La solidarité gouvernementale mise à mal dans l'affaire Kadhafi
Reuters
Les polémiques redoublent lundi au premier jour de la visite officielle en France de Mouammar Kadhafi, critiquée par des ministres d'ouverture en dépit du rappel à l'ordre du Premier ministre, François Fillon.
La secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, Rama Yade, a mis à mal la solidarité gouvernementale en déclarant dans le Parisien que "la France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort" et que le numéro un libyen "doit comprendre que notre pays n'est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits".
Rama Yade s'est efforcée dans la matinée de recadrer ses propos en soulignant qu'elle n'était pas hostile à la visite de Mouammar Kadhafi mais qu'elle déplorait qu'elle coïncide avec la journée mondiale des droits de l'homme, notamment.
La secrétaire d'Etat a été reçue peu après 10h00 par le président Nicolas Sarkozy à l'Elysée, où elle est restée une vingtaine de minutes, à quelques heures de l'arrivée du numéro un libyen en France. Elle en est repartie sans faire de déclaration.
Pour le député socialiste Pierre Moscovici, qui s'est interrogé sur la solidarité gouvernementale, Rama Yade a d'une certaine manière publiquement giflé le président Nicolas Sarkozy.
Dans les Echos, le Premier ministre, François Fillon, estime que la polémique provoquée par la visite de Mouammar Kadhafi est déplacée". "Il est légitime que la France entretienne des relations d'Etat à Etat dans le respect du droit international", dit-il.
DIPLOMATIE DU "BUSINESS"
Cependant, le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, autre ministre d'ouverture, a dit soutenir sa secrétaire d'Etat même s'il s'est "résigné" à recevoir Mouammar Kadhafi à Paris.
"Je suis résigné à le recevoir. C'était une nécessité (...) parce que militant des droits de l'Homme mais ministre pour l'heure c'est une contradiction que je rencontre tous les jours avec bien des pays", a-t-il expliqué sur France inter.
Concernant les propos de Rama Yade, il a précisé : "Non seulement je la soutiens mais c'est ma secrétaire d'Etat et de temps en temps un ministre des Affaires étrangères envie une secrétaire d'Etat qui peut parler ainsi des droits de l'Homme. C'est son travail."
Le chef de la diplomatie française n'assistera pas au dîner officiel lundi soir à l'Elysée, car il participera à des réunions à Bruxelles. "C'est un heureux hasard", a-t-il dit sur France Inter.
Pour Pierre Moscovici, qui était interrogé sur LCI et a souligné avoir de la sympathie pour ce que dit Rama Yade, "au fond, elle donne une gifle à Nicolas Sarkozy".
"Qu'est-ce que c'est ce pouvoir dans lequel on a des secrétaires d'Etat qui peuvent insulter, bafouer le président de la République ?", a ajouté le député PS, qui préside une commission d'enquête parlementaire sur le rôle joué par la France dans la libération en juillet dernier des infirmières bulgares qui étaient détenues en Libye.
François Bayrou s'est indigné pour sa part que la France déroule "le tapis rouge" sous les pieds d'un homme "qui a commis des actes terroristes parmi les plus horribles de ces dernières décennies (...) un dictateur sanguinaire (responsable) de surcroit de prises d'otages".
Le président du MoDem (Mouvement démocrate) François Bayrou, qui était interrogé au micro de RMC, a estimé que le président Nicolas Sarkozy, en recevant Mouammar Kadhafi en visite officielle, "place la France dans une situation qui est extrêmement troublante, profondément choquante".
"Désormais, la politique étrangère de la France on a l'impression qu'elle est entièrement dirigée par le business (...) au nom du sacro-saint carnet de chèques", a ajouté le dirigeant centriste.
Des contrats commerciaux pour plusieurs milliards d'euros pourraient être signés, notamment dans le domaine militaire, à l'occasion de la visite en France du "Guide" libyen.
Gérard Bon
61% des Français désapprouvent la visite de Mouammar Kadhafi
Reuters
Une majorité des Français (61%) désapprouvent la visite officielle en France de Mouammar Kadhafi, qui débute lundi, à en croire un sondage Ifop pour Paris Match.
En revanche, 38% des personnes interrogées approuvent la venue à Paris du numéro 1 libyen et 1% ne se prononcent pas.
Ce sondage a été effectué du 7 au 8 décembre auprès d'un échantillon de 1010 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Gérard Bon
COMMUNIQUE
DE
L’UNION DES PATRONS ET DES PROFESSIONNELS JUIFS DE FRANCE
Déclarations de Constantine(Algérie)
Le 7 décembre 2007
La rhétorique consistant à dresser un parallèle entre les souffrances infligées au peuple juif durant des siècles par les antisémites de toutes origines et des injustices que le peuple d’Israël pourrait infliger au peuple palestinien n’est pas acceptable.
Avec de telles déclarations, formulées par le Président de la République, lors de son appel de Constantine, M. Nicolas SARKOZY conforte la caricature habituellement médiatisée par les ennemis de l’Etat d’Israël, visant à justifier rétroactivement la Shoah, les victimes d’hier devenant soudain les bourreaux d’aujourd’hui.
L’U.P.J.F. entend exprimer le malaise que lui inspirent ces propos qu’elle condamne, provenant du Chef de l’Etat considéré comme un ami de l’Etat juif et qui comprend la recherche de la Paix des israéliens depuis 60 ans, face à un terrorisme aveugle et à ceux qui appellent à sa destruction.
Ces propos sont infondés sur le plan de l’histoire, injustes sur celui de la morale et dangereux dans le climat de haine à l’encontre du peuple juif en face d’antisémites de plus en plus virulents, dont Mohamed Cherif Abbas, ministre algérien des anciens combattants, s’est fait le porte parole.
Claude BAROUCH . Président.
