Monday, September 22, 2008

Des catholiques au secours des cimetières juifs de Pologne
Il y a 4 jours

ZDUNSKA WOLA, Pologne — En Pologne, les cimetières juifs sont à l'abandon, envahis par les mauvaises herbes et les détritus. Mais un groupe de catholiques a décidé de prendre la situation en mains. Leur objectif? Préserver un aspect important de l'histoire et de la mémoire polonaises.

C'est ce que pense Kamila Klauzinska, 35 ans. "C'est notre héritage commun, alors comment pouvons-nous ne pas essayer de le protéger?", demandait-elle lors d'une réunion cette semaine de la trentaine de personnes impliquées dans des projets similaires.

La Pologne abritait autrefois la plus importante et florissante communauté juive d'Europe, près de 3,5 millions de personnes. C'était avant que les nazis ne les enferment dans des ghettos, détruisent leurs synagogues et les tuent dans des camps de la mort pendant la seconde guerre mondiale.

Restent quelque 1.400 cimetières juifs, qui se trouvent pour la plupart dans de petites villes où on ne compte plus aujourd'hui un seul habitant de confession juive. Les rarissimes juifs vivant encore en Pologne habitent les grandes villes, Varsovie ou Cracovie.

La communauté est reconnaissante des efforts menés par ces catholiques. "C'est étonnant, important, positif et émouvant de savoir qu'il y a des gens comme vous", a déclaré le Grand rabbin de Pologne Michael Schudrich au cours de la réunion de Zdunska Wola, à 200km à l'ouest de Varsovie. "Ce que vous faites pour nos cimetières nous donne la force de continuer notre oeuvre".

Enfant, Kamila Klauzinska se souvient s'être glissée à travers les trous de la clôture entourant le cimetière juif. Elle errait alors au milieu des stèles en ruines, dissimulées sous un enchevêtrement de broussailles et de détritus.

Il y a plusieurs années, elle a rejoint une organisation locale pour encourager les écoliers à participer au nettoyage du cimetière juif. Ils avaient ainsi retiré des sacs entiers de bouteilles, de sacs en plastique, ainsi qu'un cadavre de chien. Ils avaient également enlevé les mauvaises herbes, coupé la pelouse et taillé les arbres.

Mais leur mission ne s'arrête pas là. "Nous essayons également de mobiliser l'ensemble de la communauté, tout le monde, des élèves aux responsables de la ville, pour s'unir en direction d'un objectif commun: qu'un jour, plus personne n'endommage une seule pierre tombale de ce cimetière", poursuit la jeune femme.

Eparpillés à travers le pays, ces cimetières appartiennent à la communauté juive, mais Michael Schudrich reconnaît aisément qu'elle n'est pas suffisamment importante pour préserver la totalité des 1.400 cimetières. "Il est physiquement impossible à notre communauté en Pologne" de protéger et de s'occuper de toutes ces tombes.

Grzegorz Kaminski, professeur d'histoire à Gliwice, dans le sud de la Pologne, a commencé à s'intéresser en 2002 aux cimetières des villes voisines de Toszek et Wielowies. Avec ses élèves, cet homme de 36 ans a nettoyé les lieux des nombreuses bouteilles, canettes et meubles cassés qui s'y trouvaient. Désormais, il propose des visites sur place.

Comme Kamila Klauzinska, il juge important de rendre hommage à une communauté partie intégrante de la Pologne pendant près d'un millier d'années. "L'histoire des juifs de Toszek et Wielowies, c'est aussi l'histoire de ces villes. Nous devons nous souvenir d'eux", souligne le professeur.


De nouvelles mesures promises à la communauté juive
LE MONDE | 17.09.08 | 14h40 Réagir (7) Classer E-mail Imprimer Partager

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Depuis plusieurs mois, les institutions juives s'inquiètent du "climat d'antisémitisme" qui pèse sur le 19e arrondissement de Paris. Le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme assure recevoir des signalements de manière "quasi quotidienne". En juin, le passage à tabac du jeune Rudy Haddad a contribué à attirer l'attention sur la violence qui règne dans ce quartier.


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Edition abonnés Archive : Six personnes interpellées pour l'agression de trois jeunes juifs à Paris

L'agression du 6 septembre, qu'elles ont immédiatement présentée comme "antisémite" à la presse et aux responsables politiques, a donné aux institutions communautaires une nouvelle occasion de faire entendre leur voix. Et, visiblement, cette fois, elles ont été entendues.


SURVEILLANCE RENFORCÉE


Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a été reçu, lundi 15 septembre, par la préfecture de police de Paris. "Nous avons obtenu le renforcement de la surveillance devant les lieux de culte, alors qu'approchent les fêtes juives (Roch Hachana, le nouvel an juif, tombe le 30 septembre ; Yom Kippour, le jour du pardon, le 9 octobre ; et Soukkot, la fête des cabanes, du 14 au 20 octobre)", assure le président du CRIF, Richard Prasquier. Ces nouveaux moyens s'ajouteront au dispositif déjà existant : depuis 2005, le gouvernement verse 3 millions d'euros par an au Fonds social juif unifié (FSJU) pour la sécurisation des lieux de culte (grilles, caméras de surveillance, vigiles...). Ces mesures avaient été décidées après la vague d'actes antisémites du début des années 2000.

Par ailleurs, un numéro de téléphone et une adresse e-mail, réservés à la dénonciation d'actes antisémites devraient être ouverts. Les policiers en poste dans le 19e pourraient recevoir "une formation aux traditions du judaïsme, leur expliquant notamment pourquoi les juifs orthodoxes ne peuvent pas téléphoner pour signaler des incidents durant shabbat", explique encore M. Prasquier.

Côté prévention, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), très active dans le 19e, se félicite d'avoir été reçue, mardi 16, après plusieurs mois d'attente, par le ministre de l'éducation nationale, Xavier Darcos. Selon son président, Raphaël Haddad, le ministre se serait montré intéressé par le projet éducatif que l'UEJF, en collaboration avec SOS-Racisme, espère mettre en place dans les collèges juifs, en janvier, puis dans les établissements publics du quartier, par la suite. "Il s'agit de se rendre dans les classes de 4e et de 3e pour déconstruire les préjugés qui existent entre communautés", explique M. Haddad.

Depuis peu, les responsables de la communauté juive reconnaissent aussi devoir faire face à des phénomènes de bandes au sein de la jeunesse juive. "Pour ces jeunes qui ne sont pas tenus par leurs parents, les associations communautaires doivent agir", estime M. Prasquier. "Il ne faut pas que le 19e se transforme en un Far West où chacun réglerait ses comptes."

Stéphanie Le Bars

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