Alertée par GIN le 7 décembre, la direction du lycée de garçons Luxembourg a retiré rapidement de son site Internet le ''problème de physique'' avec ''Mohamed, un petit Palestinien de Gaza [qui] lance des pierres sur les occupants israéliens''. (Guysen.International.News)
Mohamed ''veut atteindre un soldat assis au sommet d'un char à 60 m de distance. Déterminez [la vitesse] pour que la pierre atteigne le soldat (à une hauteur de 4 m). L'enfant lance la pierre avec une vitesse de 20 m/s. A partir du moment où le soldat voit partir la pierre, combien de temps a-t-il pour l'esquiver ? Un deuxième soldat, en accroupi au sol, réagit en tirant une balle de fusil sur l'enfant. La balle sort du fusil avec une vitesse horizontale de 500 m/s. Quel temps mettra-t-elle pour atteindre Mohammed ?'' La direction de ce lycée avait reçu de nombreuses réactions indignées, notamment du collectif Collectif Dialogue & Partage.
Khadafi, Poutine : l'indignation de BHL contre l'Élysée
Tag it:?Cyriel Martin - Rubrique coordonnée par Valérie Peiffer - © Le Point.fr
BHL est en colère. Invité vendredi de Jean-Michel Aphatie sur RTL, le philosophe a fustigé la visite d'État en France du dirigeant libyen Mouammar Khadafi. "C'est honteux et extrêmement choquant", a-t-il estimé, pointant à plusieurs reprises le passé du colonel Khadafi de "financier du terrorisme international" et de "preneur d'otages des infirmières bulgares". "Dans le pays des droits de l'homme, il y a là quelque chose qui ne passe pas", a jugé Bernard-Henri Lévy, particulièrement amer quant au moment choisi par le chef de l'État pour recevoir le dirigeant libyen.
"Que Nicolas et Cécilia Sarkozy aient libéré les infirmères bulgares, c'est magnifique. Qu'un homme ait droit à sa rédemption, comme dit monsieur Lévitte [le conseiller diplomatique de l'Élysée, ndlr], naturellement. Mais pas comme ça, pas si vite, pas quelques semaines après ce braquage diplomatique qu'était l'affaire des infirmières bulgares", a regretté BHL pour qui "un chef d'État est le maître des symboles".
Autre sujet d'énervement du philosophe : les "chaleureuses félicitations" adressées par Nicolas Sarkozy à Vladimir Poutine, au lendemain de sa victoire contestée aux législatives russes. "C'est tellement en retrait par rapport à la campagne de Sarkozy... Quand il était candidat, il était du côté des opprimés, des victimes de la guerre de Tchétchénie, des droits de l'homme, des journalistes assassinés comme Anna Politkovskaïa... Et aujourd'hui, on est l'un des seuls pays avec l'Iran à décrocher notre téléphone pour féliciter Poutine !"
Affaire al-Dura : Pour une sortie de crise digne et consensuelle, Menahem Macina
06/12/2007
Le présent article a été écrit le 26 novembre. Si je ne l’ai pas mis en ligne avant ce jour, c’est qu’il était destiné à une revue juive qui me l’avait demandé. Pour des raisons qui appartiennent au responsable éditorial de ce média, il n’est pas paru. J’ignore pourquoi. Si je le mets en ligne aujourd’hui, c’est que l’idée du psychanalyste Gérard Huber, sur laquelle se concluait mon article (constituer une commission d’enquête internationale), est désormais émise publiquement par le principal protagoniste de l’affaire al-Dura, Charles Enderlin lui-même (*). J’avoue avoir été sceptique à l’égard de cette idée quand Gérard Huber m’en a fait part, non que je l’eusse trouvée inadéquate ou déconnectée de la réalité, mais parce que je pensais qu’elle ne retiendrait pas l’attention non seulement des décideurs politiques et de France 2 elle-même, mais de la majeure partie des groupes, sites, blogues et personnes, engagés depuis longtemps dans l’effort de blanchir Israël et son armée de l’accusation de sang dont ils ont été et continuent à être la cible. Aujourd’hui, les circonstances, et particulièrement la déclaration de Charles Enderlin, indiquent clairement que c’est la direction à prendre.