Mythe et réalité du «processus de paix »
Le roc des refus palestiniens
Lundi 10 décembre 2007
de 9h30 à 18h
Maison du Barreau, 11 place Dauphine, Paris 1er. (Métro: Pont-Neuf, Cité)
Accueil
9h00 - 9h30
Matinée
Introduction
9h30 - 9h45 Shmuel TRIGANO, Vers un nouveau paradigme de la crise du conflit israélo-arabe
La volonté de paix des Palestiniens à l’épreuve de l’expérience
9h45 - 10h15 Jean-Pierre BENSIMON, La quête d’un partenaire pour la paix dans un contexte de guerre asymétrique
10h15 - 10h45 Itamar MARCUS, L’opinion palestinienne face à Israël
10h45 - 11h00 Débat
11h00 - 11h30 Pascale ZONSZAIN, Le tournant politique des Arabes israéliens
11h30 - 12h00 Menahem MILSON, L’opinion arabe face à Israël
12h00 - 12h30 Débat
Après-midi
Le point de vue du chef de l’opposition israélienne
14h30 - 15h00 Benjamin NETANYAHOU
Les enjeux stratégiques
Introduction
15h00 - 15h15 Gilles-William GOLDNADEL Le devoir de responsabilité
15h15 - 15h45 Moshé YAALON Les idées fausses de l’Occident face au conflit du Moyen-Orient
15h45 - 16h00 Débat
16h00 - 16h15 Pause
16h15 - 16h45 Michel GURFINKIEL La perspective américaine
16h45 - 17h15 Yaakov AMIDROR, Un État palestinien : les conséquences stratégiques pour Israël, à la lumière de l’expérience d’Oslo
17h15 - 17h30 Débat
Conclusion
17h30 - 18h00 Gilles-William GOLDNADEL et Shmuel TRIGANO
P
Les intervenants
Yaakov AMIDROR, major-général (de réserve), 36 ans de service dans Tsahal, directeur de programme de l’Institute for Contemporary Affairs, ancien directeur du College de défense nationale de l’armée israélienne, ancien chef du département de recherche et d’évaluation de Tsahal, secrétaire militaire du ministère de la Défense. Actuellement, il est vice-président de l’institut Lander de Jérusalem, dirige l’institut pour les Affaires contemporaines (ICA) du Jerusalem Center for Public Affairs. Parmi ses publications, outre de nombreux articles sur la situation stratégique d’Israël, les livres : Réflexions sur l’armée et la sécurité et Intelligence : théorie et pratique.
Jean-Pierre BENSIMON, professeur de sciences sociales, consultant en organisation, président d’une association dédiée à la défense contre la désinformation, membre du Comité de rédaction de Controverses.
Gilles-William GOLDNADEL, président de « France-Israël », président d’« Avocats sans frontières » et de la « Ligue internationale contre la désinformation ». Auteur d’Une idée certaine de la France, du Nouveau Bréviaire de la haine, des Martyrocrates et de nombreux articles de presse.
Michel GURFINKIEL, écrivain et journaliste, président de l’institut Jean-Jacques Rousseau, correspondant en France de Commentary et Weekly Standard, auteur de Israël, géopolitique d’une paix (1991), La cuisson du homard (2001), Le testament d’Ariel Sharon (2006), à paraître au début 2008 son livre sur l’histoire du sionisme et d’Israël.
Itamar MARCUS, spécialiste de l’analyse du contre-terrorisme, fondateur et directeur de l’Observatoire des médias palestiniens (Palestinian Media Watch). Les travaux de cet institut ont porté à la connaissance du monde entier ce qui se trame dans l’opinon de la société palestinienne. Ses recherches ont porté sur les livres de classe de l’Autorité palestinienne, de la Syrie et de la Jordanie. En 2007, il a présenté les résultats d’une enquête sur les récents manuels de l’Autorité palestinienne.
Menahem MILSON, professeur de littérature arabe à l’université hébraïque, spécialiste de l’antisémitisme et de l’intégrisme dans le monde arabe, auteur notamment de Najib Mahfuz : The Novelist Philosopher of Cairo (1988). Il fut l’aide de camp du président Sadate lors de sa visite à Jérusalem en novembre 1977. Anciennement doyen de la Faculté des Humanités et de l’École internationale Rothberg à l’université hébraïque, il est le cofondateur et le président de l’Institut de recherche sur les médias du Moyen Orient (MEMRI), basé à Washington.
Moshé YAALON, directeur de recherches à l’Institut Adelson pour les études stratégiques du Centre Shalem (Jérusalem). 17e chef d’État major de Tsahal (2002 à 2005), victorieux de la deuxième Intifada, il a été directeur de recherche à l’Institut pour la politique du Proche Orient de Washington (2005) et est actuellement président du Centre de Beit Morasha pour la culture et l’identité juives, président de Shekel, organisation au service des handicapés.
Shmuel TRIGANO, professeur des Universités, président de l’Observatoire du monde juif et directeur de la revue Controverses, parmi ses livres L’idéal démocratique à l’épreuve de la Shoa (1999), L’ébranlement d’Israël, philosophie de l’histoire juive (2002), Les frontières d’Auschwitz, le dérapage du devoir de mémoire (2005).
Pascale ZONSZAIN, journaliste et juriste. Correspondante de plusieurs médias francophones, elle suit depuis 1994 le processus diplomatique israélo-palestinien et ses effets sur la société israélienne.
Renseignements: Alliance France-Israël : tel : 0147207950
contact@france-israel.org
P.A.F. : 15 € - étudiants, chomeurs : 8 €
Le colloque ''Mythes et réalités du processus de paix au Proche-Orient'' se tenant à la maison du Barreau à Paris a été interrompu en accord avec les organisateurs et le bâtonnier du Barreau de Paris. Un individu menaçait de se jeter du toit de l'immeuble si la justice ne libérait pas deux palestiniens en instance d'être jugés à Paris et si le colloque n'était pas suspendu. L'homme a été interpellé par les services de police. Le colloque a repris son cours. (Guysen.International.News)
Vives critiques du Quai d'Orsay à l'encontre de la visite de Kadhafi
LEMONDE.FR avec Reuters et AFP | 10.12.07 | 12h48 • Mis à jour le 10.12.07 | 13h23
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e ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, et la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, Rama Yade, ont vivement critiqué la venue en France de Mouammar Kadhafi, dans des interviews publiés respectivement par La Croix et Le Parisien/Aujourd'hui en France, lundi 10 décembre. Patrick Ollier, président UMP de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, a jugé ces déclarations "inacceptables"
Conséquence des critiques qu'elle a formulées à l'égard de la visite à Paris du leader libyen, Rama Yade a été reçue à l'Elysée lundi matin. Mme Yade est restée au palais présidentiel pendant un peu moins d'une demi-heure. Elle est repartie sans faire de déclaration.
