Un manuscrit juif du XIVe présenté à Montpellier
Un manuscrit liturgique du XIVe siècle contenant les prières de la communauté juive de Montpellier au Moyen Age, acquis en juin par cette ville lors d'une vente aux enchères chez Sotheby's à Londres, a été présenté à l'occasion du Nouvel An juif, aux représentants de cette communauté.
"C'est une pièce exceptionnelle, unique", arrachée pour 51.000 euros "à des acheteurs privés étrangers", souligne Mickaël Delafosse, adjoint au maire chargé de la Culture, qui se réjouit que le manuscrit revienne à Montpellier pour "mettre en lumière" une partie de l'histoire de la ville ainsi que "notre mémoire". C'est à la synagogue que la maire de Montpellier, Hélène Mandroux (PS), a fait découvrir mercredi 1er octobre ce livre liturgique ou Mahzor.
Il se présente sous la forme d'un manuscrit de 253 feuillets de parchemin ou de papier - quelques-uns marqués par le temps - enserrés dans une brochure de cuir. Les prières y sont écrites de façon très régulière, à l'encre brune, en dialecte sépharade provençal.
70 piyyutim, des poèmes liturgiques rares
Il contient aussi plus de 70 piyyutim, des poèmes liturgiques rares et souvent uniques, chantés en Espagne, en Languedoc et en Provence. Il n'était utilisé, indique la directrice des Archives municipales Christine Feuillas, qu'à l'occasion de certaines fêtes religieuses dont Rosh Hashana, le Nouvel An juif.
Selon les premières recherches menées sur le manuscrit, la liturgie qui y est développée, est "issue du rite catalan, et présente des parentés avec les rites provençal et comtadin", souligne Christine Feuillas.
Dans un premier temps, ce Mazhor va être restauré puis sera mis à la disposition des chercheurs aux Archives municipales. Par la suite, la Ville ambitionne d'organiser une grande exposition sur la présence juive à Montpellier.
Une présence importante, riche, symbole d'une "tradition de tolérance de la ville" depuis le Moyen Age, explique Mickaël Delafosse.
Une présence juive à Montpellier dès 985"
"Les Juifs ont dû être présents à Montpellier dès la création de la ville, en 985", raconte le directeur de l'Institut Maïmonide, Michaël Iancu.
Leurs rangs vont se gonfler lorsque la dynastie Almohade, prenant pied en Andalousie, ne donnera aux juifs d'Espagne que le choix entre la mort, la conversion ou l'exil, poursuit-il.
A Montpellier, ville déjà célèbre pour son université de médecine, les Juifs qui participaient au foisonnement intellectuel, furent toujours protégés tant que les seigneurs Guilhem, les rois d'Aragon et de Majorque, gouvernèrent la ville. L'histoire de la communauté juive médiévale de Montpellier s'arrêta avec l'expulsion de tous les Juifs du royaume de France en 1394.
De cette époque médiévale, observe Michaël Iancu, reste notamment à Montpellier le bain rituel juif, le mikvé, un des joyaux du patrimoine de la ville et l'un des plus anciens bains rituels d'Europe.
AFP
Photo : Un manuscrit liturgique du XIVe siècle contenant les prières de la communauté juive de Montpellier : 253 feuillets de parchemin ou de papier enserrés dans une brochure de cuir. Les prières y sont écrites de façon très régulière, à l'encre brune, en dialecte sépharade provençal (Guyot/AFP).
L'ex-Tribu Ka inquiète
Par Gaël VAILLANT
leJDD.fr
L'avocat général de la cour d'appel de Paris a requis vendredi six mois ferme envers Kémi Séba, ancien leader de la Tribu Ka, un groupuscule identitaire dissous en 2006, jugé pour avoir reconstitué son organisation. Sa nouvelle structure, le "Mouvement des damnés de l'impérialisme", inquiète la justice, Kémi Séba faisant des alliances tous azimuts. Verdict le 7 novembre prochain.
Kémi Séba a été condamné à deux mois de prison ferme en première instance le 2 septembre dernier. (Reuters)
Sur le même sujet
Les nazillons paradent sur internet
Deux ans après la dissolution de la Tribu Ka pour "incitation à la haine raciale" et "antisémitisme", son leader, Kémi Séba, sera jugé le 7 novembre prochain, par la Cour d'appel de Paris, pour avoir reformé un groupuscule radical qui défend "l'identité noire", vante le rejet du "système" et un antisionisme tendant vers l'antisémitisme. Vendredi après-midi, l'avocat général a requis une peine de six mois d'emprisonnement ferme - il avait été condamné début septembre à deux mois ferme -, alors que l'avocate de Kémi Séba a demandé la relaxe. Selon la loi, il pourrait risquer jusqu'à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende. Depuis leur descente spectaculaire dans le quartier juif de la rue des Rosiers à Paris en mai 2006, celui qui se fait appeler le "fara" (guide) a refondé un collectif à son nom dès 2007: Génération Kémi Séba.
