Friday, March 31, 2006

Cohn-Bendit se frotte au controversé Tariq Ramadan
A Bruxelles, le leader Vert a partagé pour la première fois une tribune avec l'intellectuel musulman.
par Alain AUFFRAYQUOTIDIEN : vendredi 31 mars 2006
Bruxelles envoyé spécial






«Prenons-le au mot ! Qu'est-ce qu'on risque ?» Après deux heures de débat public, Daniel Cohn-Bendit s'est senti conforté dans sa décision de rencontrer Tariq Ramadan, le plus controversé des intellectuels musulmans. Ce face-à-face a eu lieu mercredi soir à Bruxelles dans le cadre d'une conférence internationale sur l'«islam en Europe» organisée par les Verts des Pays-Bas, traumatisés par les tensions intercommunautaires. Cohn-Bendit avait reçu de nombreuses mises en garde. «Comment peux-tu, toi, discuter avec le "prédicateur" d'un islam radical ? Ramadan, c'est un artiste du double langage», lui ont déclaré en substance des compagnons de route. Elevé en Suisse où il enseigne la philosophie, le petit-fils du fondateur des Frères musulmans égyptiens, a été parfois empêché de réunions publiques en France. Dans le même temps, en Grande-Bretagne, le gouvernement Blair l'associait à sa réflexion sur l'extrémisme musulman.
Mercredi soir, au Parlement européen, on se bousculait pour assister à la confrontation entre le soixante-huitard libéral-libertaire et le quadragénaire musulman altermondialiste. Beaucoup de femmes, presque toutes voilées, dans un public essentiellement composé de musulmans belges, français et hollandais.
Face à un Cohn-Bendit qui s'était juré de ne tolérer aucune ambiguïté, l'élégant Ramadan a déroulé un discours irréprochable. Il «refuse» l'interdiction faite au musulman, sous peine de mort, de quitter sa religion. Il conteste le fondement théologique de cet interdit. Pour en finir avec les mariages forcés, les répudiations et les violences faites aux femmes, il faut, dit-il, «changer l'islam de l'intérieur».
Ramadan demande une «désislamisation» des problèmes sociaux qui s'expriment en France à travers la crise des banlieues. Le vrai communautarisme, selon lui, c'est celui qui parque dans des ghettos «une jeunesse musulmane de la troisième, voire de la quatrième génération pour qui la question n'est plus celle de l'intégration mais de l'accès à la citoyenneté».
Et quand le président du groupe Vert objecte que, sans «islamiser» les problèmes, on peut «s'interroger sur ce qui se passe aujourd'hui en France dans des quartiers où des enfants juifs ont peur d'aller à l'école», Tariq Ramadan rappelle solennellement qu'il a toujours été «parfaitement clair» dans sa dénonciation de l'antisémitisme. Il annonce l'avènement d'un islam qui n'a «aucun problème avec aucune législation européenne» et qui s'accommode parfaitement de la «sécularisation comme espace de gestion du religieux».
«Je ne sais pas ce que dit Tariq Ramadan ailleurs, mais ce qu'il dit ici a sa cohérence», a lâché Cohn-Bendit, pour conclure. C'est alors seulement que le débat s'est échauffé avec une théâtrale colère de Ramadan : «Dire cela, c'est rendre impossible notre dialogue. Il faut arrêter de fantasmer. On parle de double discours, de double appartenance, on tient sur nous le discours qu'on a tenu sur les juifs. Ta responsabilité c'est de savoir ce que je dis ailleurs !» «Tu ne vas tout de même pas m'obliger à lire tout Tariq Ramadan !» a fait remarquer son interlocuteur. «Alors, a répondu l'autre, si tu n'as pas la preuve de mon double discours, tu dois me faire confiance.»
Cohn-Bendit y est prêt. Hier, alors que s'achevait à Bruxelles la conférence sur «l'islam en Europe», le leader écologiste proposait de poursuivre, dans de nouveaux débats publics, la «clarification» engagée.

Friday, March 24, 2006

231 - LES NOIRS A LA POINTE DE L'ANTISEMITISME EN FRANCE


Les enfants de Dieudonné Michel Gurfinkiellundi 13 mars 2006 - 14:41
Fofana et les “Barbares” sont écroués. Mais les violences continuent. Analyse d’une dérive.Ramené en France le 4 mars, après une dizaine de jours de cavale en Côte-d’Ivoire, Youssouf Fofana – le cerveau du “Gang des barbares” – a été mis en examen pour “association de malfaiteurs, enlèvement, séquestration en bande organisée avec acte de torture et de barbarie” et, enfin, “assassinat” sur la personne du jeune Ilan Halimi. Les juges d’instruction ont également retenu la circonstance aggravante d’antisémitisme, comme ils l’avaient laissé entendre le 20 février. Les premiers éléments de l’enquête confirment en effet que l’appartenance d’Ilan à la communauté juive a joué un rôle non négligeable dans son enlèvement lui-même et dans les sévices atroces qu’il a subis.Reste à déterminer s’il s’agit d’un cas isolé, d’une aberration, ou au contraire du début d’un nouveau cycle de violences en France. La seconde hypothèse est prise au sérieux au ministère de l’Intérieur, chez de nombreux élus locaux et chez les responsables communautaires juifs.Le vendredi 3 et le samedi 4 mars, en moins de vingt-quatre heures, trois personnes de confession juive ont été attaquées sur la voie publique à Sarcelles, en Seine-Saint-Denis. Deux d’entre elles ont subi des coups et blessures, une autre un vol sous contrainte (« dépouille ») assorti de menaces. Les agresseurs étaient issus, comme Youssouf Fofana et le noyau dur des “Barbares”, de l’immigration musulmane africaine. D’autres incidents graves du même type se seraient déroulés au cours des derniers mois et semaines, avant même qu’Ilan Halimi ne soit enlevé.Samy Ghozlan, élu local UMP et ancien commissaire de police, a pu vérifier la réalité de huit affaires, dans plusieurs départements : « Y compris, note-t-il, le cas d’un médecin attaqué voici trois semaines en bas de chez lui, battu, dépouillé et laissé nu sur la chaussée. »Claude Barouch, le président de l’Union des patrons et professionnels juifs de France (UPJF), indique qu’il reçoit « tous les jours des emails, des fax, des appels téléphoniques » relatant des agressions de tout ordre : « Le ministère de l’Intérieur a publié des statistiques faisant état d’une baisse des actes antisémites en 2005. Cela ne correspond pas à ce que nous constatons, au moins depuis la fin de l’année dernière. Et le fait le plus préoccupant, en effet, c’est la montée des jeunes d’origine africaine parmi les agresseurs. »Pourquoi cette “transition ethnique” – des Beurs, impliqués dans les violences antijuives du début des années 2000, aux Blacks d’aujourd’hui ? Une enseignante du Val-d’Oise estime qu’une partie au moins des jeunes d’origine maghrébine sont désormais « en train de s’intégrer » à la société française : moins d’échec scolaire, moins de discrimination ou plus de “discrimination positive”. Ce qui n’est pas le cas, ajoute-t-elle, des jeunes d’origine africaine. « Pour la plupart d’entre eux, ils viennent de sociétés qui ne connaissent pas l’écrit. Et ils grandissent dans des environnements familiaux effarants : polygamie, promiscuité, absence totale des repères traditionnels occidentaux… » Les casseurs noirs étaient au premier rang des émeutes urbaines de novembre 2005. Par une sorte de glissement naturel, ils seraient désormais au premier rang des agressions antisémites.Simon Lévy, porte-parole de la Ligue de défense juive (LDJ), ne partage pas cette analyse. Selon lui, le racisme antiblanc et l’antisémitisme seraient aussi répandus chez les Antillais que chez les Africains, et plus virulent dans certains milieux intellectuels ou artistiques que dans le “sous-prolétariat” : « Il est clair que ce phénomène est passé à la vitesse supérieure avec Dieudonné. L’ex-humoriste manipule une communauté noire en quête d’identité. À travers l’antisémitisme, il lui donne une doctrine, un combat, une nouvelle représentation de son passé et de son destin collectif. »Barouch, lui aussi, note : « Nous ne pouvons plus tourner sans arrêt autour du pot sans mentionner Dieudonné. Voilà quelqu’un qui suscite délibérément, depuis plusieurs années, l’hostilité d’une communauté contre une autre, et qui bénéficie sans cesse de l’indulgence de la justice. Il y a là quelque chose d’incompréhensible. »L’écho du “dieudonnisme”, on peut le mesurer sur AfricaMaat.com, “L’école africaine de tous les savoirs”. Ce site militant « nègre » se consacre avant tout à la « quête d’identité » évoquée par Simon Lévy. Ce qui le conduit à défendre les thèses du chercheur sénégalais Cheikh Anta Diop sur le caractère négro-africain de la civilisation égyptienne antique, voire de la civilisation hellénique.Le rôle prétendu des juifs dans la traite négrière.Mais aussi à accorder à Dieudonné un statut de vedette : de nombreuses entrées lui sont consacrées, y compris une interview exclusive réalisée au théâtre dont il est le propriétaire, La Main d’or, et « les photos de son passage en Martinique » le 1er mai 2005. Ou encore à reprendre tel quel ses accusations contre les juifs et Israël : du rôle prétendu des juifs des XVIIe et XVIIIe siècles dans la traite négrière européenne au soutien apporté par l’État d’Israël à l’apartheid sud-africain des années 1948-1994.Détail révélateur : le 7 mars, les statistiques du site sur les « articles les plus populaires » donnaient 88 % d’audience à une étude sur “Les juifs et l’esclavage”, démarquée de Dieudonné. Ce qui en faisait le deuxième article le plus consulté, juste après une étude sur “Les prénoms africains du IIIe millénaire” (98 %), mais loin devant “Les inventions réalisées par des Noirs” (61 %), “La femme noire au centre de la renaissance du peuple noir” (45 %), ou même “La férocité blanche” (40 %).Ces divagations – entrecroisées avec l’antisémitisme islamiste – ont nécessairement des conséquences sur l’ensemble des communautés noires de France. « Nous avons soulevé la question avec les organisations noires modérées, indique Claude Barouch. Elles sont aussi effarées que nous. » Simon Lévy est plus pessimiste encore : « Ne nous faisons pas d’illusion. Les trois quarts de la France regardent Youssouf Fofana avec horreur. Mais pour les jeunes Noirs speedés à l’antisémitisme, il est d’ores et déjà un héros, une icône. Si la justice ne frappe pas très vite et très fort, la dérive va être irrésistible. »Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, a reçu les victimes des agressions du week-end dernier, ainsi que leurs familles. Agissant sur ses instructions en urgence absolue, la police a pu identifier et appréhender presque immédiatement les coupables présumés.À gauche aussi, la classe politique semble prendre conscience de la gravité des enjeux. Effectuant une visite en Israël, Jack Lang déclare le 7 mars : « Je pense le plus grand mal de Dieudonné. Ce type a contribué à proposer une idéologie raciste et antisémite. Son influence a été désastreuse. »À court terme, les violences ethniques semblent déjà provoquer des “regroupements de population”, à l’encontre des discours officiels sur la mixité sociale. Dans la Seine-Saint-Denis, le Val-d’Oise, le Val-de-Marne, l’Essonne, les résidents français de souche, ou issus d’immigrations anciennes et bien intégrées, quittent, dès lors qu’ils en ont les moyens, les communes à forte population maghrébine ou noire.Il en irait de même à Paris, d’un arrondissement à l’autre. Les juifs, en particulier, désertent peu à peu Sarcelles, Créteil ou le XIXe arrondissement, pour le Grand-Ouest parisien, réputé plus sûr.À plus long terme, cette balkanisation sociogéographique pourrait se doubler d’une fracture politique sans précédent. Le site Skyrock.com, lié à la radio “jeune” du même nom et dont le public préfigure la France adulte des années 2010, organisait le 6 mars un sondage en ligne sur les présidentiables de 2007. Jean-Marie Le Pen était en tête, avec 29 % des suffrages, suivi par Dieudonné, 19 %. Parmi les autres candidats, Sarkozy surnageait encore, avec 11 %. Les autres oscillaient entre 4 et 1 %.