Dans une interview publiée lundi par Parisien/Aujourd'hui en France, Mme Yade se déclarait "dérangée" par la visite de M. Kadhafi à Paris, le jour de l'anniversaire de l'adoption de la déclaration universelle des droits de l'homme, le 10 décembre 1948. "La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort", a-t-elle lancé. Le numéro un libyen "doit comprendre que notre pays n'est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits", prévenait Rama Yade.
RAMA YADE ATTÉNUE SES CRITIQUES
Avant de se rendre à l'Elysée, la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme a modéré ses propos sur l'antenne de France-Info. Rama Yade a cette fois expliqué n'avoir "absolument aucune hostilité vis-à-vis d'une visite du colonel Kadhafi, à partir du moment où il a renoncé à tout programme militaire nucléaire". "Dans ces conditions, il vaut mieux parler avec lui plutôt que de le marginaliser ou de le rejeter aux confins du terrorisme", a-t-elle déclaré. Mais, a-t-elle souligné, "cette visite ne doit pas être considérée comme un chèque en blanc, on doit être sur nos gardes".
Prenant la défense de Mme Yade, le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, a estimé, peu après, que la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme était dans son rôle en critiquant cette visite, tout en plaidant pour le pragmatisme. Sur France-Inter, le ministre des affaires étrangère a expliqué qu'il se trouverait lundi soir pour une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles "par un heureux hasard" et ne pourrait donc pas assister à un dîner prévu à Paris avec le dirigeant libyen.
KOUCHNER : "LA VISITE DE KAHDAFI EST UN ÉPIPHÉNOMÈNE"
Selon M. Kouchner, "la visite de Kadhafi, c'est un épiphénomène qui nous permettra, je l'espère, d'accentuer l'évolution de ce pays, qui rejoint la communauté internationale". Il a toutefois ajouté : "N'oublions rien, surtout pas les victimes, je serai toujours à leurs côtés." Le ministre a encore estimé que la diplomatie française relevait d'une "alchimie très fine" avec une "évolution vers l'efficacité sans oublier les droits de l'homme".
Interpelé sur cette conversion à la "realpolitik", l'ancien "French doctor" a récusé ce "mot germanique violent". M. Kouchner s'est défendu : "C'est le fait que le monde évolue, qu'un homme, Kadhafi, a changé du terrorisme à la coopération contre le terrorisme (...) C'est une diplomatie de l'ouverture que nous pratiquons. Nous surveillerons. Mais qu'il soit ici est un argument supplémentaire pour lui et pour les Libyens."
Auparavant, dans un entretien qu'il a accordé à La Croix et publié lundi, M. Kouchner avait déclaré :"Tous les militants, et donc moi-même, se souviennent que le président libyen fut un pourfendeur professionnel des droits de l'homme et [qu'il] se faisait le prosélyte d'un islam conquérant." Il avait insisté :"Pas question d'oublier le nom des victimes qui lui furent imputées. Pas question d'oublier quoi que ce soit de leurs souffrances", même si "Kadhafi a abandonné les armes de destruction massive et renoncé pour son pays au terrorisme".
Mouammar Kadhafi entame aujourd’hui en France un déplacement de cinq jours critiqué par les socialistes.
C’est Brice Hortefeux, le ministre de l’immigration qui accueillera Mouammar Kadhafi au pavillon d’honneur de l’aéroport d’Orly aujourd’hui à 14 heures. Le dirigeant libyen, qui a prévu de séjourner à Paris jusqu’à samedi, s’installera ensuite à Marigny, la résidence des hôtes étranger du président de la République. Dans le parc de l’élégant hôtel XIX e jouxtant l’Élysée, une tente bédouine a achevé d’être montée ce week-end. Le Guide y recevra ses hôtes.
Dès cet après-midi, il aura un premier entretien avec Nicolas Sarkozy, suivi d’un dîner. Demain, en fin de matinée, il sera reçu à l’Hôtel de Lassay par le président de l’assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP) et rencontrera des parlementaires, notamment Axel Poniatowski (UMP), président de la commission des Affaires étrangères. Une réception jugée «inacceptable» par le chef de file des députés PS, Jean-Marc Ayrault, qui a demandé son annulation et indiqué que son groupe refuserait d’accueillir le dirigeant libyen. Ségolène Royal a, pour sa part, évoqué un accueil «tout simplement odieux. C’est très choquant, c’est même inadmissible».
Kadhafi a considéré «normal que les faibles aient recours au terrorisme», vendredi, en marge du sommet Europe-Afrique de Lisbonne. Hier, dans Le Journal du Dimanche, le socialiste Pierre Moscovici a estimé que la visite en France du colonel Kadhafi «l aisse un vrai malaise». L’ex-ministre des Affaires européennes n’a pas exclu que la commission sur la libération des infirmières bulgares qu’il préside puisse rencontrer Nicolas Sarkozy, «personnage central de cette affaire». En juillet, le chef de l’État s’était rendu à Tripoli, après la libération des soignants bulgares en faveur de laquelle il s’était activement impliqué. Un dénouement qui a ouvert la voie à cette visite à Paris, trente-quatre ans après celle qu’y avait effectuée le jeune Kadhafi, en novembre 1973.