(*) Voir : "Al-Dura : Enderlin pour une enquête internationale et prêt à se soumettre au détecteur de mensonges".
26/11/07
Le 30 septembre 2000, les téléspectateurs du JT 20 h de France 2 ont la stupeur d’assister, en direct, à ce qu’un journaliste jusque là inconnu, Charles Enderlin, leur décrit comme la mort en direct d’un enfant palestinien de 12 ans, sous les balles de l’armée israélienne.
On apprendra plus tard que la scène, qui dure moins d’une minute, a été tournée par le caméraman palestinien de France 2 à Gaza, Talal Abu Rahma. Elle est accompagnée du bref commentaire suivant du dit Enderlin - qui n’était pas présent sur les lieux :
« 15 heures, tout vient de basculer près de l’implantation de Netzarim dans la bande de Gaza... Ici, Jamal et son fils Mohammed sont la cible de tirs venus de la position israélienne. Mohammed a 12 ans, son père tente de le protéger. Il fait des signes, mais une nouvelle rafale : Mohammed est mort et son père, gravement blessé ».
Dès le lendemain (1er octobre 2000), le porte-parole de Tsahal lui-même reconnaît que l’enfant a été la victime collatérale de tirs croisés, et exprime ses regrets. Il est désavoué par d’autres militaires de haut rang. C’est la confusion. Rapidement, les premiers doutes commencent à se faire jour, mais personne, alors, n’imagine l’incendie de violence que va causer ce document qui, chose peu commune, sera distribué gracieusement aux chaînes du monde entier par France Télévisions.
En octobre 2000, deux civils, l’ingénieur Josef Doriel et le physicien Nahum Shahaf, chargés par le général Samia, commandant en chef de la région sud, d’enquêter sur l’incident, parviennent à la conclusion que l’épisode a été mis en scène et que l’enfant a été tué par des Palestiniens tirant de la position Pita, qu’ils occupaient, juste en face de l’enfant et de son père recroquevillés derrière un baril de béton. Doriel est limogé pour avoir fait part de sa théorie à des journalistes – qui n’y accorderont d’ailleurs aucun crédit.
Par la suite, des enquêteurs indépendants s’efforcent de mettre au jour la vérité des faits. Sans minimiser le rôle important des commentateurs postérieurs, tels le professeur Richard Landes, la journaliste et écrivaine, Nidra Poller, et d’autres, ni le zèle militant que déploieront des personnes privées combatives, tel Philippe Karsenty - convaincues qu’il y a mise en scène et soucieuses de blanchir l’armée d’Israël de l’accusation immonde de « tueuse d’enfants » -, trois personnages-clé vont jouer un rôle de premier plan : le physicien israélien Nahum Shahaf, la cinéaste allemande Esther Shapira, et le psychanalyste et écrivain français, Gérard Huber.
Dès octobre 2000, Shahaf (1) est en possession de rushes de Reuters, AP et France 2. En avril 2001, Esther Shapira réalise son film, au cours duquel elle interviewe les principaux protagonistes, dont, le caméraman palestinien, Talal Abu Rahma, qui s’empètre dans ses mensonges et ses invraisemblances. A la même époque, Gérard Huber, qui contre-expertise tous les éléments du dossier, convainc Stéphane Juffa (Metula News Agency) du bien fondé de la théorie de la mise en scène palestinienne, dont ils vérifient les éléments avec Shahaf. En outre, Huber apprend que Talal Abu Rahma a démenti son témoignage fait sous serment, à Gaza, en octobre 2000. En novembre 2002, Juffa produit une vidéo (2), dans laquelle sont intégrés des rushes collectés par Shahaf et des extraits du film d’E. Shapira, d’où il ressort que la prétendue mort de M. al-Dura est une mise en scène, selon les termes de Gérard Huber qui, durant tous ces mois, travaille à son livre, Contre-expertise d’une mise en scène, qui sort en janvier 2003 (3). Entre autres arguments à l’appui de leurs accusations, ces experts soulignent l’invraisemblance que constitue l’absence de traces de blessures par balles et de sang sur les corps et les vêtements des victimes prétendument mitraillées.