L'objectif affiché est le recrutement: ses forces ne compteraient selon la police que 80 militants - les Kémites -, une armée peu nombreuse pour renverser un système entier. Conscient de devoir élargir son mouvement pour durer, Kémi Séba cherche donc de nouvelles alliances, quitte à modifier son discours. Moins prompt à critiquer les "leucodermes" (blancs), il veut désormais représenter "l'ensemble des opprimés". Aussi a-t-il lancé une nouvelle Tribu Ka en mars dernier, baptisée "Mouvement des damnés de l'impérialisme" (MDI).
Les banlieues, cible privilégiée
Kémi Séba semble avoir voulu placer au centre de cette structure les jeunes des banlieues. Après les violences qui se sont déroulées à Villiers-le-Bel (Val d'Oise) en novembre 2007, il a installé des antennes dans des quartiers "sensibles" franciliens, à Bondy ou Stains (Seine-Saint-Denis) notamment. Pour encadrer l'initiative, des partisans du "fara" ont créé l'association Banlieue antisystème (BAS). Cette jeune organisation a conduit en juin dernier une opération contre la radio Génération 88.2, très appréciée en banlieue parisienne, dénonçant une présence insuffisante du "rap hardcore", considéré comme le "véritable langage des ghettos".
Pour améliorer son image médiatique, Le MDI inonde la blogosphère de vidéos basées sur Dailymotion - dont certaines sont créditées par près de 40 000 visites - et multiplie les éloges à leur leader sur des sites web participatifs. Une cellule spéciale "de contre-propagande", mise en place l'été dernier, reste très active sur tous les forums de discussions, usant des mots-clés "race", "sionisme", "sarkozy"... ou encore "Malcolm X", dont Kémi Séba se prétend être le descendant spirituel français.
Liaisons dangereuses
Pour se positionner en rassembleur, Kémi Séba a fait évoluer ses discours. Converti à la religion musulmane en juillet dernier, il entretiendrait des contacts avec le Conseil islamique de France - sorte de pendant extrémiste du Conseil français du Culte musulman - et loue les mérites du Hamas et du Hezbollah: "On a besoin de mouvements d'insurrection (en France)", a-t-il déclaré en août dernier devant des jeunes de Montargis (Loiret) et Luc Bronner, qui suit les agissements du "fara" pour Le Monde. Cette conversion express à un islamisme radical peut servir les idées antisémites de Kémi Séba, mais le place en porte-à-faux face à une partie de ses sympathisants. Ses contacts avec l'extrême-droite pourraient être compromis.
Les Kémites veulent en fait parvenir à lier sous leur bannière différentes idéologies racistes. Ainsi, le MDI a organisé une inquiétante manifestation contre la présence des troupes françaises à l'étranger. En effet, à cette occasion, Kémi Séba s'est rapproché le 8 mai dernier de la "Droite socialiste". Un mois plus tard, les membres de ce groupuscule "nationaliste-socialiste", qui semble une référence à la doctrine néonazie, étaient mis en examen pour avoir participé à une fusillade dans un lycée de Saint-Michel-sur-Orge (Essonne). En septembre, le MDI a passé la vitesse supérieure en créant des branches panafricaines et panarabes, qui devront "prendre des contacts avec d'autres mouvements insurrectionnels". Mais le système que se construit Kémi Séba pourrait être de nouveau freiné par la justice. Risquant trois ans de prison ferme maximum, le leader du MDI devra attendre le 7 novembre prochain pour être fixé sur son sort.
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Quand un rabbin réhabilite Pie XII, prétendu "pape d'Hitler"
Par koz | Blogueur | 02/10/2008 | 11H55
« Pape d'Hitler” proclamait (et titrait) John Cornwell. “Juste parmi les Nations » répond le rabbin David Dalin. L'ignorance encourage la tiédeur: David Dalin y remédie. Et si son espoir que l'on reconnaisse à Pie XII le titre de « Juste parmi les Nations » -pour le cinquantenaire de sa mort- sera vraisemblablement déçu, on peut espérer au moins un frémissement de réhabilitation.
