Wednesday, August 29, 2007

Trois mois de prison ferme pour avoir agressé un jeune juif

Trois mois de prison ferme pour avoir agressé un jeune juif
28.08.07 | 18h39


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n homme de 25 ans a été condamné mardi par le tribunal correctionnel de Paris à neuf mois d'emprisonnement, dont trois mois ferme, pour avoir agressé un jeune homme de confession juive, fin juillet à Paris.

Le tribunal qui a condamné Nizar Ouedrani, incarcéré depuis cinq semaines, a retenu le caractère antisémite de l'agression à l'encontre de Yossef Zekri, 24 ans, présent à l'audience, un bras encore dans le plâtre et coiffé d'une kippa.



Le 21 juillet au soir, selon les dires de la victime, c'est ce même signe d'appartenance religieuse qui avait provoqué l'agression commise à l'aide d'un composant métallique d'aspirateur et assortie de l'insulte "sale juif" plusieurs fois répétée.

Yossef Zekri traversait une rue du XIXe arrondissement accompagné de son beau-frère également en tenue orthodoxe et d'un enfant de trois ans, en direction d'une synagogue voisine, lorsque M. Ouedrani, au volant d'une voiture, a klaxonné pour qu'ils accélèrent le pas.

C'est le geste de M. Zekri demandant au conducteur de se calmer qui aurait été l'élément déclencheur de "violences extrêmement graves", selon les termes de la vice-procureure, Danièle Mirabel. M. Ouedrani est alors descendu de son véhicule pour en venir aux mains avec M. Zekri.

"Au départ on a un automobiliste au comportement de chauffard puis ça a très vite ça dégénéré et il a été jusqu'à prononcer des mots ignobles", a déclaré Mme Mirabel, avant de requérir un an de prison assorti pour partie du sursis.

Dans son réquisitoire elle s'est appuyée sur la déposition "particulièrement précise" d'un témoin ayant décrit l'attitude agressive de M. Ouedrani mais a aussi estimé qu'il fallait reconnaître que ce gérant n'avait jusqu'alors jamais eu affaire à la justice.

A l'issue de l'audience les avocats des parties civiles, dont celui de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), se sont dits satisfaits par le jugement.

De son côté, Sammy Ghozlan, responsable du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme, s'est dit "satisfait" de ce jugement "exemplaire et dissuasif", dans une déclaration à l'AFP.

Saturday, August 25, 2007

Hungarian extreme right to swear in guards despite Jewish protests

Hungarian extreme right to swear in guards despite Jewish protests

By DPA

A controversial new Hungarian extreme-right national guard, condemned by Jewish organizations and the Hungarian
government, Saturday prepared to swear in its members in Budapest.

The creation of the Magyar Garda (Hungarian Guard) by the extreme-right party Jobbik has raised fears in the Jewish community both in Hungary and internationally.



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Several Jewish organizations have asked Hungarian Prime Minister Ferenc Gyurcsany to act against the guard.

Gyurcsany has condemned the group and has asked Chief Prosecutor Tamas Kovacs to be especially vigilant of it to ensure it does not violate the constitution.

"The formation of the Magyar Garda is Hungary's shame," he said Friday.

The Magyar Garda uniform will bear a medieval coat of arms associated with Hungary's Nazi-aligned Arrow Cross party which held power briefly during World War II.

Some 56 members of Jobbik will be inducted during the ceremony at Budapest's Buda Castle, the historic seat of Hungarian royalty. Several organizations have announced counter-demonstrations across the capital city.

While Jobbik has no parliamentary representation, main right wing opposition party Fidesz fought seats in many constituencies with Jobbik's support at the general elections in 2006.

Jobbik members also last year took part in anti-government riots that followed the leak of a tape on which Gyurcsany admitted he had lied about the economy.

The Hungarian Guard says on its website that it was formed because Hungary lacks "physical, mental or spiritual self-defence."

Jobbik leader Gabor Vona said that several hundred people had applied to join the guard, but that he hoped numbers would swell to 1,000 by the end of the year.

Conscripts will carry out physical, spiritual and intellectual training to help maintain public order, preserve Hungarian culture and defend the nation in extraordinary situations, the guard's charter says.

Prior to the creation of the Hungarian Guard, Hungary's Jewish community had been warning that anti-Semitism was once again on the rise.

Around half of the 200,000 Jews living in Budapest prior to the World War II perished during the conflict, many of them sent to concentration camps or lined up on the banks of the Danube and shot.

In total, more than 400,000 Jews were sent to death camps from Hungary in 1944. Much of the butchery was carried out under the direction of the Arrow Cross.

Friday, August 24, 2007

un negationniste autrichien arrêté par la police espagnole

La police espagnole a annoncé avoir appréhendé le révisionniste autrichien Gerd Honsik, qui a été condamné il y a 15 ans de diffuser des idées néo-nazies dans son livre ‘‘Innocenter Hitler’’. Honsik s’est enfui d’Autriche et n’a jamais purgé sa peine. Le ministère autrichien de la Justice a affirmé que Honsik avait fui en Espagne, immédiatement après avoir fait appel à son jugement. Un tribunal espagnol avait refusé d’extrader Honsik, étant donné qu’en Espagne il n’y a pas de loi interdisant le révisionnisme et la diffusion de propagande nazie. Il a fallu un mandat d’arrêt européen pour obtenir son arrestation.

les propos de Mergui critiqués

Les propos du Dr. Joël Mergui, président du Consistoire n'ont pas été appréciés par tout le monde. S'exprimant dans les colonnes du journal "Haaretz", Joël Mergui avait dit, entre autres, que "l'alyah des Juifs de France, particuièrement celle des élites des communautés, ainsi que le lien très fort unissant les Juifs de France à Israël, risquaient à terme d'affaiblir la communauté restée en France" Des président s d'associations et des dirigeants de communauté ont fait part de leur désaccord. Par exemple, Gil Taïeb, adjoint de Joël Mergui, et président de l'association française pour le Bien-être du Soldat israélien, a déclaré que "ce ne sont pas 3.000 Juifs qui font annuellement leur alya, qui risquent de menacer le Judaïsme français, qui est très solide".

Le président du consistoire de Paris s'inquiète des alyas massives vers Israël

Le président du consistoire de Paris s'inquiète des alyas massives vers Israël

15:05 | 23 août, 2007

Dans une interview donnée au Haaretz lundi 20 août, le docteur Joël Mergui, président du consitoire de Paris, a exprimé ses peurs sur les départs massifs de Juifs français vers Israël, qui pourraient, selon lui, affaiblir la communauté juive de Paris.

"Toute l'éducation dans la communauté juive est basée sur les attaches et l'identification à Israël. Je crois que nous avons trop bien réussi notre mission. Nous avons beaucoup travaillé avec les membres de notre communauté qui ont de fortes attaches avec Israël. Les alyas massives dans ce groupe vont priver la communauté parisienne de ses membres les plus assidus", s'inquiète Joël Mergui.

"Environ 600 000 Juifs vivent en France. Seulement un tiers d'entre eux sont en contact régulier avec la communauté et inscrivent leurs enfants dans des écoles juives. Un autre tiers, peu pratiquant, est en passe d'être assimilé. Le dernier tiers est au milieu, sur le fil et nous devons les ramener vers nous", explique-t-il.

Les alyas massives de Français sont "réconfortantes, mais le résultat est que de moins en moins de gens vont à la synagogue à Paris et utilisent les services de notre communauté", poursuit-il.

Environ 3 000 Juifs français font leur alya chaque année.

© Jerusalem Post édition française

Friday, August 10, 2007

lobby juif-radical chic............