«Recevoir ce n’est passe soumettre»
Demain, il rencontrera des intellectuels à l’hôtel Ritz puis verra des personnalités africaines vivant en France au siège de l’UNESCO, où il prononcera une allocution. Le lendemain, mercredi, toujours au Ritz, Mouammar Kadhafi aura des discussions avec des membres du Medef international puis tiendra son second entretien avec Nicolas Sarkozy. Plus tard dans l’après-midi, le Guide rencontrera des «personnalités féminines éminentes». Jeudi, il doit rencontrer des journalistes. Vendredi, le colonel Kadhafi devrait achever son séjour par la visite du château de Versailles et une «promenade de chasse».
Face aux critiques suscitées par la visite, Nicolas Sarkozy a reçu l’appui de nombreux ténors de la majorité, dont celui, remarqué, de Dominique de Villepin. Pour sa part, Jean-Pierre Raffarin a estimé qu’il fallait accueillir le colonel Kadhafi, ajoutant que «recevoir ce n’est pas se soumettre». «Nous sommes évidemment en désaccord avec de nombreuses expressions et convictions du colonel Kadhafi», a déclaré l’ancien premier ministre sur Radio-J. Mais, a-t-il poursuivi, «les infirmières bulgares, cela vaut bien une visite».
Samedi dernier, Nicolas Sarkozy a chaleureusement serré la main du colonel Kadhafi à l’ouverture du sommet euro-africain. «Je suis très heureux de vous recevoir à Paris», lui a-t-il dit. Plus tard, il a répondu aux détracteurs de la visite, en faisant allusion aux propos antisémites qui avaient précédé sa venue en Algérie, la semaine dernière. «Après avoir été l’homme du lobby juif, je suis l’homme du lobby arabe» en recevant Kadhafi, a raillé le président de la République. Mais «si nous n’accueillons pas des pays qui prennent le chemin de la respectabilité, que devons-nous dire à ceux qui prennent le chemin inverse ?», s’est-il interrogé devant les journalistes.
La secrétaire d’Etat aux droits de l’homme qui estime que «la France n’est pas qu’une balance commerciale», a été reçue à l’Elysée.
Avant la «conversation» que lui a promis François Fillon, Rama Yade a été reçue pendant un peu moins d’une demi-heure à l’Elysée. Aucun détail n’était disponible sur son entrevue, le nom de son interlocuteur ou les propos échangés. De même, Rama Yade n’a fait aucune déclaration au terme de l’entrvue, qui fait suite à la sortie virulente de la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme contre la visite de Kadhafi
Dimanche soirdéjà , depuis l’Argentine, le premier ministre avait tancé les «donneurs de leçons», jugeant «déplacée» cette polémique. Sur France-Info lundi, Rama Yade a assuré être «sur la même longueur d’onde» que le premier ministre, qui, selon elle, s’adresse à l’opposition. «Je suis absolument d’accord avec le premier ministre. On doit parler à tout le monde. Je n’ai pas la même position que l’opposition, qui est opposé par principe à cette visite », a-t-elle déclaré.
Mais sur le fond, Rama Yade n’en démord pas. Sur RTL, elle persiste et signe. «Je ne pense pas qu’on puisse se contenter d’une déclaration de virginité du colonel Kadhafi. C’est comme l’amour, c’est les preuves qui comptent», a-t-elle lancé, ajoutant que se «retrouver avec une journée des droits de l’homme sur les bras, et Kadhafi sur le tarmac d’Orly, c’est un problème». Et de citer les disparus, les condamnés à mort ou encore les familles des victimes de l’attentat de Lockerbie.
Elle a répété que «la France a une identité, des valeurs, des principes » et n’est pas «seulement une balance commerciale». Elle l’avait déjà dit dans les colonnes du Parisien, en ajoutant que «la France n’est pas un paillasson sur lequel un dirigeant peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits». «Jusqu’à présent, je n’ai rien dit par solidarité, parce qu’il faut bien pousser la croissance. Mais au bout d’un moment, il faut bien que j’endosse l’habit» de secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme. Un poste qu’elle n’a pas créé, souligne-t-elle. «Que Kadhafi vienne à Paris, d’accord, mais qu’on lui tienne un discours rigoureux sur la question des droits de l’homme» qui ne sont pas appliqués en Libye, a-t-elle résumé.
Des principes qu’elle affirme être prête à défendre face à face avec le «guide» libyen. Si tout du moins on l’y convie. «Ce n’est pas prévu que je le rencontre, on m’a pas invité… Si je l’étais, je vous assure que j’irais, pour pouvoir lui dire ce que je viens de vous dire», a-t-elle martelé.
Kouchner soutient Yade
Patrick Ollier, président du groupe parlementaire d’amitié franco-libyenne, a estimé sur Europe 1 que le moment était venu «d’aider Kadhadi et pas de le critiquer». Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale, a ajouté sur RTL que, sans «faire table rase du passé», «il vaut toujours mieux parler que s’envoyer des invectives».
Rama Yade a cependant reçu le soutien de son ministre de tutelle, Bernard Kouchner. Sur France Inter, le patron du Quai d’Orsay, a estimé que la secrétaire d’Etat était dans son rôle: «elle est en charge des droits de l’homme, elle le fait». Tout en plaidant pour un certain pragmatisme géopolitique, Bernard Kouchner a ajouté qu’il n’assisterait pas au dîner officiel puisque, «par un heureux hasard», il était retenu pour une réunion à Bruxelles.
François Bayrou, sur RMC, a invité Kouchner et Yade «mettre leurs actes en accord avec leurs paroles», invitation à peine déguisée à démissionner du gouvernement.
Inacceptable pour l'UMP
«Je ne comprends pas que des membres du gouvernement se livrent aux déclarations auxquelles on assiste, que ce soit Mme Rama Yade ou M. Kouchner», a déclaré Patrick Ollier, président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale et également président du groupe parlementaire France-Libye, sur Europe 1. «Je pense qu’il est regrettable que des membres du gouvernement fassent des déclarations qui vont à l’encontre de la politique voulue par Nicolas Sarkozy.» «Je n’ai pas de conseils à donner au président de la République mais ceci est inacceptable, a-t-il poursuivi, et je suis convaincu que le gouvernement et le président feront ce qu’il y a à faire.»
