Double allégeance douteuse pour Daniel Barenboïm
par Claire Dana Picard
lundi 14 janvier 2008 - 10:20
A l'issue d'un récital de piano de morceaux choisis de Beethoven, donné samedi soir à Ramallah, le pianiste et chef d'orchestre Daniel Barenboïm a annoncé qu'il avait reçu la nationalité palestinienne, ajoutant qu'il était honoré d'obtenir un "passeport palestinien. Il a encore prétendu que son statut lui permettrait de servir de "modèle pour l'instauration d'une paix entre les deux peuples".
Daniel Barenboïm, qui est âgé de 65 ans, est né en Argentine. Il est monté en Israël avec ses parents lorsqu'il était enfant et est donc titulaire de la nationalité israélienne. Mais il vit à l'étranger depuis de nombreuses années et ne cache pas ses sentiments pro-palestiniens, professant des idées d'extrême gauche.
Il avait suscité la controverse en Israël en juillet 2001 lorsqu'il avait joué une œuvre de Wagner, compositeur antisémite et musicien favori d'Hitler, brisant ainsi le consensus. Il avait alors été déclaré "persona non grata" par la commission culturelle de la Knesset et avait dû par la suite présenter ses excuses pour ce "faux pas". En 2005, il avait causé un nouveau scandale lorsqu'il avait refusé un entretien à une reporter de Galei Tsahal, la radio de l'armée, sous prétexte qu'elle était en uniforme.
A l'étranger, le chef d'orchestre est comblé d'honneur : l'ancien président français Jacques Chirac lui a remis, en mars 2007, la Légion d'honneur "pour son engagement pour la paix au Proche-Orient". Et en septembre dernier, l'Onu lui a décerné le titre d'émissaire de la Paix des Nations unies.
L'ancien responsable palestinien de l'information Mustafa Barghouti, qui a participé à l'organisation du concert de samedi soir, a déclaré que la remise du passeport de Barenboïm avait été approuvée par l'ancien cabinet de l'AP dont il faisait partie. Il a précisé que le document avait été délivré il y a six semaines.
Le député Yaakov Mergui, leader du groupe parlementaire du parti Shass, a réagi en déclarant que c'était une honte pour l'Etat d'Israël qu'un homme comme Barenboïm soit encore titulaire de la nationalité israélienne. Il a appelé tous les centres culturels du pays à boycotter le musicien. Il a précisé : "Alors que des roquettes tombent sur les enfants de Sdérot et que des Israéliens sont assassinés en Judée-Samarie, un citoyen israélien reçoit la nationalité d'une entité qualifiée d'hostile par les autorités israéliennes. Pour moi, il collabore avec l'ennemi".
Le ministre de l'Intérieur Meir Chetrit a indiqué qu'il n'avait pas l'intention de retirer au chef d'orchestre sa nationalité israélienne et que la question n'était même pas envisagée. D'après la loi, il est en droit de le faire uniquement si la personne concernée se rend coupable de fraude ou d'abus de confiance en émigrant et en devenant citoyenne d'un Etat ennemi.
L'Autorité palestinienne, qui n'est pas un Etat, n'entre pas dans cette catégorie. Il ne faut pas oublier, dans ce contexte, que des milliers d'Arabes israéliens ont également la nationalité palestinienne. La plupart d'entre eux ont des proches parents en Judée-Samarie et certains sont des Palestiniens qui ont quitté leur lieu de résidence pour vivre à l'intérieur de la Ligne verte, grâce aux membres de leur famille titulaires de la citoyenneté israélienne.
Controverse : l’antisémitisme polonais en question
par Raphael Aouate
lundi 14 janvier 2008 - 15:02
Un procès est sur le point de s’ouvrir en Pologne. Le Procureur de la République de Varsovie serait prêt à poursuivre Jan T. Gross, un historien juif américain accusé de dénoncer la violence et l’antisémitisme polonais d’après la Seconde Guerre mondiale.
Le Procureur de la ville de Varsovie envisage de poursuivre en justice l’historien américain juif d’origine polonaise, Jan T. Gross, ainsi que sa maison d’édition Znak, pour "diffamation publique à l’encontre de la nation polonaise".
