Le comique s'est comparé au président vénézuélien et a tissé son discours d'allusions sur les juifs.par Catherine COROLLERQUOTIDIEN : mercredi 25 janvier 2006
Son modèle, c'est la «république bolivarienne du Venezuela et de son président, Hugo Chavez». Hier, l'humoriste Dieudonné a placé sa campagne à l'élection présidentielle de 2007 «sous [l']égide» du dirigeant de cette république sud-américaine. «Dans cette campagne, Dieudo rimera avec Hugo», a-t-il clamé. Comme son modèle, Dieudonné combat «la menace néoconservatrice, cette idéologie néolibérale et belliciste, antisociale et réactionnaire», et ceux qui, en France, l'incarnent : Sarkozy, qui «prône le démantèlement de l'Etat, le règne absolu du libéralisme, le communautarisme, la révision du code du travail [...] la modification de la loi de 1905 sur la laïcité». Et le PS qui «s'aligne progressivement sur cette ligne».
Assis derrière une table, sur la scène de son théâtre de la Main d'or, dans le XIe arrondissement de Paris, Dieudonné lit son discours. Autour de lui, ses soutiens, dont
Ginette Skandrani, pasionaria propalestinienne (exclues des verts pour son négationnisme) Les mots de Dieudonné sont ronflants, mais le comédien ne se fait pas tribun, son ton est ironique et désabusé. De programme, guère, à part la promesse de l'avènement d'une «République nouvelle, qui donne sens et crédibilité au triptyque Liberté, Egalité, Fraternité», et l'annonce d'un «plan Marshall pour les classes populaires, en matière d'éducation, d'emploi, de salaires, de culture et de conscientisation politique».
L'obsession est ailleurs. Tout au long de son discours, Dieudonné y revient. Son nom ? Le «néoconservatisme» faut-il y voir une allusion aux néoconservateurs américains, anciens gauchistes accusés d'avoir retourné leur veste pour servir Bush ? Ces derniers sont qualifiés d'«axe du bien», en référence à l'axe du mal du Président américain. Arme favorite de ce «néoconservatisme» : «
l'accusation d'antisémitisme». «Le président Chavez est le dernier à en avoir fait les frais, à travers un article du journal Libération de monsieur de Rothschild, qui a délibérément travesti les propos du président vénézuélien», accuse-t-il (Libération du 20 janvier).
Puis, Dieudonné prend la défense des autorités iraniennes, «très hostiles à l'Etat d'Israël et à sa politique coloniale et raciste», ce qui «ne signifie nullement qu'elles soient "antisémites"». Rappelons que le président iranien, Ahmadinejad, a qualifié la Shoah de «mythe». Et appelé à ce qu'Israël soit rayé de la carte.
Selon Dieudonné, les juifs sont également puissants en France.
«Je ne serai probablement pas invité au prochain dîner du Crif [Conseil représentatif des institutions juives de France, ndlr], cette organisation sioniste d'extrême droite, qui convoque chaque année nos dirigeants pour leur communiquer leur feuille de route», ironise le «comique». Bref, les juifs dicteraient la politique du gouvernement. Un bien vieux sketch.
Conférence de presse de Dieudonné
Passons maintenant si vous le voulez bien, à mes vœux politiques pour l’année 2006, année importante s’il en est puisqu’année pré-électorale, annonçant les élections présidentielles et législatives de 2007.
J’ai, vous le savez, pris la décision d’être candidat à l’élection présidentielle.
C’est une décision murement réfléchie qui s’inscrit dans la durée, puisque j’envisage à l’issue de ces élections de créer une formation politique, et à travers elle d’être présent aux élections législatives, et ce dans toutes les circonscriptions.
Ma candidature sera avant tout une candidature de combat contre le néolibéralisme ou néoconservatisme, dont les ravages se font sentir tant sur le plan national qu’international.
Ils sont l’extrême droite du XXIe siècle.
Parmi toutes les expériences, toutes les alternatives qui, de part le monde, tentent de s’opposer au néoconservatisme conquérant, il en est une qui a retenu tout particulièrement mon attention, c’est celle de la République Bolivarienne du Venezuela et de son président, Hugo Chavez.