Accéder au forum «Fallait-il dérouler le tapis
Reuters
Les polémiques redoublent lundi au premier jour de la visite officielle en France de Mouammar Kadhafi, critiquée par des ministres d'ouverture en dépit du rappel à l'ordre du Premier ministre, François Fillon.
La secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, Rama Yade, a mis à mal la solidarité gouvernementale en déclarant dans le Parisien que "la France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort" et que le numéro un libyen "doit comprendre que notre pays n'est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits".
Rama Yade s'est efforcée dans la matinée de recadrer ses propos en soulignant qu'elle n'était pas hostile à la visite de Mouammar Kadhafi mais qu'elle déplorait qu'elle coïncide avec la journée mondiale des droits de l'homme, notamment.
La secrétaire d'Etat a été reçue peu après 10h00 par le président Nicolas Sarkozy à l'Elysée, où elle est restée une vingtaine de minutes, à quelques heures de l'arrivée du numéro un libyen en France. Elle en est repartie sans faire de déclaration.
Pour le député socialiste Pierre Moscovici, qui s'est interrogé sur la solidarité gouvernementale, Rama Yade a d'une certaine manière publiquement giflé le président Nicolas Sarkozy.
Dans les Echos, le Premier ministre, François Fillon, estime que la polémique provoquée par la visite de Mouammar Kadhafi est déplacée". "Il est légitime que la France entretienne des relations d'Etat à Etat dans le respect du droit international", dit-il.
DIPLOMATIE DU "BUSINESS"
Cependant, le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, autre ministre d'ouverture, a dit soutenir sa secrétaire d'Etat même s'il s'est "résigné" à recevoir Mouammar Kadhafi à Paris.
"Je suis résigné à le recevoir. C'était une nécessité (...) parce que militant des droits de l'Homme mais ministre pour l'heure c'est une contradiction que je rencontre tous les jours avec bien des pays", a-t-il expliqué sur France inter.
Concernant les propos de Rama Yade, il a précisé : "Non seulement je la soutiens mais c'est ma secrétaire d'Etat et de temps en temps un ministre des Affaires étrangères envie une secrétaire d'Etat qui peut parler ainsi des droits de l'Homme. C'est son travail."
Le chef de la diplomatie française n'assistera pas au dîner officiel lundi soir à l'Elysée, car il participera à des réunions à Bruxelles. "C'est un heureux hasard", a-t-il dit sur France Inter.
Pour Pierre Moscovici, qui était interrogé sur LCI et a souligné avoir de la sympathie pour ce que dit Rama Yade, "au fond, elle donne une gifle à Nicolas Sarkozy".
"Qu'est-ce que c'est ce pouvoir dans lequel on a des secrétaires d'Etat qui peuvent insulter, bafouer le président de la République ?", a ajouté le député PS, qui préside une commission d'enquête parlementaire sur le rôle joué par la France dans la libération en juillet dernier des infirmières bulgares qui étaient détenues en Libye.
François Bayrou s'est indigné pour sa part que la France déroule "le tapis rouge" sous les pieds d'un homme "qui a commis des actes terroristes parmi les plus horribles de ces dernières décennies (...) un dictateur sanguinaire (responsable) de surcroit de prises d'otages".
Le président du MoDem (Mouvement démocrate) François Bayrou, qui était interrogé au micro de RMC, a estimé que le président Nicolas Sarkozy, en recevant Mouammar Kadhafi en visite officielle, "place la France dans une situation qui est extrêmement troublante, profondément choquante".
"Désormais, la politique étrangère de la France on a l'impression qu'elle est entièrement dirigée par le business (...) au nom du sacro-saint carnet de chèques", a ajouté le dirigeant centriste.
Des contrats commerciaux pour plusieurs milliards d'euros pourraient être signés, notamment dans le domaine militaire, à l'occasion de la visite en France du "Guide" libyen.
Gérard Bon
61% des Français désapprouvent la visite de Mouammar Kadhafi
Reuters
Une majorité des Français (61%) désapprouvent la visite officielle en France de Mouammar Kadhafi, qui débute lundi, à en croire un sondage Ifop pour Paris Match.
En revanche, 38% des personnes interrogées approuvent la venue à Paris du numéro 1 libyen et 1% ne se prononcent pas.
Ce sondage a été effectué du 7 au 8 décembre auprès d'un échantillon de 1010 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Gérard Bon
COMMUNIQUE
DE
L’UNION DES PATRONS ET DES PROFESSIONNELS JUIFS DE FRANCE
Déclarations de Constantine(Algérie)
Le 7 décembre 2007
La rhétorique consistant à dresser un parallèle entre les souffrances infligées au peuple juif durant des siècles par les antisémites de toutes origines et des injustices que le peuple d’Israël pourrait infliger au peuple palestinien n’est pas acceptable.
Avec de telles déclarations, formulées par le Président de la République, lors de son appel de Constantine, M. Nicolas SARKOZY conforte la caricature habituellement médiatisée par les ennemis de l’Etat d’Israël, visant à justifier rétroactivement la Shoah, les victimes d’hier devenant soudain les bourreaux d’aujourd’hui.
L’U.P.J.F. entend exprimer le malaise que lui inspirent ces propos qu’elle condamne, provenant du Chef de l’Etat considéré comme un ami de l’Etat juif et qui comprend la recherche de la Paix des israéliens depuis 60 ans, face à un terrorisme aveugle et à ceux qui appellent à sa destruction.
Ces propos sont infondés sur le plan de l’histoire, injustes sur celui de la morale et dangereux dans le climat de haine à l’encontre du peuple juif en face d’antisémites de plus en plus virulents, dont Mohamed Cherif Abbas, ministre algérien des anciens combattants, s’est fait le porte parole.
Claude BAROUCH . Président.