Tuesday, March 21, 2006

230 - DECIDEMENT LE MAIRE DE LONDRES A DES PROBLEMES AVEC LES JUIFS

Nouvel écart de langage du maire de Londres Ken Livingstone

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LONDRES (AFP) - Le maire de Londres, Ken Livingstone, a une nouvelle fois fait parler de lui mardi en suggérant à deux hommes d'affaires en désaccord avec lui sur la construction du village olympique des JO 2012 "de retourner en Iran et de tenter leur chance avec les ayatollahs".Cette remarque, en pleine conférence de presse, visait David et Simon Reuben, les propriétaires de 50% des parts du consortium chargé de la construction du village olympique des Jeux de Londres, sur le site de Stratford. David et Simon Reuben ne sont toutefois pas originaires d'Iran mais nés en Inde de parents juifs irakiens.
"Il s'agit de la dernière remarque antisémite de la part du maire de Londres, qui a clairement un problème avec la communauté juive", a accusé Brian Coleman, membre conservateur du conseil municipal du Grand Londres, mardi soir.
De fait, M. Livingstone est actuellement sous le coup d'une suspension de quatre semaines de son fauteuil de maire pour avoir injurié un journaliste juif du quotidien Evening Standard en le comparant à un "ancien criminel de guerre allemand".
"Vous êtes juste comme un gardien de camp de concentration. Vous faites juste cela parce qu'on vous paye, non ?", avait insisté le maire de Londres auprès du journaliste qui le pressait de questions, à l'issue d'un gala auquel il venait de participer, en février 2005.
Ces propos ont valu à M. Livingstone une suspension de quatre semaines, le 24 février, à l'initiative d'une commission indépendante chargée de contrôler le comportement des élus locaux. Mais cette peine a été gelée le 28 février par la Haute cour de Londres, le temps que l'appel de M. Livingstone contre cette condamnation soit étudié, peut-être d'ici la fin du mois de mars.
M. Livingstone a toujours refusé de s'excuser pour ses propos contre Oliver Finegold, le reporter de l'Evening Standard.

Monday, March 20, 2006

228 - VERT ECOLOGISTE OU VERT ISLAMISTE

« Le Vert de l’écologie et celui de l’islam sont-ils en train de s’assortir ? », s’interroge Valeurs actuelles. L’hebdomadaire présente une enquête sur « l’appui que prendraient des Verts de la ville de Roubaix sur le communautarisme religieux et le ressentiment anticolonial pour consolider leur base électorale à travers certaines associations subventionnées ».
Une de ces associations est Rencontre et Dialogue. Créée il y a une dizaine d’années pour établir des passerelles entre musulmans et chrétiens, aujourd’hui, Rencontre et Dialogue ne prêche que pour une seule paroisse », explique l’hebdomadaire. Ses liens sont douteux. En effet, « en 2004 l’une de ses conférences a provoqué de vives réactions à l’annonce de la venue d’Hassan Iquioussen, le prêcheur de l’UOIF, accusé d’avoir tenu des propos antisémites. Après l’intervention du maire pour demander l’annulation cette conférence, les deux dirigeants «écologistes», Ali Rahni et Siham Andalouci, déclaraient vouloir « continuer à soutenir et à inviter Hassan Iquioussen », ainsi que Tariq Ramadan », commente Valeurs Actuelles.
De son côté, Messaoud Bouras, interrogé par l’hebdomadaire, dit combattre « les islamistes qui manipulent les musulmans en exploitant le ressentiment et la haine anti-occidentale à des fins politiques ». Ce dissident des Verts de Roubaix, aujourd’hui membre de l’Union des familles laïques explique que « des associations subventionnées laissent s’exprimer des musulmans critiques ». « C’est en tant que père de famille que je m’inquiète de la montée de l’intégrisme à Roubaix », ajoute t-il.

227 - POUR L'ALGERIE, LA PALESTINE PLUTOT QUE LA SHOAH

Dans Charlie Hebdo, le peintre algérien Kamel Yahiaoui dénonce la campagne d’intimidation dont il a été victime lors de son exposition « Rideau d’interrogation » sur la Shoah au centre culturel algérien de Paris. Le jour du vernissage, on lui a fait comprendre qu’il ne fallait pas exposer un sujet sur la Shoah mais sur l’occupation de la Palestine. Un article du quotidien algérien El Chourouk El Youmi a accusé Kamel Yahiaoui d’avoir commis une « faute grave » en ouvrant la porte aux criminels juifs au lieu de répondre aux caricatures du prophète Mohamed et s’est fait traité de « traître sioniste ».
« J’en ai assez de chuchoter. Certes l’Algérie vit une période charnière et nous subissons encore les contrecoups d’une tragédie. Mais on peut au moins essayer de bousculer le vent, au lieu de libérer des islamistes et d’enfermer des journalistes, comme vient de le faire le gouvernement [NDLR : à propos des caricatures de Mahomet] », déclare le peintre algérien.

Sunday, March 19, 2006

227 - LE PAPE APPELLE LES JUIFS A LA CONVERSION

Le pape suit ses prédécesseurs sur la voie de la discussion avec les autres religions
16:41 19 mars, 2006 Poursuivant les efforts de ses prédécesseurs, le pape Benoît XVI a recommandé de perpétuer le dialogue entre les chrétiens et les juifs, tout en appelant l?ensemble des juifs à la conversion. Jeudi 16 mars, le pape a rencontré une délégation du Comité américain juif (AJC) au Vatican et a engagé les deux communautés à renforcer les liens qui les unissent déjà. Il a évoqué le patrimoine commun aux deux religions et a sollicité un "dialogue gouverné par le respect et l'amour". Mais la veille, devant 30 000 fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre, le pape Benoît XVI avait appelé tous les juifs à se convertir au catholicisme. Le chef de l'AJC et président du comité international pour les discussions interreligieuses le rabbin David Rosen a confié au Jerusalem Post que les paroles en question pouvaient facilement être mal interprétées. Il estime que son supposé "appel à la conversion" était en réalité un exposé sur la fin des temps. "Le pape trouve toute forme de prosélytisme inacceptable" a déclaré Rosen. © Jerusalem Post Edition Française

226 Plus de 150 imams et rabbins à Séville pour promouvoir la paix

Plus de 150 imams et rabbins, venus notamment d'Europe, du Proche-Orient et d'Amérique du Nord, se sont retrouvés dimanche à Séville (Espagne) pour travailler ensemble pour la paix et contre l'extrémisme.
"Ces dernières semaines, la situation internationale nous a encore prouvé, de manière inquiétante, combien notre rencontre était nécessaire", a déclaré à l'ouverture de ce deuxième congrès mondial des imams et rabbins pour la paix, Alain Michel, président de la fondation Hommes de Parole, qui a organisé cette réunion.
"Nos religions ont été prises en otage", a dit le conseiller du roi du Maroc André Azoulay, soulignant l'importance de la rencontre de Séville pour le dialogue judéo-musulman: "il faut que nous soyons à la hauteur de nos ancêtres (...) à l'époque le monde parlait arabe, c'était le monde de l'ouverture, de la raison, pas celui de la peur".
"Je ne peux être juif aujourd'hui si je vois d'autres peuples, notamment le peuple palestinien, rester dans la situation qui est la leur: si je me tais je ne suis pas juif, si je l'accepte je suis moins juif", a ajouté M. Azoulay qui s'exprimait au nom de la Fondation des Trois Cultures, créée à l'initiative du Maroc et de l'Andalousie, et partenaire du projet.
Le congrès de Séville bénéficie aussi du soutien notamment de la Fondation Rothschild, la Fondation Ford mais aussi la Kingdom Holding Company du prince saoudien Al-Walid Bin Talal.
A propos de la publication des caricatures de Mahomet dans la presse européenne, le Grand rabbin d'Israël Yona Metzger a condamné "ceux qui ont manqué de sensibilité en dessinant de façon humiliante le prophète de l'islam", estimant que "porter atteinte à la foi des autres est monstrueux, interdit".
Le rabbin Metzger a invité les musulmans présents à Séville à s'exprimer au nom de "la majorité modérée", leur demandant: "pourquoi vous taisez-vous quand Ben Laden se permet de parler au nom de l'islam?".
"Tout sermon se retrouve le lendemain sur internet" et, sur un bateau où tous sont embarqués ensemble, "le trou que vous faites dans votre cabine nous fait tous faire naufrage", a-t-il averti en souhaitant la création d'une "ONU des religions".
L'imam de Gaza, Imad al-Falouji, a insisté sur la nécessité de compréhension réciproque: "nous devons réaliser un dialogue responsable et sérieux", a-t-il dit, "je m'engage à ressentir ce que ressentent les autres s'ils s'engagent aussi à ressentir ce que moi je ressens".
Les participants ont entendu un message du secrétaire général de l'ONU Kofi Anan les invitant à "tracer un chemin de modération pour les croyants".
"En tant qu'enseignants et guides, vous pouvez être de puissants agents de changement pour surmonter l'ignorance, la peur et l'incompréhension", poursuit le message de M. Anan, qui invite également les participants à aider ceux de leurs coreligionnaires qui ont "le sentiment d'être des victimes et des exclus", à le surmonter.
Le ministre des Affaires religieuses du Maroc, Ahmed Taoufiq, dont la venue avait été annoncée, était représenté par le numéro deux de son ministère, le directeur des affaires islamiques Ahmed Abbadi.
La rencontre de Séville, prévue jusqu'à mercredi, doit notamment étudier les moyens de promouvoir une éducation en faveur de la paix. Le premier congrès s'était tenu en janvier 2005 à Bruxelles.

225 - LA JUSTICE CONTRE L'ANTISEMITISME ?

Le parquet général de la Cour d'Appel de Versailles (banlieue de Paris) a signé une ''convention avec le recteur de l'Académie afin que tous les actes liés au racisme et à l'antisémitisme, même de faible gravité, soient signalés directement aux parquets par le chef d'établissement''. (Guysen.Israël.News)Les sanctions éducatives scolaires ou les rappels à la loi par les délégués du procureur peuvent alors être systématiquement envisagés. Pascal Clément, ministre français de la Justice, a demandé aux Procureurs Généraux et aux Magistrats référents Racisme et Antisémitisme ''de prendre contact avec les recteurs afin de généraliser cette pratique''.




13:03
Située à Bordeaux (France), l'Ecole nationale de la magistrature (ENM) organisera, en fin d'année, un colloque, au titre de la formation continue, sur la lutte contre le racisme et l'antisémitisme. (Guysen.Israël.News)Tous les jeunes magistrats suivent à l'ENM un module de formation sur la lutte contre le racisme et l'antisémitisme.


17 mars, Pascal Clément, Ministre français de la Justice, a réuni les Procureurs Généraux et des Magistrats référents Racisme et Antisémitisme. Il a souligné sa volonté que tous les parquets mettent en place sa politique de lutte sans relâche contre les propos et les violences racistes et antisémites. (Guysen.Israël.News)Il a rappelé que ''le racisme et l'antisémitisme sont des circonstances aggravantes des violences commises sur un individu, [ce qui] a pour effet d'augmenter la peine encourue, et dans certains cas de criminaliser l'acte. Il ne doit n'y avoir aucune systématisation dans le visa de la circonstance aggravante''. M. Clément a insisté sur le nécessaire ''effort de communication afin d'éviter les rumeurs ou les interprétations hasardeuses''. Il a demandé ''à ce que tous les parquets se dotent de tableaux de bord afin de mesurer la délinquance raciste et antisémite, d'améliorer nos capacités d'élucidation et de s'assurer de la réalité de la réponse pénale''. Il a refusé que ''le racisme et l'antisémitisme puissent se réfugier dans internet. La Direction des Affaires Criminelles et des Grâces de son ministère communiquera aux magistrats un guide sur la cybercriminalité.

224 - UNE BOURDE DE PLUS DE FRANCE 2...

Enlèvements à Gaza : décidément, la rédaction de France 2 est incorrigible !
Mis en ligne le 15 mars 2006
Le journal de 20 heures est la vitrine des rédactions des deux principales chaînes, TF1 et France 2.
On peut donc penser que ce que lisent les hommes (ou femmes) troncs sur leurs prompteurs sont des textes qui sont validés par l’ensemble de leur rédaction.
Quelle n’a pas été notre surprise d’entendre le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, déclarer dans son journal du mardi 14 mars 2006, « Il faut rappeler, pour tempérer la menace, que l’enlèvement n’est pas une tradition dans les territoires palestiniens, rien à voir avec l’Irak par exemple. »
Pourtant, nous avions le souvenir que les prises d’otages avaient été remises au goût du jour par l’Organisation de Libération de la Palestine, au début des années 70.
Pour permettre à la rédaction de France 2 de retrouver la mémoire, nous allons ici citer quelques enlèvements et prises d’otages de leurs amis palestiniens :
- Septembre 1970 : prise d’otages de 400 personnes réparties dans 3 avions détournés dans le désert jordanien ;
- Septembre 1972 : 11 athlètes israéliens seront tués lors de la prise d’otages des jeux Olympiques de Munich ;
- Juin 1976 : détournement et prise d’otages d’un avion d’Air France sur l’aéroport d’Entebbe, en Ouganda ;
- Octobre 1985 : prise d'otages du paquebot italien Achille Lauro.
Plus récemment, d’autres prises d’otages eurent lieu dans les territoires palestiniens.
Ainsi, un diplomate égyptien fut enlevé en février 2006. En décembre 2005, c’était une militante pacifiste britannique, Kate Burton, qui se faisait kidnapper. Quelques jours plus tôt, c’était le directeur du Collège International de Gaza qui était enlevé en compagnie de son assistant australien.
Nous vous avons gardé le meilleur pour la fin : en août 2005, un preneur de son de France 3 était enlevé à Gaza.
Cela avait conduit Amnesty International à affirmer dans une déclaration publique intitulée Les enlèvements doivent cesser et Mohammed al Ouati, membre d’une équipe de télévision française, doit être immédiatement libéré :
« L’enlèvement de Mohammed al Ouati est le dernier en date d’une série d’enlèvements perpétrés par des groupes armés palestiniens ou des hommes armés au cours de ces derniers mois. Au cours des deux derniers mois, au moins une douzaine de personnes, des ressortissants étrangers pour la plupart ont été enlevés dans la bande de Gaza. »
Il serait temps que France 2 pratique le patriotisme de groupe et garde en mémoire les enlèvements qui frappent leurs collègues de France 3 !