David Dalin engage le débat sans attendre, en questionnant les intentions des contempteurs de Pie XII. Il relève que les auteurs des ouvrages les plus virulents contre Pie XII se trouvent être souvent aussi les auteurs d'ouvrages anti-catholiques et/ou farouchement opposés aux positions de l'Eglise sur nombre de sujets de société, de sorte que leurs charges contre Pie XII ne paraissent pas « exclusivement” motivées par le souci scrupuleux de l'historien pour la vérité, mais “également » par la volonté de mettre à mal l'autorité morale dont pourrait bénéficier l'Eglise.
Pour David Dalin, il y a là une véritable instrumentalisation de la Shoah, et « quels que soient leur sentiment vis-à-vis du catholicisme, les juifs ont le devoir de rejeter toute polémique qui s'approprie la Shoah pour l'utiliser dans une guerre des progressistes contre l'Eglise catholique. »
Et David Dalin multiplie les références aux auteurs juifs qui rejettent cette instrumentalisation : Cecil Roth, Pinchas Lapide, Livia Rothkirchen, Joseph L. Lichten, Jeno Levai, Michael Tagliacozzo, Richard Breitman ou encore Sir Martin Gilbert...
Répliquant au « Pape d'Hitler », l'un des premiers chapitres évoque un Pape « ami des Juifs ». Pour ce faire, Dalin tord le cou aux mauvais procédés de Cornwell, comme la traduction trompeuse de la « Lettre de Munich » de 1919, dans laquelle le futur Pie XII rend compte d'une entrevue entre un évêque et le gouvernement révolutionnaire local. Traduttore tradittore : cela est particulièrement vrai de Cornwell qui utilise l'expression « le reste » (pour désigner les juifs présents) au lieu de “les premiers”, “bande’ au lieu de ‘groupe” et, encore, « populace » au lieu de “groupe”... Même la couverture de son ouvrage est pour le moins trompeuse. On croit y voir le Pape sortant d'une visite à Hitler… alors qu'il n'a jamais rencontré Adolf Hitler, et que la photo est tirée d'une visite du nonce apostolique Pacelli à Hindenburg, en 1927!
Eugenio Pacelli fut, au contraire, le premier pape qui, dans sa jeunesse, ait participé à un repas de sabbat chez des juifs, et le rédacteur, pour Pie XI, de la célèbre encyclique Mit Brennender Sorge, condamnant en 1937 le nazisme :
« Quiconque exalte la race, ou le peuple, ou l'Etat, ou une forme particulière d'Etat, ou les dépositaires du pouvoir (...) perturbe et pervertit un ordre du monde prévu et créé par Dieu; il est loin de la vraie foi en Dieu et de la conception de la vie que la foi célèbre. »
Secrétaire d'Etat, le Cardinal Pacelli envoya, le 4 avril 1933, une lettre au nonce à Berlin lui demandant d'avertir le régime hitlérien de ne pas persécuter les juifs, ce qui constitue la toute première initiative du Saint-Siège vis-à-vis du régime nazi !
A lui seul, un document article écrit le 13 mars 1940 par le correspondant au Vatican du New York Times, cité par Dalin mérite une attention toute particulière car il met à mal la thèse d'un antisémitisme de Pie XII, celle de son silence, de son inaction et d'une ignorance du monde à l'égard de ces actions.
Au cours d'une entrevue entre Von Ribbentrop et Pie XII, le premier fustigea l'attitude du Saint-Siège, qui se mettait du côté des Alliés. Pie XII réplique en lisant une liste d'atrocités commises par les allemands. Et le New York Times rapporte ceci :
« It was also learned today for the first time that the Pontiff, in the burning words he spoke to Herr Von Ribbentropp, about religious persecution, also came to the defense of the Jews in Germany and Poland ( »Nous avons aussi appris aujourd'hui pour la première fois que parmi les propos acerbes qu'il a tenu à Herr Von Ribbentropp à propos de la persécution religieuse, il a aussi été question de la défense des juifs en Allemagne et en Pologne)
C'est le tout début du conflit et le monde ne peut ignorer la position de Pie XII s'il se rapporte à titre, en lettres capitales : LES DROITS DES JUIFS DEFENDUS !
Un autre document, moins connu que ses messages de Noël 1941 et 1942, doit être relevé. La toute première encyclique de Pie XII condamnait en effet le racisme et, rappelant Saint Paul - il n'y a plus ni grec ou juif, ni circoncis ou incirconcis; ni barbare ou Scythe, ni esclave ou homme libre : mais le Christ est tout et il est en tous - il proclame l'unité du genre humain. Le New York Times ne s'est pas trompé d'interprétation, en titrant : Le pape condamne les dictateurs, le racisme et ceux qui violent les traités... et un avion allié en largua 88 000 exemplaires au-dessus de l'Allemagne.
