Saturday, February 24, 2007

Les attentats de New York ? Un «incident» pour le chef du FN qui renoue avec les outrances.

Le 11 septembre, presque un détail pour Le Pen
Par Christophe FORCARI
QUOTIDIEN : jeudi 22 février 2007

Le Pen a beau se revendiquer du «centre droit», le fond reste le même et le naturel remonte vite à la surface. En 1987, il qualifiait de «point de détail» de la Seconde Guerre mondiale les chambres à gaz nazies. Rebelote hier dans sa volonté de minorer des atrocités : dans un entretien accordé à la Croix, le président du Front national minimise les attentats perpétrés le 11 septembre 2001, à New York. «L'événement, pour ne pas dire l'incident, a conduit un certain nombre de gens à prendre leurs distances pour ne pas tomber sous le coup des accusations qui étaient alors lancées», déclare le candidat d'extrême droite. Pour lui, les 3 000 victimes de ces attentats, «c'est ce qu'il y a en un mois en Irak, c'est beaucoup moins que les bombardements de Marseille ou de Dresde à la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui étaient aussi des actes terroristes car ils visaient expressément des populations civiles».
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«Chapon». Des propos qui ne collent pas franchement avec la ligne policée et républicaine imposée par la directrice stratégique de sa campagne, Marine Le Pen et que le père tente de suivre depuis son entrée dans la bataille présidentielle. Déjà mardi, invité par la Fédération nationale de la chasse, il avait expliqué que, dans le quartier gay de Paris, «du Marais, on peut chasser le chapon sans date d'ouverture ou de fermeture, mais dans le marais de Picardie, on ne peut plus chasser le canard en février». «Que voulez-vous, il ne peut pas s'en empêcher, se lamente un haut responsable frontiste, Le Pen sera toujours Le Pen. Il ne veut pas passer sous les fourches caudines du politiquement correct. Au risque de commettre des maladresses.»
Le leader d'extrême droite est un habitué des provocations verbales douteuses mais totalement assumées. Elles offrent l'avantage de ranimer l'attention autour de sa personne. François Hollande a aussitôt dénoncé la «provocation» de Le Pen et l'a accusé de «grossièreté et d'insulte» à l'égard des victimes du 11 septembre. «Le Parti socialiste tente de se refaire une existence politique sur le dos de Le Pen», s'emporte Marine Le Pen qui ne considère «pas cette phrase [sur les attentats, ndlr] comme un dérapage. En aucun cas !»
Alors qu'elle avait pris ostensiblement ses distances après les propos de Le Pen jugeant l' «occupation allemande pas si inhumaine que cela», cette fois, elle fait bloc derrière le candidat
. «Plutôt que de nous donner des cours de sémantique, François Hollande ferait mieux d'en donner à sa compagne [Ségolène Royal, ndlr]. Les seules victimes du terrorisme parmi la classe politique française, c'est Le Pen et ses enfants», poursuit la vice-présidente du FN. En 1976, l'appartement des Le Pen avait été détruit par un attentat à la dynamite.
Louis Aliot, proche de Marine Le Pen n'est pas, lui non plus, «choqué. Le mot ne choque que le petit monde politico-médiatique pas le peuple. Nous ne cautionnons pas ce qui a conduit à la guerre en Irak», mais pas question, non plus d'approuver l'action du président américain et son «scénario de l'horreur en Irak». Même tonalité chez Martial Bild, délégué général adjoint pour qui «Le Pen n'a pas tant cherché à minorer les attentats du 11 septembre qu'à prendre l'exacte mesure des conséquences que cela a provoqué pour l'Irak».
Martial Bild prend soin de rappeler que Le Pen avait envoyé une lettre de sympathie à l'ambassade des Etats-Unis après les attentats. Mais le leader du Front national n'a jamais manqué une occasion de condamner la politique américaine dans le Golfe et d'affirmer son soutien à l'Irak de Saddam Hussein au temps du blocus américain. Pour lui, les attentats de New York ne constituaient que le logique retour de bâton de la politique des Etats-Unis.
Capitalisme apatride. En relativisant la portée des attentats du 11 septembre, Le Pen renoue avec le discours traditionnel de l'extrême droite pour qui les Etats-Unis représentent avant tout la patrie du capitalisme apatride. Dans son entreprise de séduction tous azimuts, il adresse également un signal fort à l'électorat d'origine maghrébine, hostile à la politique américaine au Moyen-Orient et à celle de son principal allié dans la région, Israël.
Une autre frange du FN, elle, se prononce sans hésitation pour une solidarité de l'Occident contre les islamistes. Mais, le jour du 11 septembre, certains, au «Paquebot», le siège du FN à Saint-Cloud, n'avaient pas hésité à faire sauter les bouchons de champagne pour fêter l'événement. Et non pas l' «incident».

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