France 2 dans la tourmente
Non pas la direction générale de ce média, quoique, mais plus vraisemblablement la direction des forums Internet mis à la disposition des lecteurs de son site. Certainement, dans tous les cas, les responsables de la modération du forum dédié au sujet brûlant du Proche-Orient.Un forum où la haine se chamaillait la place avec la bêtise et l’ignorance de la quasi totalité des forumeurs du camp adverse au Juif, au Sioniste et/ou à l’Israélien. Un forum que la Licra, saisie de l’outrance, a qualifié -par courriel- les propos tenus comme « d’extrême violence et inacceptables » et a décidé, en conséquences, de les signaler aux autorités compétentes. Qualification que l’on peut aisément conforter, parmi d’autres éléments à charge, par l’éviction définitive d’un internaute insistant pour une diffusion du lien de l’interview de trois terroristes musulmans repentis. Vidéo jurant probablement avec l’idéologie islamiste des modérateurs -métamorphosés en la circonstance en censeurs- mais n’outrepassant nullement les règles imposées sur ce forum.Triste constat des mœurs d’un média devant être au service du public et devenant, de par son influence, un amplificateur de tout ce que l’on peut condamner pénalement. C’est ainsi qu’un forumeur excédé a décidé de compiler le maximum d’éléments accusateurs, mais aussi d’autres rejetés pour des raisons des plus surprenantes et démontrant -sans risques- le parti pris de la modération, afin de les communiquer à la 17ème chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris. Après, toutefois, avoir averti la direction générale de France Télévision et de France 2 qui se sont penchées pendant quelques jours sur l'étude du forum.Ce qui les a amené à la décision de le fermer pour plusieurs mois, voire définitivement selon leurs propres dires. Interruption qui peut être considérée, d’ors et déjà, comme un aveu de culpabilité et une victoire du droit et des valeurs défendues par la République française.L’on ne peut dire, que ces abus de langage interviennent sans raison sur le site de cette chaîne publique. Média ayant été, à maintes reprises, pris en porte-à-faux en ce qui concerne l’information en provenance du Proche et Moyen-Orient. Sans en lister tous ses excès, il en est un qui est symbolique des publications faites sur ce forum. ‘’L’assassinat’’ de l’enfant palestinien Mohamed Al-Dura, ‘’scoop’’ de Charles Enderlin, qui -à ce jour- est toujours attribué, par ce média, à l’armée israélienne sans, pour autant, en avoir la preuve incontestable. Affirmation révélatrice de la pensée dominante au sein de cette entreprise.Si l’on peut être satisfait de la suspension de ce forum, on doit être plus circonspect quant à une condamnation pénale future de France 2. Au vu des arrêts rendus des différents procès intentés pour antisémitisme, les verdicts ont toujours privilégié la liberté d’expression à l’intention malsaine des auteurs.Mais cela est une autre bataille, que tous les démocrates se doivent d’engager et de gagner.

223 - QUAND LE PERE DE DANIEL PEARL PLEURE SUR ILAN.....

Pour Ilan, un hommage - par Judea Pearl (version française)
Mis en ligne le 16 mars 2006
Cet article est disponible en anglais : Pour Ilan, A Eulogy
« Pour Ilan », voilà le message que portaient les manifestants qui défilaient calmement à Paris, en ta mémoire.
Pour Ilan, Ilan Halimi, mon nouveau fils disparu.
Quand je pleure pour toi, je pleure aussi pour mon fils Daniel, qui t’a précédé dans la souffrance, vous, les deux trésors arrachés par les griffes de l’histoire.
Quand je pleure pour toi, je pense à ton visage brûlé, tes mains attachées dans le dos et j’hurle mon impuissance. Ça me rend fou de savoir que tu n’es plus là.
Ils ont tous défilé en ta mémoire, les hommes politiques, les notables et les dirigeants communautaires juifs aussi.
Ils ont évoqué le chômage, le crime, la jalousie et la cupidité.
« Ils croient que les juifs ont de l’argent » a dit le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy.
Ils parlent tout le temps de « eux », les criminels, les « barbares », rarement d’eux-mêmes.
De leur silence, de leur silence coupable qui a créé ce climat en France où une bande de voyous a décidé de s’attaquer à un juif, aux juifs.
Un climat qui a permis qu’un juif soit torturé et que cela soit considéré comme normal.
« Nous l’avons torturé parce qu’il était juif » a affirmé un des ravisseurs, la semaine dernière.
Comment un tel climat de haine a-t-il pu se développer dans un pays qui a offert au monde la Liberté, l’Egalité et la Fraternité ?
Ilan ne s’est pas posé cette question, il connaissait déjà la réponse.
Il a compris que la compassion ne pouvait pas exister dans une société qui a renoncé à ses valeurs de dignité et de respect.
Il savait, d’expérience, que si certains Français juifs sont parvenus à se hisser aux plus hautes fonctions, la communauté juive n’est, en général, pas respectée. Elle est, plus souvent qu’à son tour, diabolisée dans toutes les couches de la société française.
Bien évidemment, ce ne sont que les Israéliens qui sont actuellement honnis dans les médias français. La France est un pays civilisé et, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ses médias connaissent les limites à ne pas dépasser.
De même, les juifs ne sont plus accusés d’avoir tué le fils de D ieu ou de sacrifier rituellement des enfants chrétiens.
Ils sont haïs pour une seule et bonne raison : leur soutien à ce « petit état de merde » qu’est l’Etat d’Israël, selon les propres dire de l’ancien diplomate français, Daniel Bernard. Israël est aussi un pays qui, selon une étude européenne de 2005, représente « la principale menace pour la paix dans le monde ».
Le malheur d’Ilan fut que les barbares de Bagneux ont bien appris, tout comme de nombreux jeunes Européens, qui sont les fauteurs de guerre dans le monde et qui peut être maltraité impunément.
Il vaut mieux, pour ces notables, gloser sur les barbares de Bagneux que de s’attarder sur les responsabilités des médias français.
Mais, pour qu’Ilan Halimi ne soit pas mort pour rien, il faut effectuer un examen de conscience sur les fondements de notre société.
En laissant se développer la haine d’Israël et du sionisme, auxquels la communauté juive française est attachée, et en refusant de présenter les choses de façon équilibrée, les médias français ont diabolisé cette communauté.
Tout cela, ajouté à l’antisémitisme ordinaire déversé par les chaînes de télévisions satellitaires arabes, explique la barbarie et la sauvagerie des ravisseurs d’Ilan.
Comment les habitants de Bagneux pourraient-ils respecter la vie d’Ilan, lui qui aimait tant l’Etoile de David, qui est devenu le symbole le plus haï en Europe, après la croix gammée ?
Un symbole que, depuis plus de dix ans, les médias français ont traîné dans la boue.
Quelle compassion Ilan aurait-il pu espérer de ses ravisseurs alors que son identité était, jour après jour, insultée ?
Comment ont-ils pu rester sourds à ses supplications, ainsi qu’à celles de sa mère, pendant plus de 20 jours ?
Etaient-ils convaincus que ce jeune homme méritait son triste sort en raison de son appartenance ethnique ?
Ou bien est-ce parce qu’Ilan serait le cousin de ces « monstrueux soldats israéliens » que l’on voit, jour après jour, tuer de sang froid des enfants palestiniens ?
A moins que les barbares ne se souviennent des images de la mort de Mohamed Al Doura que France 2 s’est empressée de diffuser en septembre 2000, et qui depuis sont soupçonnées d’être une mise en scène ? Images qui furent diffusées en boucle et de façon répétitive, quasiment religieusement.
Et l’objectif fut atteint puisque les assassins de Daniel Pearl, au Pakistan, ont utilisé ces images pour justifier leur crime horrible.
Leur acte ignoble est la conséquence d’un journalisme irresponsable.
Mais essayons de voir plus loin.
Comment les honnêtes gens de Bagneux auraient-ils pu s’opposer à leur voisins-voyous quand ils ne voient, autour d’eux, que capitulation et mensonge ?
Un environnement où des professeurs apeurés cèdent devant leurs élèves qui refusent d’assister aux cours sur la Shoah.
Une police qui ne voit pas ce que le gouvernement ne veut pas voir.
Des politiques qui affirment, contre toute évidence, que les émeutes de novembre 2005 n’étaient pas ethniques, et où un philosophe qui s’oppose à cette interprétation est rejeté et traité de « raciste » par ses pairs.
Une culture où le « bien-aimé » Tariq Ramadan affirme que soutenir l’Etat d’Israël, c’est trahir les valeurs universelles, et qui proclame que l’occident est en faillite morale sans être contredit par ses pairs.
Ilan et Daniel, vous êtes deux occidentaux dont les intellectuels et les barbares ont défié l’héritage moral.
Rappelez leur qui vous êtes !
Vous êtes les disciples d’Abraham, de Socrate et du prophète Jérémie.
Vous êtes les représentants de Saint Thomas d’Aquin, de Rachi et de Galilée.
Vous êtes les messagers de Rousseau, de Jefferson, de Herzl et d’Einstein
Dîtes leur ce qu’ils ne veulent pas voir sur vos corps martyrisés : que la civilisation occidentale ne capitulera pas, que vous êtes le reflet de sa force et de sa vitalité et que la « faillite » n’est pas dans votre lexique.
Enfin, dîtes leur que votre héritage moral sera le témoin de leur effondrement.
Il en sera ainsi !
Danny, Ilan, mes deux enfants assassinés, ce ne sont pas seulement les barbares qui vous ont tués : ce sont ces intellectuels pyromanes qui ont préparé le terrain à ces barbares qui ont enflammé la mèche.
Ils vous ont tué parce que vous êtes l’âme de la civilisation occidentale qu’ils rejettent totalement.
Ilan, il n’y aura ni silence ni répit tant que le climat raciste qui a alimenté ton assassinat n’aura pas été jugé par l’histoire.
Jusqu’à qu’un autre Zola se lève, lance un « J’accuse », et mette fin à cette culture du mensonge, de la même façon que l’affaire Dreyfus a été dévoilée.
Judea Pearl est le président de la Fondation Daniel Pearl.
Daniel Pearl, qui était le fils de Judea Pearl, est le reporter du Wall Street Journal qui fut assassiné par des terroristes au Pakistan, en février 2002.
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Saturday, March 18, 2006

222 - UN ROMAN SUR LA DEPORTATION DES NOIRS

Michèle Maillet
L'étoile noire

Emotion aujourd’hui avec le roman de Michèle Maillet : L'étoile noire. Il aborde un aspect méconnu des camps nazis : la déportation des noirs. Un sujet qui habite véritablement l'auteur de ce livre, Michèle Maillet, elle-même martiniquaise, à la suite d'une violente prise de conscience. Le sujet a longtemps été occulté. Aujourd'hui, on sait qu'il y a eu des noirs dans les camps. Les historiens l'ont établi. Le mérite et la force du livre de Michèle Maillet, est de traiter ce sujet sous la forme d'un roman, le destin tragique de Sidonie, jeune mère célibataire martiniquaise et ses deux enfants raflés à Bordeaux parce qu'elle était nounou dans une famille juive.Elle vit son arrestation comme une erreur injuste. Mais très vite, les souffrances communes la rapprochent des juifs qui l'entourent. L'horreur des convois, l'arrivée à Auschwitz où on lui arrache son fils qu'elle ne reverra plus, le transfert à Ravensbrück, tout est raconté en mots simples et justes. La survie tient à un fil, celui de la solidarité des déportés ou de l'évasion par la pensée et le monde intérieur de Sidonie, la Martiniquaise, est particulièrement riche.Ce livre très émouvant vient donc d'être réédité avec une préface inédite de Simone Veil. A lire absolument. Simone Veil souligne, notamment, que ce roman sur la déportation d'une Antillaise livre une superbe et très opportune leçon d'intelligence et d'humanité dans un moment très particulier : celui du débat sur le passé esclavagiste et colonial de la France, qui entraîne certains à établir une hiérarchie des souffrances. On peut ajouter : au moment aussi où un fait divers tragique (l’affaire du gang des barbares) révèle que les préjugés peuvent être assassins. Je reste sur l'impression de Sidonie, la belle Antillaise, donnant à boire à Rachel, la petite juive dans le wagon plombé qui les emmène vers un destin commun.
L'étoile noire, de Michèle Maillet, est publié chez Oh! éditions.

