Monday, April 16, 2007

Allemagne : un dirigeant de la CDU accusé de falsifier l'histoire

Allemagne : un dirigeant de la CDU accusé de falsifier l'histoire
LE MONDE | 14.04.07 | 13h50 • Mis à jour le 14.04.07 | 13h50
BERLIN CORRESPONDANCE
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n relativisant le passé nazi d'un de ses prédécesseurs, Hans Filbinger, mort le 1er avril à l'âge de 93 ans, le ministre-président du Bade-Wurtemberg, le chrétien-démocrate Günther Oettinger, suscite une vive indignation en Allemagne et au-delà.

Ancien juge militaire dans la marine, M. Filbinger a été impliqué, en mars 1945, dans la condamnation à mort et l'exécution d'un marin pour désertion. Il a prononcé deux autres verdicts similaires dans les derniers jours du IIIe Reich. La révélation de son passé et son absence manifeste de remords l'avaient contraint à démissionner de son poste de ministre-président en 1978. Il était lui aussi membre du parti chrétien-démocrate (CDU).



Lors de son enterrement, mercredi 11 avril, l'actuel ministre-président a déclaré que M. Filbinger "n'était pas un national-socialiste", mais, au contraire, un "adversaire du régime national-socialiste". Il a affirmé qu'il n'existe pas de "verdict de Hans Filbinger à travers lequel un homme a perdu la vie". M. Filbinger avait d'autant plus choqué lors de la révélation de son passé qu'il avait déclaré que ce qui était "justice autrefois ne peut pas être aujourd'hui une injustice".

De nombreux intellectuels, la plupart des partis politiques et la communauté juive ont dénoncé les propos de M. Oettinger qui constituent, selon eux, une tentative de falsification de l'histoire. En vacances, la chancelière Angela Merkel (CDU) est intervenue pour tancer le ministre-président, à la surprise de la CDU du Bade-Wurtemberg. "J'aurais souhaité qu'à côté de l'hommage (...), des questions critiques en relation avec l'époque du national-socialisme soient évoquées, particulièrement eu égard aux sentiments des victimes et des personnes concernées", a-t-elle déclaré, vendredi 13 avril, dans un communiqué de la CDU.

Les appels à la démission se multiplient. A Jérusalem, le directeur du centre Simon-Wiesenthal, Efraim Zuroff, a souligné qu'un ministre-président "qui nie le passé nazi de l'ancien ministre-président Hans Filbinger et le blanchit est intolérable". Pour l'écrivain Ralph Giordano, celui qui tient un tel discours "ne se trouve pas sur le terrain de la loi fondamentale et n'a rien à faire sur le siège d'un ministre-président".

Le choc est d'autant plus important que le discours de M. Oettinger avait été préparé avec soin. Selon des informations rapportées par le site en ligne de l'hebdomadaire Der Spiegel, le discours a donné lieu à d'intenses discussions avant qu'un conseiller impose ses vues. D'après ce site, il s'agirait de Michael Grimminger, un ancien assistant du philosophe Günter Rohrmoser. Ce dernier a travaillé dans le "think tank" de tendance nationale conservatrice "Studienzentrum Weikersheim" fondé par M. Filbinger, en 1978, après sa démission.

M. Oettinger, 53 ans, a refusé de revenir sur ses propos et dénonce une campagne orchestrée par les sociaux-démocrates et les Verts. En prononçant son hommage, il a, peut-être, voulu servir la clientèle conservatrice de la CDU et contrer son concurrent, Stefan Mappus, chef du groupe parlementaire chrétien-démocrate au Parlement régional.

Les chrétiens-démocrates du Bade-Wurtemberg - Land frontalier de l'Alsace - passent pour être conservateurs et traditionnels. A l'issue de son discours, le ministre-président a reçu des soutiens de dirigeants locaux de son parti.

Dans les années 1990, une partie de l'électorat du Land s'était laissé séduire par les thèses du parti d'extrême droite Die Republikaner de l'ancien Waffen-SS Franz Schönhuber. Lors des élections régionales de 1992 et 1996, ce parti avait obtenu respectivement 10, 9 % et 9,1 % des voix.

Cécile Calla

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