Italie: un célèbre prêtre accusé d'abus sexuels dénonce une conspiration
Le prêtre Don Pierino Gelmini, connu en Italie pour sa lutte anti-drogue et mis en cause dans une affaire d'abus sexuels présumés, a dénoncé une conspiration contre l'Eglise de la part de "juges anticléricaux" et d'un "lobby juif-radical chic", selon des propos rapportés par les journaux.
Le porte-parole de Don Gelmini, Alessandro Meluzzi, contacté par l'AFP, a tenu à démentir "toute signification anti-juive" à ses propos, rapportés dimanche matin par les quotidiens Repubblica et Il Corriere della Sera.
Agé de 82 ans, considéré comme un "guide spirituel" pour certains leaders politiques de la droite italienne, dont Silvio Berlusconi, Don Pierino Gelmini a contre-attaqué à l'annonce vendredi par La Stampa qu'il faisait l'objet d'une enquête du parquet de Terni (centre) après des accusations d'abus sexuels d'anciens hôtes de sa communauté.

Source: la-croix.com

La «consonance israélite» réveille le zèle administratif

La «consonance israélite» réveille le zèle administratif
07-08-2007
Pour une carte d’identité, un document religieux est exigé d’une pied-noir en Seine-Saint-Denis.
Elle est encore bouleversée, Brigitte Abitbol. Elle ne comprend pas que pour un banal renouvellement de carte d’identité, le greffier du tribunal d’instance de Montreuil (Seine-Saint-Denis) se soit permis de lui demander, parmi les pièces à fournir, «un acte de [sa] religion». «Parce que vous avez un nom à consonance israélite», a-t-il expliqué. «Ils n’ont pas à demander ce genre de chose ; dans aucun acte administratif on ne doit prouver sa religion», s’indigne-t-elle. Dans l’esprit de cette Française, juive née en 1950 en Algérie, tout se mêle: le décret Crémieux par lequel les juifs d’Algérie se sont vus concéder en 1870 la citoyenneté française ; les lois de Vichy qui les ont déchus de leur nationalité ; de Gaulle qui les a rétablis dans leurs droits; l’indépendance de l’Algérie qui les a contraints au départ ; le rejet anti-pieds-noirs dont ils ont fait l’objet à leur arrivée en France.
Furieuse. Courant juin, Brigitte Abitbol se présente à la mairie de Montreuil pour faire refaire sa carte d’identité. Là, première surprise désagréable, elle apprend que, comme tous les Français nés à l’étranger ou de parents étrangers, elle est astreinte à une procédure spéciale. Depuis 1994, en effet, l’administration exige d’eux un certificat de nationalité. «Déjà, le fait qu’on me demande de prouver ma nationalité m’avait contrariée mais bon, admettons.» Elle s’enquiert alors auprès du greffier du tribunal d’instance, chargé de délivrer ce certificat, des pièces à produire. Une liste imprimée lui est remise : actes de naissance de son père et de sa mère, acte de mariage de ses parents. Une mention manuscrite a été ajoutée : «acte de mariage religieux». Furieuse, Brigitte Abitbol se présente au tribunal d’instance avec les papiers demandés, sauf «l’acte de religion». Entre elle et la «dame de l’accueil», le ton monte. C’est Brigitte Abitbol qui raconte : «La loi c’est la loi, vous fournissez ce qu’on vous demande», lui aurait rétorqué l’agent. «Vichy, c’est fini. Je ne bougerai pas d’ici tant que vous ne m’aurez pas montré le décret qui dit que je dois fournir un acte de religion», répond Brigitte Abitbol. L’agent appelle la police. «Deux gars baraqués arrivent. L’un me dit : Vous [les juifs, ndlr], vous vous sentez toujours persécutés. Vous n’êtes pas les seuls à souffrir. » Lorsque les policiers voient la liste des documents demandés par le tribunal, dont le fameux «acte de mariage religieux», ils s’adoucissent. Le greffier, qui avait refusé jusque-là de se montrer, est convoqué. Il maintient sa demande pour cause de «nom à consonance israélite». «Je ne le fournirai jamais», répond Brigitte Abitbol. «Vous n’aurez pas votre carte d’identité», lui rétorquent les agents de l’administration.

le pape et radio Maryja

Protestations après l'entrevue entre le Pape et un antisémite
10-08-2007
Le Vatican tente de désamorcer les critiques concernant la visite du père polonais Rydzyk, directeur de Radio Maryja.
(De Berlin) Depuis des années, la radio polonaise ultra catholique et nationaliste Radio Maryja, n’a de cesse de tenir des propos antieuropéens et même antisémites. L'audience que le pape Benoît XVI a accordé dimanche à son directeur, le prêtre Tadeusz Rydzyk, soulève une vague de protestations internationales.
Dans une lettre adressée au Saint-Siège, le Congrès juif européen s’est dit choqué par cette audition du pape et a fait part de son émoi auprès du Vatican. "Les propos antisémites de Tadeusz Rydzyk sont toujours retransmis par sa radio", a rapporté le quotidien La Reppublica en citant la lettre de protestation. Benoît XVI avait brièvement reçu le sulfureux ecclésiastique polonais dimanche dernier, en compagnie d’autres pèlerins dans sa résidence d'été de Castel Gandolfo, près de Rome.


Le pape à Radio-Maryja :
le Vatican rassure les juifs
NOUVELOBS.COM | 09.08.2007 | 19:30
10 réactions
Après l'audience de Benoît XVI accordée au père Rydzyk, directeur d'une radio connue pour ses propos antisémites, le Vatican a indiqué que cela ne changeait rien à sa position "sur les rapports entre catholiques et juifs".


Benoît XVI (Sipa)
Le Vatican a assuré que l'audience accordée dimanche par le pape au directeur de Radio-Maryja, station catholique polonaise connue pour ses propos antisémites, ne changeait rien à sa position "sur les rapports entre catholiques et juifs", dans une mise au point inusitée publiée jeudi.
Le service de presse du Vatican a publié ce bref communiqué de mise au point pour répondre à l'émotion provoquée parmi les associations juives par la révélation de cette rencontre entre le père Tadeusz Rydzyk, directeur de la radio connue pour ses diatribes antisémites, et le pape allemand.
"En référence aux demandes d'éclaircissement concernant le 'baisemain' reçu du père Tadeusz Rydzyk à la fin de l'angelus du dimanche 5 août, il est précisé que ce fait n'implique aucun changement de la position bien connue du Saint-Siège sur les rapports entre catholiques et juifs", indique ce texte.
Le journal de Radio-Maryja avait révélé mardi, photo à l'appui, cette rencontre entre Benoît XVI et le père Rydzyk, qui faisait partie d'une délégation de pèlerins polonais, à l'issue de la prière de l'angelus à Castel Gandolfo, la résidence d'été du pape.
Le Congrès juif européen s'est déclaré "choqué" par cette rencontre et "stupéfait que le pape Benoît XVI ait accordé une audience privée et sa bénédiction à un homme et à une institution qui ternissent l'image de l'Eglise polonaise".


"Profondément choqué"


Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) s'est également déclaré "profondément choqué", en soulignant que Radio-Maryja "diffuse depuis de longues années des messages et des stéréotypes antijuifs caricaturaux".
Une source vaticane avait indiqué mardi que le pape recevait à Castel Gandolfo "de nombreuses personnes qui en font la demande et dont on ne sait généralement rien, sauf quand celles-ci font elles-mêmes état de la rencontre".
Selon le communiqué de jeudi, la rencontre entre le directeur de Radio-Maryja et Benoît XVI se serait donc limitée à un simple "baisemain" du premier au second.
Cette mise au point n'a pas mis un terme à la "perplexité" du président de l'assemblée des rabbins italiens Giuseppe Laras.
"Nous ne voulons pas mettre en doute les intentions du pape, mais dans une situation comme celle-ci, il faut aussi tenir compte de la façon dont elle est perçue à l'extérieur", a-t-il commenté à l'agence Ansa.