Mais ces enquêtes, même étayées de preuves aussi sérieuses, ne peuvent avoir d’impact que si elles retiennent l’attention de la presse et des décideurs politiques. Dès lors, des clivages vont apparaître, qui séparent, voire opposent les collaborateurs d’hier. La tendance ’dure’ l’emporte rapidement. Il faut alerter la presse, faire pression sur l’opinion afin que la diabolisation mortelle dont a été victime Israël soit dénoncée pour ce qu’elle est : une imposture. Au tournant de 2004, la presse française semble prête à relever le défi. Contactés par Luc Rosenzweig, ancien Rédacteur en Chef au Monde, deux journalistes connus, Denis Jeambar, alors directeur de L’Express, et Daniel Leconte, producteur de télévision, prennent connaissance de la fameuse vidéo de la Ména, et sont plus qu’intrigués. Ils font part de leur trouble à la direction de France 2, qui leur propose de visionner les rushes filmés par Talal Abu Rahma. Mais la chose s’ébruite, des imprudences sont commises et les deux journalistes ont le sentiment qu’on cherche à les manipuler. Convaincus des mensonges de Charles Enderlin et des inconsistances des scènes, visiblement jouées, ils ne peuvent, pour autant, adhérer aux thèses extrêmes accusant la chaîne nationale et ses journalistes d’avoir participé, au moins passivement, à la diffusion d’un faux, par sympathie pour la cause palestinienne. Jeambar et Leconte, jettent le gant. La médiatisation dont rêvaient les défenseurs de l’honneur d’Israël n’aura pas lieu.
Dès lors, les sites et les blogues communautaires juifs prennent le relais. Les accusations à l’encontre de France 2 et de Charles Enderlin se font de plus en plus dures et tranchées. A l’automne 2004, Philippe Karsenty, un jeune homme d’affaires prospère et décidé prend au mot France 2, qui menace de poursuites judiciaires quiconque l’accuse d’avoir diffusé un faux, et met en ligne sur son site, le 22 novembre, un communiqué déclarant que « la société éditrice de Media-Ratings - GETZE S.A. – est prête à répondre devant la justice française de ce qu’elle avance ». Assigné, puis condamné, le 19 octobre 2006, il fait immédiatement appel du jugement. Lors de l’audience du 19 septembre 2007, coup de théâtre : la Cour d’appel exige la communication des rushes, à laquelle France 2 s’était jusqu’à présent opposée de la manière la plus ferme.
La projection publique de ces rushes a lieu le 14 novembre dernier, dans une ambiance houleuse – au moins à l’extérieur de la salle d’audience. La stupeur est grande lorsqu’on apprend qu’au lieu des 27 minutes de rushes, France 2 n’en a fourni que 18, sans apporter de justifications convaincantes à cette différence.
Le jugement sur le fond aura lieu en février 2008. D’ici là, les spéculations vont bon train. Mais surtout, des voix qui n’ont pas été entendues lorsqu’elles mettaient en garde contre l’inadéquation du recours à la justice dans une affaire de cette nature et de ce calibre, commencent à retenir l’attention, comme celle du psychanalyste Gérard Huber, professeur à l’Institut d’Études juives Élie Wiesel, et auteur de Contre-expertise d’une mise en scène (Éditions Raphaël, 2003), dont je reproduis les propos, pour conclure cet article.