Cette accusation fait suite à la mise en vente dans les librairies polonaises de la version traduite du livre de Gross : Fear : Anti semitism in Poland after Auschwitz (La peur : l’antisémitisme en Pologne après Auschwitz).
Gross est professeur d’histoire à l’Université américaine de Princeton. Son ouvrage a déjà reçu un très bon accueil à sa sortie aux Etats-Unis, il y a près de deux ans. Le travail de Gross a permis de mettre en lumière le fort climat d’antisémitisme et de violence qui règne en Pologne à l’égard des juifs ayant survécu à la Shoah. Cette étude aborde notamment l’épisode tragique du pogrom de la ville de Kielce en 1946.
Le Procureur de la ville de Varsovie étudie actuellement les possibilités de soumettre l’ouvrage et son auteur à l’accusation d’infraction au dernier amendement de la loi sur l'Institut de la mémoire nationale (IPN). Selon celui-ci, l’article 132 du Code pénal envisage que "ceux qui calomnient publiquement la nation polonaise pour sa prétendue participation, ou son implication dans les crimes des communistes ou des nazis, seront condamnés à une peine de trois ans de prison".
Comme le résume le journal polonais Dziennik, "Gross affirme dans son livre que l'antisémitisme en Pologne a bénéficié d'un assentiment social, car de nombreux Polonais avaient volé des biens appartenant aux victimes de l'Holocauste, ce qui, après la Seconde Guerre mondiale, n'a jamais été jugé par les communistes".
"Le livre ne manque pas de provoquer un débat national sur les relations polono juives pendant l'Holocauste", estime Jaroslaw Kurski, rédacteur en chef du quotidien Gazeta Wyborcza, qui réserve un bon accueil à l'ouvrage de Gross. "Partant du pogrom perpétré à Kielce en 1946, il pose la question de savoir pourquoi l'antisémitisme a été possible juste après la Shoah, ici, en Pologne, un pays devenu le plus grand cimetière de Juifs d'Europe", écrit-il.
Le précédent livre de Gross : Neighbours (Voisins), décrivait le pogrom de juifs polonais par leurs voisins non juifs dans le village de Jedwabne durant la seconde guerre mondiale.
par Claire Dana Picard
lundi 14 janvier 2008 - 10:20
A l'issue d'un récital de piano de morceaux choisis de Beethoven, donné samedi soir à Ramallah, le pianiste et chef d'orchestre Daniel Barenboïm a annoncé qu'il avait reçu la nationalité palestinienne, ajoutant qu'il était honoré d'obtenir un "passeport palestinien. Il a encore prétendu que son statut lui permettrait de servir de "modèle pour l'instauration d'une paix entre les deux peuples".
Daniel Barenboïm, qui est âgé de 65 ans, est né en Argentine. Il est monté en Israël avec ses parents lorsqu'il était enfant et est donc titulaire de la nationalité israélienne. Mais il vit à l'étranger depuis de nombreuses années et ne cache pas ses sentiments pro-palestiniens, professant des idées d'extrême gauche.
Il avait suscité la controverse en Israël en juillet 2001 lorsqu'il avait joué une œuvre de Wagner, compositeur antisémite et musicien favori d'Hitler, brisant ainsi le consensus. Il avait alors été déclaré "persona non grata" par la commission culturelle de la Knesset et avait dû par la suite présenter ses excuses pour ce "faux pas". En 2005, il avait causé un nouveau scandale lorsqu'il avait refusé un entretien à une reporter de Galei Tsahal, la radio de l'armée, sous prétexte qu'elle était en uniforme.
A l'étranger, le chef d'orchestre est comblé d'honneur : l'ancien président français Jacques Chirac lui a remis, en mars 2007, la Légion d'honneur "pour son engagement pour la paix au Proche-Orient". Et en septembre dernier, l'Onu lui a décerné le titre d'émissaire de la Paix des Nations unies.
L'ancien responsable palestinien de l'information Mustafa Barghouti, qui a participé à l'organisation du concert de samedi soir, a déclaré que la remise du passeport de Barenboïm avait été approuvée par l'ancien cabinet de l'AP dont il faisait partie. Il a précisé que le document avait été délivré il y a six semaines.