Messe en latin

Le pape Benoît XVI a réaffirmé à plusieurs reprises l'engagement de son prédécesseur Jean Paul II en faveur d'un rapprochement avec le judaïsme. Durant son voyage en Pologne en mai 2006, il est allé se recueillir au camp d'extermination d'Auschwitz.
Mais les deux années de son pontificat ont été marqués par quelques couacs: le dernier en date début juillet concerne la réhabilitation de la messe ancienne en latin, qui comporte une prière pour la conversion des juifs.
Le précédent remonte à mai dernier, quand le plus proche collaborateur de Benoît XVI, le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d'Etat du Vatican, a publiquement pris la défense de Pie XII, victime selon lui d'une "légende noire".
Pie XII, dont le procès en béatification a récemment franchi une étape décisive, est mis en cause par de nombreux historiens pour son silence face à la Shoah.

Annulez la Conférence des ONG complices de Durban à la recherche d’un soutien pour l’incitation à la Haine"

Annulez la Conférence des ONG complices de Durban à la recherche d’un soutien pour l’incitation à la Haine"
9 août 2007 - Le Centre Simon Wiesenthal au Président du Parlement Européen

Dans une lettre à M. Hans-Gert Pöttering, président du Parlement européen, le directeur pour les relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, M. Shimon Samuels, a fait part de sa grave préoccupation par la Conférence des ONG que le Parlement européen doit accueillir à Bruxelles les 30 et 31 août, "sous l’intitulé fallacieux de Conférence internationale de la société civile de soutien à la paix israélo-palestinienne"


La lettre a souligné que cette conférence "se tiendrait sous les auspices du Réseau de coordination internationale pour la Palestine et le Comité des Nations unies pour les droits imprescriptibles du Peuple palestinien, ce qui implique difficilement équilibre et impartialité". De plus, "ce sont ces mêmes ONG qui ont détourné la Conférence mondiale des Nations Unies contre le Racisme à Durban en 2001 pour en faire un vecteur de haine contre l’Etat d’Israël et les Juifs dans le monde."

M. Samuels a fait remarquer "qu’en tant que président du caucus juif lors des comités préparatoires de Durban en 2001-2002, il avait participé aux sessions de Genève, Strasbourg, Varsovie et Santiago mais avait été exclu de la réunion finale de Téhéran, en violation du statut d’ONG du Centre Wiesenthal et des engagements des Nations unies. Il a poursuivi : "En tant que seul juif élu au Comité de direction du Forum international des ONG de la Conférence mondiale contre le racisme, j’ai d’abord été interdit de parole puis expulsé en même temps qu’injurié comme ’le juif du monde’"

Le Centre a rappelé comment "le paroxysme montait chaque jour : - l’invasion violente de la session du caucus juif, - les banderoles lors de la ’Marche contre le Racisme’ autour du Club juif et de la synagogue de Durban le vendredi soir avec les inscriptions ’Si Hitler avait vécu, il n’y aurait pas eu d’Etat d’Israël’, - les agressions physiques de délégués de jeunes et d’étudiants juifs, - les recueils de caricatures antisémites distribués sous le logo de la Conférence mondiale contre le Racisme, etc."

M. Samuels a souligné que "’Durban’ a été de manière indélébile la manifestation publique la plus extrême de l’antisémitisme depuis l’holocauste et c’est à juste titre que le Haut commissaire pour les droits de l’homme des Nations Unies, Mme Mary Robinson, a rejeté la Déclaration finale et le plan d’action du Forum des ONG."

Le Centre Wiesenthal n’a exprimé aucune surprise que "cette réunion au Parlement européen se tiendra lorsque le premier comité préparatoire à ’Durban II’ (prévu pour 2009) s’achèvera à Genève, où les mêmes propagateurs de haine se préparent à plus de venin encore pour la prochaine étape. Ils viendront à Bruxelles pour obtenir le soutien du Parlement européen et prendre le contrôle des comités préparatoires au nouveau processus de Durban."

La lettre suggérait que, "alors qu’une nouvelle activité diplomatique encourage la modération arabe et les démarches palestino-israéliennes pour résoudre le conflit, la crédibilité de l’Union européenne est en jeu." La Lettre soulignait aussi "la violation des engagements sur la transparence de l’Union européenne et des Nations Unies puisque la liste des intervenants à Bruxelles est enveloppée de secret, bien que l’identité des participants des ONG nous soient tristement connue."

Le Centre a réclamé "l’annulation de cette conférence de la ’société non civile’ qui ternirait le renom du Parlement européen - le législateur européen n’est pas le lieu pour couver la haine, quelle que soit sa cible."

M. Samuels a conclu : "Si le Parlement européen accorde une légitimité à ceux qui veulent imposer des boycotts en contravention avec les traités européens et perpétuer des préjugés, des discriminations, des exclusions et inciter à la haine des Juifs, alors le rôle de l’Union européenne dans le Quartette pour la paix au Proche Orient en serait certainement compromis."

Y a t-il un nouvel antisemitisme Raoul Hilberg

a-t-il un nouvel antisémitisme? Par Raul Hilberg
Par Mouvements 17H40 10/08/2007

L’un des tout derniers entretiens accordés par le grand historien américain avant sa mort. Où il est question du passé de l’antisémitisme, des controverses sur le mot "génocide", du Rwanda et des directions que devrait prendre la recherche sur l’Holocauste.

On sait que, d’après vous, il y a eu trois solutions historiques au "problème juif": la conversion, l’expulsion et, finalement, l’extermination. Pourriez-vous nous expliquer ce que vous entendez par là?

Il s’agit d’un motif sous-jacent sur lequel je suis tombé dès le début de mes recherches. Tout au long de l’Histoire, il est clair que la conversion est un objectif du monde chrétien. Les expulsions commencent à la fin du Moyen Age, quand il apparaît clairement que les juifs ne sont guère désireux de devenir chrétiens. Le thème de la conversion a duré plusieurs centaines d’années en Europe. Vous pouvez remonter jusqu’à Oxford et ça se prolonge jusqu’en 1492 en Espagne, et un peu plus longtemps au Portugal. Pour ce qui est des expulsions, il s’agit donc bien d’un phénomène qui commence à la fin du Moyen Age et au début de l’ère moderne.

Quant à l’idée de la solution finale, d’une solution définitive, c’est une idée spécifiquement nazie. Si vous remontez aux débuts du parti nazi, vous allez voir qu’ils pensent encore en termes d’émigration des juifs. Il y avait un plan baptisé le plan Madagascar, qui avait en fait été imaginé en Pologne et même en France, vu que Madagascar était une possession française, on pensait que tous les juifs pouvaient peut-être être expédiés outre-mer. Donc, cette idée était encore dans l’air du côté du ministre des Affaires étrangères allemand et de toute la hiérarchie nazie, jusqu’à Hitler lui-même. Et ce au moins jusqu’à fin 1940 quand la France s’est rendue. Mais quand les Allemands se sont rendu compte que la guerre n’allait pas prendre fin à l’Ouest comme ils l’espéraient (ils étaient déjà en train de se préparer à attaquer l’Union soviétique), l’idée d’annihiler les juifs émergea sérieusement. La première indication en est une réunion entre Hitler et un groupe de dirigeants du parti en février 1941. À cette époque, le Führer n’avait pas encore pris de décision définitive, mais il était en voie de le faire.

Il y a eu une conférence révisionniste en Iran il y a quelques mois. Jusqu’à quel point les chercheurs et l’opinion en général doivent-ils être préoccupés par la capacité qu’a ce type de révisionnisme d’engendrer de l’antisémitisme?