Mythe et réalité du «processus de paix »
Le roc des refus palestiniens
Lundi 10 décembre 2007
de 9h30 à 18h
Maison du Barreau, 11 place Dauphine, Paris 1er. (Métro: Pont-Neuf, Cité)
Accueil
9h00 - 9h30
Matinée
Introduction
9h30 - 9h45 Shmuel TRIGANO, Vers un nouveau paradigme de la crise du conflit israélo-arabe
La volonté de paix des Palestiniens à l’épreuve de l’expérience
9h45 - 10h15 Jean-Pierre BENSIMON, La quête d’un partenaire pour la paix dans un contexte de guerre asymétrique
10h15 - 10h45 Itamar MARCUS, L’opinion palestinienne face à Israël
10h45 - 11h00 Débat
11h00 - 11h30 Pascale ZONSZAIN, Le tournant politique des Arabes israéliens
11h30 - 12h00 Menahem MILSON, L’opinion arabe face à Israël
12h00 - 12h30 Débat
Après-midi
Le point de vue du chef de l’opposition israélienne
14h30 - 15h00 Benjamin NETANYAHOU
Les enjeux stratégiques
Introduction
15h00 - 15h15 Gilles-William GOLDNADEL Le devoir de responsabilité
15h15 - 15h45 Moshé YAALON Les idées fausses de l’Occident face au conflit du Moyen-Orient
15h45 - 16h00 Débat
16h00 - 16h15 Pause
16h15 - 16h45 Michel GURFINKIEL La perspective américaine
16h45 - 17h15 Yaakov AMIDROR, Un État palestinien : les conséquences stratégiques pour Israël, à la lumière de l’expérience d’Oslo
17h15 - 17h30 Débat
Conclusion
17h30 - 18h00 Gilles-William GOLDNADEL et Shmuel TRIGANO
P
Les intervenants
Yaakov AMIDROR, major-général (de réserve), 36 ans de service dans Tsahal, directeur de programme de l’Institute for Contemporary Affairs, ancien directeur du College de défense nationale de l’armée israélienne, ancien chef du département de recherche et d’évaluation de Tsahal, secrétaire militaire du ministère de la Défense. Actuellement, il est vice-président de l’institut Lander de Jérusalem, dirige l’institut pour les Affaires contemporaines (ICA) du Jerusalem Center for Public Affairs. Parmi ses publications, outre de nombreux articles sur la situation stratégique d’Israël, les livres : Réflexions sur l’armée et la sécurité et Intelligence : théorie et pratique.
Jean-Pierre BENSIMON, professeur de sciences sociales, consultant en organisation, président d’une association dédiée à la défense contre la désinformation, membre du Comité de rédaction de Controverses.
Gilles-William GOLDNADEL, président de « France-Israël », président d’« Avocats sans frontières » et de la « Ligue internationale contre la désinformation ». Auteur d’Une idée certaine de la France, du Nouveau Bréviaire de la haine, des Martyrocrates et de nombreux articles de presse.
Michel GURFINKIEL, écrivain et journaliste, président de l’institut Jean-Jacques Rousseau, correspondant en France de Commentary et Weekly Standard, auteur de Israël, géopolitique d’une paix (1991), La cuisson du homard (2001), Le testament d’Ariel Sharon (2006), à paraître au début 2008 son livre sur l’histoire du sionisme et d’Israël.
Itamar MARCUS, spécialiste de l’analyse du contre-terrorisme, fondateur et directeur de l’Observatoire des médias palestiniens (Palestinian Media Watch). Les travaux de cet institut ont porté à la connaissance du monde entier ce qui se trame dans l’opinon de la société palestinienne. Ses recherches ont porté sur les livres de classe de l’Autorité palestinienne, de la Syrie et de la Jordanie. En 2007, il a présenté les résultats d’une enquête sur les récents manuels de l’Autorité palestinienne.
Menahem MILSON, professeur de littérature arabe à l’université hébraïque, spécialiste de l’antisémitisme et de l’intégrisme dans le monde arabe, auteur notamment de Najib Mahfuz : The Novelist Philosopher of Cairo (1988). Il fut l’aide de camp du président Sadate lors de sa visite à Jérusalem en novembre 1977. Anciennement doyen de la Faculté des Humanités et de l’École internationale Rothberg à l’université hébraïque, il est le cofondateur et le président de l’Institut de recherche sur les médias du Moyen Orient (MEMRI), basé à Washington.
Moshé YAALON, directeur de recherches à l’Institut Adelson pour les études stratégiques du Centre Shalem (Jérusalem). 17e chef d’État major de Tsahal (2002 à 2005), victorieux de la deuxième Intifada, il a été directeur de recherche à l’Institut pour la politique du Proche Orient de Washington (2005) et est actuellement président du Centre de Beit Morasha pour la culture et l’identité juives, président de Shekel, organisation au service des handicapés.
Shmuel TRIGANO, professeur des Universités, président de l’Observatoire du monde juif et directeur de la revue Controverses, parmi ses livres L’idéal démocratique à l’épreuve de la Shoa (1999), L’ébranlement d’Israël, philosophie de l’histoire juive (2002), Les frontières d’Auschwitz, le dérapage du devoir de mémoire (2005).
Pascale ZONSZAIN, journaliste et juriste. Correspondante de plusieurs médias francophones, elle suit depuis 1994 le processus diplomatique israélo-palestinien et ses effets sur la société israélienne.
Renseignements: Alliance France-Israël : tel : 0147207950
contact@france-israel.org
P.A.F. : 15 € - étudiants, chomeurs : 8 €
Le colloque ''Mythes et réalités du processus de paix au Proche-Orient'' se tenant à la maison du Barreau à Paris a été interrompu en accord avec les organisateurs et le bâtonnier du Barreau de Paris. Un individu menaçait de se jeter du toit de l'immeuble si la justice ne libérait pas deux palestiniens en instance d'être jugés à Paris et si le colloque n'était pas suspendu. L'homme a été interpellé par les services de police. Le colloque a repris son cours. (Guysen.International.News)
Vives critiques du Quai d'Orsay à l'encontre de la visite de Kadhafi
LEMONDE.FR avec Reuters et AFP | 10.12.07 | 12h48 • Mis à jour le 10.12.07 | 13h23
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e ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, et la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, Rama Yade, ont vivement critiqué la venue en France de Mouammar Kadhafi, dans des interviews publiés respectivement par La Croix et Le Parisien/Aujourd'hui en France, lundi 10 décembre. Patrick Ollier, président UMP de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, a jugé ces déclarations "inacceptables"
Conséquence des critiques qu'elle a formulées à l'égard de la visite à Paris du leader libyen, Rama Yade a été reçue à l'Elysée lundi matin. Mme Yade est restée au palais présidentiel pendant un peu moins d'une demi-heure. Elle est repartie sans faire de déclaration.
