L'AFFAIRE GARAUDY
L'affaire Garaudy (23/01/2007)
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L'abbé Pierre a toujours appelé la mort
Soutenir un ami et perdre sa crédibilité
PARIS L'abbé Pierre a toujours affirmé que l'homme politique qu'il admirait entre tous était Mendès-France parce que, s'opposant aux communistes sur le terrain, il avait su garder, parmi eux, de solides amitiés, en souvenir du temps du maquis. L'abbé Pierre voulait suivre son exemple. Et c'est à l'époque où il était député, dans l'immédiat après-guerre, qu'il se lia d'amitié avec Roger Garaudy.
Depuis, Garaudy, connu comme philosophe, a signé des livres qui lui ont valu maintes réprobations. Il se déclare persécuté et il n'en faut pas davantage pour réveiller l'intérêt de l'abbé Pierre.
Saut que, pour l'heure, en 1996, Garaudy, fraîchement converti à l'Islam, publie un ouvrage où il attaque Israël de toutes parts, au point qu'une plainte est déposée contre lui pour négation de crimes contre l'humanité.
À sa demande, son ami l'abbé Pierre intervient, précise qu'il n'a pas lu entièrement l'ouvrage attaqué, mais qu'il est d'accord avec ce qui y est dit de la politique "suicidaire" d'Israël. Il ajoute : "Je crois pouvoir affirmer qu'assimiler les travaux de Garaudy à du révisionnisme et au négationnisme serait une imposture."
L'émotion est indescriptible. L'abbé Pierre ! Lui qui a sauvé tellement de juifs. Personne ne le soupçonne d'être devenu négationniste. On pense surtout qu'à 84 ans, il est gâteux.
Au sein de l'Église, le Comité épiscopal pour les relations avec le judaïsme prend ses distances et déclare, le 29 avril, qu'elle ne peut accepter d'être ainsi compromise par les propos de l'abbé Pierre.
Le 1er mai, l'abbé Pierre est exclu du comité d'honneur de la Ligue Internationale contre le Racisme. Le 14 mai, c'est son propre mouvement, Emmaüs, qui réagit en affirmant que toute caution, d'où qu'elle vienne, apportée aux thèses révisionnistes, lui est intolérable.
Le Conseil représentatif des institutions juives de France se dit consterné.
L'abbé qui parlera, en ces circonstances, d'une des plus grandes épreuves de sa vie, se retirera dans un monastère bénédictin, près de Padoue, en Italie.
À Paris, Mgr Lustiger calmera les esprits par une déclaration en télévision qui est certainement proche de la vérité : "Je pense qu'il se laisse guider par l'amitié, l'affectivité. Je ne pense pas qu'il soit prisonnier d'un antijudaïsme, d'un antisémitisme religieux ou chrétien. Ce qui le commande, c'est le cri du coeur."
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