Ce révisionnisme a commencé dans les années 1960. Il n’a rien de nouveau. J’ai boycotté l’Allemagne pendant un bon bout de temps, mais quand j’ai visité Munich à l’époque, je suis allé acheter un journal allemand de droite dans un kiosque, et j’ai découvert à ma grande stupéfaction que j’étais mentionné en première page en tant que dirigeant sioniste. C’était une sacrée surprise pour moi, mais en plus, le titre de l’article était: "Le mensonge de l’Holocauste". Donc, en Allemagne, dans les années 1960, ce type de croyance avait déjà des adeptes, même si les Allemands auraient été les mieux placés pour savoir ce qu’il en était vraiment. Il y avait aussi un Français qui publiait dès les années 1960. La moitié de son livre m’était consacrée. C’était une publication néo-nazie. À peine "La Destruction des juifs d’Europe" a-t-elle été publiée que je suis devenu la cible de ce genre de groupes.

De mon point de vue, les développements ultérieurs du négationnisme ne sont qu’un phénomène de diffusion très lent, même pas une croissance, une diffusion depuis la France et l’Allemagne vers les Etats-Unis et le Canada, et qui s’est récemment étendue au monde arabe. De toute façon, le monde arabe est extrêmement désorienté face à l’Europe. Ils sont aussi perplexes face à l’Occident que nous le sommes face à eux. Quoi qu’il en soit, la conférence iranienne n’a pas eu un grand succès en Iran même –ils se sont donné beaucoup de peine pour pas grand-chose. Des Iraniens ont d’ailleurs publiquement dénoncé cette conférence. Je ne suis donc pas terriblement préoccupé, même si, à l’époque, en décembre 2006, le gouvernement allemand m’a demandé de participer à une contre-conférence le même jour à Berlin en tant que principal orateur.

Je n’ai pas pour habitude de débattre avec les révisionnistes, et je ne l’ai pas fait non plus lors de la conférence de Berlin. L’essence de mon intervention a été de dire que, oui, l’Holocauste a eu lieu, ce qui est d’ailleurs plus facile à dire qu’à démontrer. Je l’ai démontré, et le public est venu assister à la conférence. Mais les journaux allemands n’ont pratiquement pas couvert l’événement, parce qu’ils n’ont pas pu résister au désir de publier les photos des rabbins qui avaient participé à la conférence iranienne. J’en suis venu à la conclusion, et ce à plusieurs reprises, qu’en ce qui me concerne, je ne suis pas d’accord avec les législations qui interdisent les propos niant la réalité de l’Holocauste. Je ne souhaite pas censurer ce type de discours parce que je pense que, quand vous essayez de faire taire quelqu’un, c’est un signe de faiblesse, pas de force. Alors, oui, je sais, il y a toujours un risque. Dans la vie, rien n’est exempt de risque, mais tout doit être l’objet de décisions rationnelles.

Il y a eu récemment toute une série d’incidents antisémites en Europe qui ont amené certaines personnes à parler d’un nouvel antisémitisme. S’agit-il vraiment de quelque chose que nous devrions prendre au sérieux, ou bien faut-il simplement y voir une continuation de l’antisémitisme traditionnel?

Ce n’est même pas cela. C’est comme ramasser quelques vieux cailloux en provenance du passé et les lancer contre les fenêtres. Je suis suffisamment vieux pour me rappeler ce qu’étaient les effets des attitudes anti-juives. Ici même, à l’université du Vermont, même dans un Etat aussi progressiste, et jusque vers la fin des années 1970, il était impensable d’avoir un juif comme doyen, sans même parler d’un président d’université. Autrement dit, il y avait encore une ségrégation notable aux Etats-Unis. Si vous remontez plus loin dans le temps et que vous lisez n’importe quel numéro du New York Times des années 1930, et même des années 1940, vous allez trouver des annonces pour des appartements à louer à New York qui comportent le terme "restricted". Voilà un quotidien dont les propriétaires étaient juifs et qui publiait des annonces de logement excluant les juifs. C’était là un régime de discrimination anti-juive profondément enraciné, approuvé par la société, mais qui a aujourd’hui disparu. Il a tout simplement disparu.

Nous ne pouvons même pas parler des discriminations contre les juifs dans le monde musulman, puisqu’il n’y a plus de juifs dans le monde musulman. Ils sont tous partis, sauf au Maroc et quelques centaines ou quelques milliers ici ou là, mais ce n’est là qu’un résidu des centaines de milliers qui y vivaient encore quand l’Etat d’Israël a été créé. Alors l’antisémitisme du passé appartient au passé, et en particulier le terme même d’"antisémitisme".
Il y avait jadis un parti antisémite en Allemagne et un autre parti antisémite en Autriche. Quand des types d’extrême droite ont prétendu confisquer les entreprises juives, l’amiral Horthy, chef du régime autoritaire hongrois pendant la Seconde Guerre mondiale, s’y est fermement opposé. Il leur a dit en gros, je paraphrase: "Vous n’avez pas à confisquer ces entreprises parce que les juifs ont au moins le mérite de savoir les gérer, et vous, vous vous prenez pour qui? Et vous n’avez rien à dire, parce que moi, j’étais déjà antisémite avant même que vous soyez nés." Adolf Hitler lui-même déclare dans "Mein Kampf" –que personne ne lit plus– que son père ne se serait pas permis d’être antisémite parce que cela l’aurait dégradé socialement. La sœur de Nietzsche avait épousé un dirigeant antisémite et, dans sa correspondance avec sa sœur, le philosophe y fait constamment référence comme au "mari antisémite". Vous pouvez donc constater que l’adhésion à l’antisémitisme a une connotation plus ou moins rétrograde. C’est un phénomène qui appartient au XIXe siècle avec ses autres "-ismes", avec l’impérialisme, le colonialisme, le racisme. Ça vous paraîtra bizarre, mais les nazis ne s’auto-définissaient pas comme antisémites. Vous ne trouvez même pas le mot chez eux.

Vraiment?

Oui, il y avait le sentiment que le nazisme était quelque chose de nouveau. Les antisémites n’étaient pas allés jusqu’au bout: ils pouvaient bien parler d’éliminer les juifs, mais ils ne savaient pas comment le faire. Les antisémites n’avaient pas le pouvoir, c’étaient de simples propagandistes. Les nazis, eux, étaient sérieux, et là était toute la différence. Quand vous voyez la législation actuelle en Allemagne, en Autriche, et ailleurs, qui définit comme un crime le fait de nier l’existence de l’Holocauste, elle est due au fait que ces gouvernements ont besoin de se démarquer du nazisme. De nos jours, bien entendu, on tend à confondre nazisme et antisémitisme dans une même idéologie, mais il s’agit de deux phénomènes différents. Il y avait en Allemagne une feuille ultra-antisémite publiée par Julius Streicher qui s’appelait Der Stürmer. Un jour on a demandé à un dignitaire nazi –je ne me rappelle plus très bien si c’était Rudolf Höss, le commandant d’Auschwitz, ou un autre responsable–: "Vous avez lu Der Stürmer?" À quoi il a répondu en substance: "Écoutez, je suis lieutenant-colonel de la SS, vous ne m’imaginez tout de même pas en train de lire Der Stürmer." C’était un peu comme lire le pire torchon sensationnaliste aux Etats-Unis. C’était une question de statut social.

Que pensez-vous des usages rhétoriques et symboliques du mot "Holocauste"?