Dalin évoque encore le grief fait au Saint-Siège d'avoir conclu un concordat avec l'Allemagne. Il souligne que sa négociation fut engagée à l'initiative du régime allemand, sous une pression policière permanente : 92 prêtres arrêtés, 16 associations perquisitionnées, 9 publications fermées, le tout en seulement 3 semaines. Et l'Histoire souligne encore qu'un concordat n'est pas une alliance : le concordat signé par Pie VII avec Napoléon, ne l'empêcha d'en être un critique virulent... au point que Napoléon l'enleva et le séquestra.
Il dresse un tableau documenté des interventions directes de Pie XII contre les persécutions. Car, s'il ne s'est pas lancé dans des actions publiques irréfléchies à l'encontre de Hitler, Pie XII s'est exprimé énergiquement là où il pensait que sa parole pouvait être efficace : en Italie, évidemment, en Hongrie, Roumanie et Slovaquie. Deux lettres d'octobre et novembre 1940, attestent ainsi de la délivrance d'instructions directes de la main même de Pie XII.
Selon Pinchas Lapide, historien et théologien juif, le rôle de Pie XII a été déterminant pour sauver au minimum 700 000, si ce n'est 860 000 juifs, d'une mort certaine aux mains des nazis. Pour Sir William Gilbert, historien juif de renom, Des centaines de milliers de juifs [ont été] sauvés par l'Eglise catholique, sous la conduite et avec le soutien du pape Pie XII.
A Rome, d'après Michael Tagliacozzo, 477 juifs furent recueillis au Vatican même, 4238 autres trouvèrent refuge dans les nombreux monastères et couvents de Rome et 3.000 autres furent cachés dans la résidence d'été du Pape, à Castel Gandolfo.
Sur la protection des juifs de Roumanie, Mgr Roncalli, délégué apostolique du Saint-Siège à Istanbul et futur Jean XXIII, eu des contacts directs avec le Grand Rabbin de Palestine, Isaac Herzog, qui lui adressa une lettre, le 28 février 1944, pour lui exprimer sa gratitude pour les mesures énergiques que vous avez prises et prendrez encore afin de sauver notre malheureux peuple. En cela, vous suivez la tradition, si profondément humaine, du Saint-Siège, et l'inclination des nobles sentiments de votre propre cœur
En Slovaquie, Léon Poliakov établit que c'est à la pression exercée par le Vatican sur Mgr Tiso, chef de l'Etat fantoche slovaque, que l'on doit attribuer l'arrêt des déportations de juifs en Slovaquie, l'été 1942, et, par conséquence, la survie de près de 25% des juifs slovaques. D'après Poliakov, « il n'y a aucun doute que des instructions secrètes ont émané du Vatican pour conseiller vivement aux églises nationales d'intervenir en faveur des Juifs par tous les moyens possibles. »
On peut, pour conclure, rappeler que si l'Eglise souhaite exercer un magistère moral spécifique, il est légitime que l'on fasse preuve à son endroit d'une exigence particulière, aussi « humaine, trop humaine » soit-elle. Pour autant, au vu des éléments collectés par Dalin, on reste interdit face aux procès faits au Pape, et à l'Eglise. Car quelle est l'institution, quel est le pays, la diplomatie qui peut faire état d'autant de protestations contre les persécutions des juifs ? Lesquels ont ainsi caché des juifs, ou contribué activement à leur protection ?
Il est ainsi évident que le débat autour de l'attitude de Pie XII n'est que partiellement un débat historique. C'est un débat politique, social et religieux, instrumentalisant Pie XII. Grâce à l'ouverture des archives du Vatican, les années à venir devraient voir d'autres revirements comme celui de John Cornwell qui, à l'occasion de la sortie d'un nouveau livre, a déclaré : « Je dirais maintenant (…) que Pie XII avait une si faible capacité d'action qu'il est impossible de juger les motivations de son silence durant la guerre, alors que Rome était sous la botte de Mussolini et plus tard occupé par les allemands ».
Ce qui est impossible à Cornwell ne doit toutefois pas rebuter les lecteurs soucieux de vérité, à la lumière de ce que rapporte notamment David Dalin. Quant à ses partisans, ils se rassureront en constatant que Cornwell reste en forme... Après Pie XII, son dernier livre est cette fois une attaque en règle contre Jean-Paul II
Un manuscrit liturgique du XIVe siècle contenant les prières de la communauté juive de Montpellier au Moyen Age, acquis en juin par cette ville lors d'une vente aux enchères chez Sotheby's à Londres, a été présenté à l'occasion du Nouvel An juif, aux représentants de cette communauté.