221 - Une ancienne synagogue allemande accueille une exposition sur les chambres à gaz

La communauté juive allemande a été choquée par l'exposition controversée d'un artiste qui a transformé une ancienne synagogue en chambre à gaz. L'artiste espagnol Santiago Sierra a créé une exposition dans laquelle du gaz extrait d'un pot d'échappement de voiture est introduit dans la salle. Les visiteurs doivent porter des masques à gaz et être guidés par un pompier. "Le projet artistique de Santiago est un scandale. C'est une basse provocation des victimes de la Shoah et de la communauté juive dans son ensemble" a déclaré Stephan Kramer, le secrétaire général du comité central des juifs d'Allemagne. Il a qualifié l'exposition "d'abus immoral à la liberté d'expression". Sierra a assuré qu'il voulait au contraire rendre hommage aux victimes de l'Holocauste. Les médias allemands ont dans l'ensemble critiqué le projet mais les responsables politiques locaux ont défendu l'artiste espagnol. "L'artiste émet une opinion, pas moi. Je ne veux pas m'engager dans la censure. L'artiste pense ce qu'il veut" a confié l'élue locale Angelika Schallenberg. Selon les médias locaux, l'exposition a ému ses premiers visiteurs. © Jerusalem Post Edition Française

220 - Deux Français sur trois estiment que l'antisémitisme monte

Deux Français sur trois estiment que l'antisémitisme montemardi 07 mars 2006 (Reuters - 19:13)
PARIS - Deux Français sur trois estiment qu'il y a actuellement une montée de l'antisémitisme en France, selon un sondage de l'Ifop pour Paris Match.
Sur 1.005 personnes interrogées les 2 et 3 mars, 64% affirment croire à cette montée de l'antisémitisme, contre 36% d'un avis contraire.
Les femmes (69%) y croient plus que les hommes (58%) et cette croyance "est particulièrement forte chez les sympathisants du Front national et les électeurs sans sympathie partisane", précise l'Ifop dans un communiqué.
"A l'inverse, le doute est majoritaire chez les bac+2 et encore plus chez les diplômés du supérieur", ajoute l'institut.
Ce sondage a été réalisé avant les agressions dont ont été victimes trois juifs à Sarcelles, près de Paris, à la fin de la semaine dernière. Mais il a été effectué après la mort d'un jeune juif, Ilan Halimi, enlevé et torturé pendant trois semaines par un gang de la région parisienne.

219- APRES DIEUDONNE, CLAUDE SIAR JOURNALISTE VEDETTE DE RFI PREND LE LEADERSHIP DE LA COMMUNAUTE NOIRE

« Pour ne plus être les paillassons de la société française »Claudy Siar crée l’Union de la communauté noire de Francejeudi 10 mars 2005, par David Cadasse
L’animateur vedette de Radio France Internationale, Claudy Siar, lance l’Union de la communauté noire de France. Une association de lutte contre les discriminations qui entend veiller au respect et à la dignité des Noirs dans l’hexagone.

Une structure pour défendre les intérêts et la dignité des Noirs de France. Claudy Siar, une des plus célèbres voix de Radio France Internationale vient de créer l’Union de la communauté noire de France. L’animateur-producteur de Couleurs tropicales revient sur les raisons de la création de son association et sur les accusations d’antisémitisme portées à l’encontre de Dieudonné.
Afrik : Pourquoi avoir créé l’Union de la communauté noire de France ? Claudy Siar : On est parti sur le constat que les différentes associations qui luttent contre le racisme en France (le Mrap, SOS Racisme, la Licra, ndlr) ne s’attellent jamais à des discriminations lorsqu’elles sont à l’encontre de gens de la communauté noire. Ou très rarement. Je connais une de ces associations, que je préfère ne pas citer, qui, quand elle reçoit une plainte de ce type, la met directement à la poubelle. L’affaire Dieudonné a révélé les carences de la communauté noire à défendre l’un des leurs. Et surtout a montré à quel point on pouvait de façon automatique et sans aucun discernement frapper quelqu’un de la communauté sachant qu’il n’y aura aucune réplique. Certains pourraient appeler notre action du lobbying, mais c’est pour nous la possibilité de réagir à chaque fois qu’un Noir est attaqué en France, ou qu’il est victime de discrimination. Les gens de la communauté doivent comprendre que celui qui est attaqué ne sera plus seul. A terme, et cela fait partie de nos attentes et de nos rêves, nous espérons avoir un véritable poids sur la politique française. A nous d’être vigilants pour ne plus être les paillassons de la société française.
Afrik : L’Association sera exclusivement destinée à défendre les intérêts des Noirs ? Claudy Siar : Nous nous réservons le droit de nous porter partie civile quand quelqu’un d’une autre communauté est injustement attaqué. Même si notre association part d’un postulat très communautaire, nous n’avons pas envie de nous cantonner aux Noirs. Nous vivons dans un monde où le métissage, qu’il soit culturel ou ethnique, est une évidence, il n’y a pas de raison pour que nous nous restreignions pour devenir des intégristes de quoi que ce soit.
Afrik : Vous parlez depuis le début à la première personne du pluriel. Qui se cache derrière le « nous » ? Claudy Siar : Il y a des gens connus et des gens qui le sont moins. En temps voulu, je citerai le nom de ces personnes-là, qui sont déjà là, mais qui n’ont pas encore pris de fonction précise dans l’association, dont je suis le président. Les statuts viennent d’être déposés, nous avons même déjà un numéro de téléphone pour nous joindre. Dans les semaines à venir j’annoncerai la constitution de notre bureau et de quelle façon nous allons pouvoir, si nous en avons besoin, avoir recours à la justice avec des avocats qui travaillent au sein de l’Union de la communauté noire.
Afrik : Il existe déjà certaines initiatives pour fédérer la communauté noire de France, comme Africagora. Qu’en pensez-vous ? Claudy Siar : J’aime beaucoup ce que fait Africagora. Je trouve qu’il y a un vrai discours, une vraie démarche, depuis plusieurs années dans ce club. Dogad Dogoui mène un fantastique combat qui est plus citoyen et politique que le nôtre, mais tout aussi essentiel.
Afrik : La communauté noire a-t-elle un réel problème d’intégration ? Claudy Siar : Les gens de la communauté noire ont de vrais problèmes pour se penser et se mouvoir dans la société française. Ils ont l’impression que les lois sont là pour leur interdire des choses et pas pour leur garantir leur liberté, leur permettre de s’émanciper et de trouver leur voix.
Afrik : Y a-t-il une communauté noire ou des communautés noires en France ? Claudy Siar : Au départ, nous nous sommes demandés si nous n’allions pas plutôt définir l’association comme L’Union des communautés noires de France. Mais cela aurait été une véritable erreur. Parce que tu sois antillais ou que tu sois malien en France, tu subis le même racisme, la même discrimination. D’ailleurs, pour beaucoup de Français blancs, les Antillais sont vus comme des personnes issues de l’immigration. Ce qui est une aberration. Force est de reconnaître que c’est la couleur de ta peau qui détermine le regard que l’on a sur toi dans la société française. C’est contre ça que nous allons nous battre. Je n’ai pas envie que demain mes filles me disent « mais qu’avez vous fait, vous, nos aînés, pour que nous ayons hérité d’une société aussi injuste ? ».
Afrik : N’existe-t-il toujours pas un fort clivage entre les Africains et les Antillais ? Claudy Siar : Beaucoup moins qu’il y a dix ans ou vingt ans. On a heureusement dépassé les propos qui accusent les uns d’avoir vendu les autres ou ceux qui accusent les Antillais d’avoir oublié leur négritude. Ça fait partie de l’idéologie colonialiste et néo-colonialiste qui prône le « diviser pour mieux régner ». Et Franz Fanon le dit très bien dans Les damnés de la terre ou dans Peau noire et masque blanc, ce sont des choses que nous avons intégrées et qui deviennent une vérité pour nous. Et puis il faut dire que la notion de frère n’existe que depuis le début du vingtième siècle. Elle est née avec le professeur Dubois et les débuts de l’Afrocentrisme. Cette notion de fraternité s’est amplifiée avec Marcus Garvey (père du rastafarisme, ndlr). Celui qui appartenait au royaume du Dahomey (l’actuel Bénin, ndlr) et celui de l’empire mandingue n’étaient pas frères : ils étaient ennemis. Les Européens ne disent pas « nous sommes tous frères ».
Afrik : Votre association aura-t-elle un lien direct avec le continent africain ? Claudy Siar : On a aussi besoin de la contribution de nos grands chefs d’entreprise et nos éminences politiques en Afrique. Il faut que l’Afrique comprenne que si ceux qui appartiennent à la diaspora sont forts, ils sont forts aussi pour le continent. Donc, il y a une vraie réciprocité. On a besoin de moyens. Nous refusons de demander des subventions à l’Etat français. Nous devons rester indépendants dès le départ. C’est à nous de nous organiser. Aujourd’hui, c’est sur des financements personnels que nous allons faire tout ça, mais nous avons besoin que des gens importants sur le continent africain décident de nous aider.
Afrik : Quels liens votre association se propose d’entretenir avec les autres associations de la communauté noire en France ? Claudy Siar : Il y a des terrains sur lesquels nous n’irons jamais. Nous pouvons soutenir une association comme Africagora. Nous éviterons, en revanche, de soutenir trop facilement des structures qui ne s’inscrivent que dans des actions passéistes. Il est important de nourrir un devoir de mémoire sur l’esclavage - j’étais le premier à organiser une fête pour la commémoration de l’esclavage en 1993 (la Fête des Nègres marrons en avril 1993, ndlr) - mais nous souhaitons parler de choses beaucoup plus proches de nous pour poser le problème du présent et de l’avenir.
Afrik : Pour en revenir à l’affaire Dieudonné, il y a la polémique autour de son sketch controversé qui lui vaut aujourd’hui d’être accusé d’antisémitisme et celle sur le SMS, diffusé par l’équipe de Marc-Olivier Fogiel, que d’aucuns jugent infamant par rapport à la communauté noire. Où vous situez-vous dans tout ça ? Claudy Siar : Personne ne parle du SMS. L’histoire de ce SMS a été orchestrée et est une insulte à l’endroit de la communauté noire. Personne n’a rien dit. C’est un membre de l’équipe de Fogiel qui a rédigé ce SMS. Ils l’ont fait exprès. Fogiel a essayé de s’en expliquer. Il m’a même appelé pour me dire : « C’est pas vrai, tu ne peux pas croire ça, je ne suis pas raciste ». Il a soutenu qu’il n’avait pas écrit ce message, mais j’en doute fortement.
Afrik : Que pensez-vous des accusations d’antisémitisme lancées à l’encontre de Dieudonné ? Claudy Siar : Il dénonce la politique de l’Etat israélien envers les Palestiniens. Ce n’est pas de l’antisémitisme. L’Etat israélien ce n’est pas le peuple juif. On peut certes trouver que « Heil Israël » est quelque chose qui a pu choquer les Juifs parce qu’on est revenu encore une fois sur la Shoah.
Afrik : Avec de tels propos, n’avez-vous pas peur que l’on vous taxe vous-aussi d’antisémitisme ? Claudy Siar : On ne peut pas me taxer d’antisémitisme. Je condamne la politique d’Ariel Sharon. Nous étions tous très heureux lorsqu’Ytshak Rabin est arrivé au pouvoir. Personne n’oubliera cette poignée de main avec Yasser Arafat à Oslo (Norvège, 13 septembre 1993, ndlr). Lorsqu’il a été assassiné (novembre 1995, ndlr), j’ai appris la nouvelle depuis Dakar, j’étais effondré. Avec Ehoud Barak, on a eu également le sentiment qu’il y allait y avoir la paix. Aujourd’hui, on sait très bien que Sharon ne veut pas la paix. Quand la force est de votre côté et que de l’autre les gens n’ont que des pierres ou le désespoir en allant se faire sauter pour faire entendre leur voix, il faut voir qui a la capacité de faire la paix et qui ne l’a pas.
Pour joindre l’Union de la communauté noire de France : 00 33 (0) 6 84 75 88 91
Lire aussi :