« Ma thèse est celle d’une mise en scène palestinienne du simulacre de meurtre de Mohammed Al Dura, qui a produit un effet d’hypnose, au point d’être authentifiée par France 2, puis diffusée gratuitement aux chaînes du monde entier, dans des conditions contraires à la Charte d’éthique de France Télévisions. Depuis, ce que j’ai affirmé a été démontré. Il appartient donc à France 2 d’appliquer cette Charte et d’aller jusqu’au bout de son enquête interne, avant de corriger l’information publiquement et de manière exhaustive.
Mais ce dossier dépasse le cadre strictement audiovisuel, puisque ces images ont relancé la guerre israélo-palestinienne (des milliers de morts) et déclenché une vague antisémite en France et dans le monde, que l’on n’avait jamais vue depuis la fin de la Shoah.
C’est pourquoi, nous nous trouvons devant une alternative : hurler avec les loups qui veulent que cette histoire se termine mal, ou assurer une sortie vers le haut, sur fond de reconnaissance des responsabilités, directes et indirectes, de tous les acteurs (je dis bien tous, sans exception : individus, organisations, Etats) de ce cauchemar médiatico-politique.
Pour ma part, et depuis le début, j’ai opté pour le second terme de l’alternative. C’est pourquoi, j’appelle à la constitution d’une Commission d’enquête internationale. Car seule une telle entité peut obtenir des autorités politiques (Autorité palestinienne, Israël, France, Etats-Unis, ONU, etc.) qu’elles fassent toute la lumière sur cet événement. Il me semble que c’est au Président de la République française de prendre l’initiative de cette Commission (pourquoi pas, lors de la réunion des pays donateurs sur le processus de paix israélo-palestinien, quinze jours après la Conférence d’Annapolis à Paris). La France poursuivra ainsi son combat contre l’antisémitisme et jouera un rôle capital dans la relance du processus de paix au Proche-Orient. »
Si irréaliste que puisse paraître cette initiative, je pense qu’elle mérite d’être tentée, ne serait-ce que parce qu’elle constitue une sortie de crise susceptible de sauvegarder l’honneur des parties en cause (Etat d’Israël, Autorité Palestinienne, Télévision nationale française). Mais elle doit, pour avoir des chances de voir le jour, rallier l’intelligentsia politique, humaniste et culturelle, tant juive que non juive. Je souhaite qu’elle y parvienne.
Menahem Macina
Mohamed ''veut atteindre un soldat assis au sommet d'un char à 60 m de distance. Déterminez [la vitesse] pour que la pierre atteigne le soldat (à une hauteur de 4 m). L'enfant lance la pierre avec une vitesse de 20 m/s. A partir du moment où le soldat voit partir la pierre, combien de temps a-t-il pour l'esquiver ? Un deuxième soldat, en accroupi au sol, réagit en tirant une balle de fusil sur l'enfant. La balle sort du fusil avec une vitesse horizontale de 500 m/s. Quel temps mettra-t-elle pour atteindre Mohammed ?'' La direction de ce lycée avait reçu de nombreuses réactions indignées, notamment du collectif Collectif Dialogue & Partage.
Khadafi, Poutine : l'indignation de BHL contre l'Élysée
Tag it:?Cyriel Martin - Rubrique coordonnée par Valérie Peiffer - © Le Point.fr
BHL est en colère. Invité vendredi de Jean-Michel Aphatie sur RTL, le philosophe a fustigé la visite d'État en France du dirigeant libyen Mouammar Khadafi. "C'est honteux et extrêmement choquant", a-t-il estimé, pointant à plusieurs reprises le passé du colonel Khadafi de "financier du terrorisme international" et de "preneur d'otages des infirmières bulgares". "Dans le pays des droits de l'homme, il y a là quelque chose qui ne passe pas", a jugé Bernard-Henri Lévy, particulièrement amer quant au moment choisi par le chef de l'État pour recevoir le dirigeant libyen.
"Que Nicolas et Cécilia Sarkozy aient libéré les infirmères bulgares, c'est magnifique. Qu'un homme ait droit à sa rédemption, comme dit monsieur Lévitte [le conseiller diplomatique de l'Élysée, ndlr], naturellement. Mais pas comme ça, pas si vite, pas quelques semaines après ce braquage diplomatique qu'était l'affaire des infirmières bulgares", a regretté BHL pour qui "un chef d'État est le maître des symboles".