"C'est une pièce exceptionnelle, unique", arrachée pour 51.000 euros "à des acheteurs privés étrangers", souligne Mickaël Delafosse, adjoint au maire chargé de la Culture, qui se réjouit que le manuscrit revienne à Montpellier pour "mettre en lumière" une partie de l'histoire de la ville ainsi que "notre mémoire". C'est à la synagogue que la maire de Montpellier, Hélène Mandroux (PS), a fait découvrir mercredi 1er octobre ce livre liturgique ou Mahzor.
Il se présente sous la forme d'un manuscrit de 253 feuillets de parchemin ou de papier - quelques-uns marqués par le temps - enserrés dans une brochure de cuir. Les prières y sont écrites de façon très régulière, à l'encre brune, en dialecte sépharade provençal.
70 piyyutim, des poèmes liturgiques rares
Il contient aussi plus de 70 piyyutim, des poèmes liturgiques rares et souvent uniques, chantés en Espagne, en Languedoc et en Provence. Il n'était utilisé, indique la directrice des Archives municipales Christine Feuillas, qu'à l'occasion de certaines fêtes religieuses dont Rosh Hashana, le Nouvel An juif.
Selon les premières recherches menées sur le manuscrit, la liturgie qui y est développée, est "issue du rite catalan, et présente des parentés avec les rites provençal et comtadin", souligne Christine Feuillas.
Dans un premier temps, ce Mazhor va être restauré puis sera mis à la disposition des chercheurs aux Archives municipales. Par la suite, la Ville ambitionne d'organiser une grande exposition sur la présence juive à Montpellier.
Une présence importante, riche, symbole d'une "tradition de tolérance de la ville" depuis le Moyen Age, explique Mickaël Delafosse.
Une présence juive à Montpellier dès 985"
"Les Juifs ont dû être présents à Montpellier dès la création de la ville, en 985", raconte le directeur de l'Institut Maïmonide, Michaël Iancu.
Leurs rangs vont se gonfler lorsque la dynastie Almohade, prenant pied en Andalousie, ne donnera aux juifs d'Espagne que le choix entre la mort, la conversion ou l'exil, poursuit-il.
A Montpellier, ville déjà célèbre pour son université de médecine, les Juifs qui participaient au foisonnement intellectuel, furent toujours protégés tant que les seigneurs Guilhem, les rois d'Aragon et de Majorque, gouvernèrent la ville. L'histoire de la communauté juive médiévale de Montpellier s'arrêta avec l'expulsion de tous les Juifs du royaume de France en 1394.
De cette époque médiévale, observe Michaël Iancu, reste notamment à Montpellier le bain rituel juif, le mikvé, un des joyaux du patrimoine de la ville et l'un des plus anciens bains rituels d'Europe.
AFP
Photo : Un manuscrit liturgique du XIVe siècle contenant les prières de la communauté juive de Montpellier : 253 feuillets de parchemin ou de papier enserrés dans une brochure de cuir. Les prières y sont écrites de façon très régulière, à l'encre brune, en dialecte sépharade provençal (Guyot/AFP).
L'ex-Tribu Ka inquiète
Par Gaël VAILLANT
leJDD.fr
L'avocat général de la cour d'appel de Paris a requis vendredi six mois ferme envers Kémi Séba, ancien leader de la Tribu Ka, un groupuscule identitaire dissous en 2006, jugé pour avoir reconstitué son organisation. Sa nouvelle structure, le "Mouvement des damnés de l'impérialisme", inquiète la justice, Kémi Séba faisant des alliances tous azimuts. Verdict le 7 novembre prochain.
Kémi Séba a été condamné à deux mois de prison ferme en première instance le 2 septembre dernier. (Reuters)
Sur le même sujet
Les nazillons paradent sur internet
Deux ans après la dissolution de la Tribu Ka pour "incitation à la haine raciale" et "antisémitisme", son leader, Kémi Séba, sera jugé le 7 novembre prochain, par la Cour d'appel de Paris, pour avoir reformé un groupuscule radical qui défend "l'identité noire", vante le rejet du "système" et un antisionisme tendant vers l'antisémitisme. Vendredi après-midi, l'avocat général a requis une peine de six mois d'emprisonnement ferme - il avait été condamné début septembre à deux mois ferme -, alors que l'avocate de Kémi Séba a demandé la relaxe. Selon la loi, il pourrait risquer jusqu'à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende. Depuis leur descente spectaculaire dans le quartier juif de la rue des Rosiers à Paris en mai 2006, celui qui se fait appeler le "fara" (guide) a refondé un collectif à son nom dès 2007: Génération Kémi Séba.
