Monday, December 10, 2007

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Khadafi, Poutine : l'indignation de BHL contre l'Élysée
Tag it:DeliciousFurl it!YahooMyWeb?08-12-2007
Cyriel Martin - Rubrique coordonnée par Valérie Peiffer - © Le Point.fr
BHL est en colère. Invité vendredi de Jean-Michel Aphatie sur RTL, le philosophe a fustigé la visite d'État en France du dirigeant libyen Mouammar Khadafi. "C'est honteux et extrêmement choquant", a-t-il estimé, pointant à plusieurs reprises le passé du colonel Khadafi de "financier du terrorisme international" et de "preneur d'otages des infirmières bulgares". "Dans le pays des droits de l'homme, il y a là quelque chose qui ne passe pas", a jugé Bernard-Henri Lévy, particulièrement amer quant au moment choisi par le chef de l'État pour recevoir le dirigeant libyen.
"Que Nicolas et Cécilia Sarkozy aient libéré les infirmères bulgares, c'est magnifique. Qu'un homme ait droit à sa rédemption, comme dit monsieur Lévitte [le conseiller diplomatique de l'Élysée, ndlr], naturellement. Mais pas comme ça, pas si vite, pas quelques semaines après ce braquage diplomatique qu'était l'affaire des infirmières bulgares", a regretté BHL pour qui "un chef d'État est le maître des symboles".
Autre sujet d'énervement du philosophe : les "chaleureuses félicitations" adressées par Nicolas Sarkozy à Vladimir Poutine, au lendemain de sa victoire contestée aux législatives russes. "C'est tellement en retrait par rapport à la campagne de Sarkozy... Quand il était candidat, il était du côté des opprimés, des victimes de la guerre de Tchétchénie, des droits de l'homme, des journalistes assassinés comme Anna Politkovskaïa... Et aujourd'hui, on est l'un des seuls pays avec l'Iran à décrocher notre téléphone pour féliciter Poutine !"

Source: Le Point
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Il est en visite, en visite officielle, non pas d'Etat. Comme le veut le protocole diplomatique, Mouammar Kadhafi n'a donc pas été accueilli par Nicolas Sarkozy lui-même à son arrivée à l'aéroport d'Orly ce lundi en début d'après-midi. C'est Michèle Alliot-Marie qui s'est chargée de la réception.

Le cortège d'une centaine de véhicules officiels a immédiatement pris la route de Paris. Direction l'Elysée pour pour un premier entretien d'environ une heure avec Nicolas Sarkozy. A l'issue de ce rendez-vous, le chef de l'Etat s'est adressé à la presse pour faire deux annonces. Tout d'abord, le montant global des contrats (armement, nucléaire civil, usine de dessalement d'eau de mer...) que signeront la France ou les entreprises françaises avec la Libye : il sera d'environ 10 milliards d'euros. Le locataire de l'Elysée n'a pas précisé dans les détails le contenu des contrats, notamment s'il comprend ou non la vente de Rafale.

Ensuite, alors que la polémique bat son plein sur le sujet, et ce jusqu'à l'intérieur même du gouvernement, il a demandé à son hôte de "progresser sur le chemin des droits de l'homme". "La France reçoit un chef d'Etat qui a renoncé définitivement à la possession de l'arme nucléaire, qui a décidé de rendre les stocks sous contrôle des organisations internationales, qui a choisi de renoncer définitivement au terrorisme et qui a choisi d'indemniser les victimes", explique-t-il. "Que dirions-nous aujourd'hui aux dirigeants iraniens si nous ne tendions pas la main au dirigeant libyen qui a choisi lui-même de tourner le dos à l'arme nucléaire et au terrorisme ?, souligne le chef de l'Etat.