Dans une interview publiée lundi par Parisien/Aujourd'hui en France, Mme Yade se déclarait "dérangée" par la visite de M. Kadhafi à Paris, le jour de l'anniversaire de l'adoption de la déclaration universelle des droits de l'homme, le 10 décembre 1948. "La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort", a-t-elle lancé. Le numéro un libyen "doit comprendre que notre pays n'est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits", prévenait Rama Yade.
RAMA YADE ATTÉNUE SES CRITIQUES
Avant de se rendre à l'Elysée, la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme a modéré ses propos sur l'antenne de France-Info. Rama Yade a cette fois expliqué n'avoir "absolument aucune hostilité vis-à-vis d'une visite du colonel Kadhafi, à partir du moment où il a renoncé à tout programme militaire nucléaire". "Dans ces conditions, il vaut mieux parler avec lui plutôt que de le marginaliser ou de le rejeter aux confins du terrorisme", a-t-elle déclaré. Mais, a-t-elle souligné, "cette visite ne doit pas être considérée comme un chèque en blanc, on doit être sur nos gardes".
Prenant la défense de Mme Yade, le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, a estimé, peu après, que la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme était dans son rôle en critiquant cette visite, tout en plaidant pour le pragmatisme. Sur France-Inter, le ministre des affaires étrangère a expliqué qu'il se trouverait lundi soir pour une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles "par un heureux hasard" et ne pourrait donc pas assister à un dîner prévu à Paris avec le dirigeant libyen.
KOUCHNER : "LA VISITE DE KAHDAFI EST UN ÉPIPHÉNOMÈNE"
Selon M. Kouchner, "la visite de Kadhafi, c'est un épiphénomène qui nous permettra, je l'espère, d'accentuer l'évolution de ce pays, qui rejoint la communauté internationale". Il a toutefois ajouté : "N'oublions rien, surtout pas les victimes, je serai toujours à leurs côtés." Le ministre a encore estimé que la diplomatie française relevait d'une "alchimie très fine" avec une "évolution vers l'efficacité sans oublier les droits de l'homme".
Interpelé sur cette conversion à la "realpolitik", l'ancien "French doctor" a récusé ce "mot germanique violent". M. Kouchner s'est défendu : "C'est le fait que le monde évolue, qu'un homme, Kadhafi, a changé du terrorisme à la coopération contre le terrorisme (...) C'est une diplomatie de l'ouverture que nous pratiquons. Nous surveillerons. Mais qu'il soit ici est un argument supplémentaire pour lui et pour les Libyens."
Auparavant, dans un entretien qu'il a accordé à La Croix et publié lundi, M. Kouchner avait déclaré :"Tous les militants, et donc moi-même, se souviennent que le président libyen fut un pourfendeur professionnel des droits de l'homme et [qu'il] se faisait le prosélyte d'un islam conquérant." Il avait insisté :"Pas question d'oublier le nom des victimes qui lui furent imputées. Pas question d'oublier quoi que ce soit de leurs souffrances", même si "Kadhafi a abandonné les armes de destruction massive et renoncé pour son pays au terrorisme".
Mouammar Kadhafi entame aujourd’hui en France un déplacement de cinq jours critiqué par les socialistes.
C’est Brice Hortefeux, le ministre de l’immigration qui accueillera Mouammar Kadhafi au pavillon d’honneur de l’aéroport d’Orly aujourd’hui à 14 heures. Le dirigeant libyen, qui a prévu de séjourner à Paris jusqu’à samedi, s’installera ensuite à Marigny, la résidence des hôtes étranger du président de la République. Dans le parc de l’élégant hôtel XIX e jouxtant l’Élysée, une tente bédouine a achevé d’être montée ce week-end. Le Guide y recevra ses hôtes.
Dès cet après-midi, il aura un premier entretien avec Nicolas Sarkozy, suivi d’un dîner. Demain, en fin de matinée, il sera reçu à l’Hôtel de Lassay par le président de l’assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP) et rencontrera des parlementaires, notamment Axel Poniatowski (UMP), président de la commission des Affaires étrangères. Une réception jugée «inacceptable» par le chef de file des députés PS, Jean-Marc Ayrault, qui a demandé son annulation et indiqué que son groupe refuserait d’accueillir le dirigeant libyen. Ségolène Royal a, pour sa part, évoqué un accueil «tout simplement odieux. C’est très choquant, c’est même inadmissible».
Kadhafi a considéré «normal que les faibles aient recours au terrorisme», vendredi, en marge du sommet Europe-Afrique de Lisbonne. Hier, dans Le Journal du Dimanche, le socialiste Pierre Moscovici a estimé que la visite en France du colonel Kadhafi «l aisse un vrai malaise». L’ex-ministre des Affaires européennes n’a pas exclu que la commission sur la libération des infirmières bulgares qu’il préside puisse rencontrer Nicolas Sarkozy, «personnage central de cette affaire». En juillet, le chef de l’État s’était rendu à Tripoli, après la libération des soignants bulgares en faveur de laquelle il s’était activement impliqué. Un dénouement qui a ouvert la voie à cette visite à Paris, trente-quatre ans après celle qu’y avait effectuée le jeune Kadhafi, en novembre 1973.
