Sunday, April 02, 2006

un rabbin regae

NEW YORK (AFP) - Matisyahu, le "reggae man" juif orthodoxe qui fait vibrer le public américain

Portant le chapeau noir et la barbe des juifs religieux, il chante sa prose saccadée devant des foules de fans grandissantes: Matisyahu est la star montante du reggae aux Etats-Unis.
Porté par un bouche-à-oreille alimenté par internet et quelques émissions de télévision, le New-Yorkais est en quelques mois passé des festivals locaux aux salles nationales, emmenant de la Californie à la Nouvelle-Ecosse son mélange de rap et de reggae dévoué à Dieu et à la spiritualité.
"Révèle ton âme, abandonne-toi et révèle-toi", rappe-t-il sur son tube "King Without a Crown", "toastant" à un rythme inégalé, balançant l'avant-bras à la manière des rappeurs, soutenu par son groupe, guitare, basse, batterie.
Son album "Youth", tout juste sorti, vient d'entrer directement à la 4e place du Top 200 établi par le magazine spécialisé Billboard: 120.000 exemplaires vendus en une semaine.
Matisyahu, alias Matthew Miller, 26 ans, semble avoir alterné entre musique et religion pendant une grande partie de sa vie.
Elevé dans une famille juive non religieuse de la banlieue de New York, il est d'abord un adolescent à dreadlocks, fan du groupe de rock américain Phish. Mais c'est dans l'Oregon, dans un centre néo-hippie où ses parents ont envoyé leur garçon paumé et réfractaire au lycée, qu'il explore le ragga et commence à rapper, sous le nom de MC Truth ("MC Vérité").
Ce n'est qu'à son retour à New York en 2000 que le jeune homme se laisse convaincre d'embrasser pleinement sa religion, après une rencontre avec un rabbin.
Aujourd'hui marié, installé à Brooklyn, disciple du mouvement Loubavitch, il partage son temps entre la yeshiva (l'école talmudique) et la musique, qu'il tente de concilier avec sa pratique alors que sa notoriété s'étend.
Pas de concert le vendredi, soir de shabbat, par exemple. Pas de plongeon dans la fosse, ni de contact avec les admiratrices. "Il y a toujours une fille ivre qui veut m'enlacer. Alors je dois reculer", expliquait-il récemment au magazine Rolling Stone.
Car depuis ses premiers concerts dans un centre de jeunesse de Brooklyn jusqu'au méga-festival américain de Lollapalooza où il est attendu cet été, la foule des fans a grandi.
"Il y a beaucoup d'intérêt pour le reggae et la musique caribéenne en ce moment aux Etats-Unis: prenez le cas de Sean Paul ou de Wyclef Jean", explique Bill Werde, rédacteur en chef de Billboard. "La musique de Matisyahu est bonne, ses chansons sont bonnes, son message est positif et les gens répondent à cela".
Matisyahu raconte même à Rolling Stone avoir été invité par Madonna pour la prochaine fête de Pessah (pâque juive). "Je ne sais pas si je peux y aller. Il faudra que je vérifie avec plusieurs personnes, pour m'assurer que ce sera casher".
A propos de sa musique, le chanteur relève que les rabbins approuvent en général "ce qui contribue à rapprocher de la piété", et souligne la proximité de sa foi avec le reggae, qui a tant fait référence à Sion et goûte peu les jurons chers au hip-hop.
Alors artiste durable ou dernière sensation... les critiques se divisent.
Pour Bill Werde, Matisyahu est une vraie découverte: "Grâce à son apparence, il a créé le bouche-à-oreille. Mais s'il n'y avait pas la musique derrière, il ne pourrait pas maintenir cette ascension. Or le fait est qu'il a de bonnes chansons et qu'il est de plus en plus populaire... Il est passé directement du statut de curiosité new-yorkaise à pop star en pleine éclosion".
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Un juif orthodoxe est en passe de devenir la nouvelle star du reggae américain.



Bien souvent adeptes du rastafarisme, les « reggaemen » se sont largement inspirés de la tradition hébraïque : des références à Sion (Zion) au tube planétaire d’Alpha Blondy, « Jérusalem », en passant par le groupe « Israël Vibration »… Matisyahu, un américain de 26 ans, a repris à son compte ce double héritage. Mais plutôt que de verser dans le « Jah Rastafari », il a préféré opter pour le « Yahvé Shalom » (l’Eternel est la paix). En effet, après avoir trainé ses dreadlocks et ses jeans déchirés dans les faubourgs de New York, de concerts de rock aux ambiances opiacées à des ateliers de musique extatique, Matisyahu, de son vrai nom Matthew Miller, a (re)découvert sa judaïté en épousant la doctrine hassidique. Cette orthodoxie, qui insiste sur la communion joyeuse avec Dieu, notamment à travers le chant et la danse, l’autorise, sauf pendant Shabbat, à se déhancher sur les scènes du monde entier, en toastant façon hip-hop ou ragga, tout en délivrant un message certes spirituel, mais sans volonté de prosélytisme. D’ailleurs, son public éclectique aborde ses textes et perçoit son look – tantôt style rabbin (chapeau et longue barbe), tantôt du genre rappeur en « survêt » – d’une façon curieuse et amusée.
D’après Jacob Harris, de J-Dub Records, sa maison de disques, « Ce n’est pas un rabbin rappeur. C’est un chanteur de reggae (…) Sur le plan personnel, il est hassidique, un point c’est tout. » La présence du grand Bill Laswell aux manettes, pour la réalisation du dernier album, « Youth », est un gage certain de qualité. Celui-ci s’est d’ailleurs vendu à 120 000 exemplaires en une semaine, lors de sa sortie, et vient d’atteindre la 4e place du top 200 du magazine américain Billboard.
Seule ombre au tableau : l’interdit religieux qui empêche Matisyahu de se produire avec des femmes, et qui l’a conduit à refuser les sollicitations artistiques de Madonna et de Shakira… rien de moins. Quand on sait tout ce que les « Sisters » ont apporté au reggae, en ne citant que les « I-Threes », fabuleuses choristes de Bob Marley, on ne peut que crier à la déraison.

1 Comments:

Blogger Ucka said...

En étant au centre d' une religion , on est au centre de toute les religions. La musique et les arts en général lorsqu'ils sont vrai sont spirituels...si, si !!! L'art est une extension de la foi .

6:16 PM  

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