"Les droits de l'homme, ce ne sont pas des pétitions"

Nicolas Sarkozy a ensuite vivement attaqué ses détracteurs qui critiquent cette visite. "J'aimerais que chacun réfléchisse à cela, loin de toute polémique. J'aimerais d'ailleurs qu'on m'explique comment on peut faire progresser toutes ces questions sans discuter avec les gens. La défense des droits de l'homme, ce ne sont pas des pétitions de principe entre soi, ce sont des résultats. C'est bien beau les leçons de droits de l'homme et les postures entre le Café de Flore et le Zénith. Mais ces postures, elles ont laissé pendant huit ans les infirmières bulgares et depuis cinq ans Mme Betancourt", a-t-il asséné.

"C'est bien beau le principe qui consiste à ne pas se mouiller, à ne prendre aucun risque, à rester sur son quant-à-soi, à ne discuter avec personne, à être tellement certain de tout ce à quoi on pense en prenant son café crème boulevard Saint-Germain", a-t-il ajouté. "Ce n'est pas comme ça que je veux défendre les droits de l'homme", a-t-il conclu.

Nicolas Sarkozy devait ensuite retrouver Mouammar Khadafi dans la soirée pour un dîner de travail à l'Elysée.



a France est le premier pays occidental qui fait à Mouammar Kadhafi l'honneur d'une réception depuis l'époque où le dirigeant libyen s'était mis au ban des nations par son soutien au terrorisme. En acceptant de négocier avec lui, en 2003, l'arrêt de ses tentatives pour se doter d'une arme atomique, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont donné le signal d'un changement d'attitude vis-à-vis d'un chef d'Etat dont le régime bafoue les libertés fondamentales et a été impliqué dans des attentats meurtriers contre la compagnie aérienne américaine PanAm et la française UTA.




Toutefois, ni Washington ni Londres n'ont, à ce jour, accueilli celui qui se fait appeler le "Guide de la révolution libyenne". Il est vrai que l'un des derniers voyages de Tony Blair, en tant que premier ministre, a été pour la Libye, en juin, avec à la clé un énorme accord pétrolier. A ce moment-là, les infirmières et le médecin bulgares étaient toujours en prison à Benghazi. M. Blair était allé en Libye une première fois en 2004, de même que Silvio Berlusconi, alors président du conseil italien, et Jacques Chirac. La même année, Romano Prodi, président de la Commission européenne, avait reçu M. Kadhafi à Bruxelles.

Le président de la République a beau jeu de faire allusion à de tels précédents pour minimiser le cadeau qu'il a accepté de faire au dirigeant libyen. Il n'empêche : la hâte à recevoir le "Guide", les prévenances dont il est entouré pour une bien longue visite donnent à la France un rôle peu glorieux. En ne posant aucune condition à l'approfondissement de sa relation avec Tripoli, Paris accorde un blanc-seing à un vieux dictateur dont le principal atout semble tenir à ses réserves de pétrodollars.

A la différence d'Angela Merkel, qui défend les droits de l'homme et les principes démocratiques en tous lieux et quel que soit son interlocuteur, M. Sarkozy profite de l'incapacité de l'Europe à adopter une position commune sur ces questions pour se "placer" auprès des dirigeants les moins respectueux des libertés. Il n'est pas anormal d'avoir un dialogue avec la Libye, pays qui compte sur la rive africaine de la Méditerranée. Mais le langage de la France semble contraint par l'accord, resté mystérieux, qui a présidé à la libération des infirmières, le 24 juillet. Le malaise exprimé soudain par Bernard Kouchner et Rama Yade, membres du gouvernement, vise à désamorcer les critiques plutôt qu'il n'exprime une exigence.

Au soir de son élection, M. Sarkozy avait annoncé que la France serait "aux côtés des opprimés" et qu'elle était "de retour" en Europe. Il donne aujourd'hui au colonel Kadhafi l'occasion de pavoiser. Il aura été le seul dirigeant de l'Union européenne à féliciter Vladimir Poutine pour le résultat des élections législatives en Russie. M. Sarkozy ne tient pas parole.

Article paru dans l'édition du 11.12.07.

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