Le projet de république sociale universaliste et de démocratie participative du Président Chavez, représente un immense espoir pour tous les peuples, et j’entends placer ma candidature sous son égide.
Dans cette campagne, Dieudo rimera avec Hugo.
J’ai parlé de la menace néoconservatrice, cette idéologie néolibérale et belliciste, antisociale et réactionnaire.
Qui ne voit qu’en France, ce courant de pensée est en train d’émerger, et de prendre progressivement le pouvoir ?
D’ores et déjà, les médias lui font les yeux doux. Son principal représentant, le sieur Sarkozy, petit caniche de monsieur Bush, dit « Bubush », bénéficie d’une incroyable et permanente campagne de promotion.Il ne fait pourtant pas mystère de son projet : importer en France le modèle américain et démanteler ce qu’il reste de la République.
Monsieur Sarkozy, « Bubush », prône le démantèlement de l’état, le règne absolu du libéralisme, le communautarisme, la révision du code du travail, la remise en cause des acquis sociaux, la modification de la loi de 1905 sur la laïcité...
Bubush est en France le représentant d’intérêts qui ne sont pas les nôtres, il est l’homme de l’Axe du Bien.
Le parti socialiste s’aligne progressivement sur cette ligne. Sa principale préoccupation est aujourd’hui de faire en sorte que cela ne se voie pas. Ou pas trop.
Strauss Kahn est-il différent de Sarkozy ? Kouchner ? Hollande, Royal ?
Le parti socialiste s’est, sur le fond, déjà aligné sur le néolibéralisme, et le communautarisme. C’est le véritable contenu du mot « réformisme » dont ils se gargarisent dorénavant. C’est un parti de menteurs et de traîtres, de sarkozystes honteux. Ils me haïssent parce que je les démasque.
Nous assistons d’ailleurs actuellement à une indécente danse du ventre des présidentiables, ou prétendus tels, devant les lobbies de l’Axe du bien. C’est à qui sera le plus néoconservateur.
C’est ainsi que Sarkozy, « Bubush », n’a rien trouvé de mieux que de nommer le citoyen israélien Arno Klarsfeld comme chargé de mission, concernant le rapport entre « la loi, l’histoire et la mémoire » ! Ceci probablement pour le récompenser d’avoir choisi de faire son service militaire chez les gardes frontières Israéliens, dont même le quotidien Haaretz dénonce la férocité !
Pas en reste, Hollande demandait l’autre jour en substance la « désarabisation » du Quai d’Orsay ! Qui dit mieux ?
Je ne serai probablement pas invité au prochain dîner du CRIF, cette organisation sioniste d’extrême droite, qui convoque chaque année nos dirigeants pour leur communiquer leur feuille de route, si j’ose dire, et c’est regrettable car cela vaudra surement le coup d’œil !
Tous ces gens mesdames et messieurs ont renoncé à la République et tourné le dos au peuple pour se mettre au service des puissants...
Et bien j’entends faire le contraire : tourner le dos aux puissants et à leurs prébendes pour rétablir -ou peut-être établir- la République, et la mettre au service des citoyens français, de toutes origines et de toutes religions.
Je veux remettre l’état au service des citoyens, et lutter contre la paupérisation de la société française, ravagée par le néolibéralisme. Je veux mettre en place un véritable plan Marshall pour les classes populaires, en matière d’éducation, d’abord, mais aussi en matière d’emploi, de salaires, de santé, de culture et de conscientisation politique.
Là où ils veulent des consommateurs dociles, je veux des citoyens rebelles.
Pour la première fois, à l’occasion du référendum sur la « constitution pour une Europe libérale et américaine », les citoyens, et notamment les citoyens de gauche, se sont révoltés contre les zélateurs du néoconservatisme. Ils ont clairement proclamé leur volonté de réhabilitation du pouvoir politique face au pouvoir marchand.
