procès Fofana: la défense en colère


Colère des avocats de la défense ce mardi matin à l'audience. Ras-le-bol du traitement médiatique réservé à l'affaire du « gang des barbares » depuis le début du procès. Ils le trouvent « partial », peu respectueux de la présomption d'innocence. Comme si la messe était dite. Par exemple, "depuis le début de ce procès, personne n'a noté que trois des accusés dans le box ne sont pas poursuivis pour les faits concernant Ilan Halimi", note l'avocat de l'un d'entre eux, maître Yassine Bouzrou. L'audience a donc été suspendue, tous les conseils se sont réunis pour rédiger un communiqué à l'attention des rédactions. Certains ont même décidé de ne plus s'adresser à la presse jusqu'au 11 juillet, date prévue de la fin du procès.

Et la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, cette fois, c'est l'émission « Mots croisés » diffusée en direct sur France 2, lundi à 22h. Au même moment, l'audience s'achevait péniblement au palais de justice, suivie par une petite poignée d'avocats bien fatigués. Et Youssouf Fofana était seul. Ce mardi matin, son avocat a d'ailleurs fait remarquer qu'il en aurait peut-être été autrement si, avant le début du procès, la présidente de la Cour d'Assises n'avait rejeté la demande de nomination d'avocats commis d'office qui aurait justement permis aux conseils de se ralayer en cas d'absence.


Parmi les invités sur le plateau de France 2 lundi soir, un policier, Patrice Ribeiro, du syndicat Synergie Officier. Il a évoqué à l'antenne une mystérieuse enquête sur Fofana diligentée par la DGSE hors cadre légal. ce qui a semé le trouble à l'audience. L'avocat général, Philippe Bilger, a demandé à la présidente que la Cour convoque absolument ce policier, pour qu'il soit « vertement » réprimandé. Et la collaboratrice de maître Didier Seban, Karine De Carvalho, entend bien déposer dans la foulée des conclusions afin que cette « enquête hors cadre légal » soit versée au dossier.

Par ailleurs, la présidente a finalement accepté de revenir sur sa décision, et a nommé deux avocats commis d'office à Youssouf Fofana. Qui du coup ne devrait plus jamais se retrouver dans cette "solitude judiciaire" qu'avait déplorée l'avocat général lundi soir.



L'après-midi, le commissaire principal à la brigade criminelle a fait son rapport général d'enquête à la barre. Les avocats de la défense l'ont assailli de questions, cherchant ainsi à faire valoir le caractère selon eux « romancé » de son travail. Travail qui avait d'ailleurs déjà été remis en cause en 2007 par l'avocat de Francis N'G. Ce dernier demandait à l'époque que ce document soit exclu de la procédure, parce qu'il érigait en vérités des affirmations sans preuve. La chambre de l'instruction avait tranché en déclarant que ce rapport d'enquête ne devait effectivement pas avoir de force probante. Bref, que ce rapport ne vaut en gros aujourd'hui pas plus qu'un témoignage.



Et aujourd'hui mercredi, les faits. Avec d'abord, la tentative d'enlèvement de Rudy P. en avril 2005.