L’inquiétant retour de l’antisémitisme
Christian Laporte
Mis en ligne le 05/12/2008
Viviane Teitelbaum interpelle le monde politique et la société belges. Un certain "politiquement correct" a autorisé trop d’excès depuis une décennie.
* Regards croisés entre l'actualité chaude et l'histoire
Teitelbaum, c’est de quelle origine, ça? Allez, répondez-moi". Viviane Teitelbaum, députée régionale bruxelloise MR et présidente des femmes réformatrices de la capitale depuis 2007 frémit rétrospectivement chaque fois qu’elle évoque cette interpellation un tantinet rude sur un marché bruxellois où elle distribuait des tracts. "Je pensais d’abord qu’il voulait me demander si j’étais d’origine allemande ou d’Europe centrale mais l’intention était clairement antisémite" . Viviane Teitelbaum a aussi gardé un très mauvais souvenir d’un débat sur la tolérance religieuse où elle subit des attaques verbales d’une telle agressivité qu’elle a failli quitter la table. Son harceleur devait d’ailleurs récidiver en d’autres lieux. Ces incidents parmi beaucoup d’autres ont amené cette journaliste de formation - elle collabora notamment au magazine "Regards" du Centre communautaire laïc juif - mais aussi militante des droits de l’Homme de longue date à s’interroger sur l’inquiétant retour de l’antisémitisme dans nos régions non sans retracer aussi huit siècles de hauts et de bas, de l’antijudaïsme de l’Eglise catholique aux dérives d’Internet. Mais elle s’est surtout attelée à l’étude de l’antisémitisme récurrent de la présente décennie. Depuis 2001, l’on ne dénombre plus les incidents qui frappent des membres de la communauté juive. Certains ont été médiatisés mais ce ne furent que les arbrisseaux d’une forêt qui laisse perplexe parce que les pouvoirs publics, s’ils réagissent, ne semblent pas vraiment se rendre compte de la gravité des événements.
"Je sais bien évidemment que nombre de ces faits doivent être analysés à travers le prisme de la question du Proche-Orient même si on sait très bien que les Juifs sont loin d’être unanimes sur Israël. Il faut donc être clair à ce sujet tout en montrant qu’il y a trop de dangereux glissements sémantiques où l’on mélange l’hor reur de la Shoah à des situations qui n’ont rien à voir avec son caractère unique. Cela dit, je suis moi aussi pour le dialogue avec les Palestiniens et je serais heureuse de voir la paix y régner tout comme je plaide pour la meilleure des coexistences chez nous, dans notre pays."
Agir à l’école
Viviane Teitelbaum a longtemps hésité à publier son livre mais l’accumulation d’incidents et de problèmes l’a poussée à franchir le pas. Parce que le monde politique ne peut plus ne pas bouger "Je n’ai cependant pas voulu faire un livre politique au sens étroit même si certains partis - et médias - sont plus visés que d’autres mais je dois ajouter que je n’ai pas épargné ma propre famille politique"
Pour Viviane Teitelbaum, "il est urgent d’intervenir à partir de l’école. Les enseignants doivent agir. Dans leurs cours mais aussi en prenant directement des mesures contre ceux qui se laissent aller à ces actes antisémites. Car l’antisémitisme est un baromètre de la démocratie. Il n’est pas normal qu’un certain nombre de jeunes juifs quittent la Belgique pour aller étudier ailleurs parce qu’ils pensent qu’il n’y a plus d’avenir ici pour eux"
"Salomon, vous êtes Juif? L’antisémitisme en Belgique du Moyen Age à Internet", 254 pp, 22€
Christian Laporte
Mis en ligne le 05/12/2008
Viviane Teitelbaum interpelle le monde politique et la société belges. Un certain "politiquement correct" a autorisé trop d’excès depuis une décennie.
* Regards croisés entre l'actualité chaude et l'histoire
Teitelbaum, c’est de quelle origine, ça? Allez, répondez-moi". Viviane Teitelbaum, députée régionale bruxelloise MR et présidente des femmes réformatrices de la capitale depuis 2007 frémit rétrospectivement chaque fois qu’elle évoque cette interpellation un tantinet rude sur un marché bruxellois où elle distribuait des tracts. "Je pensais d’abord qu’il voulait me demander si j’étais d’origine allemande ou d’Europe centrale mais l’intention était clairement antisémite" . Viviane Teitelbaum a aussi gardé un très mauvais souvenir d’un débat sur la tolérance religieuse où elle subit des attaques verbales d’une telle agressivité qu’elle a failli quitter la table. Son harceleur devait d’ailleurs récidiver en d’autres lieux. Ces incidents parmi beaucoup d’autres ont amené cette journaliste de formation - elle collabora notamment au magazine "Regards" du Centre communautaire laïc juif - mais aussi militante des droits de l’Homme de longue date à s’interroger sur l’inquiétant retour de l’antisémitisme dans nos régions non sans retracer aussi huit siècles de hauts et de bas, de l’antijudaïsme de l’Eglise catholique aux dérives d’Internet. Mais elle s’est surtout attelée à l’étude de l’antisémitisme récurrent de la présente décennie. Depuis 2001, l’on ne dénombre plus les incidents qui frappent des membres de la communauté juive. Certains ont été médiatisés mais ce ne furent que les arbrisseaux d’une forêt qui laisse perplexe parce que les pouvoirs publics, s’ils réagissent, ne semblent pas vraiment se rendre compte de la gravité des événements.
"Je sais bien évidemment que nombre de ces faits doivent être analysés à travers le prisme de la question du Proche-Orient même si on sait très bien que les Juifs sont loin d’être unanimes sur Israël. Il faut donc être clair à ce sujet tout en montrant qu’il y a trop de dangereux glissements sémantiques où l’on mélange l’hor reur de la Shoah à des situations qui n’ont rien à voir avec son caractère unique. Cela dit, je suis moi aussi pour le dialogue avec les Palestiniens et je serais heureuse de voir la paix y régner tout comme je plaide pour la meilleure des coexistences chez nous, dans notre pays."
Agir à l’école
Viviane Teitelbaum a longtemps hésité à publier son livre mais l’accumulation d’incidents et de problèmes l’a poussée à franchir le pas. Parce que le monde politique ne peut plus ne pas bouger "Je n’ai cependant pas voulu faire un livre politique au sens étroit même si certains partis - et médias - sont plus visés que d’autres mais je dois ajouter que je n’ai pas épargné ma propre famille politique"
Pour Viviane Teitelbaum, "il est urgent d’intervenir à partir de l’école. Les enseignants doivent agir. Dans leurs cours mais aussi en prenant directement des mesures contre ceux qui se laissent aller à ces actes antisémites. Car l’antisémitisme est un baromètre de la démocratie. Il n’est pas normal qu’un certain nombre de jeunes juifs quittent la Belgique pour aller étudier ailleurs parce qu’ils pensent qu’il n’y a plus d’avenir ici pour eux"
"Salomon, vous êtes Juif? L’antisémitisme en Belgique du Moyen Age à Internet", 254 pp, 22€
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