Le Monde, Entebbe et le Big Bang
Le Monde, Entebbe et le Big Bang
Dans son édition du 2 juin, le quotidien de référence de la France médiatique dévoile un scoop : «Les services secrets israéliens auraient manipulé le raid d'Entebbe.»
Cette info exclusive se fonde sur «une note écrite le 30 juin 1976, pendant cette crise, par un diplomate britannique en poste à Paris, D. H. Colvin.» Certes, regrettera notre Monde national en toute fin d’article, personne ne sait «si le gouvernement britannique de l'époque, dirigé par le travailliste James Callaghan, a pris au sérieux la version de l'événement fournie par le diplomate en poste à Paris. La grande faiblesse de cette note est de n'apporter aucun élément de preuve susceptible de corroborer la thèse qu'elle mentionne.»
Comme il aurait aimé, Le Monde, qu’un deus ex machina prouve de façon irrémédiable que ses préjugés antisémites sont fondés sur autre chose que des fantasmes !
La thèse qu’il défend – au conditionnel – n’est pas nouvelle : certains ont affirmé la complicité de l’Agence juive avec Hitler (pour accélérer la création de l’Etat d’Israël, voyons, réfléchissez !). D’autres, ou les mêmes, plus récemment, ont dénoncé la responsabilité du Shin Bet, le service de renseignement israélien, dans l’attaque du 11 septembre (pour inciter les Etats-Unis à une politique pro-israélienne, bande de nuls, faites un effort de réflexion géopolitique !). Certes, de plus tièdes en avaient excusé les terroristes au motif que les Américains l’avaient bien cherché, du fait de leur politique très pro-israélienne, mais nous n’allons pas pinailler sur ce genre de détails.
Or donc, maintenant qu’on a retrouvé une note révélant les théories d’un gratte-papier britannique basé à Paris, il serait dommage de ne pas revisiter l’histoire du raid sur Entebbe à sa lumière, même s’il ne s’agit qu’une chiche lueur répandue par un suif malodorant.
Que conjecture cette note, élaborée grâce à une information totalement objective, puisque «fournie par l'un de ses contacts, un membre de l'Association parlementaire euro-arabe» ? Que «les services secrets israéliens auraient été de mèche avec le commando palestinien, instigateur de l'opération.»
Comme ils sont forts, ces Israéliens ! Suivez le scénario : ils infiltrent le FPLP, Front populaire de libération de la Palestine, dont l’objectif est la destruction de leur pays. Ayant accompli cet exploit, ils ne l’utilisent pas pour détruire leur ennemi. Ce serait trop simple. Non, ils le poussent à commettre un détournement d’avion pour monnayer la libération d’autres de leurs ennemis, détenus dans cinq pays, dont le leur.
Evidemment, vu de l’extérieur, cela semble d’une insondable connerie. Imaginons une autre révélation aussi tordue : Raymond Domenech, l’entraîneur de l’équipe de France de foot, aurait été de mèche avec l’équipe d’Italie afin de provoquer le coup de boule de Zidane. Pourquoi cette alliance contre-nature ? Afin que, en cas de défaite française, l’entraîneur français ne soit pas incriminé et que Zizou soit considéré comme le seul responsable. On n’y croirait pas un quart de seconde. Même Le Monde n’y consacrerait pas un entrefilet. Mais ni Domenech ni Zidane ne sont juifs. S’ils l’étaient, on examinerait avec plus de bienveillance ce raisonnement tortueux.
En tout cas, pour Entebbe, Le Monde ne peut pas en écarter l’éventualité. D’ailleurs, lorsqu’il rappelle les faits, il observe que c’est seulement «Après avoir fait patienter les preneurs d'otages pendant quelques jours» qu’«Israël lance, dans la nuit du 3 au 4 juillet, un raid audacieux sur Entebbe». Sans cœur, Israël : il fait poireauter les otages ! Et qu’on ne vienne pas raconter au Monde que c’était le temps nécessaire pour monter l’opération. Les journalistes du Monde ne sont pas des gogos à qui l’on peut faire croire des énormités pareilles. C’était pour faire monter l’audimat ! Pour mettre les téléspectateurs en condition d’admirer Tsahal quand elle libère les otages ! Heureusement, Le Monde est là, qui nous rappellalt
Dans son édition du 2 juin, le quotidien de référence de la France médiatique dévoile un scoop : «Les services secrets israéliens auraient manipulé le raid d'Entebbe.»