L'objectif affiché est le recrutement: ses forces ne compteraient selon la police que 80 militants - les Kémites -, une armée peu nombreuse pour renverser un système entier. Conscient de devoir élargir son mouvement pour durer, Kémi Séba cherche donc de nouvelles alliances, quitte à modifier son discours. Moins prompt à critiquer les "leucodermes" (blancs), il veut désormais représenter "l'ensemble des opprimés". Aussi a-t-il lancé une nouvelle Tribu Ka en mars dernier, baptisée "Mouvement des damnés de l'impérialisme" (MDI).
Les banlieues, cible privilégiée
Kémi Séba semble avoir voulu placer au centre de cette structure les jeunes des banlieues. Après les violences qui se sont déroulées à Villiers-le-Bel (Val d'Oise) en novembre 2007, il a installé des antennes dans des quartiers "sensibles" franciliens, à Bondy ou Stains (Seine-Saint-Denis) notamment. Pour encadrer l'initiative, des partisans du "fara" ont créé l'association Banlieue antisystème (BAS). Cette jeune organisation a conduit en juin dernier une opération contre la radio Génération 88.2, très appréciée en banlieue parisienne, dénonçant une présence insuffisante du "rap hardcore", considéré comme le "véritable langage des ghettos".
Pour améliorer son image médiatique, Le MDI inonde la blogosphère de vidéos basées sur Dailymotion - dont certaines sont créditées par près de 40 000 visites - et multiplie les éloges à leur leader sur des sites web participatifs. Une cellule spéciale "de contre-propagande", mise en place l'été dernier, reste très active sur tous les forums de discussions, usant des mots-clés "race", "sionisme", "sarkozy"... ou encore "Malcolm X", dont Kémi Séba se prétend être le descendant spirituel français.
Liaisons dangereuses
Pour se positionner en rassembleur, Kémi Séba a fait évoluer ses discours. Converti à la religion musulmane en juillet dernier, il entretiendrait des contacts avec le Conseil islamique de France - sorte de pendant extrémiste du Conseil français du Culte musulman - et loue les mérites du Hamas et du Hezbollah: "On a besoin de mouvements d'insurrection (en France)", a-t-il déclaré en août dernier devant des jeunes de Montargis (Loiret) et Luc Bronner, qui suit les agissements du "fara" pour Le Monde. Cette conversion express à un islamisme radical peut servir les idées antisémites de Kémi Séba, mais le place en porte-à-faux face à une partie de ses sympathisants. Ses contacts avec l'extrême-droite pourraient être compromis.
Les Kémites veulent en fait parvenir à lier sous leur bannière différentes idéologies racistes. Ainsi, le MDI a organisé une inquiétante manifestation contre la présence des troupes françaises à l'étranger. En effet, à cette occasion, Kémi Séba s'est rapproché le 8 mai dernier de la "Droite socialiste". Un mois plus tard, les membres de ce groupuscule "nationaliste-socialiste", qui semble une référence à la doctrine néonazie, étaient mis en examen pour avoir participé à une fusillade dans un lycée de Saint-Michel-sur-Orge (Essonne). En septembre, le MDI a passé la vitesse supérieure en créant des branches panafricaines et panarabes, qui devront "prendre des contacts avec d'autres mouvements insurrectionnels". Mais le système que se construit Kémi Séba pourrait être de nouveau freiné par la justice. Risquant trois ans de prison ferme maximum, le leader du MDI devra attendre le 7 novembre prochain pour être fixé sur son sort.
Vous aimez le traitement de l’actualité sur leJDD.fr ? Découvrez chaque dimanche, le Journal Du Dimanche en version PDF sur leJDD.fr ou dans un point de vente près de chez vous.
Quand un rabbin réhabilite Pie XII, prétendu "pape d'Hitler"
Par koz | Blogueur | 02/10/2008 | 11H55
« Pape d'Hitler” proclamait (et titrait) John Cornwell. “Juste parmi les Nations » répond le rabbin David Dalin. L'ignorance encourage la tiédeur: David Dalin y remédie. Et si son espoir que l'on reconnaisse à Pie XII le titre de « Juste parmi les Nations » -pour le cinquantenaire de sa mort- sera vraisemblablement déçu, on peut espérer au moins un frémissement de réhabilitation.