218 - EN BELGIQUE, LE PROCES DE 2 ISLAMISTES ANIMATEURS D'UN SITE ANTISEMITE

L'avocat est accusé d'antisémitismeChristophe LamfalussyMis en ligne le 14/03/2006- - - - - - - - - - -
Incidents, lundi à Bruxelles, au procès d'Assabyle.com. L'avocat des prévenus est menacé de mort et fait l'objet, à son tour, d'un reproche d'antisémitisme.
Des incidents ont émaillé la deuxième audience, lundi à Bruxelles, du procès contre deux webmasters du site islamiste Assabyle.com.
Leur avocat, MeSébastien Courtoy, est arrivé au palais de justice de Bruxelles protégé par six agents de la Sûreté, après avoir reçu des menaces de mort. De plus, il a été accusé d'antisémitisme par l'avocate qui représente l'un des plaignants, le «Centre pour l'Egalité des Chances et la lutte contre le Racisme». «Je viens plaider ici avec des menaces de mort. On demande ici un an de prison pour mes clients qui ne sont ni antisémites ni négationnistes», a dit l'avocat bruxellois.
Ses clients sont deux jeunes Français, Raphaël Gendron et Abdel Rahman Ayachi, identifiés par la police fédérale comme les animateurs d'un site Internet dépendant du Centre islamique belge (CIB) salafiste de Molenbeek. Pendant deux ans, de 2000 à 2002, ce site a diffusé des textes appelant à la destruction des Juifs, à la haine des Occidentaux et à la guerre sainte. Une bande vidéo, confectionnée par des étudiants libanais et accessible sur le site belge grâce à un lien hypertexte, est aussi dans le collimateur de la justice car elle faisait la comparaison entre David Levy, l'ancien ministre israélien des Affaires étrangères, et Adolf Hitler.
Avant l'audience de lundi, MeCourtoy a reçu un appel téléphonique l'avertissant qu'il serait tué s'il se rendait à l'audience. Le dossier a été confié, pour enquête, à l'antiterrorisme.
Intervention du bâtonnier
Mais l'audience elle-même a été rapidement interrompue quand un représentant du bâtonnier est venu demander à la présidente de la 61echambre correctionnelle, Mmede Laminne de Bex, de régler un problème en aparté. Aucune communication n'a été faite à l'issue de cette chambre du Conseil improvisée, sinon que l'affaire sera reprise le 27 avril prochain.
De bonne source, cependant, on a appris qu'une plainte déontologique a été introduite par l'avocate du «Centre pour l'Egalité», MeJulie Feld, contre l'avocat des deux islamistes, lequel est convoqué chez le bâtonnier.
MeCourtoy, associé du cabinet Graindorge, a, en effet, déposé 80 pages de conclusions d'une grande virulence, qu'il n'a toujours pas pu plaider.
Dans celles-ci -que MeFeld a pu consulter à l'avance comme le veut la pratique- il accuse notamment le «Centre» de s'inspirer de «sites racistes ou de sites d'associations juives» pour étayer son dossier. Il réclame également le droit de pouvoir critiquer la politique d'Israël dans les territoires palestiniens sans être taxé d'antisémitisme. Et il remet une couche. «Etre traîné dans la boue, écrit-il, et poursuivi pénalement par un Office gouvernemental pour avoir osé critiquer un gouvernement d'occupation, on croyait que ce n'était plus guère concevable qu'en Corée du Nord.»
L'avocat se plaint aussi que ses clients soient poursuivis pour avoir publié un texte sur «la puissance du lobby juif dans le monde». Or, c'est un fait, dit en substance l'avocat, en s'appuyant sur un article du «Monde diplomatique».
L'existence du lobby juif ne peut être niée «sans faire preuve d'un angélisme hypocrite».
La liberté d'expression
MeCourtoy se place sur le terrain de la liberté d'expression et s'appuie sur la jurisprudence récente du tribunal de Dinant pour qui «l'antiracisme ne peut et ne doit être transformé en instrument de censure intellectuelle, politique et morale».
Les animateurs du site islamiste sont poursuivis en vertu de deux lois, celle du 30 juillet 1981 qui condamne l'incitation à la haine raciale et celle du 23 mars 1995 qui poursuit celui qui nie ou minimise «grossièrement» le génocide commis par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
© La Libre Belgique 2006
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217 : DANS COURRIER INTERNATIONAL UNE REVUE DE PRESSE EFFRAYANTE SUR L'ANTISEMITISME EN SUEDE

Courrier international - 16 mars 2006
Revue de presse
SUÈDE - "La haine des Juifs est parmi nous"
Une enquête montrant la persistance d'un antisémitisme "traditionnel" dans la population suédoise choque les éditorialistes du pays, qui estiment que le phénomène menace l'ensemble de la société démocratique.

La synagogue de Stockholm - DR
"La haine des Juifs est parmi nous". Le titre de l'éditorial du quotidien Göteborgs-Posten résume bien la frayeur des médias suédois après la publication d'une enquête menée par le Forum pour l'histoire vivante et le Conseil national pour la prévention des crimes, d'après laquelle 41 % des 5 000 personnes interrogées ont une opinion totalement ou partiellement négative des Juifs, et un Suédois sur quatre souhaite ne jamais voir un Juif devenir Premier ministre. "Si 5 % des individus interrogés [ceux qui ont exprimé une opinion totalement négative] sont certainement des cinglés et des idiots finis, les 36 % restants, ayant exprimé une 'opinion ambiguë' envers les Juifs, inquiètent", s'alarme le deuxième quotidien du pays. Et d'insister : "Le fait que 36 % ne se sont pas libérés des préjugés traditionnels sur le Juif radin ou sur la conspiration mondiale des Juifs traduit un échec complet de l'éducation suédoise."



"Même dans une Suède qui aime à se considérer comme une société dépourvue de préjugés", l'antisémitisme existe, constate le quotidien libéral du Sud, Sydsvenskan, exprimant ainsi sa surprise devant la persistance du vieux mythe sur le prétendu pouvoir des Juifs sur l'économie, les médias et la politique mondiale. Pour Dagens Nyheter, au contraire, "l'existence d'un antisémitisme latent au cœur de la société suédoise ne devrait étonner personne. La haine des Juifs n'est pas nouvelle dans ce pays. La Suède n'a jamais été une exception en Europe." Or, continue le quotidien libéral, "l'antisémitisme est plus qu'une haine envers les Juifs. Il se présente comme une vision alternative du monde, seule détentrice de la 'vérité' sur le capitalisme et la politique." Commentant les résultats publiés dans le quotidien Dagens Nyheter, le Premier ministre, Göran Persson, se dit "effrayé et surpris". "Cela fait longtemps que je m'occupe de ces questions et je suis très engagé dans la lutte contre l'antisémitisme", affirme-t-il. "Je ne suis pas étonné que l'antisémitisme existe en Suède, mais je suis étonné par le niveau des chiffres." Environ 25 000 Juifs vivent parmi les 9 millions de Suédois. "Il ne faut surtout pas croire que l'antisémitisme est un mythe", conclut Dagens Nyheter. "Il est présent parmi nous et menace non seulement les Juifs, mais la société démocratique tout entière."
Kristine Bergström

216 - UN TEMOIGNAGE SUR LA DHIMITUDE EN TERRE D'ISLAM

Littérature française
La gloire de ma mère
Souvenirs d'une enfance proche-orientale par la mathématicienne Stella Baruk.
par Philippe LANÇONQUOTIDIEN : jeudi 16 mars 2006
Stella BarukNaître en françaisGallimard, «Haute enfance», 253 pp., 17,50 €.






C omment raconter des souvenirs d'enfance ? Comment les choisir, les décrire, les aimer peut-être, mais sans trop les couvrir d'un miel de complaisance ou d'attendrissement rétrospectif ? On remplit si souvent l'enfance des bons sentiments et des rêves qui lui manquent, comme pour se pardonner ce qu'on est devenu. Après tant d'autres dans la collection «Haute enfance», la mathématicienne Stella Baruk choisit donc avec soin ses miettes de madeleine.
Elles sont parfumées à la cannelle et à la fleur d'oranger. Elles reposent sur une nappe orientale cosmopolite, propre et bien repassée, avec des arabesques fantaisistes cousues à la main par des jeunes filles rêveuses, malines et sages, éduquées par des bonnes soeurs. Ces jeunes filles parlent un français impeccable que fertilisent, comme des abeilles, quelques mots anglais, persans, arabes. La mathématicienne rassemble finalement les miettes en trois tas : Iran (Yezd), Syrie (Alep), Liban (Beyrouth) ­ pays où elle a grandi, sans connaître la France, jusqu'à l'adolescence.
Fille d'instituteurs juifs devenus directeurs d'école, elle est née à Yezd, en Iran, probablement dans les années trente : aucune date ne fixe les événements de ce livre proustien jusque dans sa texture ; la chronologie et le journalisme sont laissés à l'imagination du lecteur. A travers des détails, des scènes et des portraits, Stella Baruk cherche avant tout à restituer des parfums, des ambiances, de petites musiques intimes, et, modestement, de manière inaboutie, à l'ombre cette fois de Michel Leiris, l'entrée des détails de la langue dans la conscience de l'enfant et dans sa vie quotidienne. Tantôt elle écrit avec une recherche presque affectée, comme si elle suçait mot à mot, en faisant un peu de bruit, une sucrerie sans fin. Tantôt elle le fait avec un naturel presque parlé, qui, dans la seconde partie du livre, tourne parfois au négligé, presque à l'ennui, comme si cette sucrerie avait fini par la lasser.
Yezd est une ville splendide et perdue qu'André Malraux adorait, mais «où il fallait trouver moyen d'exister dans (un) univers où tout était fait pour en dissuader». Les Juifs y sont tolérés, mais mis à l'écart. Ils ne peuvent sortir les jours de pluie, que l'eau «glisse sur la peau d'un Juif pour, d'un vrai Persan, sournoisement effleurer le pied, même chaussé, ne se pouvait accepter». Un jour, le père affronte un homme sur un marché et lui résiste. Celui-ci, un Persan, «se sentit offensé de ce que papa porte un chapeau qui lorsqu'on était Juif n'était pas comme il faut». La famille entière menace le père de mort et les Baruk doivent quitter Yezd, puis l'Iran. Ils rejoignent Alep. Au passage, on apprend qu'«une petite soeur était discrètement survenue, et c'est tout aussi discrètement qu'elle s'en fut», après trois mois. Les parents n'en parlent jamais. Stella grandit sans presque savoir, et ne caresse cette douleur qu'en quelques phrases, comme un secret qui, tout en la déterminant, ne lui appartient pas.
Les Baruk bénéficiaient toutefois à Yezd d'un traitement particulier : ils dirigeaient une école et enseignaient le français. Le gouverneur les invite (et, quand il se déplace chez eux, s'empare de coussins qui ont exigé des heures de broderie). Un jour, il sert aux parents une soupe aux herbes, le chouli. Tandis que l'hôte parle, les invités pâlissent : «De verte qu'elle était d'habitude, la soupe avait ce jour-là viré au noir. Elle était noire de fourmis.» Le gouverneur la mange sans regarder, sans se rendre compte, et tout le monde le suit, stoïquement, sauf la mère : «Des années après, maman riait encore d'avoir réussi à y échapper. Papa au contraire se félicitait d'y être arrivé.»
La petite fille observe ce monde plein d'une magie étroite et transparente en pratiquant «la philosophie du pouf» : «C'est le corps mine de rien, mais la tête qui pense.» Car, devant la mère, il faut se tenir à tous moments. Fière et sentant la règle, cette petite odalisque impeccablement bourgeoise, travaillée jusqu'au moindre détail et dans ses moindres gestes, domine la première partie du livre et lui donne ses plus belles pages : elle en est le centre de menace et de gravité. On y sent vivre une femme dans le corset maniaque de sa splendeur. Pour elle, «la propreté n'était pas une qualité ; c'était une religion, une identité». Elle nettoie ses peignes avec obsession et «quand, dans la salle de bains d'une maison amie elle découvrait un de ces accessoires encombré d'entrelacs dont l'épaisseur avouait l'ancienneté, son idée était faite sur la vraie nature de qui la recevait».