Autre sujet d'énervement du philosophe : les "chaleureuses félicitations" adressées par Nicolas Sarkozy à Vladimir Poutine, au lendemain de sa victoire contestée aux législatives russes. "C'est tellement en retrait par rapport à la campagne de Sarkozy... Quand il était candidat, il était du côté des opprimés, des victimes de la guerre de Tchétchénie, des droits de l'homme, des journalistes assassinés comme Anna Politkovskaïa... Et aujourd'hui, on est l'un des seuls pays avec l'Iran à décrocher notre téléphone pour féliciter Poutine !"
Affaire al-Dura : Pour une sortie de crise digne et consensuelle, Menahem Macina
06/12/2007
Le présent article a été écrit le 26 novembre. Si je ne l’ai pas mis en ligne avant ce jour, c’est qu’il était destiné à une revue juive qui me l’avait demandé. Pour des raisons qui appartiennent au responsable éditorial de ce média, il n’est pas paru. J’ignore pourquoi. Si je le mets en ligne aujourd’hui, c’est que l’idée du psychanalyste Gérard Huber, sur laquelle se concluait mon article (constituer une commission d’enquête internationale), est désormais émise publiquement par le principal protagoniste de l’affaire al-Dura, Charles Enderlin lui-même (*). J’avoue avoir été sceptique à l’égard de cette idée quand Gérard Huber m’en a fait part, non que je l’eusse trouvée inadéquate ou déconnectée de la réalité, mais parce que je pensais qu’elle ne retiendrait pas l’attention non seulement des décideurs politiques et de France 2 elle-même, mais de la majeure partie des groupes, sites, blogues et personnes, engagés depuis longtemps dans l’effort de blanchir Israël et son armée de l’accusation de sang dont ils ont été et continuent à être la cible. Aujourd’hui, les circonstances, et particulièrement la déclaration de Charles Enderlin, indiquent clairement que c’est la direction à prendre.
(*) Voir : "Al-Dura : Enderlin pour une enquête internationale et prêt à se soumettre au détecteur de mensonges".
26/11/07
Le 30 septembre 2000, les téléspectateurs du JT 20 h de France 2 ont la stupeur d’assister, en direct, à ce qu’un journaliste jusque là inconnu, Charles Enderlin, leur décrit comme la mort en direct d’un enfant palestinien de 12 ans, sous les balles de l’armée israélienne.
On apprendra plus tard que la scène, qui dure moins d’une minute, a été tournée par le caméraman palestinien de France 2 à Gaza, Talal Abu Rahma. Elle est accompagnée du bref commentaire suivant du dit Enderlin - qui n’était pas présent sur les lieux :
« 15 heures, tout vient de basculer près de l’implantation de Netzarim dans la bande de Gaza... Ici, Jamal et son fils Mohammed sont la cible de tirs venus de la position israélienne. Mohammed a 12 ans, son père tente de le protéger. Il fait des signes, mais une nouvelle rafale : Mohammed est mort et son père, gravement blessé ».
Dès le lendemain (1er octobre 2000), le porte-parole de Tsahal lui-même reconnaît que l’enfant a été la victime collatérale de tirs croisés, et exprime ses regrets. Il est désavoué par d’autres militaires de haut rang. C’est la confusion. Rapidement, les premiers doutes commencent à se faire jour, mais personne, alors, n’imagine l’incendie de violence que va causer ce document qui, chose peu commune, sera distribué gracieusement aux chaînes du monde entier par France Télévisions.
En octobre 2000, deux civils, l’ingénieur Josef Doriel et le physicien Nahum Shahaf, chargés par le général Samia, commandant en chef de la région sud, d’enquêter sur l’incident, parviennent à la conclusion que l’épisode a été mis en scène et que l’enfant a été tué par des Palestiniens tirant de la position Pita, qu’ils occupaient, juste en face de l’enfant et de son père recroquevillés derrière un baril de béton. Doriel est limogé pour avoir fait part de sa théorie à des journalistes – qui n’y accorderont d’ailleurs aucun crédit.