«Recevoir ce n’est passe soumettre»
Demain, il rencontrera des intellectuels à l’hôtel Ritz puis verra des personnalités africaines vivant en France au siège de l’UNESCO, où il prononcera une allocution. Le lendemain, mercredi, toujours au Ritz, Mouammar Kadhafi aura des discussions avec des membres du Medef international puis tiendra son second entretien avec Nicolas Sarkozy. Plus tard dans l’après-midi, le Guide rencontrera des «personnalités féminines éminentes». Jeudi, il doit rencontrer des journalistes. Vendredi, le colonel Kadhafi devrait achever son séjour par la visite du château de Versailles et une «promenade de chasse».
Face aux critiques suscitées par la visite, Nicolas Sarkozy a reçu l’appui de nombreux ténors de la majorité, dont celui, remarqué, de Dominique de Villepin. Pour sa part, Jean-Pierre Raffarin a estimé qu’il fallait accueillir le colonel Kadhafi, ajoutant que «recevoir ce n’est pas se soumettre». «Nous sommes évidemment en désaccord avec de nombreuses expressions et convictions du colonel Kadhafi», a déclaré l’ancien premier ministre sur Radio-J. Mais, a-t-il poursuivi, «les infirmières bulgares, cela vaut bien une visite».
Samedi dernier, Nicolas Sarkozy a chaleureusement serré la main du colonel Kadhafi à l’ouverture du sommet euro-africain. «Je suis très heureux de vous recevoir à Paris», lui a-t-il dit. Plus tard, il a répondu aux détracteurs de la visite, en faisant allusion aux propos antisémites qui avaient précédé sa venue en Algérie, la semaine dernière. «Après avoir été l’homme du lobby juif, je suis l’homme du lobby arabe» en recevant Kadhafi, a raillé le président de la République. Mais «si nous n’accueillons pas des pays qui prennent le chemin de la respectabilité, que devons-nous dire à ceux qui prennent le chemin inverse ?», s’est-il interrogé devant les journalistes.
La secrétaire d’Etat aux droits de l’homme qui estime que «la France n’est pas qu’une balance commerciale», a été reçue à l’Elysée.
Avant la «conversation» que lui a promis François Fillon, Rama Yade a été reçue pendant un peu moins d’une demi-heure à l’Elysée. Aucun détail n’était disponible sur son entrevue, le nom de son interlocuteur ou les propos échangés. De même, Rama Yade n’a fait aucune déclaration au terme de l’entrvue, qui fait suite à la sortie virulente de la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme contre la visite de Kadhafi
Dimanche soirdéjà , depuis l’Argentine, le premier ministre avait tancé les «donneurs de leçons», jugeant «déplacée» cette polémique. Sur France-Info lundi, Rama Yade a assuré être «sur la même longueur d’onde» que le premier ministre, qui, selon elle, s’adresse à l’opposition. «Je suis absolument d’accord avec le premier ministre. On doit parler à tout le monde. Je n’ai pas la même position que l’opposition, qui est opposé par principe à cette visite », a-t-elle déclaré.
Mais sur le fond, Rama Yade n’en démord pas. Sur RTL, elle persiste et signe. «Je ne pense pas qu’on puisse se contenter d’une déclaration de virginité du colonel Kadhafi. C’est comme l’amour, c’est les preuves qui comptent», a-t-elle lancé, ajoutant que se «retrouver avec une journée des droits de l’homme sur les bras, et Kadhafi sur le tarmac d’Orly, c’est un problème». Et de citer les disparus, les condamnés à mort ou encore les familles des victimes de l’attentat de Lockerbie.
Elle a répété que «la France a une identité, des valeurs, des principes » et n’est pas «seulement une balance commerciale». Elle l’avait déjà dit dans les colonnes du Parisien, en ajoutant que «la France n’est pas un paillasson sur lequel un dirigeant peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits». «Jusqu’à présent, je n’ai rien dit par solidarité, parce qu’il faut bien pousser la croissance. Mais au bout d’un moment, il faut bien que j’endosse l’habit» de secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme. Un poste qu’elle n’a pas créé, souligne-t-elle. «Que Kadhafi vienne à Paris, d’accord, mais qu’on lui tienne un discours rigoureux sur la question des droits de l’homme» qui ne sont pas appliqués en Libye, a-t-elle résumé.
Des principes qu’elle affirme être prête à défendre face à face avec le «guide» libyen. Si tout du moins on l’y convie. «Ce n’est pas prévu que je le rencontre, on m’a pas invité… Si je l’étais, je vous assure que j’irais, pour pouvoir lui dire ce que je viens de vous dire», a-t-elle martelé.
Kouchner soutient Yade
Patrick Ollier, président du groupe parlementaire d’amitié franco-libyenne, a estimé sur Europe 1 que le moment était venu «d’aider Kadhadi et pas de le critiquer». Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale, a ajouté sur RTL que, sans «faire table rase du passé», «il vaut toujours mieux parler que s’envoyer des invectives».
Rama Yade a cependant reçu le soutien de son ministre de tutelle, Bernard Kouchner. Sur France Inter, le patron du Quai d’Orsay, a estimé que la secrétaire d’Etat était dans son rôle: «elle est en charge des droits de l’homme, elle le fait». Tout en plaidant pour un certain pragmatisme géopolitique, Bernard Kouchner a ajouté qu’il n’assisterait pas au dîner officiel puisque, «par un heureux hasard», il était retenu pour une réunion à Bruxelles.
François Bayrou, sur RMC, a invité Kouchner et Yade «mettre leurs actes en accord avec leurs paroles», invitation à peine déguisée à démissionner du gouvernement.
Inacceptable pour l'UMP
«Je ne comprends pas que des membres du gouvernement se livrent aux déclarations auxquelles on assiste, que ce soit Mme Rama Yade ou M. Kouchner», a déclaré Patrick Ollier, président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale et également président du groupe parlementaire France-Libye, sur Europe 1. «Je pense qu’il est regrettable que des membres du gouvernement fassent des déclarations qui vont à l’encontre de la politique voulue par Nicolas Sarkozy.» «Je n’ai pas de conseils à donner au président de la République mais ceci est inacceptable, a-t-il poursuivi, et je suis convaincu que le gouvernement et le président feront ce qu’il y a à faire.»
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