches de la tribune incriminée. Ainsi, en décembre 2006, Guigue semblait trouver des vertus à la conférence de Téhéran organisée par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad sur la réalité de l'Holocauste. « La mémoire de la Shoah est devenue, entre les mains d'Israël et de ses alliés, une arme redoutable d'intimidation massive », écrivait-il, ajoutant que « le monde arabe est victime d'un terrorisme d'Etat auquel les puissances occidentales tressent des lauriers, par expiation secrète d'un crime de masse commis il y a soixante ans. Si la conférence de Téhéran a au moins une vertu, c'est de rappeler au souvenir d'un Occident amnésique cette formidable aberration historique ».

Enarque et normalien, le sous-préfet limogé a rédigé plusieurs livres aux éditions l'Harmattan sur le conflit israélo-arabe. Dès lors, on se demande pourquoi son limogeage intervient si tard. « Il n'est sous-préfet que depuis septembre 2007. Ce qu'il faisait avant n'est pas vraiment notre problème », explique-t-on au ministère de l'Intérieur. Dans un communiqué publié hier, Oumma.com défend son collaborateur : « L'usage d'une saine critique ne peut s'exercer équitablement en France. Si chacun a le loisir dans notre pays, fonctionnaire ou pas, de critiquer, condamner, dénoncer à peu près n'importe quel Etat, n'importe quelle religion, n'importe quelle personnalité, il existe une exception à cette règle et notre ami Bruno Guigue est puni d'avoir cru à l'existence d'une véritable et totale liberté d'expression au pays des droits de l'homme. »

Le fonctionnaire limogé devrait retrouver son corps d'origine et redevenir administrateur civil.

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