Par la suite, des enquêteurs indépendants s’efforcent de mettre au jour la vérité des faits. Sans minimiser le rôle important des commentateurs postérieurs, tels le professeur Richard Landes, la journaliste et écrivaine, Nidra Poller, et d’autres, ni le zèle militant que déploieront des personnes privées combatives, tel Philippe Karsenty - convaincues qu’il y a mise en scène et soucieuses de blanchir l’armée d’Israël de l’accusation immonde de « tueuse d’enfants » -, trois personnages-clé vont jouer un rôle de premier plan : le physicien israélien Nahum Shahaf, la cinéaste allemande Esther Shapira, et le psychanalyste et écrivain français, Gérard Huber.
Dès octobre 2000, Shahaf (1) est en possession de rushes de Reuters, AP et France 2. En avril 2001, Esther Shapira réalise son film, au cours duquel elle interviewe les principaux protagonistes, dont, le caméraman palestinien, Talal Abu Rahma, qui s’empètre dans ses mensonges et ses invraisemblances. A la même époque, Gérard Huber, qui contre-expertise tous les éléments du dossier, convainc Stéphane Juffa (Metula News Agency) du bien fondé de la théorie de la mise en scène palestinienne, dont ils vérifient les éléments avec Shahaf. En outre, Huber apprend que Talal Abu Rahma a démenti son témoignage fait sous serment, à Gaza, en octobre 2000. En novembre 2002, Juffa produit une vidéo (2), dans laquelle sont intégrés des rushes collectés par Shahaf et des extraits du film d’E. Shapira, d’où il ressort que la prétendue mort de M. al-Dura est une mise en scène, selon les termes de Gérard Huber qui, durant tous ces mois, travaille à son livre, Contre-expertise d’une mise en scène, qui sort en janvier 2003 (3). Entre autres arguments à l’appui de leurs accusations, ces experts soulignent l’invraisemblance que constitue l’absence de traces de blessures par balles et de sang sur les corps et les vêtements des victimes prétendument mitraillées.
Mais ces enquêtes, même étayées de preuves aussi sérieuses, ne peuvent avoir d’impact que si elles retiennent l’attention de la presse et des décideurs politiques. Dès lors, des clivages vont apparaître, qui séparent, voire opposent les collaborateurs d’hier. La tendance ’dure’ l’emporte rapidement. Il faut alerter la presse, faire pression sur l’opinion afin que la diabolisation mortelle dont a été victime Israël soit dénoncée pour ce qu’elle est : une imposture. Au tournant de 2004, la presse française semble prête à relever le défi. Contactés par Luc Rosenzweig, ancien Rédacteur en Chef au Monde, deux journalistes connus, Denis Jeambar, alors directeur de L’Express, et Daniel Leconte, producteur de télévision, prennent connaissance de la fameuse vidéo de la Ména, et sont plus qu’intrigués. Ils font part de leur trouble à la direction de France 2, qui leur propose de visionner les rushes filmés par Talal Abu Rahma. Mais la chose s’ébruite, des imprudences sont commises et les deux journalistes ont le sentiment qu’on cherche à les manipuler. Convaincus des mensonges de Charles Enderlin et des inconsistances des scènes, visiblement jouées, ils ne peuvent, pour autant, adhérer aux thèses extrêmes accusant la chaîne nationale et ses journalistes d’avoir participé, au moins passivement, à la diffusion d’un faux, par sympathie pour la cause palestinienne. Jeambar et Leconte, jettent le gant. La médiatisation dont rêvaient les défenseurs de l’honneur d’Israël n’aura pas lieu.