215: UN ARTICLE DITHYRAMBIQUE SUR ESTHER BENBASSA .. DANS LIBERATION

Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias, 55 et 48 ans, femme et mari, historiens du judaïsme, lancent dimanche une semaine du «vivre ensemble», contre les discriminations.
La paix déménage
par Luc LE VAILLANTQUOTIDIEN : jeudi 16 mars 2006






Il y a des Cassandres par milliers qui hurlent à l'antisémitisme résurgent, à la haine entre communautés ennemies et à la faillite d'une France de détestation réciproque. Et puis il y a quelques voix qui s'élèvent dans le désert pour tenter d'apaiser les conflits, de minimiser les griefs, d'envisager un avenir commun. Il y a Théo Klein et, parmi quelques autres, il y a Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias, qui plaident pour qu'on parvienne à dépasser le trauma causé par le meurtre d'Ilan Halimi. Dans une tribune publiée dans le Monde, Esther Benbassa écrit : «C'est un juif qui est mort. Mais n'importe qui d'entre nous, juif ou pas, aurait pu être à sa place.» Et, elle ajoute : «Il serait sage de contourner le piège de la communautarisation de son calvaire...» Pour démontrer que Juifs et Arabes ont plus en commun qu'ils n'ont de raison de s'étriper, Benbassa et Attias organisent, du 19 au 26 mars, une manifestation dont l'intitulé dit l'ambition : «Le Pari(s) du vivre ensemble : une semaine de lutte contre les discriminations et pour la rencontre des différences».
Dates
Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias en 8 dates 27 mars 1950 Naissance d'Esther à Istanbul. 3 mars 1958 Naissance de Jean-Christophe à Bayeux. 1965 Esther rejoint Israël. 1972 Arrivée d'Esther en France. 1978 Conversion de Jean-Christophe au judaïsme. 1991 Le Commentaire biblique (Cerf) de J.-C. Attias. 1993 Histoire des juifs séfarades (La Découverte) d'E. Benbassa. 19 au 26 mars 2006 «Le Pari(s) du vivre ensemble».
Ils sont mari et femme. Ils sont tous deux historiens du judaïsme à l'Ecole pratique des hautes études, lui s'occupe du médiéval, elle du moderne. Les chaires qu'ils occupent, pour des salaires mensuels d'environ 3 500 euros, furent longtemps réservées aux rabbins, aux religieux. Leur percée universitaire est signe d'une sécularisation qui va de pair avec un récent oecuménisme des étudiants, «juifs à 95 % auparavant», selon Esther.
Les Benbassa-Attias sont en strict accord intellectuel et politique mais ne se ressemblent pas une nanoseconde. Esther Benbassa est une boule d'énergie aux cheveux rouges, une pétulance volontaire et profuse, une stratège qui aime le combat et déteste qu'on se risque à s'éloigner de son orbite. Jean-Christophe Attias est un faux indolent, un tranquille réfléchi et ironique, qui a la perspicacité que permettent le retrait et l'écoute. Elle dit de lui : «C'est un homme des profondeurs quand moi, c'est le monde qui m'intéresse.» Et de poursuivre, amusée comme souvent : «C'est un philosophe tourné vers l'intérieur que j'ai mené sur la voie des bonnes actions [rires]. On l'a orientalisé. C'est devenu un homme de fêtes et de plaisirs.» Il dit d'elle : «Esther est une éveilleuse. Elle a joué ce rôle pour moi comme pour d'autres. Elle sent le moment, l'époque. Elle combine souplesse et obstination. Elle est tenace même si elle sait évoluer.» Et il ajoute : «Elle incarne un judaïsme qui me plaît, conscient du tragique de la vie mais toujours optimiste.»
Ce vitalisme s'incarne au mieux dans l'une des pensées les plus transgressives et les plus nécessaires des Benbassa-Attias. Elle la formule ainsi : «Le devoir de mémoire a plombé la vie des Juifs. Impossible de ne transmettre que des tragédies. Il faut que le génocide entre dans l'histoire, c'est la meilleure façon qu'il demeure.» Ils pensent que mieux vaut se souvenir des belles choses et qu'il faut accepter de rêver à demain, dans ce pays qui régresse, l'oeil greffé dans le rétro. Sinon, ils sont plutôt de ceux qui refusent d'envisager la Shoah comme un absolu intouchable, un objet métaphysique, un symbole du mal éternel. De ceux qui n'ont pas besoin de se créer un diable pour se consoler de la mort de Dieu.
Ces idées en rupture avec la pensée moyenne, cette capacité à rudoyer les angoisses des Juifs, à pointer les fautes d'Israël, ou à expliquer les excès de l'islam, valent aux Benbassa-Attias des procès en «haine de soi». Ce concept assez insupportable est là pour assigner à résidence dans un territoire d'origine. Pour signifier qu'il est indigne d'en bouger. Et qu'il faut réagir de façon identitaire et identique, sous peine d'être déchu de son appartenance sous un prétexte psychologisant du genre : «Si tu ne nous aimes pas, c'est que tu ne t'aimes pas.»
Tous deux viennent de mondes opposés. Elle naît et grandit à Istanbul. Son père est un riche négociant en confection, lettré et francophile, «qui s'enorgueillit de ne pas avoir beaucoup de religion». Elle lui ressemble assez. Lui est fils d'enseignant. Un père prof de philo, une mère prof d'anglais. Côté paternel, on est Juif pied-noir, à la religiosité vague. Côté maternel, on vient de Charente et on bouffe du curé. Jean-Christophe a 20 ans quand il se convertit au judaïsme. Il dit : «Il s'agissait de m'arracher à l'indifférenciation française.» Il précise : «Ni le souvenir du génocide, ni la fascination pour Israël n'ont joué un rôle fondamental.» Il conclut : «J'ai ressenti le besoin d'être ressenti comme juif.» La démarche n'a rien d'évident dans un univers d'élus, sans prosélytisme aucun. Comme bien des nouveaux convertis, il opte pour le versant orthodoxe du genre. Il porte la kippa, observe un strict shabbat, s'évite malgré tout les phylactères. De sa foi, il fait bientôt métier, passe une agrégation d'hébreu moderne. Et puis les choses se tassent, se banalisent. La rencontre avec Esther accélère le processus. Celui qui se définit comme «un agnostique qui doute» dit : «Avec elle, je me suis éloigné du judaïsme dans ce qu'il a de plus austère. J'en ai gardé le côté joyeux, solaire.»
Esther Benbassa se raconte comme «la fille d'un aventurier qui lisait Shakespeare, qui mythifiait la Révolution française et qui parlait du capitaine Dreyfus les larmes aux yeux». Elle parle de multiples langues : le turc de ses amies d'enfance, l'arménien de sa nounou, le français de l'école des soeurs, l'hébreu appris au kibboutz qu'elle rejoint à 15 ans, et l'anglais du théâtre et des études. Elle possède trois passeports : français, israélien et turc. Politiquement, tout cela lui donne une fibre sociale, une évidence internationaliste («je suis inaccessible au nationalisme»), une sensibilité libertaire question mode de vie. Mais aussi un penchant libéral en économie et une fascination pour les Etats-Unis et leur capacité d'accueil des communautés, sans volonté assimilatrice à la française.
Jean-Christophe Attias vient lui aussi d'une famille de gauche. Aujourd'hui, avec son goût du nuancé et de l'incertain, il dit : «J'ai toujours été un peu de gauche.» Il ajoute : «Je suis sioniste sans passion excessive. Je suis attaché à l'existence d'Israël mais je ne me fais pas d'illusions sur la société israélienne, sur sa violence.» Les Etats-Unis lui conviennent mais l'enthousiasment moins que l'Europe orientale. Et il est en totale symbiose avec elle sur les thèmes qui relèvent de leur domaine de compétence. Ils s'inquiètent des discriminations, de la stigmatisation des gamins des quartiers. Ils prônent l'«égalité des chances», regrettent la loi sur le voile, pensent qu'il ne fallait pas publier les caricatures de Mahomet.
Sinon, il est «auditif» : musique, piano, «plutôt Bach, pas trop Chopin». Elle est «visuelle» : peinture, sculpture, et devant la myriade de tableaux accrochés au mur de leur premier étage parisien, elle dit : «Je collectionne les fantasmes des Occidentaux sur l'Orient.» Ce salon est aussi un lieu de rencontres, de dîners. Elle invite, préside, anime. Il ponctue, commence à apprécier. Ils n'ont pas d'enfant. Ce n'est pas un choix. Ce sont les hasards de la vie, du temps qui passe. De ces recherches à mener, de ces étudiants à cornaquer, de ces communautés à réconcilier.
photo SERGE PICARD



Société
En France, la haine de l'autre comme «phénomène discriminatoire»
CHRONIQUE. A l'occasion de la «Semaine de lutte contre les discriminations et pour la rencontre des différences», «Libération.fr» rend compte au quotidien des débats. Aujourd'hui, la question du racisme sous toutes ses formes, et notamment comme discrimination à l'emploi ou au logement.
par Catherine COROLLERLIBERATION.FR : 19 mars 2006 - 16:58






Le racisme peut blesser physiquement et moralement, voire tuer, mais également exclure des individus de la société. Dimanche, lors de la première journée de la «Semaine de lutte contre les discriminations et pour la rencontre des différences» organisée au Sénat à Paris par Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias, historiens du judaïsme, Pap N'Diaye, chercheur à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, a insisté sur la nécessaire distinction entre ces deux effets du racisme. Et, tandis que la plupart des intervenants ont surtout traité des formes traditionnelles de racisme, lui a surtout parlé des «phénomènes discriminatoires». Selon Pap N'Diaye, la haine de l'autre a été très longtemps uniquement perçue en France sous sa «dimension morale». La lutte contre le racisme se confondant avec le combat contre les idées du Front National. L'exemple de la petite main «Touche pas à mon pote» que toute une génération a arborée au revers du veston dans les années 80 en est l'illustration. Les discriminations, à l'emploi ou au logement, n'étaient pas prises en compte. «Elles étaient invisibles ou tenues pour quantité négligeable», explique Pap N'Diaye. Et c'est dans les années 90 seulement, «sous l'influence du droit anglo-américain», que la société a commencé à se pencher sur la manière dont se fait le tri entre les groupes de personnes. «Nous sommes sortis des années 80-90 en nous intéressant bien plus aux discriminations, s'est félicité le sociologue Michel Wieviorka, car ce sont elles qui rendent la vie impossible». Pour autant, et malgré ce virage : «il y a encore beaucoup de travail à faire», affirme Pap N'Diaye. Selon lui, la France a du mal à penser et à réfléchir le phénomène des discriminations, et ce, d'autant plus qu'il n'existe aucun outil permettant de le mesurer. Les statistiques ethniques y sont en effet interdites. Pour lutter contre les discriminations, le gouvernement a créé en juillet une Haute autorité (Halde). «Mais elle n'a pas manifesté d'activisme extrême, et elle a été notamment d'une remarquable discrétion lors des émeutes en banlieue», regrette Pap N'Diaye.Certains politiques se sont en revanche saisis de cette question des discriminations. Mais, selon Vincent Geisser, dans un souci purement «clientéliste». «L'un a nommé un préfet musulman, l'autre un ministre arabo-maghrébin. Tous veulent créer leur mosquée et nommer leur conseiller musulman», dénonce-t-il. Certains «font des voyages en Arménie, en Israël, en Algérie» pour séduire les électeurs originaires de ces pays. «Ils défendent la laïcité au Palais Bourbon et font du communautarisme lorsqu'ils reviennent dans leur département ou leur commune», ajoute-t-il encore. Vincent Geisser voit dans ces tentatives de séduction des Français issus de l'immigration une aporie républicaine : «Je veux te faire citoyen électeur mais je suis obligé de te penser traversé par un habitus communautaire pour te penser comme moi».Militant associatif, créateur du collectif des Indigènes de la République, Youssef Boussoumah dénonce «cette détestable assignation à identité obligatoire». «Certains d'entre nous sont très peu pratiquants, mais nous sommes perçus en tant que musulmans», affirme-t-il.Dans le contexte de l'après 11 septembre, cette assignation n'est pas sans conséquences, musulman étant synonyme d'islamiste ou intégriste. Voire d'antisémite, certains responsables communautaires juifs attribuant la récente augmentation des actes antisémites, et leur gravité, aux Nord-Africains. Dominique Vidal, journaliste au Monde Diplomatique a rappelé que selon le dernier rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'homme, «seul un tiers des attaques antijuives sont le fait de personnes issues de l'immigration arabo-musulmane». L'avocat et essayiste Guillaume Weil-Raynal a stigmatisé le «discours extrêmement grave qui consiste à dresser les communautés les unes contre les autres», précisant que «dans certains organes communautaires, on voit une mise en cause explicite des noirs». Et Michel Wieviorka a rappelé qu'il ne fallait pas minorer la responsabilité de l'extrême droite dans la persistance de l'antisémitisme. A Guillaume Weil-Raynal qui avait souligné que l'«ordre de grandeur des actes antisémites est dérisoire par rapport aux chiffres généraux de la délinquance et de l'insécurité», Wieviorka a répondu que «le nombre des passages à l'acte ne suffit pas à rendre compte des préjugés, des discours et des menaces» ressentis par les Juifs de France.Reste que l'on assiste aujourd'hui, en France, comme l'a rappelé Jean Daniel, éditorialiste au Nouvel Observateur, à «l'émergence d'une rivalité des groupes et d'une compétition des mémoires». Dominique Vidal ne le nie pas, mais répond par «un refus intransigeant du deux poids deux mesures». «C'est très bien que la France entière se mobilise lorsqu'un juif est assassiné mais il faut aussi qu'elle se dresse lorsque des arabes, noirs, tziganes, sont victimes de violences».