J’ai longtemps résisté à l’usage du mot "Holocauste" en raison de ses connotations religieuses. En fin de compte, comme toutes les expressions routinières, il devient impossible d’y échapper. N’empêche qu’"Holocauste" fait problème sous divers aspects, et l’un de ceux dont on parle le moins, parce que c’est politiquement incorrect, c’est que tout et n’importe quoi devient un holocauste. Un exemple: l’autre jour, je me promenais à Berlin et je vois une pancarte "Holocauste", et des manifestants exhibant des banderoles avec l’inscription "Holocauste, holocauste, holocauste". Je n’arrivais pas à comprendre contre quoi ils protestaient jusqu’au moment et j’ai vu une cage et je me suis rendu compte qu’ils parlaient de la cruauté contre les animaux.

Le mot "génocide" est lui aussi brandi à tout propos et, bien entendu, la Convention sur le génocide en propose une définition qui va au-delà de ce qu’on appelle un "holocauste". Alors si vous séquestrez des enfants pour les obliger à telle ou telle activité, c’est du génocide, si vous consommez de l’opium, c’est du génocide, etc. Vu qu’il s’agit d’une convention internationale, les Grecs y vont de leur grain de sel, les Chinois aussi, et ainsi de suite.

"Holocauste" est un mot constamment dévoyé. Avec une majuscule, il est censé désigner spécifiquement la catastrophe juive, et une fois que vous l’appliquez à toutes sortes de choses, il perd son efficacité. Il y a maintenant des ouvrages qui prétendent que les Arméniens ou les Tziganes n’ont pas vraiment été victimes d’un génocide, alors que tous l’ont été à mon avis, mais c’est dans la logique de ce type de discussion, c’est pratiquement inévitable. A peine la commission présidentielle sur l’Holocauste a-t-elle été créée –par le président Carter, le même qui se fait traiter aujourd’hui d’antisémite [1]– que tout le monde s’est précipité: les Arméniens, bien entendu, les Polonais, les Ukrainiens, les Tchèques. Dès que vous avez recours à des termes comme "Holocauste" et "génocide", vous ouvrez les portes à toutes sortes d’arguties et de problèmes de définition.

Au-delà de la façon dont ces mots sont employés sur le plan symbolique et rhétorique, quelle relation voyez-vous entre l’Holocauste et d’autres génocides contemporains ou historiques? Quelles leçons pouvons-nous en tirer pour affronter le type de violence et de persécution que subissent aujourd’hui certaines populations, que nous considérions ou non qu’il s’agit, au sens sociologique, de génocides?

Je ne sais pas trop quoi penser du Cambodge ou d’autres événements de ce genre, mais le Rwanda m’a convaincu. C’est d’ailleurs pourquoi je l’ai inclus dans la troisième édition de mon livre. Ce qui répond à votre question. À Buchenwald, et peut-être aussi dans d’autres camps, quand la guerre est finie, les détenus ont arboré des banderoles proclamant "Plus jamais". Je crois que c’était une initiative des communistes, mais je n’en suis pas sûr. Des signes qui disaient "Plus jamais" en plusieurs langues, parce que ces camps étaient une véritable tour de Babel. Des millions d’hommes, de femmes et d’enfants avaient été assassinés simplement parce qu’ils étaient classés comme juifs, alors il ne fallait pas que ça se reproduise et c’était la responsabilité de la communauté internationale. Le résultat de cette sensibilité, ça a été la Convention sur le génocide. Le terme génocide a été forgé par Raphael Lemkin, un avocat juif polonais, auparavant spécialiste du terrorisme. Il avait publié en 1944 un livre intitulé "Le règne de l’Axe dans l’Europe occupée". C’est là qu’il a introduit le mot génocide parce qu’il soutenait que la justice avait besoin de définir ce concept comme un crime spécifique. Bien entendu, les Etats-Unis ne voulaient pas signer la Convention sur le génocide parce que le département d’Etat et d’autres organismes officiels nourrissaient des doutes à ce sujet. Une des principales craintes était que les Noirs américains s’appuient sur ce texte pour contester les lois ségrégationnistes. La Convention sur le génocide est un traité, et par conséquent, en vertu de l’article 6 de la Constitution des Etats-Unis, nous ne pouvions pas la signer parce qu’elle aurait prévalu sur les lois sacrées de certains de nos Etats, qui légitimaient la discrimination contre les Noirs. Tel était l’argument, un argument qui a fini par s’effondrer.

Ce qui reste de tout ça aujourd’hui, c’est que le "plus jamais" est implicite. Et pourtant, quand les évènements du Rwanda sont survenus, le Président Clinton a refusé d’appeler génocide ce qui en était vraiment un! Nous prétendons que nous ne tolérerons plus jamais ce genre de choses, mais nous laissons assassiner un demi-million de personnes en trois ou quatre mois au Rwanda. Après la mort de dix Belges, les forces internationales de maintien de la paix ont commencé à se retirer. C’était la même chose qu’en Allemagne, les Hutu ont décidé: maintenant, nous allons résoudre le problème Tutsi comme les Allemands l’ont fait avec les juifs. Il est même clair qu’ils ont pris cette décision plusieurs mois avant le début du massacre, parce qu’ils ont importé des machettes et fait des préparatifs, comme les Allemands. Alors nous y voilà, la communauté internationale toute entière, il n’y a pas de Seconde Guerre mondiale en cours, nous ne pouvons pas prétendre que nous ne pouvons pas bombarder Auschwitz parce que nous avons besoin de tous nos avions sur le front occidental. Ce sont les années 1990, la paix règne, et personne ne fait rien. Bref, autant pour le "plus jamais". Par conséquent, le problème est loin d’avoir disparu. Il y a des décisions à prendre. Quand vous êtes membre du département de la Défense ou du département d’Etat, vous ne pouvez pas anticiper toutes les configurations possibles des évènements, alors il faut réfléchir, et ces gens-là n’ont pas le temps de réfléchir. La réflexion, ils sont censés l’avoir faite avant d’arriver au pouvoir. C’est un problème majeur. Quoi qu’il en soit, c’est la première fois dans l’Histoire qu’existe cette notion de responsabilité planétaire. Je ne dis pas que nous sommes seuls, nous avons des partenaires qui partagent cette notion, qui est vraiment une nouveauté postérieure à la Seconde Guerre mondiale.

Que pensez-vous des débats actuels sur l’interprétation de l’Holocauste et de ses conséquences dans l’œuvre de gens comme Norman Finkelstein [2] ou Daniel Goldhagen [3]?

Finkelstein est maintenant systématiquement calomnié. Il est clair qu’il existe des lobbies qui ont essayé de le délégitimer [4]. Finkelstein est un politologue avec un doctorat obtenu à Princeton, et quoi qu’on pense de Princeton, c’est une excellente préparation pour devenir spécialiste en science politique. Il m’a écrit deux ou trois fois. Il est le premier à avoir pris au sérieux Goldhagen. Il l’a attaqué dans un très long essai que je n’aurais jamais écrit moi-même parce que je n’aurais jamais eu la patience. Goldhagen fait partie d’un groupe universitaire travaillant dans le même domaine de recherche que moi avec des résultats que je considère comme désastreux…

Pourquoi?

