Paris désapprouve le raid militaire américain en Syrie
LE MONDE | 29.10.08 | 14h15 • Mis à jour le 29.10.08 | 14h15 Classer E-mail Imprimer Partager
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Le raid militaire américain du dimanche 26 octobre en Syrie semble avoir jeté un trouble dans les relations entre Washington et Paris. La France a été le seul pays occidental à exprimer une protestation ouverte, au lendemain de l'action des commandos héliportés américains contre le hameau de Al-Soukhariyeh, à huit kilomètres à l'intérieur du territoire syrien à partir de l'Irak. Paris a fait part de sa "vive préoccupation".
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Fermeture de l'école américaine à DamasEn riposte au raid héliporté américain, dimanche, en territoire syrien, Damas a ordonné, mardi 28 octobre, la fermeture de l'école et du centre culturel américains de la capitale.
Fayçal Al-Moqdad, vice-ministre des affaires étrangères, a par ailleurs annoncé que son pays envisage d'adopter "des mesures politiques et judiciaires" pour empêcher la répétition de telles opérations de commando. - (Corresp.)
La présidence française s'est employée cette année à sortir la Syrie de son isolement diplomatique, à l'inciter à normaliser ses relations avec le Liban et à desserrer son alliance avec l'Iran. Nicolas Sarkozy s'est rendu à Damas début septembre, scellant le réchauffement des relations bilatérales. Paris a clairement pris ses distances avec le choix américain d'une intervention armée en Syrie qui avait pour objectif, selon Washington, d'éliminer Abou Ghadiya, un chef de réseaux de passeurs entre la Syrie et l'Irak, lié à Al-Qaida.
Pour les responsables français, cette action n'était visiblement pas opportune. La réaction officielle est venue d'un communiqué de l'Elysée, lundi soir 27 octobre, alors que les premiers éclaircissements commençaient à être apportés par les Américains. Paris n'avait pas été informé au préalable de l'imminence du raid.
Selon les autorités syriennes, l'opération américaine a fait huit victimes civiles. L'Elysée a semblé endosser cette version, déplorant "la perte de civils syriens, dont des enfants". La France, poursuit le communiqué, "appelle à la retenue et souligne son attachement au strict respect de l'intégrité territoriale des Etats".
"DROIT DE POURSUITE"
De source diplomatique française, on s'interroge sur la pertinence de l'opération américaine. Selon Paris, les Syriens avaient intensifié leurs efforts ces derniers temps pour mieux contrôler la frontière avec l'Irak et sévir contre les incursions de groupuscules liés à Al-Qaida. Le pouvoir syrien aurait été d'autant plus motivé à prendre de telles mesures que l'attentat à la voiture piégée survenu à Damas le 27 septembre (17 morts) aurait été le fait de réseaux islamistes provenant d'Irak.
Certains diplomates à Paris observent aussi que si l'on veut obtenir de la Syrie qu'elle respecte la souveraineté du Liban, il est malvenu d'intervenir militairement chez elle. La mise en application par l'administration Bush, ces derniers mois, d'un "droit de poursuite" militaire au Pakistan, puis maintenant en Syrie, semble soulever des doutes côté français.
En s'opposant ainsi à Washington, la France semble réitérer auprès du pouvoir syrien sa volonté de rester dans le jeu diplomatique au Proche-Orient. M. Sarkozy aimerait que la France puisse co-parrainer un jour, aux côtés des Etats-Unis, un processus de négociations directes entre la Syrie et Israël.
La France a en tout cas réagi au raid américain en son nom, et pas en invoquant la présidence française du Conseil européen. A Londres, pour éviter de s'exprimer publiquement sur la question, le chef du Foreign Office, David Miliband, a annulé, lundi, une conférence de presse conjointe avec son homologue syrien, Walid Al-Mouallem.
En septembre 2007, la France n'avait pas protesté après l'attaque de l'aviation israélienne contre le site syrien d'Al-Kibar, où se construisait, selon les renseignements occidentaux, un réacteur nucléaire. Sur ce dossier, qui fait l'objet d'une enquête de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Paris et Washington voient les choses à l'unisson.
Natalie Nougayrède
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Fayçal Al-Moqdad, vice-ministre des affaires étrangères, a par ailleurs annoncé que son pays envisage d'adopter "des mesures politiques et judiciaires" pour empêcher la répétition de telles opérations de commando. - (Corresp.)
La présidence française s'est employée cette année à sortir la Syrie de son isolement diplomatique, à l'inciter à normaliser ses relations avec le Liban et à desserrer son alliance avec l'Iran. Nicolas Sarkozy s'est rendu à Damas début septembre, scellant le réchauffement des relations bilatérales. Paris a clairement pris ses distances avec le choix américain d'une intervention armée en Syrie qui avait pour objectif, selon Washington, d'éliminer Abou Ghadiya, un chef de réseaux de passeurs entre la Syrie et l'Irak, lié à Al-Qaida.
Pour les responsables français, cette action n'était visiblement pas opportune. La réaction officielle est venue d'un communiqué de l'Elysée, lundi soir 27 octobre, alors que les premiers éclaircissements commençaient à être apportés par les Américains. Paris n'avait pas été informé au préalable de l'imminence du raid.
Selon les autorités syriennes, l'opération américaine a fait huit victimes civiles. L'Elysée a semblé endosser cette version, déplorant "la perte de civils syriens, dont des enfants". La France, poursuit le communiqué, "appelle à la retenue et souligne son attachement au strict respect de l'intégrité territoriale des Etats".
"DROIT DE POURSUITE"
De source diplomatique française, on s'interroge sur la pertinence de l'opération américaine. Selon Paris, les Syriens avaient intensifié leurs efforts ces derniers temps pour mieux contrôler la frontière avec l'Irak et sévir contre les incursions de groupuscules liés à Al-Qaida. Le pouvoir syrien aurait été d'autant plus motivé à prendre de telles mesures que l'attentat à la voiture piégée survenu à Damas le 27 septembre (17 morts) aurait été le fait de réseaux islamistes provenant d'Irak.
Certains diplomates à Paris observent aussi que si l'on veut obtenir de la Syrie qu'elle respecte la souveraineté du Liban, il est malvenu d'intervenir militairement chez elle. La mise en application par l'administration Bush, ces derniers mois, d'un "droit de poursuite" militaire au Pakistan, puis maintenant en Syrie, semble soulever des doutes côté français.
En s'opposant ainsi à Washington, la France semble réitérer auprès du pouvoir syrien sa volonté de rester dans le jeu diplomatique au Proche-Orient. M. Sarkozy aimerait que la France puisse co-parrainer un jour, aux côtés des Etats-Unis, un processus de négociations directes entre la Syrie et Israël.
La France a en tout cas réagi au raid américain en son nom, et pas en invoquant la présidence française du Conseil européen. A Londres, pour éviter de s'exprimer publiquement sur la question, le chef du Foreign Office, David Miliband, a annulé, lundi, une conférence de presse conjointe avec son homologue syrien, Walid Al-Mouallem.
En septembre 2007, la France n'avait pas protesté après l'attaque de l'aviation israélienne contre le site syrien d'Al-Kibar, où se construisait, selon les renseignements occidentaux, un réacteur nucléaire. Sur ce dossier, qui fait l'objet d'une enquête de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Paris et Washington voient les choses à l'unisson.
Natalie Nougayrède
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