A l’occasion de la révolte des banlieues, c’est ce même rejet du néolibéralisme qui s’est exprimé. On m’objectera le nihilisme des émeutiers, leur manque de conscience politique, ou même leur appétit pour la consommation. Et alors ? Leur colère n’en est pas moins le révélateur de l’incapacité du néolibéralisme à garantir leur dignité, à leur proposer un cadre permettant la réussite scolaire, des emplois et des salaires décents.
La société marchande n’a que faire des aspirations citoyennes de ces jeunes. Mieux, elle les redoute.
Tel est d’ailleurs le sens de l’invraisemblable loi contre le foulard, qui, au nom de la lutte contre « l’obscurantisme », ne trouve rien de mieux que d’exclure des jeunes filles de l’école !
Telle est aussi la fonction ambiguë de ses pseudos associations antiracistes d’émanation PS, dont la fonction semble avoir été depuis 20 ans de maintenir ces jeunes dans l’hostilité à la république, pour mieux leur vendre le néolibéralisme et favoriser les tensions communautaires dont ils sont aujourd’hui les victimes sociales.
Tous ces hommes et ces femmes, aspirent consciemment ou non à une véritable citoyenneté, et c’est le véritable sens de leur révolte, quelle qu’en soit la forme.
C’est à eux que ma candidature s’adresse. Je leur propose qu’ensemble nous édifions une République Nouvelle, qui donne sens et crédibilité au triptyque Liberté, Égalité, Fraternité.
Dans le reste du monde aussi, le néo conservatisme poursuit et amplifie son entreprise de destruction et d’aliénation.
Par la guerre, bien sur, qui sévit en Irak ou en Palestine et qui menace désormais l’Iran, la Syrie, ou même, qui sait, le Venezuela.
On observera d’ailleurs qu’il utilise partout la même arme pour discréditer ses adversaires et justifier ses exactions : l’accusation d’antisémitisme.
Le président Chavez est le dernier à en avoir fait les frais, à travers un article du journal « Libération » de monsieur de Rothschild, qui a délibérément travesti les propos du président vénézuélien.
Disons le tout net, cette accusation relève de l’arnaque absolue, et n’a d’autre objet que de masquer les visées hégémonistes de l’Axe du Bien.
La propagande qui sévit actuellement autour de l’Iran, s’inscrit dans cette logique, et je dois dire ma tristesse de voir les médias de la République se faire le relais sans la moindre réserve de cette propagande de guerre.
Certes, les autorités iraniennes sont, comme tout le « monde arabe », très hostiles à l’état d’Israël et à sa politique coloniale et raciste. Cela ne signifie nullement qu’elles soient « antisémites » et l’état israélien est en tout état de cause le plus mal placé pour donner des leçons matière de racisme ou de droits de l’homme.
L’Iran est signataire du traité de non prolifération nucléaire, lequel traité lui confère explicitement le droit à l’enrichissement de l’uranium à des fins civiles. Or la propagande médiatique laisse entendre que l’Iran ne respecterait pas ce traité. La vérité c’est que ce sont les Etats-Unis et, hélas, le triumvirat européen, qui ne respectent pas ce traité, puisqu’ils refusent à l’Iran un droit conféré par le traité !!
Et par quel miracle parvient-on à parler de non prolifération nucléaire au Moyen-Orient sans jamais évoquer l’arsenal nucléaire et biologique Israélien ?
N’aurait-on pas plus de chance, et accessoirement plus de crédibilité, pour obtenir de l’Iran qu’il renonce à tout projet nucléaire militaire, en admettant qu’il en ait un, si on exigeait la même chose de l’état israélien ?
Ce deux poids deux mesures entre Israël et ses voisins est insupportable et explique largement les graves tensions dans la région.
Pour sortir définitivement de la crise, je préconise la création d’un état palestinien unique, multiconfessionnel, qui vivra en paix avec ses voisins.
Le maintien du statu quo et la poursuite de la colonisation ne peuvent conduire qu’à la poursuite de la guerre et à terme, à l’embrasement de la région.
Les Palestiniens, les arabes, les musulmans, n’ont pas à faire les frais de l’illuminisme des néoconservateurs.
Dans cette campagne, je m’opposerai de toutes mes forces à toute nouvelle guerre dans la région, et plus généralement à toute guerre ou menace de guerre de l’axe du Bien.