Parce qu’il a totalement tort sur tout. Totalement tort. Exceptionnellement tort. En d’autres termes, tout son délire sur l’antisémitisme revient à dire qu’il s’agit fondamentalement d’un antisémitisme éliminationniste. C’est complètement absurde. Il parle d’antisémitisme chez les Allemands, les Estoniens, les Ukrainiens, les Lettons et les Lituaniens, mais d’où vient cet antisémitisme spécifiquement éliminationniste? C’est tout simplement complètement absurde. Complètement à côté de la plaque et sans aucune base empirique sérieuse. Finkelstein l’a pris au sérieux, moi un peu moins, mais j’étais un retardataire dans la critique contre Goldhagen. Alors quand il parle des Arabes, certains juifs estiment qu’il est aussi antisioniste, qu’il est anti-israélien, qu’il se préoccupe trop de la souffrance des Arabes. Je ne suis pas d’accord sur ce point avec lui, parce que j’ai ma propre opinion, mais on ne peut pas dire qu’il ait entièrement tort. Vous aimeriez être un citoyen arabe en Israël? Pensez à toutes les portes qui vous seraient fermées. Certes, vous mangerez sans doute mieux et vous aurez un revenu plus élevé que si vous viviez dans un bidonville du Caire. La grande ironie de la chose, c’est que la condition des Arabes israéliens est nettement meilleure que celle du prolétariat de certains autres pays arabes, mais un être humain a besoin d’autre chose, un être humain a besoin d’un sentiment de dignité. Pensez aux postes de contrôle israéliens. C’est là une forme d’existence qui requiert un changement, d’une manière ou d’une autre. Ce combat ne peut pas être mené éternellement. C’est impossible. Les Israéliens finiront par s’en lasser. Ils finiront tout simplement par en avoir assez de vivre dans la méfiance des autres. Ça ne peut pas continuer éternellement. Sur ce sujet, Finkelstein possède le noyau d’une vision correcte du problème parce qu’il est très perspicace. Il a eu raison plus souvent qu’à son tour.

Une dernière question. Alors que nous avançons dans le XXIe siècle, quelle direction les recherches sur l’Holocauste devraient-elles emprunter?

Bon, si vous m’aviez posé cette question au début, j’aurais mis une demi-heure à répondre. À juste titre, la recherche est désormais orientée vers l’identification des détails, en particulier tout ce qui s’est passé au niveau local. Il existe déjà des travaux dans ce sens. Ce type de recherche n’est pas très développé aux Etats-Unis, mais est déjà assez avancé en Europe. Les principaux spécialistes de l’Holocauste aujourd’hui sont des Allemands et des Autrichiens. Il y a aussi quelques Français et Italiens. Aux Etats-Unis, il n’y a pas beaucoup de chercheurs qui méritent d’être mentionnés.

Une deuxième ligne de recherche devrait être l’investigation des aspects encore tabous de ces évènements. Prenons par exemple la vie quotidienne d’une communauté juive agonisant dans un ghetto: certains ont été les premiers à être éliminés, d’autres sont morts dans une deuxième phase, d’autres encore furent les dernières victimes et, finalement, il y a aussi eu des survivants. Quelle est la logique de ces différentes phases? Eh bien les premiers à mourir furent les plus pauvres des pauvres. C’est une question qu’il nous faut affronter. Du point de vue scientifique, il n’est pas question de confondre toutes les victimes juives dans une même catégorie –de les appeler toutess "Kedoshim" (à savoir les "sanctifiés"), comme je l’ai entendu faire par un rabbin. Ce n’est pas mon langage. Nous ne pouvons pas faire ça. Il nous faut les voir tels qu’ils étaient, et nous n’en sommes pas encore là. Ce que nous avons eu jusqu’à présent, ce sont des sermons. C’est un des points sur lesquels je suis en désaccord avec Élie Wiesel, même si je le connais depuis longtemps. Il nous dit: "Soyez à l’écoute des survivants, et aussi de leurs enfants." Alors je dis oui, nous devons écouter les survivants. Ça fait même pas mal de temps que nous les écoutons, mais cela ne suffit pas. Cela ne nous dit pas ce qui est arrivé à ceux qui n’ont pas survécu. Les survivants ne sont pas un échantillon statistique aléatoire. Cela exige tout un tas de recherches assidues à travers toute une masse d’archives qui gisent dans l’oubli et n’ont pas été examinées.

Enfin, la troisième tâche importante des chercheurs est d’identifier clairement qui étaient les voisins des juifs. Comment vivaient-ils les évènements, à supposer qu’ils aient eu le moindre impact sur eux? Par quoi leurs réactions étaient-elles motivées, qu’il s’agisse de se joindre aux persécuteurs, d’aider les victimes ou, comme c’était le cas la plupart du temps, de rester neutre. Mais la neutralité ne signifie pas qu’on ignore ce qui se passe. C’est simplement la décision de ne rien faire. Il nous faut examiner aussi cela. Bref, il nous faut examiner l’Holocauste sous tous les angles possibles, ce qui signifie faire une grande quantité de recherches au niveau local, parce que c’est au niveau local qu’on trouve les documents pertinents. Par exemple, c’est dans des archives locales que j’ai lu que les Allemands se plaignaient que les Biélorusses ne leur livraient pas une quantité suffisante de céréales parce qu’ils en dérobaient secrètement une partie pour fabriquer d’énormes quantités de vodka. Il faut donc commencer à se poser la question suivante: quel pourcentage de la population se trouvait en état d’ébriété permanente? Toutes ces questions sont extrêmement importantes, et c’est dans cette direction que doit s’orienter la recherche. Ça n’est pas un travail d’amateur, ça ne peut pas être fait par des gens qui ne sont pas formés pour ça, ce n’est pas un travail de philosophes, c’est un travail pour les gens qui connaissent les langues, qui connaissent l’Histoire, qui connaissent la science politique, qui connaissent l’économie, etc. Fondamentalement, des gens biens formés. Aujourd’hui, l’Holocauste n’est plus un sujet pour les amateurs, comme cela a pu être le cas au départ.

[1] La publication par l’ancien Président américain de son dernier livre "Palestine: Peace Not Apartheid", accusant Israël de créer un système d’apartheid en Cisjordanie et à Gaza, lui a valu des accusations d’antisémitisme. Voir l’entretien qu’il a donné à ce propos à Democracy Now.

[2] Politologue américain. Son livre "L’industrie de l’holocauste, réflexions sur l’exploitation de la souffrance des juifs" (La Fabrique, 2001) a suscité une controverse internationale: il y dénonce l’exploitation idéologique et financière de l’Holocauste par les juifs américains.

[3] Historien américain. Son livre "Les Bourreaux volontaires d’Hitler" (Seuil, 1997) cherchait à démontrer que les Allemands étaient devenus des exécutants volontaires de la Shoah du fait d'un antisémitisme atavique.

[4] Sans doute une allusion au refus de l’université DePaul d’accorder un poste de professeur titulaire à Norman Finkelstein.

Article paru sur le site Mouvements:

«Shalom brider», adieu frère

«Shalom brider», adieu frère
Hommage au cardinal Jean-Marie Lustiger, dont les obsèques ont lieu aujourd’hui à Paris.
Par Marek Halter, écrivain.
QUOTIDIEN : vendredi 10 août 2007
2 réactions
Te voilà parti, frère. Dans quel Paradis es-tu à présent ? Juif ? Chrétien ? Sont-ils si différents ? Tu me manqueras. Tu étais l’un des rares avec qui je pouvais encore échanger quelques mots en yiddish, langue de nos parents âgés. Ceux de leur génération n’étant plus là et ceux de la suivante ne la comprenant pas, le yiddish devint le signe extérieur de notre complicité. Cela t’amusait, lors des réceptions officielles, d’échanger quelques mots avec moi dans cette langue comme pour montrer que nous étions, toi catholique et moi juif, les mêmes, les «passeurs» dont parlait Paul Ricœur, entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Mais en réalité tu n’avais besoin de personne pour tenir ce rôle. Tu l’incarnais à toi tout seul. Tu voulais pourtant que les «autres» comprennent l’enjeu et qu’ils le méditent. Je me souviens de cette réception au château de Versailles à l’invitation de François Mitterrand en l’honneur de Boris Eltsine, président de la Russie. Tu portais la calotte pourpre de cardinal. En m’apercevant tu t’es frayé un passage vers moi et, devant les deux dirigeants stupéfaits, tu m’as demandé en yiddish : «Comment trouves-tu ma kippa aujourd’hui ?» Nous fûmes obligés de traduire ta question en français et en russe et les deux présidents durent admettre que la calotte d’un cardinal et celle d’un rabbin avaient même forme et même signification.
Tu rêvais, frère, d’une église qui aurait vu le jour lors du premier synode, celui de Jérusalem, réuni par Jacques, le «frère aîné du Seigneur». «Ils étaient tous juifs», disais-tu, rendant hommage à celui qui était venu «non pour abolir mais pour accomplir». Tu savais pourtant que parmi tous les juifs qui, à travers les siècles, s’étaient convertis au christianisme, tu étais le seul à te réclamer des deux : «Je suis cardinal, juif et fils d’immigrés.» Tous les autres, pour justifier leur conversion, ont cru devoir nourrir à leur tour la haine des juifs prêchée par l’ancienne Eglise. Je me souviens que dans le film les Justes à propos duquel je t’avais interviewé, tu étais heureux de pouvoir dire que sous l’Occupation nazie tu fus sauvé à Toulouse par des religieux catholiques, non parce que tu étais converti au christianisme, mais parce que juif, démontrant ainsi la générosité envers ton peuple d’une Eglise qui, adolescent, t’avait ébloui. Tu me racontais un jour que tes parents appartenaient au Parti socialiste juif Bund, parti laïc. Ils n’aimaient ni rabbins ni curés. Quand il y a un an, tu as participé à un débat dans une école rabbinique de New York, tu imaginais avec humour la tête de ton père à la vue de son fils cardinal, vêtu d’une soutane, et entouré d’une dizaine de rabbins, barbes, papillotes et chapeaux noirs. Qui manifestera désormais cette vigilance fraternelle, maintenant que tu n’es plus là ? Apprenant que j’allais publier un roman consacré à Marie, la mère de Jésus, tu m’as appelé pour me demander de te passer d’urgence le manuscrit afin «de m’assurer que tu ne dises pas de bêtises», le tout en yiddish ! Tu fus ému que je prenne publiquement ton parti contre le grand rabbin ashkénaze d’Israël, Meïr Lau qui, à l’occasion de ta venue en Israël pour un colloque sur le silence de Dieu devant la Shoah, t’avait accusé d’avoir «trahi ton peuple et ta religion» et d’incarner la «voix de l’extinction spirituelle qui conduit comme l’extermination physique, à la solution finale de la question juive». Tu as maintenu ton voyage, tu as pleuré, tu as parlé et le grand rabbin s’est publiquement excusé.
Lors de notre dernière rencontre je t’ai dit que tu étais pour moi la figure la plus lumineuse et la plus tragique que je connaisse. Lumineuse parce que tu croyais sincèrement, naïvement qu’une hirondelle fait le printemps. En ta compagnie on avait l’impression que le printemps était là, même en hiver. Tragique parce que, trop intelligent, tu savais pertinemment que ton seul exemple ne suffirait pas à contredire les milliers d’ouvrages pleins de préjugés qui remplissent les bibliothèques. Jean-Paul II, que nous aimions tous les deux, son sourire, son comportement et son soutien à ta démarche, t’ont fait croire un moment que cela fût possible. L’arrivée aux affaires d’un théologien, Benoît XVI, que fidèle à l’Eglise tu as défendu devant moi a rendu ta situation plus délicate. Le retour au texte latin sans qu’il ne soit amendé au préalable des attaques contre les juifs comme c’est le cas des prières en français, pose problème.
Pour un «passeur» comme toi une nouvelle bataille commençait. Mais tu étais déjà trop fatigué pour la mener. Il était temps de partir. N’aies crainte : ce que tu as semé poussera. Nous serons quelques- uns à entretenir ce grain et à rappeler à ceux qui viendront nombreux te rendre hommage que, sur la façade de cette cathédrale Notre-Dame-de-Paris où auront lieu tes obsèques, figurent les vingt-huit rois de Juda et d’Israël, nos ancêtres. Devant eux, on dira selon ton souhait le kaddish, la prière juive des morts. Shalom brider, adieu frère. Lire aussi pages 10 et 11.

La judaïsme français n'oublira pas Monseigneur Lustiger.

La judaïsme français n'oublira pas Monseigneur Lustiger. Publié le 10 août 2007Actualisé le 10 août 2007 : 08h34


Les autres titres
La judaïsme français n'oublira pas Monseigneur Lustiger Les sages de l'Académie rendent hommage à celui qui incarnait l'héritage spirituel de l'Europe Sarkozy tous azimuts N'oublions pas que Varsovie, comme le ghetto, s'est insurgée aussi contre les nazis Agir sur le climat Asie-Europe, un partenariat prometteur L'esprit des JO insoluble dans la dictature de Pékin Laisser agir l'Iran, c'est accepter l'apartheid Retour | Rubrique Débats & OpinionsPar Joël Mergui, président du Consistoire de Paris Ile-de-France. Vice-président du Consistoire de France.



Le monde des croyants et de la foi vient de perdre un grand homme. Le dialogue judéo-chrétien est en deuil. La disparition du cardinal Jean-Marie Lustiger touche profondément la communauté juive. Le cardinal Lustiger restera le chrétien profondément convaincu de sa foi catholique. Né juif, il n'a toutefois jamais cessé d'affirmer son lien à sa famille religieuse de naissance. Le kaddish qui sera récité par sa famille sur le parvis de Notre-Dame aujourd'hui, à sa demande, en est un signe marquant et fort.


Le judaïsme français se souviendra de son travail auprès de Rome, comme auprès des évêques français pour inciter l'Église à exprimer ses regrets par un acte de repentance pour tout ce dont le peuple juif a souffert pendant la Shoah. Le judaïsme parisien se souviendra de ce jour où Jean-Marie Lustiger, à la tête d'un groupe d'évêques français, entendait avec l'émotion d'un rescapé de la Shoah, à Drancy, la déclaration de repentance de l'Église de France pour la déportation des juifs de France.





Nous n'oublierons pas l'influence exercée par Jean-Marie Lustiger sur Jean-Paul II et sur le rapport du Vatican à l'État d'Israël. L'image du cardinal aux côtés du pape Jean-Paul II en Terre sainte aura montré aux juifs de France la volonté sincère du cardinal de construire par tous les moyens disponibles dans la vision chrétienne le rapprochement au judaïsme à travers un lien, sans cesse grandissant, au peuple d'Israël et à sa terre.


La communauté juive a mesuré en son temps ce qu'a constitué pour l'Église catholique la grande réforme de Vatican II qui posait un nouveau regard sur les croyances non-chrétiennes, et tout particulièrement sur le peuple juif qualifié de « frère aîné dans la foi » par le regretté Jean-Paul II.


Dans sa volonté de retrouver son peuple d'origine, le cardinal, après des années d'expérience dans ses relations multiples avec les mouvances variées du peuple juif, restera le premier à reconnaître qu'il se devait de bâtir sa relation au judaïsme par un travail en profondeur. Il semble qu'à la fin de sa vie le cardinal Lustiger ait tenté une synthèse harmonieuse entre sa foi catholique et une certaine manière d'être juif.


Dans cette perspective, le Consistoire de Paris aura partagé un moment privilégié lorsqu'en 2003 le cardinal Lustiger, conduisant une délégation de dix prêtres parisiens, sera reçu par le grand rabbin de Paris, David Messas, accompagné de dix rabbins parisiens du Consistoire. Quatre heures d'échanges marquant le geste historique du cardinal de mettre en contact ses plus proches collaborateurs du diocèse et leurs correspondants rabbins de Paris.


À ses yeux, la rencontre avec le judaïsme devait se faire à travers la connaissance des racines juives. Les prêtres engagés dans son entourage témoignaient d'une connaissance sérieuse des traditions rabbiniques de nos textes. C'est bien à sa demande que fut installée la première commission de prêtres du diocèse de Paris et de rabbins de Paris, pour réfléchir ensemble à différents problèmes de société.


