L'opuscule antisémite qui secoue le Parlement européen
L'opuscule antisémite qui secoue le Parlement européen
Les réactions sont unanimes après les révélations de «Libération».
Par Jean QUATREMER
QUOTIDIEN : samedi 17 février 2007
Bruxelles (UE) de notre correspondant
0 réaction
L'indignation est générale après la révélation par Libération, vendredi, de la publication d'un opuscule violemment antisémite signé par le député européen Maciej Giertych, l'un des fondateurs de la Ligue des familles polonaises (LPR) et père de l'actuel vice-Premier ministre polonais, Roman, lui-même président de ce parti d'extrême droite. Si l'antisémitisme de la LPR, qui participe au gouvernement polonais, n'est pas un mystère, le fait que ce livre, rédigé en anglais et intitulé Civilisations at War in Europe, ait été officiellement présenté et distribué à Strasbourg, en marge d'une session plénière, et que le logo du Parlement européen figure en bonne place en couverture a choqué les opinions publiques. L'Union financerait-elle des publications affirmant froidement que la «civilisation juive» n'a pas sa place en Europe ?
Pris par surprise. Pour Catherine Colonna, la ministre française des Affaires européennes, «il serait intolérable que les institutions européennes financent de tels ouvrages, même involontairement». Le groupe socialiste de l'Europarlement est sur la même longueur d'ondes : il juge «tout à fait inacceptable que des fonds publics européens aient pu contribuer au financement de ce livre, qui a été publié avec le logo de [leur] institution». Le Congrès juif européen, particulièrement choqué, «exige le remboursement [...] des frais d'impression et de diffusion».
Les services du Parlement, pris par surprise, ont mis deux jours pour vérifier si des fonds publics avaient déjà été déboursés. Soulagé, le porte-parole du Parlement, Jaume Duch, a expliqué vendredi que tel n'était pas le cas : «Giertych n'a pour l'instant pas présenté de demande de remboursement. Et s'il le fait, elle sera rejetée car ce livre n'a aucun rapport avec l'activité parlementaire.» Le problème est que les règles internes du Parlement exigent que toute publication, pour prétendre au remboursement au titre du généreux budget de la politique de communication, affiche préalablement son logo ; et là, le mal est fait...
Déclaration commune. De même, le Parlement ne peut nier que Maciej Giertych a bel et bien utilisé ses infrastructures pour sa conférence de presse de présentation et pour distribuer son livre. «Giertych a abusé de la bonne foi du Parlement», s'emporte le libéral polonais Jan Kulakowski qui prépare une déclaration commune des députés polonais condamnant leur «hélas ! collègue».
«Cette affaire pose une question politique», reconnaît Jaume Duch. Comme le dit un fonctionnaire européen, «on avait tout prévu sauf que la bête immonde siégerait parmi nous. Il va falloir revoir nos règles internes pour éviter l'utilisation abusive de notre institution».
Les réactions sont unanimes après les révélations de «Libération».
Par Jean QUATREMER
QUOTIDIEN : samedi 17 février 2007
Bruxelles (UE) de notre correspondant
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L'indignation est générale après la révélation par Libération, vendredi, de la publication d'un opuscule violemment antisémite signé par le député européen Maciej Giertych, l'un des fondateurs de la Ligue des familles polonaises (LPR) et père de l'actuel vice-Premier ministre polonais, Roman, lui-même président de ce parti d'extrême droite. Si l'antisémitisme de la LPR, qui participe au gouvernement polonais, n'est pas un mystère, le fait que ce livre, rédigé en anglais et intitulé Civilisations at War in Europe, ait été officiellement présenté et distribué à Strasbourg, en marge d'une session plénière, et que le logo du Parlement européen figure en bonne place en couverture a choqué les opinions publiques. L'Union financerait-elle des publications affirmant froidement que la «civilisation juive» n'a pas sa place en Europe ?
Pris par surprise. Pour Catherine Colonna, la ministre française des Affaires européennes, «il serait intolérable que les institutions européennes financent de tels ouvrages, même involontairement». Le groupe socialiste de l'Europarlement est sur la même longueur d'ondes : il juge «tout à fait inacceptable que des fonds publics européens aient pu contribuer au financement de ce livre, qui a été publié avec le logo de [leur] institution». Le Congrès juif européen, particulièrement choqué, «exige le remboursement [...] des frais d'impression et de diffusion».
Les services du Parlement, pris par surprise, ont mis deux jours pour vérifier si des fonds publics avaient déjà été déboursés. Soulagé, le porte-parole du Parlement, Jaume Duch, a expliqué vendredi que tel n'était pas le cas : «Giertych n'a pour l'instant pas présenté de demande de remboursement. Et s'il le fait, elle sera rejetée car ce livre n'a aucun rapport avec l'activité parlementaire.» Le problème est que les règles internes du Parlement exigent que toute publication, pour prétendre au remboursement au titre du généreux budget de la politique de communication, affiche préalablement son logo ; et là, le mal est fait...
Déclaration commune. De même, le Parlement ne peut nier que Maciej Giertych a bel et bien utilisé ses infrastructures pour sa conférence de presse de présentation et pour distribuer son livre. «Giertych a abusé de la bonne foi du Parlement», s'emporte le libéral polonais Jan Kulakowski qui prépare une déclaration commune des députés polonais condamnant leur «hélas ! collègue».
«Cette affaire pose une question politique», reconnaît Jaume Duch. Comme le dit un fonctionnaire européen, «on avait tout prévu sauf que la bête immonde siégerait parmi nous. Il va falloir revoir nos règles internes pour éviter l'utilisation abusive de notre institution».
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