Sunday, December 16, 2007

coup de sang
Les marchands du temple chassés du Vatican
éric Jozsef (à Rome)
QUOTIDIEN : lundi 17 décembre 2007
«Je ne céderai pas, dès demain matin je retourne avec ma caisse de souvenirs sur la place Saint-Pierre !»Settimio Limentani est furieux, prêt à défier Benoît XVI et la police vaticane. Et avec lui, les dix autres vendeurs ambulants qui ont été sommés, lundi dernier, de quitter les lieux après des décennies de pratique et quatre siècles et demi de tradition. Ceux que l’on appelle les urtisti - «ceux qui heurtent», parce qu’ils bousculaient les pèlerins avec leurs sacs remplis d’objets - sont en effet les héritiers des juifs romains réduits à exercer ces petits métiers (dont la vente d’objets sacrés près des basiliques romaines) par le pape Paul IV qui enferma, en 1555, la communauté dans un ghetto. «Moi, je travaille depuis 1975 à Saint-Pierre ; et avant moi, mon oncle ! S’ils me chassent, c’est la fin. Je n’ai rien d’autre», s’indigne Limentani, 45 ans et père de deux enfants. Chaque jour, il se postait avec ses images pieuses, ses chapelets et ses médailles à la frontière entre l’Italie et le Vatican, au pied de la colonnade du Bernin, dans une sorte de limbe administrative. «Il n’y a jamais eu de vraie réglementation, explique-t-il. Avant 1978, nos caisses étaient parfois séquestrées. Sous Jean Paul II, on nous a laissés tranquilles. Pourquoi tout d’un coup, ce nouveau pape qui parle de famille, de travail et d’honnêteté vient nous mettre à la rue ?» Officiellement, pour le décorum de la place. Certains urtisti menacent de s’enchaîner à Saint-Pierre. Les responsables de la communauté juive veulent eux croire en «une médiation».

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