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CUBA, CASTRO ET ISRAEL

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Cuba et l’État d’Israël, de l’admiration à la haine cjnews.com - Elias Lévymardi 16 janvier 2007 - 23:27

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Les relations entre l’État d’Israël et Cuba sont aujourd’hui au plus bas. Pourtant, pendant presque une décennie, de 1959, année de la reconnaissance officielle d’Israël par Cuba et de l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays, à 1966, année de la Conférence de création de la Tricontinentale, mouvement révolutionnaire, né à La Havane, regroupant des pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie, Israël et Cuba ont entretenu des relations harmonieuses, basées sur une coopération étroite dans divers domaines.
C’est ce que rappelle le journaliste français Alain Ammar, spécialiste reconnu de Cuba et de l’Amérique latine, auteur de plusieurs ouvrages sur le castrisme, dont Cuba Nostra. Les secrets d’État de Fidel Castro (Éditions Plon) et Cuba, un pays à part (Éditions Fontaine), et d’un scénario de film, Sierra Maestra, sur les débuts de la Révolution castriste.
Après l’établissement de relations diplomatiques avec Israël en 1959, les relations entre Cuba et l’État hébreu s’étaient développées dans un esprit de confiance. Fidel Castro avait même décrété un deuil officiel de trois jours dans l’île à la mort du Président de l’État d’Israël, Yitzhak Ben Zvi, en 1963, ce qui avait provoqué l’ire du Président algérien Ahmed Ben Bella. Celui-ci avait du coup annulé la visite prévue de Castro en Algérie.
La coopération entre Cuba et Israël était importante dans le domaine économique. La production d’agrumes, favorisée par des méthodes d’irrigation éprouvées, et de poulets s’était développée grâce au travail des ingénieurs agronomes israéliens, pour la plupart issus des kibboutz, qui allèrent travailler dans l’île, envoyés par l’Association d’amitié Israël-Cuba, créée en 1964. Les deux pays partageaient aussi le sentiment d’être en “état de siège” et une volonté résolue de peser, malgré leur taille réduite et leur faible population, sur le destin du monde.
“C’est au cours de la Conférence de création de la Tricontinentale, qui s’est tenue en janvier 1966, que la position castriste commence à évoluer dans un sens hostile à l’État d’Israël. Plus tard, dans son message apocalyptique adressé à la Tricontinentale (diffusé alors que lui-même se trouve déjà en Bolivie), dans lequel il appelle à la création “de deux, trois, de nombreux Vietnam”, Che Guevara prend parti en faveur des “pays progressistes” de la zone du Moyen-Orient contre Israël, “appuyé par les impérialistes””, rappelle Alain Ammar.
L’armée et les Services secrets cubains avaient pourtant une grande admiration pour le Mossad et Tsahal, notamment après leur victoire éclair dans la guerre des Six Jours de juin 1967. Le principal porte-parole du régime à l’époque (et l’un des possibles successeurs des frères Castro aujourd’hui), Ricardo Alarcon, alors Ambassadeur permanent à l’ONU, dénonce “l’agression armée contre les peuples arabes” et “l’attaque surprise à la manière nazie”. Mais Castro lui-même déclare en 1967 à K.S. Karol, journaliste à l’hebdomadaire français Nouvel Observateur: “Les vrais révolutionnaires ne menacent jamais d’exterminer un pays entier -en l’occurrence l’État d’Israël.”
“En fait, Cuba hésite entre la position de généraux de l’armée, plutôt favorables à Israël, et les instances politiques, qui poussent à la rupture des relations diplomatiques à l’instar de l’Union soviétique et des “pays frères”, ainsi qu’à un engagement croissant aux côtés des pays arabes. Malgré son admiration initiale, Fidel Castro finira par rentrer dans le rang et participera par tous les moyens, notamment la propagande et l’action militaire, au combat contre le Sionisme”, explique Alain Ammar.
À partir de 1973, Cuba officialise son soutien aux mouvements palestiniens, avec lesquels les autorités cubaines maintenaient des contacts secrets depuis de longues années. Le point d’orgue de ce nouvel engagement, c’est la visite à Cuba de Yasser Arafat, reçu avec tous les honneurs en novembre 1974. C’est l’année où le chef de l’OLP commence à jouir d’une reconnaissance internationale, après son discours prononcé devant l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, au cours duquel il brandit un rameau d’olivier, pendant que dehors les manifestants, séparés par d’importants cordons de police, s’affrontent à coups de slogans entre partisans et adversaires du leader palestinien.
