Michel Slitinsky n'oublie pas les 225 enfants déportés
Michel Slitinsky n'oublie pas les 225 enfants déportés
[17/02/2007 - 22:07]
BORDEAUX (Reuters) - Michel Slitinsky, porte-parole des parties civiles au procès de Maurice Papon, a mis en avant la "responsabilité" de l'ancien fonctionnaire du régime de Vichy dans la déportation de 225 enfants, samedi après l'annonce de son décès.
Michel Slitinsky, âgé aujourd'hui de 82 ans, fut à l'origine de la mise à disposition de la justice des premiers documents ayant permis de poursuivre Maurice Papon.
"C'est un événement auquel on était préparé. On gardera toujours en tête sa responsabilité à l'égard des familles qu'il a fait déporter. Un chiffre me vient en tête: 1.660 personnes dont 225 enfants partis dans les trains depuis Bordeaux", a déclaré Michel Slitinsky à Reuters.
"On ne peut pas oublier les enfants. A leur égard, il aurait pu faire un geste, c'est à dire éviter de les jeter dans les bras des pourvoyeurs des camps et surtout faire glisser les listes au fond de ses tiroirs", a ajouté celui dont le père, le frère et la tante sont morts à Auschwitz, en Pologne.
Lui-même n'a pas connu les camps : il avait réussi à échapper aux policiers français qui étaient venus l'arrêter dans la nuit du 19 octobre 1942. Il était ensuite entré dans la clandestinité, puis dans la résistance.
Pour Michel Slitinsky, qui n'a eu de cesse de voir Maurice Papon condamné, "la cour d'assises a fait la démonstration qu'il avait pris des responsabilités très graves à l'égard d'une communauté. Il a prétendu qu'il n'était pas antisémite mais le résultat était le même. En définitive, il a voulu se dérober, il n'a pas reconnu le jugement et a voulu s'exonérer de tous les maux".
Près de neuf ans après la condamnation de l'ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde, Michel Slitinsky regrette que d'autres n'aient pas été poursuivis.
"Si Papon a été poursuivi, souligne-t-il, on a laissé 44 autres haut fonctionnaires selon les archives allemandes qui ont fait le même travail que lui et ont été de fidèles collaborateurs des Allemands".
"Moi, j'aurais souhaité qu'il y ait d'autres Slitinsky pour les poursuivre dans les autres villes de France", a-t-il dit.
DECES ANECDOTIQUE
Arno Klarsfeld, avocat de 33 parties civiles au procès de Maurice Papon, a qualifié samedi d'"anecdotique" le décès de l'ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde.
"Sa mort est anecdotique. Depuis sa condamnation le 2 avril 1998, Maurice Papon est sorti de l'histoire et est entré dans la vie d'un homme âgé qui est mort à 96 ans. C'est sa longévité qui est exceptionnelle", a indiqué à Reuters Arno Klarsfeld.
Pour l'avocat, "la page a été tournée après sa condamnation. Tout le reste n'a été que péripéties et sa mort en est une de plus".
Me Klarsfeld a rappelé que lors du procès, il avait plaidé pour "une peine juste". Il avait plaidé pour une gradation des peines. Son père Serge Klarsfeld, président de l'association "Les fils et filles des déportés juifs de France", bien que n'ayant pas plaidé hors du procès, avait soutenu son fils dans cette démarche.
"En condamnant Papon à dix ans de réclusion, les jurés ont voulu voir les choses avec équité en tenant compte des responsabilités de Papon, ce que mon père et moi-même étions les seuls à soutenir puisque la défense voulait l'acquittement et les autres avocats des parties civiles la perpétuité", a rappelé Arno Klarsfeld.
[17/02/2007 - 22:07]
BORDEAUX (Reuters) - Michel Slitinsky, porte-parole des parties civiles au procès de Maurice Papon, a mis en avant la "responsabilité" de l'ancien fonctionnaire du régime de Vichy dans la déportation de 225 enfants, samedi après l'annonce de son décès.
Michel Slitinsky, âgé aujourd'hui de 82 ans, fut à l'origine de la mise à disposition de la justice des premiers documents ayant permis de poursuivre Maurice Papon.
"C'est un événement auquel on était préparé. On gardera toujours en tête sa responsabilité à l'égard des familles qu'il a fait déporter. Un chiffre me vient en tête: 1.660 personnes dont 225 enfants partis dans les trains depuis Bordeaux", a déclaré Michel Slitinsky à Reuters.
"On ne peut pas oublier les enfants. A leur égard, il aurait pu faire un geste, c'est à dire éviter de les jeter dans les bras des pourvoyeurs des camps et surtout faire glisser les listes au fond de ses tiroirs", a ajouté celui dont le père, le frère et la tante sont morts à Auschwitz, en Pologne.
Lui-même n'a pas connu les camps : il avait réussi à échapper aux policiers français qui étaient venus l'arrêter dans la nuit du 19 octobre 1942. Il était ensuite entré dans la clandestinité, puis dans la résistance.
Pour Michel Slitinsky, qui n'a eu de cesse de voir Maurice Papon condamné, "la cour d'assises a fait la démonstration qu'il avait pris des responsabilités très graves à l'égard d'une communauté. Il a prétendu qu'il n'était pas antisémite mais le résultat était le même. En définitive, il a voulu se dérober, il n'a pas reconnu le jugement et a voulu s'exonérer de tous les maux".
Près de neuf ans après la condamnation de l'ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde, Michel Slitinsky regrette que d'autres n'aient pas été poursuivis.
"Si Papon a été poursuivi, souligne-t-il, on a laissé 44 autres haut fonctionnaires selon les archives allemandes qui ont fait le même travail que lui et ont été de fidèles collaborateurs des Allemands".
"Moi, j'aurais souhaité qu'il y ait d'autres Slitinsky pour les poursuivre dans les autres villes de France", a-t-il dit.
DECES ANECDOTIQUE
Arno Klarsfeld, avocat de 33 parties civiles au procès de Maurice Papon, a qualifié samedi d'"anecdotique" le décès de l'ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde.
"Sa mort est anecdotique. Depuis sa condamnation le 2 avril 1998, Maurice Papon est sorti de l'histoire et est entré dans la vie d'un homme âgé qui est mort à 96 ans. C'est sa longévité qui est exceptionnelle", a indiqué à Reuters Arno Klarsfeld.
Pour l'avocat, "la page a été tournée après sa condamnation. Tout le reste n'a été que péripéties et sa mort en est une de plus".
Me Klarsfeld a rappelé que lors du procès, il avait plaidé pour "une peine juste". Il avait plaidé pour une gradation des peines. Son père Serge Klarsfeld, président de l'association "Les fils et filles des déportés juifs de France", bien que n'ayant pas plaidé hors du procès, avait soutenu son fils dans cette démarche.
"En condamnant Papon à dix ans de réclusion, les jurés ont voulu voir les choses avec équité en tenant compte des responsabilités de Papon, ce que mon père et moi-même étions les seuls à soutenir puisque la défense voulait l'acquittement et les autres avocats des parties civiles la perpétuité", a rappelé Arno Klarsfeld.
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