Thursday, February 05, 2009

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Jean François-Poncet, vice-président UMP de la commission des affaires étrangères du Sénat, a rencontré à la fin du mois de janvier à Damas un haut responsable du Hamas, dans le cadre d'une mission sénatoriale sur la situation au Proche-Orient. Dans la foulée de cet entretien, Israël a annoncé, mardi 3 février, avoir annulé tous les rendez-vous prévus par la délégation sénatoriale, à laquelle participait également la sénatrice PS Monique Cerisier-Ben Guiga. M. François-Poncet, qui fut ministre des affaires étrangères de Raymond Barre (1978-1981), estime que le Hamas est désormais ouvert au dialogue avec Israël et doit être considéré comme un interlocuteur à part entière.
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Quelles conclusions tirez-vous de vos échanges avec le Hamas ?

Jean François-Poncet : nous avons rencontré Khaled Mechaal, le responsable de l'aile politique du Hamas, qui a son siège à Damas. L'objectif était de savoir où en est le Hamas, qui est manifestement devenu un acteur incontournable de la scène moyen-orientale et un partenaire dont on ne pourra pas se passer dans le cadre d'un règlement du conflit entre Israël et les Palestiniens. Le Hamas n'est plus le mouvement révolutionnaire et religieux que l'on veut bien décrire. Ce mouvement a aujourd'hui une audience réelle parmi les Palestiniens, probablement plus que n'en a Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne. Le sentiment que j'ai eu est qu'il se situe désormais dans le cadre d'une négociation avec Israël. Le Hamas est encore sur la liste des organisations terroristes, mais nous avons le sentiment que cette phase de son développement est dépassée.

Vous ne considérez donc pas les tirs de roquettes comme des actes terroristes ?

Les tirs s'inscrivent dans le cadre des échanges entre Israël et le mouvement palestinien à Gaza. Vous ne demandez pas si l'attaque israélienne à Gaza est terroriste. Il ne faut pas oublier que la trêve que le Hamas avait conclue avec Israël et qui a été dénoncée il y a trois mois comportait la possibilité pour l'enclave de Gaza d'avoir des relations normales avec l'extérieur, or les Israéliens ont imposé un blocus extrêmement strict. Ce qui a incité le Hamas à ne pas renouveler la trêve et à commencer à envoyer des missiles. Il a eu tort, sûrement, mais cela fait partie du bras de fer qui se déroule au Proche-Orient.

Mais vous êtes bien placé pour savoir qu'Israël ne considère pas le Hamas comme un interlocuteur...

Il est sûr qu'Israël a très mal réagi à notre entretien avec M. Mechaal. Ils ont annulé tous nos rendez-vous car ils refusent pour le moment qu'on ait des contacts avec le Hamas. En agissant ainsi, Israël signifie clairement à tout le monde que ceux qui prennent contact avec le Hamas seront mis au frigidaire. Mais nous sommes dans une évolution...

Aujourd'hui, ni la France ni l'Europe ne considèrent le Hamas comme un partenaire. Mais le moment viendra où tout le monde, à commencer par les Américains, sera obligé de reconnaître les faits. On parle de rassembler les Palestiniens, ce qui signifie réunir Abou Mazen [Mahmoud Abbas] et le Hamas dans un gouvernement d'union nationale, qui est incontournable si on veut qu'un accord de paix tienne. Nous avons pris l'engagement de négocier avec ce gouvernement d'union nationale, or dans ce gouvernement, il y aura le Hamas. Ils sont des acteurs de fait.

On évoque souvent la charte du Hamas, qui prévoit la destruction d'Israël. Est-elle toujours d'actualité ?

Non, nous en avons parlé. M. Mechaal l'a balayée d'un revers de la main. C'est une charte, comme celle que l'OLP a longtemps eue avant d'y renoncer. Il n'a pas parlé d'y renoncer, mais il ne s'y est pas non plus référé. C'est un stade qui me paraît aujourd'hui dépassé.

Cette charte n'est-elle pas incompatible avec le statut d'interlocuteur que vous reconnaissez au Hamas ?

A partir du moment où ce mouvement se situe dans la perspective d'une négociation, c'est forcément avec Israël. Certes, il ne se propose pas de reconnaître Israël. Mais le fait d'entrer dans une négociation serait difficile à comprendre s'il n'implique pas de reconnaître le partenaire avec lequel on parle.
Propos recueillis par Soren Seelow

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