Le député Yaakov Mergui, leader du groupe parlementaire du parti Shass, a réagi en déclarant que c'était une honte pour l'Etat d'Israël qu'un homme comme Barenboïm soit encore titulaire de la nationalité israélienne. Il a appelé tous les centres culturels du pays à boycotter le musicien. Il a précisé : "Alors que des roquettes tombent sur les enfants de Sdérot et que des Israéliens sont assassinés en Judée-Samarie, un citoyen israélien reçoit la nationalité d'une entité qualifiée d'hostile par les autorités israéliennes. Pour moi, il collabore avec l'ennemi".
Le ministre de l'Intérieur Meir Chetrit a indiqué qu'il n'avait pas l'intention de retirer au chef d'orchestre sa nationalité israélienne et que la question n'était même pas envisagée. D'après la loi, il est en droit de le faire uniquement si la personne concernée se rend coupable de fraude ou d'abus de confiance en émigrant et en devenant citoyenne d'un Etat ennemi.
L'Autorité palestinienne, qui n'est pas un Etat, n'entre pas dans cette catégorie. Il ne faut pas oublier, dans ce contexte, que des milliers d'Arabes israéliens ont également la nationalité palestinienne. La plupart d'entre eux ont des proches parents en Judée-Samarie et certains sont des Palestiniens qui ont quitté leur lieu de résidence pour vivre à l'intérieur de la Ligne verte, grâce aux membres de leur famille titulaires de la citoyenneté israélienne.
Controverse : l’antisémitisme polonais en question
par Raphael Aouate
lundi 14 janvier 2008 - 15:02
Un procès est sur le point de s’ouvrir en Pologne. Le Procureur de la République de Varsovie serait prêt à poursuivre Jan T. Gross, un historien juif américain accusé de dénoncer la violence et l’antisémitisme polonais d’après la Seconde Guerre mondiale.
Le Procureur de la ville de Varsovie envisage de poursuivre en justice l’historien américain juif d’origine polonaise, Jan T. Gross, ainsi que sa maison d’édition Znak, pour "diffamation publique à l’encontre de la nation polonaise".
Cette accusation fait suite à la mise en vente dans les librairies polonaises de la version traduite du livre de Gross : Fear : Anti semitism in Poland after Auschwitz (La peur : l’antisémitisme en Pologne après Auschwitz).
Gross est professeur d’histoire à l’Université américaine de Princeton. Son ouvrage a déjà reçu un très bon accueil à sa sortie aux Etats-Unis, il y a près de deux ans. Le travail de Gross a permis de mettre en lumière le fort climat d’antisémitisme et de violence qui règne en Pologne à l’égard des juifs ayant survécu à la Shoah. Cette étude aborde notamment l’épisode tragique du pogrom de la ville de Kielce en 1946.
Le Procureur de la ville de Varsovie étudie actuellement les possibilités de soumettre l’ouvrage et son auteur à l’accusation d’infraction au dernier amendement de la loi sur l'Institut de la mémoire nationale (IPN). Selon celui-ci, l’article 132 du Code pénal envisage que "ceux qui calomnient publiquement la nation polonaise pour sa prétendue participation, ou son implication dans les crimes des communistes ou des nazis, seront condamnés à une peine de trois ans de prison".
Comme le résume le journal polonais Dziennik, "Gross affirme dans son livre que l'antisémitisme en Pologne a bénéficié d'un assentiment social, car de nombreux Polonais avaient volé des biens appartenant aux victimes de l'Holocauste, ce qui, après la Seconde Guerre mondiale, n'a jamais été jugé par les communistes".
"Le livre ne manque pas de provoquer un débat national sur les relations polono juives pendant l'Holocauste", estime Jaroslaw Kurski, rédacteur en chef du quotidien Gazeta Wyborcza, qui réserve un bon accueil à l'ouvrage de Gross. "Partant du pogrom perpétré à Kielce en 1946, il pose la question de savoir pourquoi l'antisémitisme a été possible juste après la Shoah, ici, en Pologne, un pays devenu le plus grand cimetière de Juifs d'Europe", écrit-il.
Le précédent livre de Gross : Neighbours (Voisins), décrivait le pogrom de juifs polonais par leurs voisins non juifs dans le village de Jedwabne durant la seconde guerre mondiale.
0 Comments:
Post a Comment
<< Home