À Cuba, en revanche, la quasi-totalité des membres du Bureau politique du Parti et du gouvernement sont là pour accueillir, au pied de la passerelle, Yasser Arafat. Le leader de l’OLP et Fidel Castro lèvent les bras en signe de victoire et se prennent par la main. Castro décore son hôte de la Médaille de Playa Giron (la Baie des Cochons), l’une des plus importantes distinctions honorifiques de la Révolution cubaine. Le pacte est scellé. D’autres responsables palestiniens, rivaux d’Arafat, tels George Habbache et Nayef Hawatmeh, feront eux aussi le voyage de La Havane. Et, là aussi, les paroles seront suivies de gestes concrets, en matière d’entraînement, d’armement, d’envoi d’hommes, aussi bien à Cuba que dans l’ensemble du Moyen-Orient.
“Un échange fructueux: les Palestiniens s’entraînent à Cuba tandis que des Cubains sont présents dans les camps palestiniens, surtout au Liban. Des guérilleros latino-américains, des Nicaraguayens sandinistes, des Salvadoriens du Front Farabundo Marti de Libération nationale et bien d’autres se mêlent à ces entraînements et participent ponctuellement à des opérations de guérilla ou de sabotage”, note Alain Ammar.
Cuba n’aura de cesse, désormais, de condamner Israël dans tous les forums internationaux, parrainant la résolution “Sionisme=racisme”, présentée à l’Assemblée générale des Nations Unies en 1975. En 1977, Castro accuse même Israël de génocide envers les Palestiniens, “un génocide semblable à celui que les nazis perpétrèrent contre les Juifs”, déclare-t-il sans ambages. À Cuba, les journaux rivalisent en outrance propagandiste, présentant souvent des caricatures juxtaposant l’étoile de David et la croix gammée nazie. C’est d’ailleurs la couverture d’un livre sulfureux et abject qui a pour titre: L’Autre visage: la vérité sur les relations secrètes entre le nazisme et le Sionisme. Son auteur: Mahmoud Abbas (alias Abou Mazen), qui est devenu à la mort de Yasser Arafat, en octobre 2004, le nouveau Président de l’Autorité Palestinienne, considéré désormais comme “modéré”. Le livre sera distribué à grande échelle. Il s’agit de la thèse de Doctorat de Mahmoud Abbas, soutenue dans une université soviétique. Son auteur en reniera, plus tard, aussi bien le contenu que le titre. D’autres ouvrages du même genre, tout aussi virulents, suivront, parmi lesquels celui de Domingo Amuchastegui, plus sobrement intitulé Palestine: les dimensions d’un conflit.
Alain Ammar a rencontré Domingo Amuchastegui, ancien lieutenant-colonel des Services cubains d’intelligence, à Miami, où il vit depuis 1994. Celui-ci évoque la politique cubaine de l’époque, en tentant d’établir d’étranges points de convergence entre Cuba et Israël. “À l’époque, les Cubains de l’intérieur et les Israéliens, nous nous comprenions très bien sur le rôle que nous avions à jouer. Les Israéliens n’ont jamais créé de graves problèmes ni pour l’entraînement des forces palestiniennes dans les camps de Jordanie, ni pour l’aide apportée au Liban, ni pour l’entraînement des guérilleros latino-américains au Liban, ni pour la présence des forces régulières cubaines en Syrie”, dit Domingo Amuchastegui, qui est très proche aujourd’hui encore des plus hautes sphères du pouvoir à Cuba, particulièrement du clan lié à Raul Castro, le demi-frère de Fidel, qui dirige le pays depuis quelques mois.
D’après Alain Ammar, le relatif silence du gouvernemnent israélien s’explique par deux facteurs: des investissements importants à Cuba, notamment dans le secteur touristique, et la volonté de faire émigrer en Israël ce qui reste de la Communauté juive, forte de près de douze mille âmes avant la prise du pouvoir par Castro, réduite à quelques centaines de personnes aujourd’hui.
“Les autorités israéliennes organisent, à intervalles réguliers, en vertu d’un accord secret avec les autorités castristes, le départ de ces Jewbans -contraction des mots “Juifs” et “Cubains”- vers Eilat, sur les bords de la Mer Rouge, avec escale à Paris. En même temps, les membres restants de la Communauté juive de La Havane, avec l’aide des Juifs cubains émigrés pour la plupart à Miami ou à New York, restaurent la grande Synagogue de la capitale de l’île et supportent comme ils peuvent le déferlement de propagande castriste (cf. Les Juifs de Cuba, 1492-2001. Éditions du Petit Véhicule, 2002). Chose certaine, du judaïsme cubain il ne restera plus bientôt que quelques vestiges centenaires”, dit Alain Ammar.

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