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Un permis de douter a été décerné, mercredi 21 mai, par la cour d'appel de Paris, dans l'affaire qui oppose, depuis sept ans, France 2 et Charles Enderlin au directeur d'une agence de notation des médias, Philippe Karsenty, à propos des images de la mort de, Mohammed Al Dura, 12 ans, dans les bras de son père à Gaza. Réalisées en septembre 2000, ces images et leur commentaire affirmant que l'enfant palestinien avait été tué par des tirs "venus des positions israéliennes", sont devenues emblématiques de la cause palestinienne.
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SUR LE MÊME SUJET
Forum Médias
Reprenant les accusations lancées par une agence franco-israélienne, Metula News Agency, M. Karsenty avait qualifié ce reportage de "supercherie" et d'"imposture" sur son site Mediaratings. Condamné pour diffamation en octobre 2006 par le tribunal correctionnel de Paris, M. Karsenty avait fait appel.
Dans son arrêt, la cour infirme le jugement de première instance en reconnaissant la "bonne foi" à M. Karsenty qui "n'a pas dépassé les limites de la liberté d'expression". "Il est légitime pour une agence de notation des médias d'enquêter, ne serait-ce qu'en raison de l'impact qu'ont eu (ces) images, sur les conditions dans lesquelles le reportage en cause a été tourné et diffusé", note la cour dans son arrêt.
Si elle ne se prononce pas sur le contenu du reportage diffusé sur France 2, elle relève que "l'examen des rushes ne permet plus d'écarter les avis des professionnels entendus au cours de la procédure" qui avaient mis en doute l'authenticité du reportage. "On a mis sept ans à obtenir ces rushes. On en attendait 27 minutes, on est passé à 18. Pourquoi ?" s'était interrogé l'avocat de M. Karsenty, Me Patrick Maisonneuve à l'audience le 27 février.
France 2 et Charles Enderlin s'étaient montré moins affirmatifs sur l'origine des tirs. L'avocat de la chaîne, Me Francis Szpiner, qui s'est déclaré "attristé" par l'arrêt, a annoncé son intention de se pourvoir en cassation.
Pascale Robert-Diard
TRIBUNES
L'affaire Mohamed Al Doura rebondit
En déboutant France 2, la justice française rend désormais inévitable un débat concret sur cette affaire passionnelle.
daviDb1 - flickr - cc -
daviDb1 - flickr - cc -
La mort du « petit Mohamed » Al Doura ? Les choses étaient parfaitement claires : le 30 septembre 2000, au carrefour de Netzarim (Gaza), l'armée israélienne avait tué un jeune enfant au cours d'une fusillade filmée pour France 2 par un caméraman palestinien. Quelques secondes d'images insoutenables. Une émotion planétaire. Et des conséquences dévastatrices : l'affaire a depuis fait couler presque autant de sang que d'encre.
Bien sûr, l'instrumentalisation de ce fait divers géopolitique par certains démagogues antisémites était répugnante ; mais enfin, nous serrions les dents : jadis, déjà, Le Pen exploitait de manière odieuse, lui aussi, des faits avérés.
Bien sûr, une poignée de militants pro-israéliens criait à l'imposture, à la manipulation, au complot. Qu'importait ! Les islamo-gauchistes avaient bien Thierry Meyssan… Et puis le journaliste qui avait endossé ce reportage était estimé.
Bien sûr, on s'interrogeait à voix basse : mais pourquoi diable France 2 refusait-elle de tuer une bonne fois pour toute la polémique en diffusant l'ensemble des « rushes » d'une fusillade dont elle n'avait retenue que quelques brefs instants ?
Bien sûr, huit ans plus tard, subsistait comme un malaise à devoir choisir entre une vérité officielle que la chaîne publique française se refusait à démontrer – alors que les preuves étaient déclarées existantes… – et les arguments, parfois troublants, de militants que l'on disait tout droit sortis de la série X-Files.
L'affaire Al Doura relancée
Le jugement rendu ce mercredi 21 mai par la XIe chambre de la Cour d'Appel de Paris vient tout bouleverser. Elle relance de fond en comble le débat sur l'affaire Al Doura. Chargée de dire si Philippe Karsenty, fondateur d'une agence de notation des médias, avait oui ou non diffamé France 2 et son journaliste Charles Enderlin en affirmant qu'ils s'étaient rendus coupables d'une «imposture médiatique», la cour a tranché : au vu des images, il n'y a en aucun cas diffamation. « La Cour d'Appel a fait apparaître mercredi un doute sur l'authenticité des images d'un enfant palestinien tombant sous les balles, devenues le symbole de l'Intifada [et] qui ont fait le tour du monde. Le visionnage des 18 minutes de «rushes» du reportage «ne permettent pas d'écarter les avis de professionnels qui concluent au trucage.» (Reuters, Paris, 21 mai)
Traduction en français : on peut légitimement s'interroger sur la bien-fondé de la thèse de France 2, selon laquelle le petit enfant désigné comme « Mohamed Al Doura » serait bel et bien mort ce jour-là, à cet endroit-là, et qu'il serait mort sous les balles israéliennes et non sous des balles palestiniennes.
Retour à la case départ, donc : ceux qui prétendent que le film de la mort du « petit Mahomed Al Doura » tourné par un Palestinien relève de la propagande, voire de la mise en scène, ne sont donc ni des maboules ni des ordures. La décision de la Cour d'Appel de Paris est sur ce point catégorique : les arguments de Philippe Karsenty méritent d'être examinés. Et doivent l'être.