David Dalin engage le débat sans attendre, en questionnant les intentions des contempteurs de Pie XII. Il relève que les auteurs des ouvrages les plus virulents contre Pie XII se trouvent être souvent aussi les auteurs d'ouvrages anti-catholiques et/ou farouchement opposés aux positions de l'Eglise sur nombre de sujets de société, de sorte que leurs charges contre Pie XII ne paraissent pas « exclusivement” motivées par le souci scrupuleux de l'historien pour la vérité, mais “également » par la volonté de mettre à mal l'autorité morale dont pourrait bénéficier l'Eglise.
Pour David Dalin, il y a là une véritable instrumentalisation de la Shoah, et « quels que soient leur sentiment vis-à-vis du catholicisme, les juifs ont le devoir de rejeter toute polémique qui s'approprie la Shoah pour l'utiliser dans une guerre des progressistes contre l'Eglise catholique. »
Et David Dalin multiplie les références aux auteurs juifs qui rejettent cette instrumentalisation : Cecil Roth, Pinchas Lapide, Livia Rothkirchen, Joseph L. Lichten, Jeno Levai, Michael Tagliacozzo, Richard Breitman ou encore Sir Martin Gilbert...
Répliquant au « Pape d'Hitler », l'un des premiers chapitres évoque un Pape « ami des Juifs ». Pour ce faire, Dalin tord le cou aux mauvais procédés de Cornwell, comme la traduction trompeuse de la « Lettre de Munich » de 1919, dans laquelle le futur Pie XII rend compte d'une entrevue entre un évêque et le gouvernement révolutionnaire local. Traduttore tradittore : cela est particulièrement vrai de Cornwell qui utilise l'expression « le reste » (pour désigner les juifs présents) au lieu de “les premiers”, “bande’ au lieu de ‘groupe” et, encore, « populace » au lieu de “groupe”... Même la couverture de son ouvrage est pour le moins trompeuse. On croit y voir le Pape sortant d'une visite à Hitler… alors qu'il n'a jamais rencontré Adolf Hitler, et que la photo est tirée d'une visite du nonce apostolique Pacelli à Hindenburg, en 1927!
Eugenio Pacelli fut, au contraire, le premier pape qui, dans sa jeunesse, ait participé à un repas de sabbat chez des juifs, et le rédacteur, pour Pie XI, de la célèbre encyclique Mit Brennender Sorge, condamnant en 1937 le nazisme :
« Quiconque exalte la race, ou le peuple, ou l'Etat, ou une forme particulière d'Etat, ou les dépositaires du pouvoir (...) perturbe et pervertit un ordre du monde prévu et créé par Dieu; il est loin de la vraie foi en Dieu et de la conception de la vie que la foi célèbre. »
Secrétaire d'Etat, le Cardinal Pacelli envoya, le 4 avril 1933, une lettre au nonce à Berlin lui demandant d'avertir le régime hitlérien de ne pas persécuter les juifs, ce qui constitue la toute première initiative du Saint-Siège vis-à-vis du régime nazi !
A lui seul, un document article écrit le 13 mars 1940 par le correspondant au Vatican du New York Times, cité par Dalin mérite une attention toute particulière car il met à mal la thèse d'un antisémitisme de Pie XII, celle de son silence, de son inaction et d'une ignorance du monde à l'égard de ces actions.
Au cours d'une entrevue entre Von Ribbentrop et Pie XII, le premier fustigea l'attitude du Saint-Siège, qui se mettait du côté des Alliés. Pie XII réplique en lisant une liste d'atrocités commises par les allemands. Et le New York Times rapporte ceci :
« It was also learned today for the first time that the Pontiff, in the burning words he spoke to Herr Von Ribbentropp, about religious persecution, also came to the defense of the Jews in Germany and Poland ( »Nous avons aussi appris aujourd'hui pour la première fois que parmi les propos acerbes qu'il a tenu à Herr Von Ribbentropp à propos de la persécution religieuse, il a aussi été question de la défense des juifs en Allemagne et en Pologne)
C'est le tout début du conflit et le monde ne peut ignorer la position de Pie XII s'il se rapporte à titre, en lettres capitales : LES DROITS DES JUIFS DEFENDUS !
Un autre document, moins connu que ses messages de Noël 1941 et 1942, doit être relevé. La toute première encyclique de Pie XII condamnait en effet le racisme et, rappelant Saint Paul - il n'y a plus ni grec ou juif, ni circoncis ou incirconcis; ni barbare ou Scythe, ni esclave ou homme libre : mais le Christ est tout et il est en tous - il proclame l'unité du genre humain. Le New York Times ne s'est pas trompé d'interprétation, en titrant : Le pape condamne les dictateurs, le racisme et ceux qui violent les traités... et un avion allié en largua 88 000 exemplaires au-dessus de l'Allemagne.
