Friday, December 14, 2007

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Médiatiques Chaque vendredi
Kadhafi vainqueur sur tous les fronts
Par Daniel Schneidermann
QUOTIDIEN : vendredi 14 décembre 2007
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Le show Kadhafi a eu au moins un avantage : pour la première fois, on aura vu Sarkozy immobile, et silencieux. On l’aura soudain découvert tétanisé, écrasé, étrangement terrassé par plus décomplexé que lui. Comme s’il était impossible de lutter contre la longue limousine blanche, contre les extravagances, contre le culot d’acier («mais non, nous n’avons pas du tout évoqué les droits de l’homme, entre amis, on n’aborde pas ces sujets»), contre cette exubérance visuelle. Battus, remisés, banalisés, les Rolex, les Ray Ban, le Fouquet’s, les Clavier, les Reno, les Hallyday, les Macias, le yacht de Bolloré, les joggings à Malte ou à New York, les Tee-shirts made in USA, l’annexion de Brégançon et de la Lanterne, l’augmentation de salaire de 173 %, la villa américaine, les hamburgers avec Bush, le divorce spectacle. Quant à la fringante escouade d’amazones sarkoziennes, les Lagarde, les Dati, les Yade, les Amara, de si bel effet dans les dîners à la Maison Blanche et en couverture de Match, elles auront fait long feu contre leurs sublimes homologues en treillis patrouillant dans le parc de l’Hôtel Marigny.


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Déroute sur tous les fronts. Sur celui de la couleur, par exemple. Car la compétition du 20 heures est aussi une compétition de couleurs. Enfer, grisaille et damnation ! Le joyeux safran du boubou, l’immaculé de la limousine, le scintillement du long cortège, le léopard des treillis, auront ramené le pouvoir français à son éternel gris souris.

Déroute encore dans la guerre des mots. En un sec «nous n’en avons pas parlé»à Pujadas, sous la fameuse tente bédouine, l’homme du désert aura ramené à leur insignifiance bavarde les malheureuses tentatives de justification de la Sarkozie, réalistes et droitdel’hommistes mêlées, qui se succédèrent répétant : il faut l’accompagner, notre dictateur préféré, dans ses efforts, lents, patients, acharnés, méritoires, vers la démocratie et le respect des droits de l’homme. Patatras ! Les voici tous forcés à se transformer en témoins de moralité : mais oui, il en a parlé, Sarkozy, des droits de l’homme. J’ai entendu. J’étais là, juste à côté. Mais non, je vous assure, je n’avais pas dépassé les deux coupes de champagne. Je ne sais pas ce qui a pu se passer. L’interprète, peut-être ?

Promenade en bateau-mouche (avec option fermeture des ponts de Paris par la préfecture), location de l’Assemblée, réquisition du président de la République, annexion du Ritz, du Medef et du Figaro : en louant Paris pendant cinq jours, comme un Disneyland pour soi tout seul, à la Michael Jackson, notre dictateur préféré aura donc, pour la première fois, détraqué le logiciel de la Sarkozie. Ce logiciel était programmé pour la franchise provocante. Et le voici testé dans la configuration de la défensive piteuse.

Eh bien, il y a encore des progrès à faire. Quelle volée de canards ! A tous les étages, c’est courage fuyons. Un jour, il faudra bien les décorer, les courageux.

A MAM, la République reconnaissante, pour avoir poireauté héroïquement à Orly, l’Hôte ayant décidé d’avoir une heure de retard.

A Kouchner et à son chapeau patiemment avalé sous les caméras, dictateur après dictateur, les Droits de l’Homme et l’Ingérence pleins de gratitude.

A Rama Yade, inventeuse de l’objection de conscience chronobiologique («N’importe quand, mais pas aujourd’hui, c’est tout de même la journée des droits de l’homme !»), la médaille du courage intermittent. Piaillements effarouchés, solennelles proclamations de soutien, impératifs engagements d’agenda qui empêchent d’aller faire le baisemain au Grand Bédouin.

La palme revient à Jean-François Copé (président du groupe des députés UMP, et candidat à la présidentielle en 2017), au Grand Journal de Canal +, expliquant que non, malheureusement, il ne pourra assister à la réception à l’Assemblée. A 10 heures, ce jour-là, ça tombe mal, il a justement une réunion de groupe UMP. Il soutient totalement la visite, notez bien. Mais il lui sera impossible de se trouver en haut du tapis rouge. Impossible. J’ai un mot d’excuse de mon groupe politique. Mais vous ne pouvez pas la décaler à 11 heures, votre réunion ? Ah non. Pas du tout. A 11 heures, regardez, c’est marqué ici, j’ai une autre réunion. Il faut comprendre. C’est le jour où nous calons tout le travail de la semaine.

Que restera-t-il du spectacle ? Pas grand-chose, sans doute. Le chapiteau bédouin replié, les questions de retraite et de pouvoir d’achat regagneront la une. La bruyante production de plans de réforme mirobolants reprendra de plus belle. Sans doute le sarkozysme, à coups de couvertures opportunes et de sondages amis, retrouvera-t-il même ses couleurs.

Mais il restera dans les rétines comme une certaine perplexité, et, dans la fresque triomphante, le premier aperçu troublant d’une déroute.




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Prison avec sursis requise contre Le Pen pour négationnisme
14.12.07 | 17h04


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ARIS (Reuters) - Cinq mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende ont été requis par le parquet de Paris contre Jean-Marie Le Pen, jugé pour "apologie de crimes de guerre" et "contestation de crimes contre l'humanité", en raison de propos sur la Seconde Guerre mondiale en 2005.

Le président du Front national était absent du procès. Sa défense a plaidé la relaxe, en expliquant que les propos n'étaient pas une véritable interview mais une discussion à bâtons rompus qui n'avait pas vocation à être publiée.



Le jugement du tribunal correctionnel a été mis en délibéré au 8 février prochain. Il n'encourt aucune inéligibilité.

Jean-Marie Le Pen avait estimé en janvier 2005, dans une interview publiée par l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol, que l'occupation allemande de la France entre 1940 et 1944 n'avait "pas été particulièrement inhumaine, même s'il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550.000 kilomètres carrés".

Il racontait un épisode supposé où la Gestapo avait joué, selon lui, un rôle positif en empêchant un officier allemand de faire fusiller des civils en représailles d'un attentat.

"C'est la Gestapo de Lille, avertie par la SNCF, qui arriva aussitôt à deux voitures pour arrêter le massacre. On pourrait multiplier les anecdotes de ce type", disait Jean-Marie Le Pen.

Le parquet a aussi demandé deux mois de prison avec sursis et 5.000 euros contre le directeur de publication de Rivarol, Marie-Luce Wacquez, et 3.500 euros d'amende contre le journaliste auteur de l'entretien, Jérôme Bourbon.

Les Fils et filles des déportés juifs de France, la Ligue des droits de l'homme, le Mouvement contre le racisme et l'antisémitisme, la commune de Villeneuve d'Ascq sont parties civiles à ce procès, renvoyé deux fois.

L'"apologie de crimes de guerre" a été retenue par le parquet de Paris, la qualification de "contestation de crimes contre l'humanité" a été ensuite défendue par l'association des Fils et filles des déportés juifs de France.

Thierry Lévêque

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