Car il est anormal que huit ans après les faits, les citoyens d'un pays libre, prospère et éduqué comme la France soient encore et toujours dans l'impossibilité de se faire une idée objective et donc définitive de l'événement. Les dirigeants de France devraient estimer que le temps est venu d'accepter un débat contradictoire au sujet de cette affaire, qui a eu des conséquences épouvantables. Mieux : France 2 pourrait prendre l'initiative de rendre accessible l'intégralité des « rushes » en ligne, que chacun puisse se faire une opinion concrète. Il faut désormais nous éclairer : tel est le sens de la décision de la Cour d'Appel de Paris. L'affaire Al Doura, décidément, n'est pas close.
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Dans son arrêt, la cour infirme le jugement de première instance en reconnaissant la "bonne foi" à M. Karsenty qui "n'a pas dépassé les limites de la liberté d'expression". "Il est légitime pour une agence de notation des médias d'enquêter, ne serait-ce qu'en raison de l'impact qu'ont eu (ces) images, sur les conditions dans lesquelles le reportage en cause a été tourné et diffusé", note la cour dans son arrêt.
Si elle ne se prononce pas sur le contenu du reportage diffusé sur France 2, elle relève que "l'examen des rushes ne permet plus d'écarter les avis des professionnels entendus au cours de la procédure" qui avaient mis en doute l'authenticité du reportage. "On a mis sept ans à obtenir ces rushes. On en attendait 27 minutes, on est passé à 18. Pourquoi ?" s'était interrogé l'avocat de M. Karsenty, Me Patrick Maisonneuve à l'audience le 27 février.
France 2 et Charles Enderlin s'étaient montré moins affirmatifs sur l'origine des tirs. L'avocat de la chaîne, Me Francis Szpiner, qui s'est déclaré "attristé" par l'arrêt, a annoncé son intention de se pourvoir en cassation.
Pascale Robert-Diard
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En déboutant France 2, la justice française rend désormais inévitable un débat concret sur cette affaire passionnelle.
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Bien sûr, l'instrumentalisation de ce fait divers géopolitique par certains démagogues antisémites était répugnante ; mais enfin, nous serrions les dents : jadis, déjà, Le Pen exploitait de manière odieuse, lui aussi, des faits avérés.
Bien sûr, une poignée de militants pro-israéliens criait à l'imposture, à la manipulation, au complot. Qu'importait ! Les islamo-gauchistes avaient bien Thierry Meyssan… Et puis le journaliste qui avait endossé ce reportage était estimé.
Bien sûr, on s'interrogeait à voix basse : mais pourquoi diable France 2 refusait-elle de tuer une bonne fois pour toute la polémique en diffusant l'ensemble des « rushes » d'une fusillade dont elle n'avait retenue que quelques brefs instants ?
Bien sûr, huit ans plus tard, subsistait comme un malaise à devoir choisir entre une vérité officielle que la chaîne publique française se refusait à démontrer – alors que les preuves étaient déclarées existantes… – et les arguments, parfois troublants, de militants que l'on disait tout droit sortis de la série X-Files.
L'affaire Al Doura relancée
Le jugement rendu ce mercredi 21 mai par la XIe chambre de la Cour d'Appel de Paris vient tout bouleverser. Elle relance de fond en comble le débat sur l'affaire Al Doura. Chargée de dire si Philippe Karsenty, fondateur d'une agence de notation des médias, avait oui ou non diffamé France 2 et son journaliste Charles Enderlin en affirmant qu'ils s'étaient rendus coupables d'une «imposture médiatique», la cour a tranché : au vu des images, il n'y a en aucun cas diffamation. « La Cour d'Appel a fait apparaître mercredi un doute sur l'authenticité des images d'un enfant palestinien tombant sous les balles, devenues le symbole de l'Intifada [et] qui ont fait le tour du monde. Le visionnage des 18 minutes de «rushes» du reportage «ne permettent pas d'écarter les avis de professionnels qui concluent au trucage.» (Reuters, Paris, 21 mai)
Traduction en français : on peut légitimement s'interroger sur la bien-fondé de la thèse de France 2, selon laquelle le petit enfant désigné comme « Mohamed Al Doura » serait bel et bien mort ce jour-là, à cet endroit-là, et qu'il serait mort sous les balles israéliennes et non sous des balles palestiniennes.
Retour à la case départ, donc : ceux qui prétendent que le film de la mort du « petit Mahomed Al Doura » tourné par un Palestinien relève de la propagande, voire de la mise en scène, ne sont donc ni des maboules ni des ordures. La décision de la Cour d'Appel de Paris est sur ce point catégorique : les arguments de Philippe Karsenty méritent d'être examinés. Et doivent l'être.
Car il est anormal que huit ans après les faits, les citoyens d'un pays libre, prospère et éduqué comme la France soient encore et toujours dans l'impossibilité de se faire une idée objective et donc définitive de l'événement. Les dirigeants de France devraient estimer que le temps est venu d'accepter un débat contradictoire au sujet de cette affaire, qui a eu des conséquences épouvantables. Mieux : France 2 pourrait prendre l'initiative de rendre accessible l'intégralité des « rushes » en ligne, que chacun puisse se faire une opinion concrète. Il faut désormais nous éclairer : tel est le sens de la décision de la Cour d'Appel de Paris. L'affaire Al Doura, décidément, n'est pas close.
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