Cette info exclusive se fonde sur «une note écrite le 30 juin 1976, pendant cette crise, par un diplomate britannique en poste à Paris, D. H. Colvin.» Certes, regrettera notre Monde national en toute fin d’article, personne ne sait «si le gouvernement britannique de l'époque, dirigé par le travailliste James Callaghan, a pris au sérieux la version de l'événement fournie par le diplomate en poste à Paris. La grande faiblesse de cette note est de n'apporter aucun élément de preuve susceptible de corroborer la thèse qu'elle mentionne.»
Comme il aurait aimé, Le Monde, qu’un deus ex machina prouve de façon irrémédiable que ses préjugés antisémites sont fondés sur autre chose que des fantasmes !
La thèse qu’il défend – au conditionnel – n’est pas nouvelle : certains ont affirmé la complicité de l’Agence juive avec Hitler (pour accélérer la création de l’Etat d’Israël, voyons, réfléchissez !). D’autres, ou les mêmes, plus récemment, ont dénoncé la responsabilité du Shin Bet, le service de renseignement israélien, dans l’attaque du 11 septembre (pour inciter les Etats-Unis à une politique pro-israélienne, bande de nuls, faites un effort de réflexion géopolitique !). Certes, de plus tièdes en avaient excusé les terroristes au motif que les Américains l’avaient bien cherché, du fait de leur politique très pro-israélienne, mais nous n’allons pas pinailler sur ce genre de détails.
Or donc, maintenant qu’on a retrouvé une note révélant les théories d’un gratte-papier britannique basé à Paris, il serait dommage de ne pas revisiter l’histoire du raid sur Entebbe à sa lumière, même s’il ne s’agit qu’une chiche lueur répandue par un suif malodorant.
Que conjecture cette note, élaborée grâce à une information totalement objective, puisque «fournie par l'un de ses contacts, un membre de l'Association parlementaire euro-arabe» ? Que «les services secrets israéliens auraient été de mèche avec le commando palestinien, instigateur de l'opération.»
Comme ils sont forts, ces Israéliens ! Suivez le scénario : ils infiltrent le FPLP, Front populaire de libération de la Palestine, dont l’objectif est la destruction de leur pays. Ayant accompli cet exploit, ils ne l’utilisent pas pour détruire leur ennemi. Ce serait trop simple. Non, ils le poussent à commettre un détournement d’avion pour monnayer la libération d’autres de leurs ennemis, détenus dans cinq pays, dont le leur.
Evidemment, vu de l’extérieur, cela semble d’une insondable connerie. Imaginons une autre révélation aussi tordue : Raymond Domenech, l’entraîneur de l’équipe de France de foot, aurait été de mèche avec l’équipe d’Italie afin de provoquer le coup de boule de Zidane. Pourquoi cette alliance contre-nature ? Afin que, en cas de défaite française, l’entraîneur français ne soit pas incriminé et que Zizou soit considéré comme le seul responsable. On n’y croirait pas un quart de seconde. Même Le Monde n’y consacrerait pas un entrefilet. Mais ni Domenech ni Zidane ne sont juifs. S’ils l’étaient, on examinerait avec plus de bienveillance ce raisonnement tortueux.
En tout cas, pour Entebbe, Le Monde ne peut pas en écarter l’éventualité. D’ailleurs, lorsqu’il rappelle les faits, il observe que c’est seulement «Après avoir fait patienter les preneurs d'otages pendant quelques jours» qu’«Israël lance, dans la nuit du 3 au 4 juillet, un raid audacieux sur Entebbe». Sans cœur, Israël : il fait poireauter les otages ! Et qu’on ne vienne pas raconter au Monde que c’était le temps nécessaire pour monter l’opération. Les journalistes du Monde ne sont pas des gogos à qui l’on peut faire croire des énormités pareilles. C’était pour faire monter l’audimat ! Pour mettre les téléspectateurs en condition d’admirer Tsahal quand elle libère les otages ! Heureusement, Le Monde est là, qui nous rappellalt
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