Jamais, il ne manqua de se faire représenter à toutes les cérémonies du Consistoire quand lui-même en était empêché. On se souviendra que le travail qu'il avait initié par l'intermédiaire de la commission prêtres-rabbins du Consistoire connaîtra un moment important lors de l'anniversaire de Nostra Ætate à l'École cathédrale qu'il avait lui-même fondée.





Depuis plus de cinquante ans, le dialogue entre juifs et chrétiens est une réalité tangible rassemblant des juifs et des chrétiens de foi, et de bonne foi. « L'enseignement du mépris », selon l'expression de l'historien Jules Isaac, s'est vraiment transformé en « enseignement de l'estime » selon le mot du grand rabbin Jacob Kaplan.


Le Consistoire s'associe aux prières qui seront dites à la mémoire de Jean-Marie Lustiger à partir de ce vendredi, tout en sachant que les arbres plantés par ce grand homme continueront de donner les bons fruits du dialogue.

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A Notre-Dame, le kaddish et la terre du mont des Oliviers

A Notre-Dame, le kaddish et la terre du mont des Oliviers
Mgr Lustiger a été inhumé vendredi à Paris sous le chœur de la cathédrale. Une cérémonie qui a laissé place à la lecture de la prière juive des morts.
Par Mathilde la Bardonnie
QUOTIDIEN : samedi 11 août 2007
0 réaction
Et bientôt sur une plaque commémorative, à l’intérieur de Notre-Dame les passants liront ces mots voulus, pesés, vécus par le cardinal Lustiger, archevêque de Paris vingt-cinq ans durant : «Je suis né juif. J’ai reçu le nom de mon grand père paternel, Aaron. Devenu chrétien par la foi et le baptême, je suis demeuré juif comme le demeuraient les apôtres […].»

C’est donc le 10 août, par vent froid, un vendredi, veille du shabbat, et jour rappelant la crucifixion du Christ, que le cercueil d’Aaron Jean-Marie Lustiger, converti à l’âge de 14 ans, a rejoint ceux de ses prédécesseurs dans la crypte funéraire, sous le chœur, à quelques mètres de l’autel où encore récemment il était revenu officier, faire entendre sa voix rien qu’à lui, fragile et voilée : on célébrait alors les obsèques de l’abbé Pierre. Le président de la République en place était là. Nicolas Sarkozy a traversé l’océan pour assister vendredi aux funérailles simples et solennelles, et inédites, de Mgr Lustiger, cet «ami français» de Jean Paul II.
Simple coupe. Tout a commencé par un moment jamais vu sur le parvis de la cathédrale où, selon la volonté du défunt, son arrière-petit-neveu a versé dans une simple coupe posée sur le cercueil la terre qu’il était allé chercher à sa demande en Terre Sainte, à Jéricho et au mont des Oliviers. Calme transvasement du contenu d’un banal sac plastique transparent, par un jeune homme coiffé de sa kippa. Certes les grands rabbins de France et de Paris (et les rabbins orthodoxes en général) étaient absents, mais sur les quelques dizaines de chaises autour de la famille Lustiger se trouvaient les ambassadeurs d’Israël en France et auprès de l’Unesco, ainsi que nombre de représentants de la communauté juive, sans compter ceux de l’Académie française et du gouvernement. Est venu le moment de pure tradition juive de la récitation en araméen du kaddish des endeuillés, dit par un cousin qui a rappelé en deux phrases de silex le cauchemar de la Shoah, la mort à Auschwitz de la mère du cardinal.
Mer de chasubles. Dehors, quelque 2 000 personnes suivaient sur un écran géant cet inhabituel prologue à la messe : sobre rappel de la religion du Livre, d’un vigoureux dénuement du cérémonial mortuaire. A l’intérieur, sur de petits écrans, on vit les personnalités entrer. Le chœur et les absides étaient emplis d’une mer de chasubles blanches et de mitres violettes (plus de 500 prêtres, 50 évêques et 16 cardinaux). Mgr André Vingt-Trois a évoqué les voies mystérieuses de la Providence et la personnalité exceptionnelle du maître spirituel et le souvenir de ses homélies brillantes. Le cercueil au sol, comme tout aplati sous le poids symbolique d’une aube blanche. Le cercueil posé sur le dallage noir et blanc, à cet endroit où les novices se couchent à terre, à plat ventre, lorsqu’ils sont ordonnés prêtres.

Hitler écoutait de la musique russe jouée par des juifs

Hitler écoutait de la musique russe jouée par des juifsBerlin CÉCILE DE CORBIÈRE. Publié le 08 août 2007Actualisé le 08 août 2007 : 12h13 Adolf Hitler, le 7 mai 1933 à Kiel (Allemagne), prononçant un discours devant les troupes nazies.
AP


Adolf Hitler, le 7 mai 1933 à Kiel (Allemagne), prononçant un discours devant les troupes nazies.
AP.

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LEV BESYMENSKI a gardé son secret pendant plus de soixante ans. Officier des services secrets russes, il avait été chargé de fouiller le quartier général du Führer après la conquête de Berlin en 1945. Comme d'autres de ses compatriotes, il a emporté un « souvenir » : une caisse de vieux disques, prête à être embarquée avec d'autres effets personnels en cas de repli du Führer et de sa suite en Bavière. Déposée dans le grenier d'une datcha près de Moscou, la caisse est tombée dans l'oubli pendant des dizaines d'années. La fille de Lev Besymenski, Alexandra, vient de révéler son existence au magazine allemand Der Spiegel.


Adolf Hitler n'a jamais caché son goût pour Richard Wagner. Conformément à l'idéologie nazie, il n'a cessé publiquement de célébrer la musique allemande. La découverte de cette boîte comptant une centaine de disques lève le voile sur une facette ignorée de ses goûts musicaux.


« Les meilleurs solistes »


Parmi ses favoris, le Führer comptait des compositeurs russes et des interprètes juifs. Pourtant, les Russes, au même titre que les Juifs, étaient considérés comme des « sous-hommes » par les nazis. Dans Mein Kampf, Hitler a exprimé à maintes reprises son mépris pour la culture juive. L'art juif n'a « jamais existé », a-t-il écrit.


De peur d'être accusé de vol, Lev Besymenski, devenu historien et professeur à l'Académie militaire de Moscou, n'avait jamais fait référence à sa trouvaille. Il y a trois ans, Alexandra Besymenskaya a convaincu son père de retranscrire par écrit les conditions de sa découverte. « Il y avait des enregistrements de musique classique interprétés par les meilleurs orchestres d'Europe et d'Allemagne, avec les meilleurs solistes de l'époque », a rapporté l'ancien officier. Maintenant qu'il est décédé, en juin dernier à l'âge de 86 ans, sa fille a souhaité rendre son histoire publique.


La caisse trouvée dans le QG de Hitler à Berlin contenait sans surprise l'ouverture du Vaisseau fantôme de Richard Wagner ou encore les sonates pour piano de Ludwig van Beethoven. Mais pas seulement. « Cela m'a étonné de trouver des compositeurs russes », a raconté Lev Besymenski à sa fille. Parmi les enregistrements figuraient des oeuvres de Rachmaninov, Borodine et Tchaïkovski.


Der Spiegel rapporte la présence d'un enregistrement du violoniste Bronislaw Huberman interprétant Tchaïkovski. Juif polonais, le musicien avait dû fuir Vienne en 1937. Il avait été déclaré ennemi du Reich. Les interprétations du pianiste autrichien Artur Schnabel, juif lui aussi et dont la mère a été déportée et tuée par les nazis, faisaient aussi partie de la collection d'Hitler.

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