Dalin évoque encore le grief fait au Saint-Siège d'avoir conclu un concordat avec l'Allemagne. Il souligne que sa négociation fut engagée à l'initiative du régime allemand, sous une pression policière permanente : 92 prêtres arrêtés, 16 associations perquisitionnées, 9 publications fermées, le tout en seulement 3 semaines. Et l'Histoire souligne encore qu'un concordat n'est pas une alliance : le concordat signé par Pie VII avec Napoléon, ne l'empêcha d'en être un critique virulent... au point que Napoléon l'enleva et le séquestra.
Il dresse un tableau documenté des interventions directes de Pie XII contre les persécutions. Car, s'il ne s'est pas lancé dans des actions publiques irréfléchies à l'encontre de Hitler, Pie XII s'est exprimé énergiquement là où il pensait que sa parole pouvait être efficace : en Italie, évidemment, en Hongrie, Roumanie et Slovaquie. Deux lettres d'octobre et novembre 1940, attestent ainsi de la délivrance d'instructions directes de la main même de Pie XII.
Selon Pinchas Lapide, historien et théologien juif, le rôle de Pie XII a été déterminant pour sauver au minimum 700 000, si ce n'est 860 000 juifs, d'une mort certaine aux mains des nazis. Pour Sir William Gilbert, historien juif de renom, Des centaines de milliers de juifs [ont été] sauvés par l'Eglise catholique, sous la conduite et avec le soutien du pape Pie XII.
A Rome, d'après Michael Tagliacozzo, 477 juifs furent recueillis au Vatican même, 4238 autres trouvèrent refuge dans les nombreux monastères et couvents de Rome et 3.000 autres furent cachés dans la résidence d'été du Pape, à Castel Gandolfo.
Sur la protection des juifs de Roumanie, Mgr Roncalli, délégué apostolique du Saint-Siège à Istanbul et futur Jean XXIII, eu des contacts directs avec le Grand Rabbin de Palestine, Isaac Herzog, qui lui adressa une lettre, le 28 février 1944, pour lui exprimer sa gratitude pour les mesures énergiques que vous avez prises et prendrez encore afin de sauver notre malheureux peuple. En cela, vous suivez la tradition, si profondément humaine, du Saint-Siège, et l'inclination des nobles sentiments de votre propre cœur
En Slovaquie, Léon Poliakov établit que c'est à la pression exercée par le Vatican sur Mgr Tiso, chef de l'Etat fantoche slovaque, que l'on doit attribuer l'arrêt des déportations de juifs en Slovaquie, l'été 1942, et, par conséquence, la survie de près de 25% des juifs slovaques. D'après Poliakov, « il n'y a aucun doute que des instructions secrètes ont émané du Vatican pour conseiller vivement aux églises nationales d'intervenir en faveur des Juifs par tous les moyens possibles. »
On peut, pour conclure, rappeler que si l'Eglise souhaite exercer un magistère moral spécifique, il est légitime que l'on fasse preuve à son endroit d'une exigence particulière, aussi « humaine, trop humaine » soit-elle. Pour autant, au vu des éléments collectés par Dalin, on reste interdit face aux procès faits au Pape, et à l'Eglise. Car quelle est l'institution, quel est le pays, la diplomatie qui peut faire état d'autant de protestations contre les persécutions des juifs ? Lesquels ont ainsi caché des juifs, ou contribué activement à leur protection ?
Il est ainsi évident que le débat autour de l'attitude de Pie XII n'est que partiellement un débat historique. C'est un débat politique, social et religieux, instrumentalisant Pie XII. Grâce à l'ouverture des archives du Vatican, les années à venir devraient voir d'autres revirements comme celui de John Cornwell qui, à l'occasion de la sortie d'un nouveau livre, a déclaré : « Je dirais maintenant (…) que Pie XII avait une si faible capacité d'action qu'il est impossible de juger les motivations de son silence durant la guerre, alors que Rome était sous la botte de Mussolini et plus tard occupé par les allemands ».
Ce qui est impossible à Cornwell ne doit toutefois pas rebuter les lecteurs soucieux de vérité, à la lumière de ce que rapporte notamment David Dalin. Quant à ses partisans, ils se rassureront en constatant que Cornwell reste en forme... Après Pie XII, son dernier livre est cette fois une attaque en règle contre Jean-Paul II
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