214 - Gollisnich bénéficie d'un non-lieu

Je reçois ceci d'un correspondant enthousiaste.La justice française continue de plonger dans les fange pétainiste.Le magistrats représentés par l'USM et le Syndicat des Magistrats cherche une porte de sortie "honorable" à la suite de la commission d'enquête provoquée par le fiasco d'Outreau.Ne laissons pas se produire un enterrement de première classe par cette caste qui ne rend de compe à personne, en jouissant du privilège de "juger au nom du Peuple français", mais en "toute indépendance", c'est à dire sans rendre de comptes à personne pour leurs erremetns et leurs erreurs.Quand des professionnels - médecins, avocats, experts-comptables, ingénieurs, architectes - commettent des erreurs ou des fautes, ils doivent répondre devant la justice, et sont passibles de peines proportionnelles.Rien de tel pour les juges : rien ne devrait atteindre leur soi-disant "sérénité", qui est la feuille de vigne de leur irreponsabilité ???Non,non et trois fois non.Ne laissons pas enterrer la commission d'enqupête parlementaire sur la réforme de la magistrature suite à l'affaire d'Outreau, ou bien cette tempête méiatique accoucher d'une souris.Simon Pilczer AFFAIRE GOLLNISCH: Bruno Gollnisch bénéficie d' un non-lieu. Sesdiffamateurs renvoyés en correctionnelleCoup de théâtre judiciaire dans ce qu' il faut bien appeler "l' affaireGollnisch". M. le juge d' instruction Chauvot, vice-président du Tribunal deGrande Instance de Lyon, chargé d' instruire cette affaire, vient de rendreune "ordonnance de refus de mise en examen et de non-lieu" en exonéranttotalement Bruno Gollnisch de l' incrimination de "contestation de crimecontre l' humanité" pour laquelle il était poursuivi à la requêtepersonnelle de Dominique Perben, alors ministre de la Justice. Le juge estime que, s' il y a bien eu un "coup", qui a constitué une"atteinte à la mémoire de toutes les victimes des nazis", ce n' est pas dufait de M. Gollnisch, qui est resté "en deçà", mais bien un "coupmédiatique". La seule chose qui importe légitimement à ses yeux est "dedéterminer quels ont été les propos réellement tenus par M. Gollnisch lorsde la conférence de presse du 11 octobre 2004". Il note que "les articles demultiples quotidiens ou hebdomadaires versés au débat ne sont que d' unfaible secours; il existe en effet des contradictions manifestes (...), desnuances ou approximations, certains propos apparaissant isolés de leurcontexte". Se fondant notamment sur les dépositions des journalistes effectivementprésents (lesquels avaient été requis sur instruction de Dominique Perben dedéposer à la brigade criminelle de Lyon!) le juge déclare notamment qu' iln' est pas douteux que M. Gollnisch ait manifesté clairement sa réprobationdes crimes nazis (...)" Il évoque la question: "En parlant de Katyn et duprocès de Nuremberg, de la libre discussion nécessaire entre historienssérieux, M. Gollnisch n' a-t-il pas cherché à faire naître un doute sur laréalité des crimes du régime national-socialiste?" et répond clairement parla négative: "L' affaire de Katyn (assassinat méthodique d' officierspolonais par les Soviétiques, imputée après la guerre aux Allemands, Ndlr)est bien connue aujourd' hui ainsi que l' entreprise de falsification de l'Histoire par le régime stalinien". "Enfin", ajoute l' ordonnance, "laréalité des camps d' extermination organisés quasi industriellement n' a pasété contestée lors de cette conférence de presse par M. Gollnisch qui sur cepoint répondait à des questions de journalistes". L' ordonnance conclut "qu' il n' existe pas d' élément objectif relevantde la contestation de crime contre l' humanité" et en tire la conséquencelogique "M. Gollnisch ne sera pas mis en examen et un non-lieu seraordonné". En revanche, le juge d' instruction a mis en examen et renvoyé encorrectionnelle non seulement le Président (PS) de la région Rhône-Alpes,J-Jack Queyranne, le seul à l' encontre duquel M. Gollnisch avait portéplainte, mais encore les six présidents de groupe politique qui avaientconcouru à une déclaration lue contre lui au Conseil régional, le 14 octobre2004, sans qu' il lui soit donné la possibilité de répliquer. Considéréscomme co-auteurs ou comme complices, MM. Christian Avocat (PS), HervéGaymard (UMP, ancien ministre), Gérard Géras (Vert), Thierry Cornillet(UDF), J-Michel Bodraton (PC), André Friedenberg (radicaux de gauche), dontle procès aura lieu le 28 mars à 14h. Pour Bruno Gollnisch, il s' agit d' une première étape dans le démontaged' une manipulation dont beaucoup ont été intoxiqués à leur corps défendant,mais que quelques-uns ont délibérément instrumentalisée, à commencer par leMinistre de la Justice, Perben qui, de façon indigne, a trouvé là l'occasion de salir un adversaire politique dont la présence le gêne dans laperspective des prochaines élections municipales de Lyon.

Tuesday, March 14, 2006

Assassinat d'Ilan Halimi
Pourquoi les policiers ont échoué

Le 2 février, la brigade criminelle manque d'interpeller Youssouf Fofana, chef du «gang des barbares». A ce loupé s'ajoute la difficulté de négocier avec un ravisseur aux méthodes déroutantes. Chronique d'une enquête qui n'a pu empêcher la mort du jeune homme, le 13 février.
par Patricia TOURANCHEAUQUOTIDIEN : mercredi 15 mars 2006






près la mort d'Ilan Halimi, l'otage du «gang des barbares», les policiers du 36 quai des Orfèvres ressassent les épisodes de l'enquête qui a abouti à «un échec». Ils ont appliqué le protocole établi en 1975 après les enlèvements du fils du directeur des laboratoires Mérieux à Lyon, et du PDG de Phonogram à Paris. Il s'agit, selon le directeur de la police judiciaire parisienne, François Jaspart, de «négocier sans mettre la vie de l'otage en danger», et de ne «pas verser la rançon pour éviter les récidives», sauf «si la remise permet d'interpeller les auteurs». Ils ont failli coincer Youssouf Fofana deux fois dans des cybercafés. Ils sont passés à deux doigts de l'identifier dans son fief de Bagneux (Hauts-de-Seine). Ils ont enclenché avec lui à la fin un bras de fer qui a mal tourné. Retour sur les ratés d'une enquête policière.
Vendredi 20 janvier. Ilan Halimi part à un rendez-vous avec une «une jolie brunette maghrébine» qui l'a dragué dans sa boutique de téléphonie du boulevard Voltaire. Sa trace se perd à Sceaux (Hauts-de-Seine) où son portable a activé une borne. Le lendemain, la famille reçoit le coup de fil d'un anonyme qui réclame 450 000 euros de rançon en échange de son fils. Preuve à l'appui, une photo acheminée par l'Internet d'Ilan, la tête entourée de scotch, revolver sur la tempe.
La brigade criminelle de Paris met trente-six enquêteurs sur la prise d'otage, adjoint une psychologue et un négociateur au père de la victime qui parlemente avec le chef des ravisseurs. Ils localisent le cybercafé KLM.com au 9, rue Poirier-de-Narçay dans le XIVe arrondissement de Paris, d'où a été envoyé le cliché d'Ilan. Dès ce week-end-là, ils font un «rapprochement» avec des tentatives de racket de médecins, un an plus tôt, car le même café Internet et une «boîte mail similaire» ont été utilisés.
Lundi 23 janvier. Le gangster qui détient Ilan a fixé rendez-vous à Didier Halimi à Châtelet et envisage un transfert de fonds virtuel via la Western Union, sans «libération simultanée de l'otage». Comme les policiers recherchent un «contact physique» avec les kidnappeurs et «une contrepartie», l'affaire tourne court.
Les policiers butent sur des «problèmes techniques». Les coups de fil émanent souvent de points phone, où les communications à bas prix passent par des routeurs : «On tombait sur des opérateurs à l'étranger et nous ne pouvions pas localiser la source de l'appel.» Le sous-directeur de la PJ, Christian Flaesch, se plaint à Wanadoo du «délai de 10 à 15 minutes pour identifier» l'ordinateur sur lequel le négociateur consulte sa messagerie. Il y a «urgence» et la réponse tombe désormais «en 3 minutes». Les lieux de communication indiquent que la géographie du gang se situe «au sud de Paris». Trente cybercafés sont placés sous surveillance «entre les portes de Vanves et d'Orléans, à Arcueil et sur l'axe de la nationale 20», avec caméras axées sur les ordinateurs, et parfois des policiers dans les parages. En parallèle, l'analyse du portable utilisé par la «brunette» qui a attiré Ilan dans le piège révèle que deux autres jeunes gens ont été approchés à l'identique. Ils ne se connaissent pas mais ont passé une soirée dans la même boîte de strip-tease des Champs-Elysées, le Hustler. Les policiers émettent alors l'hypothèse que «le point commun à toutes les cibles peut être la fréquentation du Hustler» avec une «complicité à l'intérieur». Ils explorent les relations de dizaines d'«effeuilleuses», en vain.
Jeudi 26 janvier. Le portrait-robot d'une fille blonde qui a aguiché K., une autre «cible», a été établi. Les policiers ne le rendent pas public par «crainte de susciter des réactions de peur chez les ravisseurs et d'entraîner la mort de l'otage». Les négociations continuent entre le père qui dit ne pas avoir les moyens de réunir 450 000 euros et le preneur d'otage incrédule : «Si vous n'avez pas d'argent, vous n'avez qu'à aller en chercher à la synagogue.» Il menace de couper un doigt à Ilan, ce qu'il ne fera pas.
Dimanche 29 janvier. Youssouf Fofana appelle un rabbin parisien d'une cabine publique du boulevard Raspail (XIVe), annonce qu'il a «pris un Juif en otage» et l'expédie récupérer, dans une boîte à lettres du VIe arrondissement, une cassette audio d'Ilan Halimi destinée à sa famille.
Mardi 31 janvier. Les parents reçoivent une troisième photo de leur fils avec le journal l'Equipe du jour, ainsi qu'une autre bande magnétique. Ce sont les dernières preuves de vie d'Ilan. Un commissaire du 36 quai des Orfèvres, qui a demandé le silence à la presse, confie alors ses doutes : «Le jeu des ravisseurs est curieux. Ils ne vont pas jusqu'au bout pour toucher la rançon. Ils sont attentistes. On a parfois l'impression d'un jeu de rôle. On ne sait pas ce qu'ils cherchent.»
Mercredi 1er février. Didier Halimi reçoit un énième message Internet, envoyé d'une nouvelle adresse. «Ils changent à chaque fois. Et là, il faut longtemps pour les localiser.» Les enquêteurs apprendront «cinq heures plus tard» que le négociateur a pris le risque de retourner au KLM.com du XIVe. «On n'allait quand même pas ramasser tous les clients des cybercafés, en majorité noirs et arabes», se justifie un policier. Les enquêteurs récupèrent néanmoins une image de l'internaute qui s'est connecté : un Africain capuchonné et à demi masqué par un foulard. Un client ainsi harnaché n'a pas attiré l'attention des flics en planque ? Un officier de l'antigang qui «se les pèle dehors» rappelle que «ce jour-là il fait une température sibérienne, les Africains qui rentrent et sortent du cybercafé ont tous des capuches et des écharpes». «A défaut du visage méconnaissable», il y a un indice sur la photo, selon un chef d'enquête : «[Le suspect] porte un sweat de sport très particulier au logo Adedi, une marque de rappeurs qui nous aiguille sur une bande des cités.»
Jeudi 2 février. La PJ diffuse à tous les policiers en tenue de Paris la photo de ce noir au «blouson peu répandu» pour qu'ils le livrent à la PJ «dans le cadre d'une affaire traitée par la brigade criminelle». Aucune référence à un enlèvement ou une séquestration, afin de ne pas ébruiter l'affaire. L'après-midi même, les enquêteurs apprennent «au bout de trois minutes» que le chef du gang vient de consulter «durant trente secondes» sa boîte mail depuis un cybercafé rue Jean-Pierre-Timbaud (XIe). Les policiers en planque à proximité «coursent» dans la rue un «Africain qui correspond au signalement» mais ne le rattrapent pas. Ils ont raté Youssouf Fofana.
Les jours suivants, des officiers de la brigade criminelle font le tour des commissariats du Val-de-Marne, des Hauts-de-Seine et de Seine-Saint-Denis, présentent la photo de l'Africain recherché au sportswear Adedi «aux commandants pour qu'ils fouillent leur mémoire et leurs fichiers». A Villejuif (Val-de-Marne), ils apprennent par hasard qu'un agent immobilier a été approché par une fille puis agressé dans une tour d'Arcueil. Au commissariat de Bagneux (Hauts-de-Seine), ce type noir et ce sigle Adedi, ça ne dit rien à personne. Pourtant, Youssouf Fofana avait été interpellé à Bagneux le 11 janvier avec un couteau et portait ce même blouson Adedi. Sa photographie ainsi vêtu figurait au fichier anthropométrique. «C'est rageant, dit un commissaire de la brigade criminelle, si Bagneux avait percuté sur l'association Adedi-Fofana, ç'aurait sûrement changé la face de l'enquête.»
Lundi 6 février. Les kidnappeurs parlent pour la première fois sérieusement de la «remise de la rançon». Les 112 000 euros finalement réclamés ont été rangés dans une mallette Delsey et piégés pour être suivis à distance au cas où les criminels s'en empareraient. «On ne comptait pas leur donner mais attendre que quelqu'un s'approche et le cravater», dit un responsable. Trente-cinq flics de l'antigang accompagnent discrètement Didier Halimi, porteur de la valise, jusqu'au Kentucky Fried Chicken de Châtelet. Contre-ordre. Fofana l'appelle et l'envoie illico place de Clichy. Didier Halimi s'exécute. Ses protecteurs suivent. Le père poireaute à côté du métro. Nouveau coup de fil : allez au «Bistro romain». Personne au rendez-vous. Nouvel appel. Maintenant, c'est «en gare de Bruxelles» en Belgique qu'il doit se rendre. Selon un policier à l'écoute, le père d'Ilan n'en peut plus et refuse : «Ça fait trois fois que je me déplace à des rendez-vous où vous ne venez pas, et vous ne me donnez pas de nouvelles de mon fils depuis une semaine. Je ne vais plus nulle part. J'arrête là.» Le lendemain cependant, «les deux se parlent et s'échangent des mails».
Mercredi 8 février. Le patron de la brigade criminelle, Noël Robin, conseille au père, qu'il sent «épuisé, à bout», de «ne plus répondre aux ravisseurs» : «Laissez votre portable ouvert mais ne décrochez plus aussitôt.» Il veut «le laisser souffler» et «obliger les malfaiteurs à envoyer des messages par Internet», plus traçables. C'est le cas ce jour-là. En colère, Fofana envoie un mail menaçant au père: «Nous commençons à nous dire que vous ne voulez pas payer. Si vous ne donnez pas l'argent, nous envisageons de tuer.» Les policiers qui répondent font «monter la pression», selon François Jaspart, pour que ce soit «donnant donnant», «la rançon en échange de l'otage» : «Il n'y a jamais eu rupture du contact.»
Jeudi 9 février. Suivant le fil de l'histoire de Michaël D., l'agent immobilier attiré comme Ilan dans un guet-apens par une fille appât, des officiers du «36» l'accompagnent à l'adresse où il avait déposé l'aguicheuse : au 175, rue Henri-Ravera à Bagneux. Ils font une «enquête de voisinage» dans les deux bâtiments du 175, interrogent les concierges et les habitants pour essayer d'identifier la fille. Ils sont loin de se douter que les deux HLM qu'ils passent au crible sont «adossés» à l'allée du Prunier-Hardy, où habite Youssouf Fofana : «On brûlait, mais on n'avait aucun élément pour nous conduire à la cité de Fofana.» Ils ignorent aussi qu'Ilan Halimi se trouve séquestré dans une cave de la rue Prokofiev, à un kilomètre de là.
Le soir même, Fofana, énervé, laisse des messages sur deux portables de la famille d'Ilan et annonce qu'ils «veulent le relâcher quand il sera mort». Le 10, il émet des «appels muets». Puis plus de nouvelles.
Lundi 13 février. Ilan Halimi est découvert à l'agonie sur une route de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne).
Mardi 14 février. Le procureur et le directeur de la PJ de Paris rendent publique sa mort, divulguent la photo du preneur d'otage africain et le portrait-robot de la fille appât blonde. Audrey se rend. Elle dénonce les membres du «gang des barbares».
Critiqué pour la faillite de l'enquête, le directeur de la PJ parisienne, François Jaspart, assure que «tout a été tenté» pour sauver Ilan : «On n'a peut-être pas eu de chance mais le hasard n'a jamais été avec nous. La police n'est pas une science exacte, ni un ordinateur qui nous donne la solution.» Partis du principe que ces ravisseurs n'étaient «jamais allés jusqu'au bout pour racketter les médecins», les enquêteurs ne les ont-ils pas pris pour «des baltringues» (selon le mot d'un policier) qui n'iraient pas jusqu'au bout d'une prise d'otage ? «On ne les a pas sous-estimés car ils avaient Ilan entre les mains», rétorque le patron de la PJ. Les policiers ont suivi une stratégie payante avec des kidnappeurs plus chevronnés, issus du grand banditisme. Mais pas avec un piètre rançonneur comme Youssouf Fofana, qui les a déroutés. «Il ne s'est jamais mis en situation de récupérer l'argent», analyse aujourd'hui un enquêteur : «Il avait la trouille de venir lui-même physiquement et, mal épaulé, ne pouvait s'appuyer sur les "neuneus" qui l'entouraient.» A ses yeux, le «cerveau des barbares» a monté un «plan intellectuellement sophistiqué», a «bien maîtrisé les communications Internet et téléphoniques» mais «n'a pas su gérer le moment clé de la remise de rançon». Un sous-directeur de la PJ raille «ceux qui donnent le tiercé dans l'ordre cinq minutes après l'arrivée».
Dans le Monde, le père d'Ilan Halimi a mis fin à la polémique : «Existe-t-il une bonne stratégie quand on a affaire à un groupe aussi inconsistant ? [...] Si c'est la faute de quelqu'un, c'est celle de ceux qui ont kidnappé et torturé mon fils.»
photos Edouard caupeil