Dès lors, les sites et les blogues communautaires juifs prennent le relais. Les accusations à l’encontre de France 2 et de Charles Enderlin se font de plus en plus dures et tranchées. A l’automne 2004, Philippe Karsenty, un jeune homme d’affaires prospère et décidé prend au mot France 2, qui menace de poursuites judiciaires quiconque l’accuse d’avoir diffusé un faux, et met en ligne sur son site, le 22 novembre, un communiqué déclarant que « la société éditrice de Media-Ratings - GETZE S.A. – est prête à répondre devant la justice française de ce qu’elle avance ». Assigné, puis condamné, le 19 octobre 2006, il fait immédiatement appel du jugement. Lors de l’audience du 19 septembre 2007, coup de théâtre : la Cour d’appel exige la communication des rushes, à laquelle France 2 s’était jusqu’à présent opposée de la manière la plus ferme.
La projection publique de ces rushes a lieu le 14 novembre dernier, dans une ambiance houleuse – au moins à l’extérieur de la salle d’audience. La stupeur est grande lorsqu’on apprend qu’au lieu des 27 minutes de rushes, France 2 n’en a fourni que 18, sans apporter de justifications convaincantes à cette différence.
Le jugement sur le fond aura lieu en février 2008. D’ici là, les spéculations vont bon train. Mais surtout, des voix qui n’ont pas été entendues lorsqu’elles mettaient en garde contre l’inadéquation du recours à la justice dans une affaire de cette nature et de ce calibre, commencent à retenir l’attention, comme celle du psychanalyste Gérard Huber, professeur à l’Institut d’Études juives Élie Wiesel, et auteur de Contre-expertise d’une mise en scène (Éditions Raphaël, 2003), dont je reproduis les propos, pour conclure cet article.
« Ma thèse est celle d’une mise en scène palestinienne du simulacre de meurtre de Mohammed Al Dura, qui a produit un effet d’hypnose, au point d’être authentifiée par France 2, puis diffusée gratuitement aux chaînes du monde entier, dans des conditions contraires à la Charte d’éthique de France Télévisions. Depuis, ce que j’ai affirmé a été démontré. Il appartient donc à France 2 d’appliquer cette Charte et d’aller jusqu’au bout de son enquête interne, avant de corriger l’information publiquement et de manière exhaustive.
Mais ce dossier dépasse le cadre strictement audiovisuel, puisque ces images ont relancé la guerre israélo-palestinienne (des milliers de morts) et déclenché une vague antisémite en France et dans le monde, que l’on n’avait jamais vue depuis la fin de la Shoah.
C’est pourquoi, nous nous trouvons devant une alternative : hurler avec les loups qui veulent que cette histoire se termine mal, ou assurer une sortie vers le haut, sur fond de reconnaissance des responsabilités, directes et indirectes, de tous les acteurs (je dis bien tous, sans exception : individus, organisations, Etats) de ce cauchemar médiatico-politique.
Pour ma part, et depuis le début, j’ai opté pour le second terme de l’alternative. C’est pourquoi, j’appelle à la constitution d’une Commission d’enquête internationale. Car seule une telle entité peut obtenir des autorités politiques (Autorité palestinienne, Israël, France, Etats-Unis, ONU, etc.) qu’elles fassent toute la lumière sur cet événement. Il me semble que c’est au Président de la République française de prendre l’initiative de cette Commission (pourquoi pas, lors de la réunion des pays donateurs sur le processus de paix israélo-palestinien, quinze jours après la Conférence d’Annapolis à Paris). La France poursuivra ainsi son combat contre l’antisémitisme et jouera un rôle capital dans la relance du processus de paix au Proche-Orient. »
Si irréaliste que puisse paraître cette initiative, je pense qu’elle mérite d’être tentée, ne serait-ce que parce qu’elle constitue une sortie de crise susceptible de sauvegarder l’honneur des parties en cause (Etat d’Israël, Autorité Palestinienne, Télévision nationale française). Mais elle doit, pour avoir des chances de voir le jour, rallier l’intelligentsia politique, humaniste et culturelle, tant juive que non juive. Je souhaite qu’elle y parvienne.
Menahem Macina
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