Sunday, May 18, 2008

rena Sendler, qui faisait partie des quelque 6 000 Polonais reconnus comme "Justes parmi les nations" par le mémorial israélien de Yad Vashem pour l'aide qu'ils apportèrent aux juifs pendant la seconde guerre mondiale, est morte lundi 12 mai à Varsovie. Elle avait 98 ans.

Fille d'un médecin catholique connu pour son engagement contre l'antisémitisme, Irena Sendler occupe un poste d'assistante sociale au sein de l'administration municipale quand les troupes allemandes entrent dans Varsovie, en septembre 1939. Un an plus tard, les nazis décident de séparer les juifs du reste de la population. Désormais, 400 000 personnes (un tiers des habitants de la capitale) vivent entassées derrière un mur de 3 mètres de haut surmonté de barbelés. Les conditions de vie y sont terribles.

Aux yeux de la jeune femme, qui compte de nombreux amis juifs, la situation est inacceptable. Grâce à quelques complicités, elle obtient l'autorisation de se rendre dans le quartier - où les non-juifs n'ont normalement pas le droit de pénétrer - pour y introduire de la nourriture, des vêtements et des médicaments. Notamment des vaccins contre le typhus, qui fait des ravages.

En juillet 1942, les Allemands lancent une grande rafle. Chaque jour, 5 000 habitants du ghetto sont parqués dans des trains à destination du camp d'extermination de Treblinka, situé à une centaine de kilomètres au nord de Varsovie. Deux mois plus tard, il ne reste plus que 30 000 juifs dans le quartier. C'est alors que se constitue le Conseil d'aide aux juifs (Zegota), une organisation clandestine liée au gouvernement polonais exilé à Londres. Irena Sendler en fait partie dès le début.

Elle n'a plus alors qu'une seule obsession : sauver les enfants. Ce qui suppose d'abord de convaincre les parents de s'en séparer. A la fin de sa vie, elle évoquera encore les "scènes infernales" auxquelles elle a assisté à l'époque. Parfois, racontera-t-elle, "le père était d'accord mais pas la mère. La grand-mère caressait la tête du petit en hurlant qu'elle ne le laisserait jamais partir. Dans ce cas, il nous était impossible d'arracher les enfants à leur pauvre famille. Souvent, quand je revenais le lendemain, je découvrais qu'ils avaient tous été conduits sur l'Umschlagsplatz, d'où on les emmenait vers les camps de la mort".

AU PÉRIL DE SA VIE

Avec l'aide de quelques complices et au péril de sa vie - toute personne aidant des juifs risque alors la peine de mort -, la jeune femme réussit néanmoins à faire sortir du ghetto environ 2 500 enfants. Les plus petits sont cachés dans des sacs ou des valises, tandis que les plus grands passent par les caves ou les égouts pour rejoindre la partie "aryenne" de la ville. Munis de faux papiers, ils sont ensuite confiés à des familles d'accueil ou à des institutions religieuses.

En octobre 1943, cinq mois après la liquidation du ghetto par les Allemands, Irena Sendler est arrêtée chez elle par une dizaine d'agents de la Gestapo. Transférée dans la terrible prison de Pawiak, où elle garde le silence malgré les tortures qui lui sont infligées, elle réussit à s'évader quelques heures avant le moment fixé pour son exécution grâce à un gardien que les membres de Zegota ont soudoyé.

Pendant un an encore, "Jolanta" (son nom dans la clandestinité) continue de rendre visite aux enfants qu'elle a sauvés. A la Libération, des associations juives essaieront de les retrouver pour les rendre à leurs familles. Elles s'appuieront pour cela sur les listes de noms que la jeune femme avait pris soin d'enterrer dans des pots sous le pommier d'une amie...

Pendant plus d'un demi-siècle, Irena Sendler est restée pratiquement inconnue en Pologne. Depuis, les honneurs se sont multipliés. En 2003, en plein débat sur la responsabilité du peuple polonais dans la Shoah, le président Aleksander Kwasniewski lui remet l'Aigle blanc, la plus haute distinction civile du pays. En 2007, reprenant l'idée avancée par un groupe d'étudiants du Kansas, son successeur, Lech Kaczynski, ira jusqu'à soutenir sa candidature pour le prix Nobel de la paix.

Depuis sa chambre d'hôpital, la vieille dame refusait qu'on la qualifie d'"héroïne". "J'ai la mauvaise conscience de celle qui a le sentiment d'avoir fait trop peu, disait-elle. J'aurais pu faire beaucoup plus. Ce regret me poursuivra jusqu'à ma mort." La mort l'a emportée le jour même où était inaugurée, au coeur de Varsovie, une école à son nom.

15 février 1910

Naissance à Varsovie

1942-1943

Participe au sauvetage de 2 500 enfants juifs du ghetto de Varsovie

1965

Reconnue comme "Juste parmi les nations" par Yad Vashem

12 mai 2008

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