Des juifs américains au secours des juifs français
Une pétition circule pour que l'on accorde l'asile aux juifs «persécutés» en France.
par Annette Levy-WillardQUOTIDIEN : mercredi 15 mars 2006
Los Angeles correspondance






«Asile américain pour les juifs français», tel est l'intitulé d'une pétition qui circule à Los Angeles : «Après la torture barbare et l'assassinat d'un jeune juif de Paris, parce qu'il était juif, dans un contexte où l'antisémitisme islamique augmente dans ce pays (...), nous pensons que l'Amérique, fidèle à sa tradition d'offrir l'asile politique aux gens en danger dans leur propre pays devrait leur ouvrir ses portes. Nous demandons au Congrès de passer une loi accordant le statut de réfugié aux juifs français.» Quelque 5 000 personnes ont paraphé cette pétition lancée par des juifs d'origine française vivant aux Etats-Unis. Leur inquiétude n'a pas épargné les juifs de Californie. Choqué par le meurtre d'Ilan, le rabbin Nachum Kosofski a invité le consul général de France à Los Angeles, Philippe Larrieu, à parler dans sa synagogue pour s'expliquer sur la France, l'antisémitisme et la République.
A l'entrée de cette congrégation orthodoxe on lit une oraison funèbre : «A la mémoire d'Ilan», écrite par Judea Pearl, le père du journaliste Daniel Pearl assassiné au Pakistan : «Ne restons pas silencieux autour de ta tombe, Ilan, aucun repos (...) jusqu'à ce que le climat raciste de ton meurtre soit jugé au tribunal de l'histoire. Jusqu'à ce qu'un autre Zola se lève avec un J'accuse encore plus tonitruant, et que cette culture de la duplicité soit dénoncée comme infâme, comme le furent l'affaire Dreyfus et le traité de Munich.»
Le consul de France allait d'ailleurs s'exprimer sur ce terrain, reconnaissant qu'il y a eu «un problème d'antisémitisme en France», citant l'affaire Dreyfus et Vichy mais ajoutant que ce n'est pas une spécialité française : «Si les chiffres d'agressions antisémites ont baissé de 48 % en 2005 en France (...), l'organisation ADL (Anti-Defamation League) a recensé une augmentation de 17 % d'incidents antisémites aux Etats-Unis.» Problème général, donc, affirme le consul, qui tient à rappeler la «contribution de la communauté juive à la culture française» ­ avec l'exemple de ses Premiers ministres juifs Léon Blum et Mendès France ­ et «l'absolue détermination du gouvernement français à combattre l'antisémitisme». Les fidèles de ce quartier où alternent synagogues et restaurants casher (Los Angeles est la troisième ville juive au monde) semblent rassurés. Ils ne signeront probablement pas la pétition.



En décrétant «antisémite» ce meurtre, l'opinion est la proie d'incohérences et de précipitations.
Ilan, certes juif, citoyen d'abord
par Théo KLEINQUOTIDIEN : mardi 14 mars 2006
Théo Klein avocat aux barreaux de Paris et d'Israël, ancien président du Crif.






L'incohérence préside aux aléas de notre vie collective au niveau citoyen comme à celui des organes des pouvoirs qui nous gouvernent ; ceux-ci, trop souvent, se laissent aller à des prises de position, parfois à des décisions, dont la caractéristique commune est la précipitation.
Depuis le vote du 29 mai 2005, point d'orgue, à mon avis, de l'imbécillité politique, l'incohérence pénètre beaucoup d'autres sujets de préoccupation, leur donnant cet aspect chatoyant qui permet toutes les approximations.
Je voudrais revenir sur l'un de ces sujets, douloureux et révoltant, jusqu'à se qualifier lui-même de barbare, le meurtre d'Ilan Halimi. Que la victime ait été juive a conduit à des développements dont je désire souligner l'incohérence absolue. Cette incohérence est due d'abord à la précipitation, au désir de définir d'emblée la chose horrible avant d'en connaître les péripéties, les coupables et l'enchaînement des faits ; incohérence, ensuite, dans la diffusion d'éléments contradictoires issus ­ soi-disant ou réellement ­ de l'enquête policière des représentants du parquet. Enfin, incohérence dans le droit que se sont spontanément attribué certains de décréter «antisémites» le choix de la victime et son assassinat.
Autant je peux comprendre et partager l'émotion, autant je récuse une précipitation qui non seulement empiète sur les responsabilités de la justice, mais, de surcroît, met celle-ci au défi d'inscrire l'événement dans un contexte préalablement déterminé. Il y a d'autres manières de respecter la mémoire de la victime et la douleur de sa famille, de ses amis et même de sa communauté. L'identité de la victime ne modifie pas le caractère scandaleux de son meurtre ; le sixième des dix commandements, «Tu ne tueras pas», ne distingue pas entre les victimes. L'incohérence que je souligne s'inscrit dans celle plus large que je constate dans l'usage du mot «antisémitisme» et de la tragique résonance qui est la sienne depuis la Shoah. L'antisémitisme, succédant à l'antijudaïsme chrétien, a un sens et un but bien déterminés : isoler le juif et lui refuser l'égalité des droits et le respect de sa singularité. Cet antisémitisme, en France, a trouvé sa réalisation en 1940 dans le statut des juifs ; il s'agissait pour la droite réactionnaire de «réparer» la défaite subie dans l'affaire Dreyfus : la République avait réparé la faute criminelle commise contre le capitaine innocent.
Utiliser le mot antisémitisme, c'est ébranler profondément la paix sociale, c'est renvoyer les uns aux erreurs tragiques et criminelles et les juifs aux souvenirs douloureux et à ce sentiment terrible de l'absence des générations perdues. Qu'il y ait dans notre société des idées préconçues, des paroles, parfois des injures, de nature discriminatoire, nous le savons, il nous arrive hélas parfois d'y succomber les uns comme les autres par des jugements hâtifs ou des propos spontanés attribuant des caractéristiques généralement négatives à telle ou telle population. Cela se passe partout et, récemment encore, commentant un propos jugé par lui désagréable, un ami juif me disait à propos de celui qu'il l'avait tenu : «Bien sûr, il est polonais.»
Ce que je voudrais affirmer, une fois de plus, et sans être cette fois-ci mieux entendu qu'auparavant, c'est que l'antisémitisme est un phénomène politique majeur qui ne doit pas être confondu avec l'insulte ou la voie de fait émanant d'individus ou de groupes spontanés dont les actes relèvent directement de la justice et du bon sens des juges. A cet égard, je reconnais volontiers qu'une telle volonté politique existe sans doute dans le terrorisme, même simplement verbal, du fondamentalisme musulman ; mais, là encore, parler d'antisémitisme, c'est aider ce mouvement dans son action contre la société démocratique en détournant l'attention sur les juifs.
Parmi les slogans de mauvais aloi qui, il est vrai, ont alimenté les campagnes politiques relevant de l'antisémitisme dans le sens que je donne à ce mot, il y avait bien sûr la relation du juif à l'argent. De très bons livres ont été écrits à ce sujet par des auteurs de talent, dont certains juifs ; cette relation a été bien particulière à certaines périodes, du fait même de la situation à la fois bloquée et incertaine qui était celle des petites communautés juives qui ne trouvaient leur sécurité que dans le paiement des amendes qui leur étaient infligées. Chacun peut constater que cette relation particulière à l'argent, imposée aux juifs par les circonstances, ne les a pas conduits à être, aujourd'hui, plus riches que les autres ; à cet égard, la situation de la victime est tragiquement significative et ne pourrait, à la limite, que témoigner d'une sauvage stupidité des agresseurs. Etre qualifié de juif n'est pas en soi une agression pour celui qui est fier de son identité, même si la volonté de celui qui l'interpelle se veut insultante et agressive.
Les faits qualifiés d'antisémitisme relèvent de l'ordre public dont le gouvernement et la justice ont la charge. Ce n'est pas le juif qui est d'abord atteint, c'est le citoyen, et c'est à ce titre qu'il doit défendre son droit et le respect de sa personne et de sa singularité. Dans un pays qui connaît tant de difficultés à reconnaître et à intégrer les différences, il est important de situer le respect de chacun dans le cadre établi pour le respect de tous. Je voudrais illustrer cette affirmation par le propos cité par le Monde (3 et 4 mars 2006) : «T'as raison, reprend Djibril Issaka, je voudrais qu'on bouge pour moi, mais pas parce que je suis noir, mais français.» ,