D’ores et déjà, je demande le départ immédiat et sans condition des forces d’occupation en Irak et la fin des sanctions économiques contre tous les pays qui en subissent.
Les sanctions économiques, qui frappent les peuples au premier chef, comme à Cuba, relèvent de la barbarie et doivent disparaître de l’arsenal du Conseil de sécurité de l’ONU.
Je souhaite que la France, comme elle l’a fait à l’occasion de l’agression contre l’Irak, se désolidarise des visées bellicistes et criminelles de l’Axe du Bien et qu’elle les dénonce clairement.
La République Française doit rejoindre le camp des nations résistantes au nouvel ordre mondial néoconservateur et travailler à l’avènement de relations internationales repensées, fondées sur le respect mutuel, le dialogue et la coopération.
La France doit être le Venezuela de l’Europe et promouvoir un véritable dialogue et une véritable coopération avec le Sud, avec l’Afrique.
Evoquer l’Afrique m’offre la transition idéale vers le dernier point que je souhaitais évoquer devant vous, à savoir ce que d’aucuns, paraphrasant Marx, appellent « la question noire ».
La volonté de plus en plus affirmée de la population noire d’accéder à une pleine citoyenneté, d’en finir avec les clichés négrophobes et de voir enfin les crimes contre l’humanité que constituent l’esclavage et la Traite, bénéficier d’un travail historique et d’une information digne de ce nom, semble poser problème à certains.
Il faudrait songer à une loi « antitrust » pour la mémoire !
Plus sérieusement, je constate que la loi dite « Taubira », loin de favoriser un vrai travail sur le sujet, a surtout tenu lieu de verroterie et a obtenu l’effet inverse de celui qui était recherché : elle a fait diversion.
Si la « question noire » est revenue sur le devant de la scène, les noirs le savent bien, c’est parce qu’un certain humoriste a refusé de voir l’histoire des noirs traitée avec mépris, et a entrepris de dénoncer le monopole de la mémoire revendiqué par certains.
La loi sur la « colonisation positive » a créé une légitime émotion. Elle a mis en évidence le fait que ce n’est pas au parlement de dire l’histoire, et ce qui est vrai pour une période de l’histoire l’est pour toutes les autres.
C’est la raison pour laquelle j’ai, dans un esprit républicain et au risque de heurter certains de mes amis,
proposé l’abrogation de toutes ces lois qui entendent graver l’histoire dans le marbre et interdire le débat, au premier rang desquels trône la loi Gayssot, modèle de totalitarisme.
Les noirs n’ont en effet rien à craindre du débat, bien au contraire.
Le débat, c’est la liberté, et la liberté sert la vérité.
Permettre le débat, exiger le débat, c’est à coup sûr donner à court terme aux crimes de l’esclavage et de la traite des noirs la place qu’elle mérite, c’est à dire à mon avis la première, avec les génocides amérindiens.
Je préconise donc l’adoption par l’assemblée d’une loi « Mbala » qui dénonce la déportation, l’esclavage, la traite des humains et l’épuration ethnique comme crimes contre l’humanité, sans référence à des évènements historiques précis.
Il appartiendra aux historiens, en toute liberté, d’établir quels faits relèvent de ces qualifications.
Pour ce faire, s’agissant de la traite des noirs, je souhaite que la France prenne une initiative décisive.
Je demande la création d’une commission franco-africaine d’historiens, incluant des historiens antillais, chargée d’établir le coût humain, économique et culturel de la traite atlantique, mais aussi de mettre en évidence les racines philosophiques, religieuses ou politiques de ces crimes.
Je souhaite que la France, en tant que membre permanent du Conseil de Sécurité, présente ce rapport à l’ONU, et s’appuie sur lui pour demander la mise en œuvre de moyens à la hauteur du préjudice subi, dans le cadre d’un plan mondial pour l’Afrique, qui devra s’appuyer sur les peuples africains.
Je n’ai aucun doute sur le fait qu’une telle démarche, s’inscrivant dans un esprit de réconciliation, participerait de la grandeur de la France, non plus au passé, mais au présent.
Merci de votre attention.